Rayando (---.---.167.187) 5 octobre 2016 14:16

Bonjour

Je viens de lire avec intérêt cet article dont je suis tombé dessus par hasard... Anthropologue et Préhistorien, je travaille depuis plus de 15 ans sur le site archéologique du Roc-aux-Sorciers à Angles sur l’Anglin et j’avais besoin d’apporter quelques précision à ce texte qui malheureusement recèle énormément d’erreurs et d’approximations sur le fond archéologique et donc rend la lecture difficile entachant par là le fond qu’il tente d’éclairer.

Cela fait maintenant un bail que l’on ne parle de plus d’homme primitif (primitif au regarde de quoi ?) ou bien « d’ homme des cavernes ».... Lorsque l’on prétend faire table rase des préjugés, il faut donc déjà gommer ces qualificatifs (d’ailleurs je ne reviendrais pas sur les nombreux commentaires qui ont déjà signalé ce fait). Ces populations de chasseurs cueilleurs mobiles pratiquant parfois le semi-stockage voir une certaine forme de sédentarité saisonnière, ont occupé divers espaces toujours bien choisis au sein d’un territoire paysager, naturel et culturel fait de réseau de connexions. Les grottes ne sont pas des lieux d’habitat (à part quelques exceptions). Les lieux de plein-air en abri naturel (au pied de falaise en abri sous roche) sont des lieux privilégiés. L’art pariétal en grotte profonde ou semi-profonde fait partie en effet de la documentation relative aux pratiques de l’image de ces populations, mais font seulement partie... Les questions liées à la conservation des vestiges nous donne une image tronquée, faisant des grottes ornées le principal matériaux de reflexion (se conservent mieux que le sites de plein-air qui disparaissent plus facilement), faisant dire pendant un temps qu’il s’agissait d’un art des grottes pour parler de l’art préhistorique en général... Mais maintenant nous savons que les grottes ornées faisaient partie d’un vaste réseau de supports de décoration bien plus large, abris décorés, pied de falaises ornés, site de plein-air comme Foz-Coa au Portugal etc. Autrement dit tout était décoré, de l’objet fabriqué pour des activités quotidiennes, en passant par de la statuaire et autres plaquettes, ivoires et os décorés, jusqu’aux supports moins transportables, blocs, parois d’abri sous roche et en effet les grottes... Cela me fait dire qu’avancer l’hypothèse que ces populations n’avaient probablement pas (parce que j’imagine que vous n’allez pas jusqu’à l’affirmer ?) accès à l’abstraction mentale permettant de « penser » est complètement hallucinante au regard de plus de 30.000 ans de pratique de l’image par ces sociétés du Paléolithique supérieur : de l’ornementation, des parures et autres objets ouvragés ainsi que des tatouages, marques corporelles, utilisation de l’ocre, sépultures et j’en passe. Rien que dans la grotte de Cussac, vous avez un condensé de tout cela. 

Le Roc-aux-Sorciers n’est pas une grotte, et les images ne sont pas peintes, mais sculptées (en tout type de relief). Le panneau dont vous faites mention évoque en effet très probablement le moment du rut chez le bouquetin (et n’évoque absolument pas le cervidé comme génie de la fertilité) moment saisonnier assez particulier chez cet animal. Seulement, le jeune représenté a probablement plus d’un an, et donc l s’agit d’un petit évoquant la saison précédente. Les restes de consommation sur place sont largement dominés par le Renne. Vous ne parlez absolumen tpas du magnifique panneau représentant 3 femmes sculptées à trois moments différents de la maternité... quelle preuve plus concrète de l’expression de pensées abstraite de ces groupes humains ! 

Il est clair que sur la frise il y a la marque, par l’image sculpté, des cycles du vivant, indiquant par là l’expression de ces populations qui s’inscrivent dans l’ensemble du vivant et des existants. Vous oubliez de parler des nombreuses représentations humaines qui ont été découvertes sur site et à la Marche, autre site Magdalénien d’importance, à 40km du Roc-aux-Sorciers. Ces images d’humains lévant les bras, souriant, aux traits détaillés et expressifs, montrent comment, et au combien, ces populations ont exprimé leur identité, la manière qu’ils avaient de se penser, de concevoir le corps, l’mage de soi et des autres. 

Contrairement à ce que vous dite, les signes (c’est à dire les images non figuratives) dans l’art paléolithique sont bien plus nombreux que les représentations figuratives (animalières, humaines)... donc je ne vois pas comment vous pouvez dire qu’il y a peu de signes....
Vous prenez exemple de la grotte Chauvet pour avancer vos propos (courage, force, félins etc.), mais si vous prenez exemple du Roc-aux-Sorciers, vous avez d’autres éléments qui ressortent (symbiose, herbivores, paisible, cycles), mais que vous avez aussi à Chauvet (panneau des chevaux). Donc difficile de se baser sur un seul site pour en tirer des conclusions généralisantes...

Les trop nombreuses inexactitudes dans ce texte (manque de connaissance sur les matériaux, les sites, les vestiges, les pratiques de ces populations) rendent le fond difficile à suivre...
Cordialement



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