Christian Labrune Christian Labrune 1er décembre 2016 12:17

@Aristide
Chalot a bien raison de faire ce qu’il fait, je serais bien le dernier à lui jeter la pierre même si j’ai toujours beaucoup de mal à réprimer une certaine tendance ironique. Hier soir encore, comme je sortais du tabac pour la corvée de cigares, une jeune femme bien vêtue m’a demandé timidement quelques pièces. Je ne sais quelle catastrophe du genre licenciement venait de lui tomber dessus. Dans un pays qui n’est pas des plus pauvres, c’est lamentable, déprimant.

Ce qui m’agace, c’est le manichéisme en politique : la bonne gauche munie de sa bonne conscience, que je ne supporte plus du tout, et la vilaine droite responsable de tous les maux. Il y avait effectivement des bidonvilles en France avant les socialistes au pouvoir, et on aura beaucoup parlé de celui de Nanterre, non loin de l’université où prit naissance le mouvement du 22 mars en 68. Mais on n’était pas si loin de la guerre, dans un pays en reconstruction où la crise du logement existait encore, qui avait rendu célèbre d’un seul coup l’abbé Pierre, durant un hiver particulièrement glacial au début des années 50. 

Les deux septennats de l’homme à la francisque, dans un pays qui, malgré les chocs pétroliers, avait réussi à se relever progressivement, auront été à tous égards les années noires de la dégringolade. A l’ultra-libéralisme des années-fric qui créa la nouvelle pauvreté s’est ajoutée immédiatement la destruction de l’ascenseur social que constituait l’Education nationale. Ce qu’on proposerait désormais à la jeunesse, c’était du rêve et du flan : devenir footballeur, ou Bernard Tapie ! Et si vous n’êtes pas content, vous aurez le Front national. C’est au milieu des années 80 que l’ancien collabo aura bricolé cette précieuse béquille sans laquelle, depuis, le Parti socialiste n’aurait jamais pu mettre un pied devant l’autre.

Et nos politiques des deux bords en sont encore, ces imbéciles, à faire miroiter je ne sais quelle inversion de la « courbe du chômage », voire le retour au plein emploi quand ils savent que dans vingt ans la moitié des métiers auront complètement disparu, et bien plus encore au milieu du siècle. Il faudra bien venir au salaire universel garanti de la naissance à la mort. Lâchement, on refuse de voir la réalité en face. Je m’arrête là, cela me met en colère et je risquerais d’avaler mon cigare.
 


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