jeudi 14 mai 2009 - par
Le Rwanda selon P(éan)
Tous les 2 ans, Pierre Péan publie un livre volumineux dans lequel il dézingue une personnalité ou une institution. C’est à l’occasion de sa dernière charge littéraire contre Bernard Kouchner que j’ai eu l’idée de me plonger dans l’ouvrage qu’il a consacré, en 2005, au génocide rwandais, Noires fureurs, Blancs menteurs (Ed Mille et une nuits).
Bien que son auteur soit brocardé à chaque fois (mais après tout c’est là la règle du jeu), j’ai trouvé cet ouvrage stimulant à bien des égards :
Loin des indignations manichéennes, finalement irrationnelles (s’insurger contre le Mal, sans se demander comment et pourquoi le Mal en est venu à s’imposer) il a au moins le mérite de réintroduire le génocide rwandais dans l’Histoire en lui donnant des explications plausibles. De même, il lève le voile sur le rôle (soi-disant) "ambigu" joué par la France dans cette affaire en remettant les choses dans leur contexte, quand tant de militants de la 25e heure s’indignent…une fois les événements terminés.
Cependant, la principale réserve que j’émets sur ce livre, et elle est de taille, concerne la pertinence du clivage Hutu/Tutsi, validée implicitement par l’auteur comme une distinction raciale au terme d’une "analyse" pour le moins légère.
On peut résumer ainsi la version officielle concernant le Rwanda :
La responsabilité du génocide incombe au président Juvénal Habyarimana, un dictateur Hutu qui a instillé la haine des Tutsis durant son long règne, et dont la mort, mal expliquée, a provoqué un génocide anti Tutsis. La France, alliée de longue date de ce régime criminel dans le cadre de "la Françafrique", est ainsi co-responsable de ce drame, et l’opération Turquoise avait surtout pour but d’exfiltrer les responsables du génocide.
Selon Péan, les racines de cet événement extrême ne sont pas rechercher dans le caractère génocidaire du régime d’Habyarimana, mais dans la période 1990-1994, qui a vu le Front patriotique rwandais (FPR) lancer des offensives tous azimuts pour renverser le régime d’Habyarimana.
L’avant génocide (1990-1994)
Avec une stratégie finalement classique de guérilla (attentats, provocations, répression…), peu regardante sur les pertes humaines, le FPR a cherché (et a réussi) à désorganiser le pays, ruiner l’autorité du pouvoir en place, à la fois rendu responsable des violences et impuissant à y mettre fin. Ces violences ont exacerbé les tensions ethniques en sommeil dans le pays et provoqué des heurts dès 1990. Depuis 1990, des secteurs entiers du Rwanda ressemblaient déjà à de grands camps de réfugiés, toutes ethnies confondues, fuyant les zones de guerre, les incursions du FPR et les violencs.
Sur le plan international, la période 1990-1994 voit les pays occidentaux inciter les régimes africains à parti unique à démocratiser leurs institutions et à partager le pouvoir avec une opposition. Dans le contexte de la fin de la guerre froide, les dictatures africaines "amies" car anti-communistes se révèlent encombrantes et inutiles, de même que le régime de l’apartheid sud-Africain.
Ce processus est également à l’œuvre au Rwanda depuis 1990, dans des conditions de plus en plus chaotiques. Le parti unique d’Habyarimana est contraint de partager le pouvoir avec des groupes d’opposition, dont les représentants du FPR.
Cependant, c’est l’étude du temps court de l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana qui permet de saisir les mécanismes du génocide.
L’attentat du 4 avril 1994 et ses conséquences
De retour de Tanzanie où se tenait une conférence pour la stabilité dans la région des Grands Lacs, l’avion dans lequel se trouvent Habyarimana, mais aussi le Président du Burundi voisin et le Chef d’Etat-major de l’armée rwandaise est abattu sur l’aéroport de Kigali le 6 avril 1994.
D’après le FPR, et les tenants de la thèse du génocide perpétré par la dictature, ce sont des extrémistes hutus qui auraient tiré sur l’avion présidentiel le 6 avril 1994, furieux des concessions qu’Habyarimana venait de faire en Tanzanie.
Cependant, l’enquête du juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, reprise par les juges Marc Trevidic et Philippe Coire (elle a été lancée car les pilotes de l’appareil, décédés dans l’attentat, étaient français), a attribué au FPR la responsabilité du traquenard, sur la foi du témoignage de deux membres du commando (Venuste Ruzibiza, de son nom de guerre Abdul, et Alois Ruyenzi, voir pp 8, 59 et 64).
Avec la mort du président, la déstabilisation du pays est à son comble (assassinats politiques, impossibilité d’établir l’identité des commanditaires, décrédibilisation du pouvoir en place, rendu responsable des violences et/ou incapable d’y mettre fin). C’est ce qui a rendu possible le génocide : la disparition brutale du chef de l’Etat rwandais devait servir d’étincelle, jetée sur une plaine rendue très inflammable par les assassinats politiques qui avaient eu lieu moins de deux mois plus tôt, en février 1994. Les extrémistes hutus étaient prêts à en découdre avec tous ceux qu’ils considéraient comme proches des rebelles tutsis, "Tutsis infiltrés", ou "Hutus modérés". Ils attisaient la haine contre eux sur les ondes de la Radio-télévision des Milles Collines (page 10).
Le vide ainsi crée à la tête de l’Etat et de l’armée précipite le pays dans le chaos :
Le 8 avril, le gouvernement intérimaire est constitué alors que la guerre fait rage. Une des premières mesures prises concerne la défense civile, c’est-à-dire la mobilisation de la population contre un ennemi FPR qui n’est pas défini, qui est partout et nulle part. Une mesure folle qui va avoir des conséquences terribles, mais que l’on peut expliquer dans le contexte. Tous les Tutsis vont désormais être considérés comme des ENI ("ennemis de l’intérieur", NDR), des infiltrés du FPR. La stratégie du FPR a rendu fous ses adversaires (page 256).
Voici qui explique, plus que l’exacerbation froide et calculée des passions ethniques par une dictature toute puissante, ce fait incroyable et presque absurde. Perpétrer des massacres aveugles devant l’avancée militaire ennemie, alors que le simple bon sens aurait commandé, si toutefois la thèse de la dictature toute puissante était exacte, une mobilisation pour repousser l’invasion. Au demeurant, si le génocide avait été la seule oeuvre d’un pouvoir "génocidaire", il n’aurait pas forcément eu lieu aux lendemains de la mort du Président…
L’ampleur des massacres permet, de plus, de légitimer la prise de pouvoir du seul FPR, qui peut se poser en pacificateur, et maintenir un régime autoritaire.
On l’a vu, les gouvernements français, droite et gauche confondus, dans cette affaire, font figure de co-accusés, et de complices du génocide. Avant de voir les motivations profondes de l’action diplomatique et militaire française au Rwanda, et d’expliquer pourquoi cet engagement est si controversé, il importe de revenir sur la polémique la plus connue qui concerne "l’Opération Turquoise" (juin à août 1994).
L’Opération Turquoise (juin à août 1994)
À l’aide d’archives de la Présidence de la République (notes, rapports, verbatims du Conseil des Ministres), le chapitre 14 du livre de Péan revient sur "la genèse de l’opération Turquoise". Le simple observateur de la période d’avril à juin 1994 pouvait déjà avoir des doutes concernant les accusations de "complicité de génocide" qui ont visé, souvent après coup, cette opération. En effet, celle-ci a été lancée 3 mois après le début des tueries et de l’avancée du FPR, par la France seule, qui avait, dans l’intervalle, tout tenté pour impliquer des partenaires et éviter, justement, l’accusation de partialité. Devant l’apathie générale, et l’ampleur des massacres, il est apparu comme un devoir humanitaire d’intervenir pour protéger les populations.
C’est bien ce processus que confirme le chapitre de Péan, en restituant les débats, les hésitations et les scrupules qui ont agité l’exécutif (Présidence de la république, gouvernement, Etat-major de l’armée) d’avril à juin 1994. Selon ses termes, les décideurs français, bouleversés par les tueries et révulsés par la passivité de la communauté internationale, ont finalement estimé qu’il était du "devoir", de la "responsabilité", de la "mission" de la France de ne pas rester les bras croisés devant cette tragédie (page 287).
Pourquoi, alors, tant d’accusations lancées contre l’action de la France ?
Le véritable contentieux entre le FPR et la France
C’est que, comme le souligne l’auteur, Paul Kagamé [le dirigeant du FPR] a raison de détester la France. Longtemps, elle a été le seul véritable obstacle à son entreprise de conquête du pouvoir et d’expansion territoriale […] par son entremise diplomatique, par son assistance technique et militaire au gouvernement rwandais, Paris lui barra la route de Kigali et contraignit les deux parties à une tentative de solution politique équilibrée (page 489).
Quelles furent les raisons de cet engagement contre la prise de pouvoir du FPR, donc en faveur du maintien au pouvoir d’Habyarimana ?
En janvier 1991, lors de la deuxième attaque du FPR, François Mitterrand justifie l’intervention française par le fait qu’il s’agit de contrer une agression militaire extérieure (le FPR est basé en Ouganda) contre le Rwanda : les Tutsis ougandais se déplacent pour conquérir le Rwanda, c’est inquiétant. […] S’il s’agit de luttes tribales, on ne dit rien ; s’il s’agit d’une agression, il faut s’interposer et délivrer les Français retenus par les Tutsis (page 85, compte-rendu de la réunion du 23 janvier 1991 à l’Élysée, archives de la présidence de la République).
Une autre motivation constitue le fil conducteur de l’engagement français : les Tutsis constituent une minorité de 10% de la population rwandaise. Or le FPR, bras armé de cette minorité, s’il souhaite se maintenir au pouvoir, ne pourra le faire que par la force, et de manière anti-démocratique, garantissant ainsi l’instabilité dans le pays.
Extrait de la même réunion du 23 janvier 1991 : Il faut le dire au président Museveni [Président de l’Ouganda, NDR] : il n’est pas normal que la minorité tutsie veuille imposer sa loi à la majorité.
Ces arguments sont repris par François Mitterrand en Conseil des ministres le 3 mars 1993 : Le Rwanda est l’objet d’un conflit ethnique caractérisé par la révolte de la minorité tutsie soutenue par l’Ouganda, contre la majorité hutue qui représente 90% de la population du Rwanda. Les Tutsis ne peuvent l’emporter qu’avec l’appui de l’Ouganda, mais, en raison de leur faiblesse numérique, ils ne pourraient se maintenir au pouvoir bien longtemps (cité page 175, archives de la Présidence de la République)
Tout le long de son livre Péan reprend à son compte cette thèse de l’ethnie minoritaire qui veut imposer sa loi à la majorité. Cependant, il faut dire que c’est aussi la thèse développée par…le président Habyarimana, celui-là même qu’on a accusé d’avoir attisé les tensions ethniques : Ces gens là savent bien que le FPR n’acceptera jamais la procédure démocratique dans ce pays, parce qu’elle condamne cette minorité ethnique à ne jamais accéder pacifiquement au pouvoir pour asservir la majorité du peuple hutu, comme dans le temps colonial où les Belges étaient leurs alliés et leurs complices (page 232, source : Honoré N’Gbanda [conseiller du Président Mobutu, NDR] Silence sur un attentat et Crimes organisés en Afrique centrale, éditions Duboiris). À mon sens cette validation du clivage irréductible opposant Tutsis et Hutus est l’aspect le moins pertinent du livre, mais j’y reviendrai en troisième partie.
Des interventions militaires et diplomatiques majeures, mais un peu trop discrètes…
Au reste, comme l’indique Péan, on peut tout à fait critiquer la politique française qui a été menée au Rwanda de 1990 à 1994 (page 185). Cependant, cet engagement majeur n’a été expliqué à personne entre 1990 et 1993. En raison du (supposé) désintérêt de l’opinion publique pour l’Afrique ? Des réticences de la gauche anti-colonialiste et des alliés du PS (Verts, Parti communiste) ?
C’est en tout cas à cause de cette "discrétion" que, lorsque les événements ont éclaté au grand jour, les pires rumeurs ont pu être accréditées et que les affabulations sont devenues des vérités.
On voit là l’effet pervers de l’opacité anti-démocratique qui continue d’entourer le fameux "domaine réservé du Président", qui décide, avec ses ministres et sans plus se justifier, d’engager l’armée dans des conflits.
Je l’ai évoqué plus haut, ce qui me gène le plus dans les propos de Péan est que le clivage Hutu Tutsi est implicitement, et tout le long du livre, considéré comme une distinction d’ordre raciale.
La sulfureuse théorie des "deux races"
Officiellement, Péan appuie ses dires sur un historien rwandais, "descendant direct du roi tutsi Kigeri III Ndabarasa" (page 30) et sur Pierre Erny, "professeur émérite d’ethnologie à l’Université Marc Bloch de Strasbourg" (page 392).
Donc, à la page 391, Péan réfute comme une "absurdité" l’affirmation du chercheur au CNRS Jean-Pierre Chrétien pour qui il n’y a pas deux races au Rwanda, il n’y a pas de trace d’invasion extérieure, ce sont les colonisateurs qui ont introduit la racialisation au cœur de la société rwandaise et le clivage hutu tutsi a été essentiellement une création post-coloniale.
En effet, J-P Chrétien serait "le cachet universitaire des sornettes du FPR" (titre du chapitre XX), selon lesquelles le clivage hutu tutsi est une pure invention des colons allemands et belges.
Cependant, cette thèse "des deux races" est aussi assénée par un célèbre africaniste radical : Bernard Lugan (dont l’ouvrage François Mitterrand, l’armée française et le Rwanda (éd du Rocher, 2005) est incidemment cité en référence par Péan page 110). Par un étrange parallèle, Bernard Lugan considère aussi que Hutus et Tutsis sont bantouphones, qu’ils ne constituent pas des ethnies mais que leurs différences sont "authentiquement raciales" (voir L’Afrique, de la décolonisation philantropique à la recolonisation humanitaire, 1995). Pour ceux qui ignorent qui est Bernard Lugan, la citation suivante, extraite de son livre de 1995, permet de prendre toute la mesure de cet auteur aux idées…bien arrêtées : les peuples africains dont les femmes ont le ventre le plus fécond ne sont pas forcément les plus doués pour commander, diriger, administrer (pp 11 et 12). Inutile d’en dire plus.
Cependant, quelle est la réalité de l’opposition raciale que discerne Pierre Péan ?
Tutsis et Hutus vivent dans le même pays, parlent la même langue, sont de la même religion. On peut se poser la question de la pertinence d’un tel clivage lorsqu’il est nécessaire de regarder la carte d’identité d’un individu pour savoir à quelle "race" il appartient… (depuis l’année 1931, et jusqu’en 1994, l’appartenance hutue ou tutsi figurait sur la carte d’identité des Rwandais).
Au reste, il ne me semble pas que J-P Chrétien, dont je n’ai jamais lu les livres, mais qui est abondamment cité comme spécialiste des ethnies africaines par les géographes, affirme que la distinction hutu tutsi aie été inventée par les Européens.
En effet, lorsque les Allemands sont arrivés sur place en 1891, ils ont effectivement trouvé en place une monarchie et une aristocratie "tutsies", composée d’éleveurs, dominant une paysannerie "hutue".
Cela en fait un clivage social, mais pas forcément racial.
Péan dresse à ce propos un parallèle intéressant avec la Révolution française, qu’il eût été nécessaire de creuser un peu plus.
Roturiers et aristocrates en France et au Rwanda, un parallèle pertinent ?
Lorsque, en 1959, la monarchie tutsie est abolie, les Hutus considèrent l’événement comme "une nuit du 4 août" et le baptisent "Révolution sociale", tandis que "les Tutsis, non seulement rejettent l’appellation même, mais y voient une fuite en Egypte" (page 36).
Selon l’historien allemand Karl-Ferdinand Werner dans son Histoire de France (tome 1, Les Origines, Fayard, 1984), la violence particulière de la Révolution française, trouve ses racines dans la crise d’identité qui secouait le royaume. En effet, les humanistes de la Renaissance, suite à leur travail d’analyse des textes antiques, avaient démontré que les conquérants francs (Clovis) n’avaient rien de grec ou de romain, et ne pouvaient pas descendre des Troyens, comme l’affirmait un mythe né au VIIe siècle. Or ce mythe, en assurant une continuité et une filiation entre le pouvoir des rois mérovingiens et celui des Romains (les Romains, d’après les légendes latines, étaient, eux aussi, supposés descendre d’un groupe de Troyens en fuite), unifiait jusqu’alors les différents composantes du royaume.
En suivant un raisonnement simpliste, et sur la base de cette découverte, les nobles de l’époque moderne ont justifié leur pouvoir politique en affirmant qu’ils étaient les descendants des conquérants francs, et que le Tiers-Etat était composé de descendants des Gallo-romains soumis.
La lutte du Tiers-Etat pour le pouvoir (conflit social) s’est donc transformée en conflit racial larvé. C’est ainsi que l’abbé Sieyès parlait, dans son fameux Qu’est-ce que le Tiers-Etat ? de renvoyer dans les forêts de Franconie toutes ces familles qui conservent la folle prétention d’être issues de la race des conquérants et d’avoir succédé à leurs droits.
Inutile de dire que les prétentions de la noblesse du 18e siècle à descendre en droite ligne des conquérants francs du 5e siècles étaient bien évidemment fausses, et que, comme l’a montré Karl-Ferdinand Werner, il y a eu une fusion rapide entre les aristocraties franques et gallo-romaines. Sans parler des anoblissement postérieurs….
Si on transpose au Rwanda-Burundi l’exemple français, on peut avancer l’idée que l’aristocratie "tutsie" (éleveurs), qui détenait le pouvoir politique sur une majorité "hutue" (cultivateurs), a pu justifier sa prééminence en affirmant descendre de conquérants étrangers dont la venue se perdait dans la nuit des temps.
La "faute" des Européens ne serait donc pas d’avoir "inventé" ce clivage, ni même forcément d’avoir transformé une opposition sociale en opposition raciale (le mythe d’une conquête étrangère, dont la "pureté" aurait été maintenue durant des lustres ,a pu très bien se développer avant leur arrivée). C’est d’avoir gravé dans le marbre cette thèse de la séparation raciale, avec tout le crédit que la "science blanche" a eu et continue d’avoir en Afrique.
Pour l’heure, Pierre Péan doit s’armer de patience car son entreprise, qui vise à réhabiliter l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, et à défendre l’action de la France entre 1990 et 1994, est toujours une mission impossible.
D’autant que les accusations véhémentes et les propos excessifs qui émaillent son ouvrage nuisent à la crédibilité de l’ensemble.
Cependant, les faits sont là :
15 ans après le génocide, le régime rwandais n’a rien d’une démocratie, et le conflit qui touche la région s’est déplacé au Congo ex-Zaïre voisin et continue de décimer les populations. Certains auteurs ont même baptisé l’ensemble des événements survenus depuis 1990 "Première guerre mondiale africaine".
Les préventions des gouvernements français successifs envers le renversement du régime d’Habyarimana par le FPR s’en trouvent, à posteriori, comme confirmées. Cependant, la "discrétion" qui entourait, et continue d’entourer, l’action de la France dans cette région, l’ont fait passer, sans doute à tort, pour une histoire interdite et sulfureuse.