vendredi 9 décembre 2016 - par Piere CHALORY

Polnareff revient de loin...

Il y a quelques jours, un communiqué de sa femme a fait le buzz sur le Web ;

''Michel est entre la vie et la mort, son pronostic vital est engagé.''

Aussitôt les rédactions ont rédigé leur nécrologies en vitesse. Les photos de Polnareff étaient déjà estampillées, étiquetées ;

''Polnareff-est-mort-à-l'âge-de-72-ans''

j'avais déjà posté ce texte ici il y a deux jours, mais comme la situation n'était pas encore stabilisée pour Polnareff, j'ai préféré le retirer et en ai profité également pour le compléter et supprimer quelques fautes :

Encore une fois, on a pu constater l'incroyable vitesse à laquelle se propage une news on the Net. Et la multiplicité de l'avis des uns et des autres.

Des hommages appuyés à l'idole des seventies aux moqueries et sarcasmes gratuits.

Des blagues bêtes aux encouragements à survivre...

La masse-web-connectée s'imaginant concernée par l'affaire a donc déjeté son opinion sincère au gré de sentiments très variables.

Certains twits assez drôles conjuraient le sort afin que Polnie reste en vie, pour nous épargner les hommages musicaux que n'auraient pas manqués de produire, par l'odeur du pèze appâtés les voraces requins de studio, flanqués de leurs piailleurs poulains et poulaines ; ménestrels pas forcément, vocalement parlant : Polnareff compatibles.

Plus tard dans la soirée, des nouvelles rassurantes sur son état étaient données par son médecin, qui après un bilan complet a diagnostiqué une embolie pulmonaire bi-latérale, maladie grave qui peut provoquer l'arrêt cardiaque par obstruction de l'artère pulmonaire par des caillots de sang. Une chose est sûre, l'énergie que demande une tournée de concerts, même pour un jeune est déjà épuisante, alors à 72 ans, si la maladie n'avait pas été détectée, il y aurait laissé sa peau, et serait vraisemblablement mort sur scène.

 

Aujourd'hui il semble tiré d'affaire, et a même recommencé à twitter ce matin, mais il l'a échappé belle. 

 

 

Je lui laisse la responsabilité de ce quatrain égrillard, mais il semble reprendre le sens de l'humour...

L'artiste possède un caractère impulsif. Vous vous souvenez de la pub Cetelem mettant en scène un Polnareff ridiculisé ; les mains et les pieds dans le béton ?

Polnareff outragé, ulcéré à la vue de son supposé sosie dans cette situation grotesque, a aussitôt attaqué la firme créditeuse pour dégradation de son image. Cetelem a d'ailleurs été condamné et interdit d'utiliser l'idole à fin humoristique commerciale.

C'est vrai qu'à l'inverse de la majorité des chanteurs connus, Polnareff a conservé son look d'il y a 40 ans sans rien y changer ; cheveux longs frisés et lunettes noires à monture blanche, alors bon : à son âge est-ce bien raisonnable ?

Non évidemment, mais sachez bonnes gens que tout artiste qui se respecte ne sera jamais raisonnable ! C'est pour ça qu'en général, les plus talentueux font rarement de vieux os.

Polnareff est une exception française chez la variété, terme vague qui englobe à peu près tout ce qui passe à la télé. Envers et contre tout, il a su imposer son image sonore et visuelle, parfois au prix du scandale ; scandaliser gentiment la populace imbibée des mélodies niaises de l'époque. Par exemple, avec l'affiche de Polnarévolution où il montrait son cul aux passants, affiche rapidement censurée. Extrait Wikipédia :

''Polnarévolution est un album live de Michel Polnareff sorti en 1972. Le LP était à l'origine vendu avec l'affiche du concert à l'Olympia (du 6 au 22 octobre 1972) où il montrait ses fesses et qui fit scandale. 6 000 affiches de ce concert, placardées le 2 octobre 1972 dans toute la capitale, montraient Polnareff travesti, ses fesses dénudées1. Le tribunal correctionnel le condamna à 60 000 francs2 d'amende pour attentat à la pudeur, somme payée par sa maison de disque3.

 

On se souvient tous de Lettre à france, du superbe clip Good Bye Marylou (1990) avec ses magnifiques mannequines, mais il a débuté 30 ans plus tôt

''Gérard Woog, un ami d’enfance, insiste pour le présenter à Lucien Morisse, patron d’Europe 1 et futur manager. Michel accepte de signer avec la maison Disc'AZ de Morisse à condition d’enregistrer à Londres avec Jimmy Page à la guitare et John Paul Jones à la basse (futurs Led Zeppelin). À son grand étonnement, la maison de disques accepte, et La Poupée qui fait non sort le 26 mai 1966. Cette chanson connaît un véritable triomphe et sera reprise par de nombreux artistes5.''

Tout ceci ne nous rajeunit pas. Ou alors juste dans la tête…

À titre personnel ; à 5 ans en 66, je n'écoutais pas encore la radio et n'ai découvert réellement Polnareff que tardivement. Plutôt connecté à 15 ans Deep Purple pour l'énergie & Klaus Schulze, Yes ou Genesis pour le planant du rock progressif.

Polnareff c'était plutôt de la musique de fille.

30 ans après, durant ma période d'achat compulsif de vinyls vintage et devant l'enthousiasme de certaines copines pour ce chanteur, en écoutant certaines de ses chansons que j'ignorais, j'ai dû reconnaître leur qualité indiscutable. Sur la photo ci-dessous on distingue la série de 4 vinyls qu'il fallait tous acheter pour voir POLNAREFF écrit en entier, chacun couvrant une période différente, j'ai pu aussi retrouver Polnarévolution, mais délesté de son affiche scandaleuse.

Il faut savoir que Polnareff est un des (très) rares artistes français à avoir été produit sous le prestigieux label Atlantic Records, label sous lequel Ray Charles, John Coltrane, Led Zeppelin, Yes, Vanilla Fudge et autres groupes devenus cultes aujourd'hui, étaient distribués. Le seul autre français enregistré sur Atlantic que je connaisse est Jean Luc Ponty, lui aussi exilé aux States à l'époque. Pour ceux qui ne le connaissent pas, JL.Ponty est rien moins qu'un des inventeurs du Jazz Rock, avec Frank Zappa, Miles Davis ou Mahavishnu, avec lesquels il a usé de son violon magique. Le terme jazz rock aurait été inventé par un critique musical d'une revue américaine après qu'il ait vu un de ses concerts.

Pour revenir à la production musicale de Polnareff de ses débuts, comparée aux ringardises du style Stone & Chardon, Stone & Charden pardon ; potage variétal made in France que couronna Made in Normandie ; hymne baroque à cadence limitrophe marche militaire amollie sur paroles bestiales, dont voici le refrain :

 

Les vaches rousses blanches et noires, 
Sur lesquelles tombe la pluie, 
Et les cerisiers blancs, made, in Normandie,
Une mare avec des canards, 


Des pommiers dans la prairie, 
Et le bon cidre, doux, made, in Normandie, 
Les œufs made in Normandie, 
Les bœufs made in Normandie (…)

 

Comparée donc à cette ode naïve à la joie suprême de vivre en Normandie, sous la pluie, au milieu des vaches, des canards et des cerisiers blancs...

 

Qui a tué Grand Maman,

Est une chanson de Polnareff peu connue par rapport à ses tubes, qui possède en elle une poésie quasi surnaturelle ; une mélodie emprunte de rêve enfui, de regret positif d'un Calme perdu. Atmosphère subtile d'une époque à jamais révolue, évoquant également le sentiment si particulier unissant petit enfant à grand mère.

 

Il y avait, au temps de Grand Maman, du silence à écouter…

 

 

Qui a tué grand maman ?
Est-ce le temps
Ou les hommes qui n'ont plus le temps
De passer le temps ?

 

En tout cas Michel si tu me lis, ne meurs pas encore, et profite de ce repos obligatoire pour aller chercher où tu sais de belles mélodies nouvelles ; les hommages attendront...
 



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