Christian Labrune Christian Labrune 17 mars 2017 14:26

@Amaury Grandgil
En dehors des catholiques qui prétendent se prévaloir des principes de leur religion et s’assoient dessus à la première occasion, j’avoue que j’aurais bien du mal à en trouver de plus « authentiques ». J’ai toujours été un peu fasciné par la théologie négative des grands mystiques tels que Jean de la Coix ou Thérèse d’Avila, embarqués par imitation dans cette étrange « folie de la croix » dont parlait Paul de Tarse, mais cela devait conduire inéluctablement à l’athéisme.

Ces beaux esprits voudraient bien que la préoccupation de leur salut personnel leur fût totalement étrangère, mais les moralistes classiques après eux, Molière et La Rochefoucauld en particulier, et même Pascal malgré lui, démontrent assez aisément qu’on ne se débarrasse pas si facilement de cet amour-propre qui est « amour de soi et de toutes choses pour soi » - et jusque dans l’oblation ! Dans la première édition des « Maximes », il y a plusieurs allusions à Dieu. Dans la dernière, elles ont toutes été supprimées. Non pas que l’auteur soit devenu athée, mais il a préféré, pour des raisons qui sont de l’ordre de l’éthique, suspendre la thèse de Dieu, pour parler comme Husserl, parce qu’elle conduit nécessairement à un enlisement dans les apories.

Autrement dit, il y a la religion populaire dont vous vous gaussez à juste titre, faite pour distribuer du nanan au troupeau, et dont témoigne très bien l’habitude qui s’est un peu perdue d’accrocher des ex-voto dans les églises, mais si on est heurté, d’un point de vue éthique, par ces sortes de pratiques, et si on n’a pas renoncé au suicide de l’intellect, je ne pense pas qu’il reste grand chose d’autre qu’une grande déréliction dont il faudra bien s’accommoder avant de retourner au néant.


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