samedi 24 novembre 2012 - par egos

Days off

ARGO,

 Dimanche, VO en fin de martinée,

Décalé, quelques semaines après la sortie.

 Un prologue, énoncé par une voix féminine, claire, posée et neutre, anglaise, décrit les contours du drame.

l’Iran, son histoire récente, Mossadegh, le Shah, la Savak, les influences étrangères.

 L’action se situe en marge de l’évènement central, la prise d’otages des employés de l’ambassade américaine à Téhéran, fin des années 70.

 Les dialogues sont serrés, rythmés par un scénario déroulé d’un pas rapide.

Sans mélos, flash back, scènes étirées ou ralentis.

Exit l’usage des techniques éprouvées pour sublimer l'effet dramatique d’une scène.

Sans la moindre trace de temps mort, de rares insertions d’actualités, l'effet produit est saisissant et immédiat.

 La tonalité de la décennie est idéalement rendue, soutenue par de courts extraits de Dire Strait, Led Zeppelin, Van Halen.

 Un humour discret, vif, incisif marque la disposition du script à l’autodérision, celle de l’auteur, de Hollywood et de la profession.

 La CIA y est dépeinte avec un réalisme frappant, entre manœuvres, manipulations et ratages monumentaux, le tout encadré par une administration politique bien au dessus (ou en deçà) des réalités sociales et culturelles.

 L'anatomie de Ben Affleck, réalisateur et rôle principal, est l'exact reflet du stéréotype jeune adulte intello des eighties.

Son regard, omniprésent tout au long du film remplit l’espace et l’écran et de la salle.

 Une adorable jeune femme brune, coupe souple à la garçonne semi longue, à la beauté immobile et silencieuse, occupe un fauteuil isolé, à gauche de la travée, devant de la mienne quasi vide.

 A qui songe-t-elle ?

 Et les deux garçons, arrivés tardivement, installés juste au niveau de mes genoux, l’un posant sa tête sur l’épaule de l’autre ?

 Un soupçon de tension et de doute s’insinue, aux moments ou le destin semble hésiter, lors des dernières séquences, entre urgence et attente du dénouement.

 Quelques images pour conclure.

 Les luxueuses berlines allemandes des corps diplomatiques et quelques modèles français emblématiques des succès commerciaux de cette industrie dans les rues de Téhéran, signent avec élégance ou discrétion les clichés d'une époque.

 Sarah, la gouvernante, employée à l’ambassade du Canada, interrogée au travers des grilles du portail d’accès, par un membre des services des renseignements iraniens.

La tenue de l’homme, ses propos mêlant tact et menaces, son maintien suggèrent une expertise établie dans la fonction accompagnée d’une reconversion récente.

 Tony Mendez fumant une cigarette parmi les passagers et dans l'avion du retour,

Un temps où celle ci (comme le reste) ne tuait pas les consommateurs, du moins ne les culpabilisait pas.

 La photo est remarquable, le casting parfait, le jeu des acteurs plus vrai que nature, les plans rapprochés s’enchainent et les visages envahissent l’écran.

 Les personnages réels sont présentés à la fin de la séance.

 Si vous êtes disposés à vous départir de vos options politiques ou philosophiques, durant deux heures, de vous exonérer des convictions et engagements,

faîtes un break, relâche, un dimanche matin, laissez vous emporter par cette narration,

 Les bons nous ressemblent.

Du moins ressemblent ce à quoi nous voulions ressembler,

Fragile et dense assemblage de quotidien et d’idéal

 Les méchants sont à la fois mystérieux, lointains, terriblement exotiques,

Fanatiques, vraiment méchants,

Humains dans leurs excès et faiblesses.

 Ils livrent une représentation énigmatique et indéchiffrable de l’Orient.

Fidèle à notre imaginaire équivoque.

 Dehors, l’air est doux, la lumière cotonneuse, striée de quelques rayons, rebelles timides.

 Un monde identique à celui du film.

Quelques rares passants, en couple, à la démarche assurée, blottis dans leurs vêtements d’hiver, l’apparence d’un bonheur serein.

 Un envie fugace, allumer une cigarette, deux ou trois inspirations profondes , la laisser ensuite se consumer lentement.

 Puisqu’il semble inscrit que tout doive partir en fumée.

 

Je vous recommande vivement de voir cette œuvre.



2 réactions


  • Richard Schneider Richard Schneider 24 novembre 2012 17:41

    à l’auteur,

    Vous avez bien fait de publier cet article. Ce n’est pas parce qu’on ne soutient pas l’Empire, qu’on soutient les régimes dictatoriaux hostiles à ce dernier ...

    • egos 24 novembre 2012 18:56

      @Richard Schneider

      Merci pour votre commentaire,
      encourageant !

      Ns évoluons dans cette culture,

      Les Us, formule convenue, en offrent une image paradoxale.
      Celle d’une nation singulière caractérisée par une capacité à agréger toutes sortes de substrats cuturels, le Jazz issu des communautés d’esclaves noirs au début du XX éme siecle, les revendications des Suffragettes puis celles des minorités sexuelles, et enfin le Web, ferment de toutes les dissidences.

      Au passif, le pire parfois à l’extérieur de ses frontières,
      l’universalité promise et conquérente de leur idéologie marchande.

      Ns y participons, chacun à notre manière, sans duplicité.


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