Pascal L 8 mai 2017 15:09

@Decouz
« Non ce n’était pas un monde christianisé » 

L’écart se creuse entre l’exégèse officielle de l’Islam et le monde scientifique et il faudra bien un jour se poser la question des raisons de cet écart. Tout dans le Coran nous dirige vers le Nord de la Syrie : la langue, l’écriture, la géographie. Les constructions récentes de La Mecque ont démontré qu’il n’y a jamais existé une ville ancienne dessous celle qui était implantée au XXème siècle. Même la Qibla des mosquées les plus anciennes pointent soit vers Jérusalem, soit vers cette zone du Nord de la Syrie ou vers le royaume des Nabatéens. Le Khân el-Qurashiyé situe la tribu de Muḥammad à 30 km de Lataquié en Syrie sur les cartes grecques de l’époque. Cette zone était peuplée de Juifs et de Chrétiens ainsi que des nomades et c’est sur le passage des caravanes, de nombreux écrits l’attestent. Le Coran contient 118 condamnations des chrétiens contre une dizaine des polythéistes... Il semble que la création de La Mecque soit le fait de l’anti-calife Ibn al-Zubayr et date de la fin du 7ème siècle ou du début du 8ème siècle. Il a fallu encore du temps pour que La Mecque soit reconnue par l’ensemble de l’Islam au milieu du 8ème siècle (peut-être après la destruction de Petra en 747, la pierre noire semble provenir de Petra).

« je pense que s’il y avait eu un christianisme solide, l’islam n’aurait pas pu « prendre » »
Sans doute, mais il y a deux phénomènes qui peuvent jouer, si l’on en juge par les chroniques de la conquête de l’Egypte. Le premier est qu’il y avait sans doute plusieurs églises, parfois concurrentes, dont probablement quelques unes liées au pouvoir de Constantinople, ce qui ne devait pas les faire apprécier par les autres. Le deuxième est que la conversion à l’Islam s’est fait en douceur, les premières marches n’étant pas très hautes. L’Islam des débuts est encore assez loin de l’Islam que nous connaissons et il est plus que probable qu’il n’était pas demandé grand chose à ces communautés chrétiennes. L’affirmation de l’unicité de Dieu ne devait pas poser beaucoup de problèmes aux monophysites.

Sur l’origine judéo-Chrétienne, il faut lire « le Messie et son prophète » d’Edouard-Marie Gallez. Il lie la création de l’Islam au Judéonazaréens dont l’existence est attestée par de nombreux documents entre la fin du premier siècle et la fin du 7ème siècle. Il y a de nombreux points communs entre leur théologie et l’Islam. En 67, les Romains ont chassés les Chrétiens et les Juifs qui ne posaient pas de problème à Jérusalem. Ceux-ci ont été autorisés à revenir après la destruction du temple en 70. Seuls ceux qui ne portaient pas d’intérêt au temple sont revenus (les Chrétiens) et ceux qui sont restés en Syrie se sentaient plus Juifs que Chrétiens. Ce sont eux qui ont développé l’hérésie judéonazaréenne qui refuse la mort de Jésus et prévoient son retour à Jérusalem pour y fonder le royaume de Dieu. Ils ont embauchés des arabes pour reconquérir Jérusalem, ce qui est arrivé entre 736 et 738 et ont reconstruit un temple en bois. Jésus n’est pas revenu, mais les arabes qui avaient le pouvoir militaire ont bien compris que la religion permettait d’unifier les armées. Les transformations du dogme ont eu pour but d’arabiser la religion en l’éloignant de Jésus et de Jérusalem. Il n’existe pas de citation de Muḥammad comme prophète avant 694, soit 60 ans après sa mort, y compris dans les documents externes à l’Islam. l’anti-calife Ibn al-Zubayr (encore lui) est le premier à avoir mis Muḥammad sur une pièce de monnaie en 684.

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