vendredi 13 janvier 2017 - par fatizo

« The Birth of the Nation » de Nate Parker. Dérangeant et grotesque

Nathaniel Turner (1800-1831) était un esclave afro-américain vivant dans le compté de Southampton en Virginie. Sa notoriété était liée à son érudition et à sa ferveur particulière pour la religion.

Très vite face aux premières images de « Birth of the Nation », on ne peut s’empêcher de penser à l’excellent « 12 Years A Slave » de « Steve McQueen. Mais très vite aussi, je me suis senti mal à l’aise devant ce film.

Je n’ai pas envie de vous parler de la réalisation, du jeu des acteurs, de la photo, mais aller directement à ce qui m’a profondément choqué, la manière dont la religion est abordée et utilisée dans ce film.

Après avoir lu la bible, le héros comprend que les riches propriétaires ne lui avaient enseigné que les passages qui obligeaient les esclaves à rester soumis, mais en découvrant d’autres passages de la bible il se voit en justicier, en bras de Dieu qui doit accomplir la parole divine.

C’est bien là toute la limite du personnage qui ne possède qu’un minimum de culture.

Pour lui la Bible doit être appliquée au pied de la lettre, à aucun moment il ne comprend que la parole divine est avant-tout métaphorique.

Mais plus grave, le réalisateur fait tout pour nous laisser penser qu’il est en accord total avec le comportement de son héros.

Nate justifie toutes ses actions, bonnes ou non, par la Bible. Mais lorsqu’il justifie ainsi l’appel au meurtre en série, le film corrobore étrangement cette ligne. A aucun moment personne ne vient l’interroger sur le bien-fondé d’une telle attitude. Pire, tout le monde le suit dans son délire religieux qui le fait profondément ressembler aux fanatiques d’aujourd’hui qui eux aussi aiment tant travestirent les saintes écritures.

Personne ne peut nier que les maîtres blancs ont commis sur leurs esclaves des actes scandaleux. Mais faut-il pour autant laisser croire aux spectateurs de ce film que la vengeance face à de tels actes est dictée par la bible.

En agissant ainsi le réalisateur se range du coté de tous les adorateurs de Dieu qui agissent avec barbarie .

On voit sur l’écran un illuminé sans qu’à aucun moment le réalisateur ne fasse intervenir un personnage pour le ramener à la raison.

Pire, Nate Parker fait tout ce qu’il peut pour faire passer son héros pour un véritable prophète.

Lorsque le pasteur Nat Turner dit qu’il attend un signe de Dieu pour passer à l’action, et que peu de temps après on voit une éclipse, on nous laisse quasiment croire que cette scène est dans la bible. J’exagère à peine.

Et que dire du final et du chemin de croix de Nat Turner qui le fait passer pour un nouveau Christ.

A cet instant, de dérangeant le film de Nate Parker devient grotesque.



9 réactions


  • manu manu 13 janvier 2017 11:35

    On pas du voire le même film.

    "Lorsque le pasteur Nat Turner dit qu’il attend un signe de Dieu pour passer à l’action, et que peu de temps après on voit une éclipse, on nous laisse quasiment croire que cette scène est dans la bible. J’exagère à peine."

    A peine c’est clair. Je vois vraiment pas pourquoi tu l’interprète comme ça.


  • Doume65 13 janvier 2017 12:21

    « Pour lui la Bible doit être appliquée au pied de la lettre, à aucun moment il ne comprend que la parole divine est avant-tout métaphorique. »

    Il semble que ce soit le cas pour beaucoup de monde. Et pas seulement la bible...


    • fatizo fatizo 13 janvier 2017 22:01

      @Doume65

      C’est bien ce qui interpelle de ce film, on ne peut s’empêcher d’y faire un parallèle avec les islamistes.

  • cathy cathy 13 janvier 2017 13:18

    Un film de plus produit par Hollywood, pour révolter le peuple noir américain contre la société et surtout blasphémer la Parole de Dieu. 


    • fatizo fatizo 13 janvier 2017 22:03

      @cathy

      Ici le problème numéro1 ce n’est pas Hollywood, mais avant tout la médiocrité d’un réalisateur qui n’est pas au niveau d’un film qui se veut très ambitieux.

  • microf 13 janvier 2017 21:56

    L´homme blanc, le cauchemar de l´homme noir.


  • Goldored Goldored 14 janvier 2017 08:33

    « vivant dans le compté de Southampton » oO Aïe ! Et dans la première phrase en plus.
    « A aucun moment personne ne vient l’interroger »... Du danger de la double négation...


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