samedi 27 août 2016 - par Lionel Ladenburger

Doublé doré pour Murray

Au terme d’un match péplum face au phénix argentin Del Potro, Andy Murray est devenu le 1er joueur à conserver son titre olympique. Une perf' historique qui fait également du Britannique le seul tennisman double médaillé d’or en simple de tous les temps. Bilan du tournoi de tennis masculin des Jeux de Rio.

Pour la poignée de sceptiques qui en doutaient encore, la compétition de tennis des J.O. de Rio a une fois de plus, après Pékin et Londres, démontré l’importance toute particulière que revêt désormais l’olympiade aux yeux des tennismen de la planète. Pour preuve, le dernier carré de l’épreuve (composé de Murray, Nadal, Del Potro et Nishikori) était tout simplement digne d’un tournoi du Grand-Chelem ! Retour sur les performances des 4 principaux protagonistes de la semaine tennistique carioca.

1. Andy Murray (médaillé d’or), l’effet Coupe Davis

L’air de rien, en 2016, l’Ecossais est tout simplement en train de réaliser la meilleure saison de sa carrière. A l’image de Djokovic en 2011, le natif de Dunblane semble surfer sur la vague de sa victoire en Coupe Davis l’année passée. Alors bien sûr, en Grand Chelem, Murray n’a toujours pas trouvé la clef pour se défaire de son grand rival serbe… Mais à l’exception de l’équation-Nolé, Andy a, semble-t-il, résolu tous les problèmes qui se posaient jusqu’alors à lui. Ses résultats plaident en tout cas en ce sens.

Finaliste en Australie ainsi qu’à Roland-Garros, puis vainqueur à Wimbledon et aux Jeux, le « Grand-Breton » a, de fait, atteint (au minimum) le stade de la finale des 4 tournois majeurs déjà disputés cette année ! A Rio, le sujet de la Reine d’Angleterre a, de surcroît, signé une performance historique en conservant son titre tout en devenant également le 1er homme double médaillé d’or en simple ! Solide numéro 2 à l’ATP, ce Murray en pleine confiance vise désormais ouvertement le trône mondial.

2. Juan-Martin Del Potro (médaillé d’argent), le retour du Phénix

A la veille de l’ouverture des Jeux, lorsqu’on demandait à Juan-Martin ce qu’il pensait faire dans la soirée du dimanche 14 août (jour de la finale de tennis des J.O.), le plaisantin argentin, constamment blessé au poignet gauche depuis près 4 ans, avait répondu : « un barbecue avec des potes » ! Une réaction pleine d’humour qui prouve que le vainqueur de l’US Open 2009 ne présageait pas lui-même du niveau de jeu hallucinant auquel il allait pourtant évoluer tout au long de la semaine en terre carioca.

Car au Brésil, poussé par une meute de fans venus en masse de son Argentine voisine, le phénix Del Potro a semblé renaître de ses cendres. Auteur du plus gros coup de théâtre du tournoi via l’élimination de Djokovic, avant de récidiver contre Nadal, le médaillé de bronze 2012 n’est pas passé loin du titre. Personnage aussi talentueux qu’attachant, si les blessures l’épargnent enfin, « Delpo » pourrait vite faire figure de 3e homme et devenir le principal trouble-fête du duo Djokovic-Murray en Grand Chelem.

3. Kei Nishikori (médaillé de bronze), samouraï rescapé

Après des débuts (trop ?) tranquilles, le protégé de Michael Chang est passé à deux doigts de la sortie en quart-de-finale. Il lui aura en effet fallu 2 tie-breaks et près de 3 heures de jeu pour venir à bout d’un Gaël Monfils en pleine bourre au lendemain de sa victoire face au redoutable serveur croate Marin Cilic. A 6-3 contre lui dans le jeu décisif de la 3e manche, Nishikori a su faire preuve d’un remarquable sang-froid pour sauver 3 balles de match, alignant par là même 5 points d’affilée synonymes de qualification.

Epuisé et impuissant face à Murray en demie (défaite 6-1 6-4), l’électron nippon a ensuite bénéficié de la fatigue accumulée par Nadal pour glaner la 1ère breloque du tennis japonais depuis Ichiya Kumagae, vice-champion olympique en simple aux J.O. d’Anvers en 1920, il y a… 96 ans ! Ce n’est pas un titre certes, mais cette médaille de bronze constitue pour l’heure assurément le plus beau trophée de la carrière du natif de Matsue. Et il n’y avait qu’à voir sa mine radieuse sur le podium pour s’en persuader.

4. Rafael Nadal (4e), chocolat en simple mais doré en double

Encore incertain seulement quelques jours avant le début de la quinzaine olympique, l’Espagnol a finalement décidé de jouer le coup à fond sur deux tableaux masculins (simple et double). Un choix, peut-être un chouia gourmand, qui lui aura logiquement coûté pas mal d’énergie dans la dernière ligne droite, et en particulier dimanche, lors de la petite finale pour la 3e place disputée le lendemain même de sa demie aux airs de marathon face au surprenant revenant Del Potro.

En panne de jus, mené 5-2 dans le 2e set, Rafa a alors réussi à l’orgueil l’un de ces « come-backs » qui ont fait sa légende pour gagner le set, avant de craquer à nouveau dans le 3e acte. Malgré cette médaille en chocolat, l’expérience carioca de Rafa demeure positive. D’une part, le Majorquin a retrouvé son niveau. Et d’autre part, titré aux côtés de son pote Marc Lopez, Nadal est également devenu à Rio (après Nicola Massu) le 2e joueur de l’ère-open à avoir remporté l’or olympique aussi bien en simple qu’en double.

Palmarès du tennis aux Jeux Olympiques d’été de 2016

L’apothéose finale « Murray vs Del Potro » 

Impossible de ne pas revenir un instant sur le thriller joué par Andy Murray et Juan-Martin Del Potro en ce dimanche 14 aout sur le court central, aux allures de ring de boxe, de l’aréna carioca. Digne d’une finale de Grand Chelem, le terrible affrontement a en effet tenu toutes ses promesses, clôturant ainsi de la plus belle manière le chapitre tennis de ces J.O. de Rio. Un palpitant match de 4 heures durant lequel les deux hommes se sont rendus coup pour coup via pralines et breaks interposés.

Pourtant, on a d’abord cru que le bras de fer n’aurait pas lieu, tant l’Argentin semblait émoussé en début de rencontre. Puis, revigoré par les « Delpo, Delpo ! » scandés par une foule très majoritairement vêtue de bleu-ciel et acquise à sa cause, JMDP est parvenu à faire douter Murray à coup de parpaings. Jusqu’à ce 4e set où il menait même 5-3, service à suivre, avant que ses jambes lourdes mais aussi, et surtout, un Andy Murray plus déterminé que jamais ne lui barre définitivement la route vers l’or.

Pourquoi pas un format type « Grand Chelem » ? 

Toutefois, seul bémol, ce splendide match (que d’aucuns comparent, en termes d’intensité, à la finale de Roland-Garros 2015 entre Djoko et Wawrinka) aurait certainement pu être encore plus beau si ce fichu jour de pluie survenu en milieu de semaine dernière n’avait pas contraint les organisateurs à décaler les demi-finales au samedi. Par conséquent, constat regrettable, les acteurs n’ont bénéficié d’aucun jour de repos entre les deux derniers duels de cette compétition pourtant majeure !

Pour un évènement tel que les Jeux Olympiques, qui n’ont en outre lieu qu’une fois tous les 4 ans, pourquoi ne pas réfléchir à l’avenir à un format type « Grand Chelem », sur 15 jours donc, qui serait plus approprié à l’importance et au prestige de l’épreuve ? Les joueurs, souvent engagés aussi bien en simple qu’en double voire en mixte, pourraient alors jouir de bien meilleures périodes de récupération d’une rencontre à l’autre… Pour le spectacle, la grande fête du tennis olympique mériterait bien cela.

Lionel Ladenburger



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