mercredi 30 juillet 2014 - par Menouar ben Yahya

Tocqueville/Jules ferry et l’inconscient collectif

Alexis de Tocqueville, qui était pour la colonisation qui la justifia et trouva de grandes vertus à Bugeaud. Tocqueville le père du libéralisme, l’aristocrate qui a vu sa famille se faire massacrer sous la révolution française, celui dont le père échappa de peu à la guillotine, n’oubliera jamais que l’esprit totalitaire était le véritable poison contre les démocraties

Alexis de Tocqueville, qui était pour la colonisation qui la justifia et trouva de grandes vertus à Bugeaud. Tocqueville le père du libéralisme, l’aristocrate dont la famille se fit massacrer sous la révolution française, celui dont le père échappa de peu à la guillotine, n’oubliera jamais que l’esprit totalitaire était le véritable poison contre les démocraties, il savait trop bien que liberté et égalité étaient un fragile équilibre sur lequel il fallait constamment veiller. Il s'interroge sur le principe démocratique qui entraine selon lui chez les individus : "une sorte d'égalité imaginaire en dépit de l'inégalité réelle de leurs conditions" et cette réflexion l’amène à un autre principe fondamental continuellement remis en cause par le pouvoir en place, la liberté ! En effet pour lui ces deux principes s'opposent car si la liberté est la capacité de résistance de l'individu à l'égard du pouvoir politique, l'individualisme lui isole l'individu et si celui ci ne se regroupe pas en "associations, corporations..."il perd cette liberté...Pourtant ses formidables pensées sur la liberté et légalité ne s’appliquaient pas pour l’Algérie ou il voyait une organisation de type apartheid, ces pensées ne nous concernaient pas encore, nous les enfants des pays colonisés. Lui qui pour l'Algérie coloniale justifia la nécessiter d’une conquête violent, il dit à propos de cette conquête :" J'ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, trouvais mauvais qu'on brula les moissons, qu'on vidât les silos et enfin qu'on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont la, selon moi des nécéssités fâcheuses auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre" ; "je crois que le droit à la guerre nous autorise à ravager le pays..." Même s'il désapprouvait parfois la manière dont celle ci était mené : « Nous faisons la guerre de façon beaucoup plus barbare que les Arabes eux-mêmes. [.] C'est, quant à présent, de leur côté que la civilisation se rencontre ».

 Mes lectures me donneront du recul et m’amèneront à faire en pensée un bout de chemin avec cet homme, Alexis de Tocqueville, certes je le vomissais sur bien des points, tout nous opposaient mais ce qu’il dit sur les libertés individuelles, sur les tension toujours existantes entre la liberté et légalité seront partie intégrante de ma culture, celle que j’ai reçu en France par le simple fait d’y vivre car mes parents y ont immigré il y a plus de cinquante an. Il se trouve toujours dans l'Histoire d'un pays des individus sur lesquelles ont peut trouver une réflexion qui s'oppose à cette vision raciste et belliqueuse d'un Tocqueville ou de quelqu'un d'autre, on fuit cette part d'ombre pour trouver une part de lumière qui nous réconcilie avec l'Histoire du pays. Tocqueville s'impose sur ce qu'il dit des libertés, réflexion toujours d'actualité, il dit :"Je n'ai pas de traditions, je n'ai pas de parti, je n'ai point de cause, si ce n'est celle des libertés et de la dignité humaine" même si ces mots ne concernaient pas les peuples colonisés, un jour ils les concerneront... En devenant Français je partageais un fond commun et si je peux rejeter certains aspects d'un individu,sa part d'ombre qui est souvent lié à un contexte historique, je ne peux rejeter son empreinte qui nécessairement m'influence puisqu'elle est devenue partie intégrante de mon patrimoine. Le milieu dans lequel nous vivons nous influence et l'Homme comme la plante déracinée, acquiert une singularité en changeant de milieu. Ils sont nombreux ceux qui influent sur notre construction en amenant avec eux leur part d’ombre avec laquelle on peut être en totale opposition, tel Jules Ferry, certains du devoir des races supérieurs à éduquer les races inférieurs et là aussi un personnage, Clemenceau très minoritaire sur les bancs de l'assemblée nationale s'oppose à cette vision raciste. Pourtant au delà de ces idées racistes et du contexte historique dans lequel elles ont été mis en application, la grandeur du personnage nous écrase de tout son poids, c’est lui qui comme nous l'apprit notre institutrice à l'école primaire qui entre autre rendit l’enseignement obligatoire et laïque, la laïcité ce compromis historique qui fait l’essence même du pays, il était de ceux qui l'ont défendu le plus ardemment !

Ils avaient justifiés les humiliations, les massacres de mes aïeux...mais on ne pouvait pas jeter le bébé et l’eau du bain, ils participaient aussi aux structures structurantes des valeurs démocratiques. Bien des influences se font en dehors de notre volonté car toutes ces personnes avaient de par leurs actes, leurs opinions, agi sur les structures mêmes du pays, ces structures avec qui nous entrons en inter action pour construire notre individualité.



2 réactions


  • adeline 30 juillet 2014 11:46

    Merci, il faut toujours recontextualiser, des pensées erronées et farfelues ont été partagées autrefois par les plus grands penseurs et intellectuels, les mêmes affirmations aujourd’hui sont impossibles à tenir grâce aux progrès scientifiques.


  • Ouallonsnous ? 3 août 2014 09:59

    Voir Adeline, c’est surtout le progrès scientifique qui permet « l’enfumage » des opinions publiques et la création ce toutes pièces d’événements virtuels auxquels les « merdias » aux ordres donnent une réalité par leurs mensonges !


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