easy easy 10 septembre 2011 16:01

C’est une bonne chose de parler de nous. Merci de l’avoir fait.


En ce qui me concerne, je ferais d’autres réflexions. Oui, Internet aura joué énormément, essentiellement en termes d’interactivité mondiale, en termes d’anonymat possible (donc de plus grande liberté de parole) et en termes d’immédiateté.



Mais il s’était déjà passé des choses très fortes qui en avaient jeté les bases.

D’abord le démocratisme absolu (et non à la grecque antique).

Avec un pendant dans notre secteur occidental, le Républicanisme, c’est-à-dire la foi dans le dieu « Nous tous ensemble ». Doù la confiance dont vous parlez car c’est vrai, nous avions confiance en nos institutions républicaines donc

Ensuite, quelques années après les Danton et autres Robespierre, le coup du « J’accuse » de Zola où,de manière éclatante et soudaine, un individu presque banal se constituait une voix géante par le biais d’un média et cela, pour contrer carrément une de nos institutions centrales.

De là, chaque clampin, s’il avait soudain une raison de ne plus avoir confiance en nos institution, se voyait le bon droit de hurler sa déception (Mégaphone, micro, média...)

Il devint de plus en plus clair qu’on n’existait que si l’on émettait une critique à haute voix.



Puis, il y a eu la guerre du Vietnam où il s’est passé quelque chose de très singulier.
Avant Internet donc, voilà que des photographes sont autorisés voire aidés par les Ricains pour tout filmer et tout montrer.
Presque en temps réel, le monde entier a donc vu des images difficiles mais, c’est important à noter, elles étaient positivement commentées.
Disons que ça donnait dans « Bonjour Paris, ici Danang, Alors voili voilo, nos soldats font du bon boulot, mais que c’est fatigant, mais que nous finirons par vaincre, mais que nous avons raison » et pendant que le journaliste commentait de cette manière positive, le spectateur voyait des images qui le troublaient. Le commentaire positif du journaliste ne suffisait pas à calmer l’angoisse qui naissait de la vision d’images violentes

C’était comme si la télé montrait une scène où un type était torturé pendant deux heures avec les commentaires positifs et convaincus de l’équipe qui lui arrachait la peau.

Le spectateur découvrait alors qu’il pouvait y avoir un monde entre le ressenti d’un bourreau ou d’un journaliste et le sien propre.
Je ne sais pas comment exactement les spectateurs choqués se sont coagulés mais ils ont fini, faute de disposer d’Internet, par descendre dans la rue pour hurler tous ensemble que ces images présentées comme OK étaient à leurs yeux des horreurs.

(Et on peut supposer que si les Anglais avaient vu les images de l’intérieur d’un navire négrier, ils auraient aboli l’esclavage bien plus tôt. C’est du reste en organisant des visites à bord de navires négriers que Wilberforce avait fait basculer des opinions. Il commentait certes négativement, mais l’aurit-il fait positivement que ça aurait pareillement dégoûté tout le monde)


Ainsi des images dures, même si elles sont positivement commentées, interpellent les spectateurs dans leur intimité et ils y réagissent généralement négativement.


Internet a donc surtout permis à chacun et à tout sujet, de faire des commentaires négatifs là où règnent les commentaires positifs.


Mais il est probable que ce soient les démocratistes (qui espèrent toujours et malgré tout dans leurs institutions qui se prétendent fraternelles) qui commentent le plus négativement ce qu’ils voient.

Nous ne sommes déçus que de nos illusions.


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