Christian Labrune Christian Labrune 19 avril 2017 18:09

@xana
Christian Labrune, s’il était Bachar el-Assad - ce qu’à Dieu ne plaise !-, se comporterait comme un bon joueur aux échecs, capable de prévoir les réactions de l’adversaire en anticipant ses réactions sur une profondeur d’au moins deux ou trois coups. Il se dirait la chose suivante : les Occidentaux qui savent de quoi je suis capable ne m’aiment guère. Une exaction de plus ou de moins, ça ne leur fera ni chaud ni froid, ils savent à quoi s’attendre de ma part, et s’ils tentent quelque chose en manière de rétorsion après le coup que je vais jouer, ça leur retombera sur la gueule : il y a dans ce même camp occidental un nombre considérable de conspirationnistes qui se dépêcheront de prendre ma défense sur Internet. Les plus primaires vont tout de suite poser la question suivante : à qui profite le crime ? Or le crime, apparemment, profite surtout à mes adversaires.
C’est donc bien à eux qu’on l’imputera assez vite ; on imaginera (on peut les y aider ! je ne sais quelle collusion entre quelque groupe jihadiste et les services américains, lesquels se seront donc rendus responsables d’un massacre faussement commis en mon nom. Que je massacre comme le faisait autrefois mon papa, ou que je ne massacre pas, le résultat sera exactement le même du point de vue de l’opinion, et je n’ai donc aucune raison de me gêner. De surcroît, si je massacre au sarin, ça fanatisera ceux qui prennent inconditionnellement parti pour moi, lesquels ne pouvant pas approuver la chose mais répugnant à se déjuger, n’auront plus d’autre possibilité que le négationnisme : les Twin towers, pour eux, c’était déjà les Américains, et ils sont faits, à avaler les plus grosses couleuvres. De toute façon, ces choses-là divisent terriblement l’adversaire, et c’est l’un des objectifs que privilégient toutes les écoles de guerre. C’est ce qu’on appelle la guerre psychologique. Il faut avoir autant de soutiens qu’il est possible chez l’ennemi, prêts à trahir à tous les coups leur propre camp. Or, on peut compter infailliblement sur un islamo-gauchisme européen fortement tenté par les « démocratures ».

Quittant ce point de vue de Bachar el-Assad, je peux bien dire que je me fous éperdument, à l’heure qu’il est, de savoir qui a fait ça. Dans le grand bordel du Moyen-Orient, c’est un épisode atroce, mais qu’il n’est malheureusement plus possible d’empêcher. Il serait certes urgent de stabiliser la situation dans la région Syrie-Irak, mais de toute façon, Bachar el Assad sera toujours un ennemi des Européens, aussi longtemps qu’il restera la marionnette des Iraniens.

Cela me conduit quand même à faire un certain nombre de réflexions sur l’inconsistance des réactions de l’opinion et sur le réalisme en politique dans cette région du monde. Le papa de Bachar el-Assad était-il un pur salaud ? Des milliers de gens massacrés en son temps, manipulés par les Frères musulmans. A-t-il eu raison ou tort ? Quand on est dans un pays menacé comme la Syrie de Hafez par ces Frères musulmans qui sont capables de tout, faut-il prendre des gants ou adopter la manière forte ? La réponse n’est guère facile.
Quand le Frère Morsi s’est trouvé arrêté, et ses soutiens assez salement massacrés du côté de la place Tahrir, je soutenais sur ce site (plusieurs articles) la politique d’al-Sissi. J’étais bien le seul, au milieu de tant de bonnes âmes effarouchées, mais je pensais, et je continue de penser, qu’il n’avait pas le choix.
 Si vous voulez par conséquent soutenir Bachar el-Assad, cessez donc d’affecter des allures de vierges effarouchées par ce que l’actualité nous fait voir. Dites cyniquement : il a fait gazer tout un hôpital, et assumez-le franchement, sans pudibonderie excessive, au lieu d’essayer de vous torturer les méninges pour essayer d’en faire un parangon de vertu, ce qu’il n’est assurément pas. Evidemment, ce type de répression visant des civils est plus proche des méthodes d’Adolf Hitler que de la répression assez dure des Frères musulmans sur la place Tahrir, mais avant de choisir son camp, il vaut mieux se demander de quoi on risque assez vite de devenir complice.


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