jeudi 6 juillet 2017 - par Theothea.com

« Intra Muros » Huis clos Michalik en maïeutique Avignon Off

Moins de dix années plus tôt, triomphait au Festival de Cannes le film « Entre les murs » qui, mis en scène par Laurent Cantet d’après le roman de François Bégaudeau, obtenait la Palme d’Or 2008. La transgression des relations maître - élèves y impliquait l’ouverture symbolique vers une pédagogie « hors les murs », ceux en l’occurrence du carcan des idéologies… tout en suscitant par ricochets des polémiques.

 

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INTRA MUROS
© Alejandro Guerrero

 

En intitulant aujourd’hui sa nouvelle création théâtrale selon l’étymologie latine de cette même expression, Alexis Michalik devait sans doute obéir à la même intuition d’implosion mentale, sauf qu’en appliquant « Intra Muros » aux murs bétonnés d’une Maison centrale, il lui était impérieux de différencier implicitement « évasion de l’imaginaire » et « transgression de l’autorité ».

A la lecture des « critiques » parues depuis près d’un mois après la première ayant inauguré la rénovation du Théâtre Treize « jardin » flambant neuf à l’identique mais désormais ouvert sur la ville, le plébiscite du jeune auteur à succès publics déjà répétés par trois fois, « Le Porteur d’Histoire » créé au Théâtre 13, « Le Cercle des illusionnistes » à La Pépinière et « Edmond » au Palais-Royal, nominé par 7 fois aux Molières 2017, n’est entaché par aucune controverse ou autre désaccord tant sa méthode de mise en scène est comprise par tous comme un entrecroisement de récits subjectifs se construisant, de façon complexe, en une entité fictionnelle évolutive transcendant la réalité temporelle.

 

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INTRA MUROS
© Alejandro Guerrero

 

Alexis Michalik fait ainsi délibérément œuvre de divertissement scénographique voire cinématographique, enrichi de sources multiples qui s’intriquent par associations en temps réel dans l’imagination de chaque spectateur selon une pléiade de rôles à facettes prismatiques se renvoyant ombre et lumière. 

Présentement, la « Maison centrale » y est effectivement posée comme lieu d’enfermement par essence.

Ce principe établi à l’instar des moments de stages théâtraux eux-mêmes parenthèses dans ce quotidien carcéral permanent et contingent, il est alors possible ou non de faire surgir la parole, toutes les paroles et, par conséquent, rien que le verbe suivi de sa gestuelle et surtout de son principal vecteur partagé par tous, la dimension profondément émotionnelle.

 

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INTRA MUROS
© Alejandro Guerrero

 

(Re)construire des identités bafouées, tel pourrait être ici le fil conducteur à tout cet enchevêtrement de destinées connexes auquel nous convie Alexis Michalik, confrontées à Kevin et Ange, deux « forçats » quasiment stéréotypés respectivement dans l’introversion et l’extraversion. 

C’est le chemin parcouru par étapes contradictoires sous la bienveillance d’un metteur en scène « has been », d’une actrice « ex-épouse » ainsi que d’une assistante « inexpérimentée », qui fera peu à peu surgir, dans l’oralité et ses silences, la mémoire de ce qui pourrait constituer la conscience de soi et d’être au monde.

Il s’agit, de fait, d’un théâtre équilibriste où la force des mots qui se toisent et s’entrechoquent, forme le canevas d’une humanité en projet existentiel de se retrouver elle-même… fût-ce, en l’occurrence, au fin fond d’une Prison. 

 

Photo 1, 2 & 3 © Alejandro Guerrero

Photo 4 © Theothea.com

 

INTRA MUROS - **.. Theothea.com - de & mise en scène Alexis Michalix - avec Jeanne Arenes, Bernard Blancan, Alice De Lencquesaing, Paul Jeanson, Faycal Safi et le musicien Raphaël Charpentier - Théâtre 13 (jardin) jusqu'au 16 avril / Théâtre des Béliers (Avignon Off) juillet 2017 / Théâtre La Pépinière à partir du 15/09/17

 

 

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INTRA MUROS
© Theothea.com

 



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