Marc Chinal Marc Chinal 18 novembre 2014 22:12

Bonjour,
vous avez écrit l’un des plus intelligent « papier » sur la monnaie que j’ai pu lire depuis longtemps.
Bravo. (et je ne dis pas ça par flatterie)
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Quelques précisions tout de même  :
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La question "le travail peut-il être un plaisir  ?"
M’occupant plus de psycho que de morale, je peux affirmer que l’humain se définit souvent par "je suis ce que je fais« .
Et votre exemple de »je n’aime pas mon travail" (mais je le fais quand même à cause de la monnaie qu’il me rapporte), est issu lui-même du monde monétaire. Quels sont les travaux « mal appréciés » ? En général, les travaux dont on ne voit pas le but, l’utilité, pour lesquels on vous presse comme un citron. Mais existent-ils (sont-ils utiles) sans le monde monétaire ?
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« L’argent [c’est-à-dire la monnaie] doit être « rare » et cela entraine de l’inégalité ».

Ici, le lien de causalité n’est pas rigoureux. En effet, il n’est pas inconcevable d’imaginer une monnaie « rare » mais « équitablement » répartie par l’intermédiaire de divers mécanismes (Impôts…).

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Effectivement, le fait d’être rare (quantité limité) n’entraîne pas forcément une répartition non égalitaire. Mais ce serait oublier que là, on parle de monnaie, c’est à dire d’un « évaluateur » dont la rareté est fluctuante (suivant le marché) : les prix fluctuent suivant la demande. Ainsi, pour se loger, vous n’avez pas besoin de la même somme de monnaie que vous soyez à Paris, Lyon, Marseille, Grenoble, ou dans un village reculé de France. (Et c’est (entre autres) ce qui rend difficile voir impossible l’idée de revenu universel).
L’égalité de ressources monétaires est impossible parce que les humains ne sont pas identiques.
Vous le savez, avoir « les mêmes droits » ce n’est pas le même concept que l’égalitarisme « tous les mêmes besoins, tous les mêmes consommations ».
La monnaie entraine la quantification du coût, et certaines produits coutent plus cher que d’autres. Pour certains humains, une chaise est une chaise, pour d’autres, la chaise doit être « confortable, belle, etc ». Et il faut respecter ces différences sinon, on méprise l’individu.

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« « L’argent nous conduit inévitablement vers une aristocratie. »

Je ne suis pas d’accord avec cette déclaration. »

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Et pourtant...
En étant (relativement) rare, la monnaie entraîne vers elle la notion de pouvoir (je peux parce que j’en ai / d’où l’envie de stoker pour assurer un peu mieux sa survie). (la fourmi).
Sans oublier la notion de dé-responsabilisation liée au pouvoir de la monnaie :
« Je n’aime pas faire ceci, donc je paye quelqu’un pour le faire. » (je suis plus apte à faire par l’intermédiaire de l’autre).
« Je n’ai pas le temps de faire ceci, donc je paye quelqu’un pour le faire. »
Résultat, celui qui a beaucoup de monnaie prend logiquement plus de place dans la société de par la représentation « reportée » générée par le paiement d’une somme à une autre personne.

Le pouvoir grandit avec la masse de monnaie dépensable.

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Pour conclure, je crois qu’à l’analyse d’Aristote et de D. Graeber il faut ajouter IMPERATIVEMENT le principe de « rareté relative » qui est vraiment fondamentale à la fois à l’outil, à la fois pour comprendre toutes les conséquences politiques, sociales, économiques, humaines.


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