samedi 3 septembre 2016 - par Lionel Ladenburger

L’équipe de France du Barça

Via les signatures quasi-conjointes de Lucas Digne et Samuel Umtiti, le FC Barcelone vient d’engager les 20e et 21e joueurs français de son Histoire. Pourtant, bien que récurrents, les passages des Bleus sous le maillot blaugrana n’ont pas tous été couronnés d’un franc succès.

C’est à se demander si les dirigeants barcelonais l’ont fait exprès… De fait et sans compter les deux derniers venus, si l’on s’amuse à revisiter le vestiaire historique du FC Barcelone, on s’aperçoit en effet qu’avec les 11 derniers internationaux tricolores à avoir évolué sous la mythique tunique du club catalan, on peut pratiquement composer (poste par poste) un véritable onze 100% Bleu du Barça !

1. Richard DUTRUEL (Gardien, 22 matchs au FCB entre 2000 et 2002)

Doublure de Bernard Lama au PSG, Richard s’exile en Espagne au lendemain de la victoire du club parisien en Coupe des Coupes 1996. Dans la cage du Celta Vigo, pendant 4 ans, ce robuste Savoyard d’1,92m devient alors l’une des valeurs sûres de la Liga. Spectaculaire dans ses sorties et efficace sur sa ligne, ses bonnes performances lui ouvrent même les portes des Bleus (une sélection) ainsi que celles du Barça en l’an 2000. D’abord titulaire, quelques bévues lui feront hélas vite perdre la confiance de son coach. Seul portier français de l’Histoire du Barça, Dutruel ne jouera finalement qu’une vingtaine de matchs aux côtés des Guardiola, Luis Enrique et autres Rivaldo, avant d’être vendu à Alavés en 2002.

2. Lilian THURAM (Latéral droit, 58 matchs au FCB entre 2006 et 2008)

En partance de la Juventus suite au scandale Moggi, le puissant défenseur guadeloupéen intègre l’effectif barcelonais en 2006. Evidemment, à 34 ans, le Thuram que Barcelone a connu n’était déjà plus le grand Lilian des années turinoises. Ceci dit, le passage en Catalogne du « Philosophe » n’a pas non plus été désastreux. Vainqueur de la Supercoupe d’Espagne dès son arrivée en 2006, l’ancien arrière des Bleus, moins explosif qu’auparavant, jouera tout de même une soixantaine de matchs pour le compte des Blaugranas. Mais la rude concurrence proposée par Edmilson, Marquez, Milito, Puyol ou encore Zambrotta, lui fera progressivement perdre sa place au sein de l’arrière garde catalane.

3. Eric ABIDAL (Latéral gauche, 193 matchs au FCB entre 2007 et 2013)

De tous les joueurs français à être passés par le Barça, il est certainement celui qui y a le mieux réussi. Membre de la légendaire formation qui enlèvera 6 titres (C1 + Liga + Copa del Rey + Mondial des Clubs + Supercoupes d’Espagne et d’Europe) en 2009, Abidal s’imposera, 5 années durant, comme la référence sur le flanc gauche de la défense du FCB. Avec Xavi, Iniesta, Messi et compagnie, le Lyonnais se forgera ainsi un palmarès monstrueux de 13 titres dont 2 Champions Leagues et 4 Ligas. Victime d’un cancer du foie, il subira une greffe… avant de revenir ! Ovationné comme il se doit pour son retour, plus de 400 jours après son dernier match, Eric n’a laissé que de bons souvenirs aux intraitables supporters catalans.

4. Jérémy MATHIEU (Défenseur central, 75 matchs au FCB entre 2014 et 2016, série en cours)

A la recherche d’un défenseur polyvalent, Luis Enrique (l’actuel coach du FCB) jette son dévolu sur l’ex-Sochalien, qui arrive en provenance de Valence lors du mercato estival de 2014. Surprenant titulaire, le 19e français à porter le maillot « bleu-grenat » en profite pour glaner 5 titres dès 2015 (le 2e meilleur cru historique du club après celui de 2009). Ses bons états de service lui valent, par ailleurs, d’être rappelé en équipe de France. Plutôt régulier jusque-là, Mathieu perd ensuite (malheureusement) sa place dans le onze de base suite à une blessure. Lésion qui le contraindra également à déclarer forfait pour l’Euro 2016 alors que Deschamps l’avait pourtant initialement retenu dans sa liste des 23…

5. Philippe CHRISTANVAL (Défenseur central, 47 matchs au FCB entre 2001 et 2003)

Tout avait pourtant si bien commencé. Christanval et le Barça, c’est comme ces histoires d’amour qui tournent au vinaigre… et dont on ne sort pas indemne ! Grand espoir, considéré comme le successeur de Laurent Blanc chez les Bleus, Philippe débarque en Catalogne un an après son titre de champion de France 2000, gagné avec Monaco. Elégant, technique, le Parisien de naissance réussit ses 1ers pas au Camp Nou et devient même le binôme de Frank De Boer avec lequel il forme la charnière centrale des Blaugranas. Mais à l’été 2002, fin de l’idylle, Louis Van Gaal le met au placard. La suite ? Des expériences ratées à Marseille, puis à Fulham, et une fin de carrière aussi précoce que ses débuts l’avaient été.

6. Frédéric DEHU (Milieu défensif, 23 matchs au FCB entre 1990 et 2000)

Sans vouloir dénigrer Fred Déhu, qui faisait (sans conteste) partie des meilleurs éléments défensifs de la Ligue 1 des années 1990-2000, force est de constater que l’ex-Lensois a peut-être vu un peu grand pour lui en succombant aux sirènes barcelonaises ! Toutefois et malgré ce que l’on pourrait a priori penser, à bien y regarder, le bilan du Francilien au FCB n’est pas si mauvais que ça. Par intermittence, pendant une saison avec De Boer, Puyol, Guardiola, Xavi, Luis Enrique, Figo, Litmanen, Rivaldo et Kluivert au sein du même vestiaire, le natif de Villeparisis côtoiera la crème du foot international. Qui plus est, il marquera même un but incroyable (du milieu de terrain !!!) en Ligue des Champions avant d’être transféré au PSG.

7. Ludovic GIULY (Ailier droit, 124 matchs au FCB entre 2004 et 2007)

Juste derrière Abidal, Giuly est certainement le second Tricolore qui s’est le mieux adapté au sein du dispositif des Catalans. Révélé sous les couleurs monégasques, le petit lutin lyonnais débarque au Barça à l’été 2004 et… avec le public déjà dans sa poche ! Et pour cause, une poignée de semaines auparavant, par le biais d’un but splendide (une « Madjer »), c’est lui qui avait éjecté les rivaux du Real Madrid de la course à la C1. Titulaire quasi-indiscutable pendant 3 saisons, le joueur d’origine corse score à 26 reprises dont une, aussi jolie que décisive, en demi-finale de la Champions League 2006. Au passage, il remporte 5 trophées. Mais en 2007, excusons-le, il se fera chiper sa place par un certain… Léo Messi !

8. Emmanuel PETIT (Milieu défensif, 38 matchs au FCB entre 2000 et 2001)

Le passage du milieu normand dans la capitale catalane ne restera pas dans les annales. Arrivé d’Arsenal au Barça auréolé de son double statut de champion du monde et d’Europe, l’auteur du 3e but de France-Brésil 1998 ne parvient pas à s’imposer au Camp Nou. Souvent remplaçant de Guardiola dans l’entrejeu, le Français prend malgré tout part à une quarantaine de rencontres sous les couleurs du FCB. Mais son adaptation au sein du vestiaire laisse à désirer. Se sentant étouffé, enfermé, Manu s’isole peu à peu du reste du groupe. De surcroît, la montée en puissance d’un espoir nommé Xavi ne lui laisse que peu de perspectives d’avenir. Après une saison, Petit quittera donc le Barça pour rebondir à Chelsea.

9. Thierry HENRY (Attaquant, 121 matchs au FCB entre 2007 et 2010)

Accueilli comme une star par plus de 30 000 socios, Henry se voit en outre octroyer le privilège de porter le numéro 14, jadis porté par le légendaire Johann Cruyff. Malgré la féroce concurrence de Samuel Eto’o et Eidur Gudjonhsen, Titi s’impose comme titulaire lors de ses deux premières saisons. Parti au Barça avec l’idée de remporter enfin la Ligue des Champions, l’Antillais réalise son souhait en 2009 (l’année du mythique sextuplé du FCB). Certes moins fringant que du temps de ses années londoniennes, l’ex-Gunner n’en reste pas moins une fine gâchette. Avec 49 buts inscrits en 121 matchs pour le compte des Blaugranas, Henry est ainsi, aujourd’hui encore, le meilleur buteur français de l’Histoire du club catalan.

10. Laurent BLANC (Libéro, 38 matchs au FCB entre 1996 et 1997)

OK, on triche un peu en alignant « Laulau » à un poste de milieu offensif qu’il a seulement occupé durant ses jeunes années montpelliéraines. Ceci dit, parmi les 11 Tricolores cités ici, il est le seul à pouvoir évoluer à ce poste. Arrivé au Barça au lendemain du doublé coupe-championnat réalisé avec l’AJ Auxerre de Guy Roux en 1996, la 2e aventure à l’étranger (après Naples en 1991-92) du « Président » ne sera pas non plus un grand succès. Souvent blessé, en concurrence avec Fernando Couto, Blanc alterne le bon et le moins bon en Espagne. Pas toujours titulaire, le défenseur de l’équipe de France préfèrera alors jouer la carte de la sécurité via un retour en France (à l’OM) dans l’optique du Mondial 1998.

11. Christophe DUGARRY (Ailier gauche, 13 matchs au FCB en 1997)

Auteur d’un match sensationnel avec Zizou et les Girondins de Bordeaux contre le Milan AC à l’occasion de la Coupe UEFA 1996, Dugarry sera recruté par la formation lombarde lors du mercato suivant. Barré en attaque par Roberto Baggio, Marco Simone et George Weah au sein du club de Silvio Berlusconi, « Duga » rejoindra alors le Barça dès l’été suivant dans l’espoir de se relancer. Mais incapable de trouver ses marques en Catalogne, il enchaînera alors des prestations indigestes et indignes du niveau requis pour évoluer sous la tunique blaugrana. Transféré à l’Olympique de Marseille seulement quelques mois plus tard, le Bordelais demeure assurément le plus grand flop tricolore que le FC Barcelone ait connu.

Coach, Lucien MULLER (Entraineur du FCB entre 1978 et 1979)

Méconnu dans l’Hexagone, d’aucuns oublient souvent que Lucien Muller a fait partie de la première grande équipe de France aux côtés des Kopa, Fontaine et autres Piantoni dans les années 1950-60. Formé à Strasbourg, le milieu alsacien passera ensuite par Toulouse et Reims avant de filer au Real Madrid en 1962. Triple champion d’Espagne avec les Castillans, Muller déménage en Catalogne en 1965. Vainqueur de la Coupe des Villes de Foire (l’ancêtre de la C3) en 1966, le « Petit Kopa » fera par la suite une carrière de coach. En poste au FCB lors de la saison 1978-79, « Don Luciano » peut ainsi se targuer d’être l’unique entraineur français de l’Histoire à s’être un jour assis sur le prestigieux banc du Barça !

Quid de Digne et Umtiti, à quoi s’attendre pour eux ?

Qu’adviendra-t-il de Lucas Digne et de Samuel Umtiti en terre catalane ? Difficile à dire pour l’instant. Si l’on se fie aux différentes expériences vécues par les joueurs hexagonaux au FCB, le bilan est d’ailleurs plutôt mitigé. D’un côté, certains ont bien réussi à s’imposer parmi les étoiles : Abidal, Giuly ou encore Thierry Henry. D’autres, en revanche, ont laissé des souvenirs beaucoup plus discrets voire même carrément catastrophiques aux fans blaugranas, on pense notamment à Laurent Blanc, à Emmanuel Petit et surtout à Dugarry… Dans quelle lignée s’inscriront donc Digne et Umtiti, les deux nouveaux Bleus du Barça ? L’exigeante maison catalane ne faisant pas de cadeaux, on devrait le savoir très rapidement.

Lionel Ladenburger

Retrouvez tous mes articles sur :

http://yourzone.beinsports.fr/author/guga57/



4 réactions


  • Alren Alren 3 septembre 2016 11:33

    Si le Barca peut s’offrir autant de joueurs étrangers, c’est parce qu’il n’y a pas d’harmonisation fiscale en Europe.
    Les footballeurs professionnels sont comme les artistes, ils recherchent les meilleurs contrats. On ne peut leur reprocher à eux sans faire de de même pour tous les indépendants. Et remettre en cause la société capitaliste du « chacun pour soi ».


  • Fred Astaire Fred Astaire 10 juin 2019 16:03

    Lucien Muller, unique coach français du Barça ?

    Et un certain Helenio Herrera, qu’en faites-vous ? Ligas 59 et 60, Coupe des villes de foire 60, coupe d’Espagne 59 et 81.

    Le sorcier du football - Vidéo Ina.fr


    • Fred Astaire Fred Astaire 11 juin 2019 11:02

      @Fred Astaire
      Pour compléter le CV de Muller, signalons aussi qu’il a remporté la C3 en 79, mais comme il a été limogé avant la demi-finale retour, son nom n’apparaît jamais au palmarés.
      Pierre Sinibaldi (finaliste de la Coupe des Villes de Foire), Lucien Muller sans parler du Franco-roumain Elek Schwartz (finaliste malheureux de la C1 en 65), des noms bien ignorés, voire inconnus de nos éminents « spécialistes ».


Réagir