Paul Leleu 8 mars 2017 17:46

@doctorix

ce n’est que partiellement contradictoire, dans la mesure où Poutine a mis fin à l’anomie morale et securitaire des années 1990... il a aussi stabilisé relativement l’économie qui était en chute libre depuis la fin de l’URSS...

La fin du système soviétique a profité à une petite classe moyenne un peu consumériste, et surtout à un petit cheptel d’oligarques indécents et brutaux... pour le reste, la liberté politique n’est que très théorique en Russie. Le socialisme à visage humain attendu par les partisans sincères de la Pérestroïka n’est jamais advenu (pour les nostalgiques, la logique de bunkerisation soviétique était donc à leurs yeux justifiée).

Il n’en reste pas moins que le pouvoir Poutine entretient des rapports méfiants avec le PC russe actuel... une forme de respect dut à l’identité russe du communisme... mais aussi un impitoyable endiguement, car les communistes prétendent quand même ratiboiser la clique à Poutine (tous ces oligarques qui ont pillé le pays dans les années 1990, et qui sont aujourd’hui assis sur des mintagnes d’or, de sang et de corruption), en plus de rendre à la Russie et au peuple sa souveraineté... Car personne ne se trompe sur la politique de Poutine :

- maintenir son pouvoir : oligarques, nouvelle bourgeoisie russe, mafia russe.

- empêcher le retour du communisme encore si vivace dans la mémoire populaire russe. Retour qui menace tant la nouvelle bourgeoisie russe, la mafia de Poutine, que de réveiller simultanément les ardeurs révolutionnaires d’autres peuples dans le monde.

- lancer une politique de ’’splendeur’’ internationale, qui permet tout à la fois d’augmenter la part des bourgeois russes dans le marché mondial, tout en canalisant la frustration populaire vers une fierté retrouvée. (le classique théorème de l’impérialisme politique).

- à plus long terme, endiguer le déclin démographique, culturel, stratégique et économique de la Russie. La Russie tire le gros de son potentiel de l’héritage soviétique d’une part (industrie, technologie spatiale, armée et équipements militaires), et des ressources naturelles de Sibérie d’autre part. Mais tout cela est très fragile... l’industrie (sauf quelques rares secteurs comme le spatial) a été laissée à l’abandon et pillée depuis 25 ans. Quant à la Sibérie le maintien de la souveraineté russe se pose face aux appétits et aux peuplement asiatiques... Sans ces deux ’’mamelles’’, la Russie finira comme l’Ukraine, dans la déliquescence démographique, sanitaire, économique, culturelle et politique.

Poutine cherche donc à arrimer la Russie aux pouvoirs réactionnaires émergents en Occident. Il espère ainsi faire bloc contre la démographie ’’basanée’’ venue du sud et contre l’économie chinoise. Il essaie de rendre son pays ’’utile’’ dans ce contexte : armée efficace disponible pour la cause commune (par ex. contre ’’l’islamisme’’, mais aussi bien demain contre la Chine). Ressources naturelles alternatives aux pays islamiques ou aux pays d’Afrique ’’capturés’’ par l’industrie chinoise. Discours identitaire sur l’Occident, la race blanche et la Sainte-Russie...

bon... c’est juste mon avis, mais je pense à quelque chose dans ce genre. Et ça colle assez pour un relatif rapprochement avec les USA affaiblis de Trump (toutes choses égales par ailleurs). Au fond, la situation (proportionnellement) des USA ressemble à celle de la Russie. Même si Trump n’est pas Poutine (ni aussi génial ni aussi cruel...).


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