Legestr glaz Ar zen 3 mai 2017 09:23

@Gavroche


Mélenchon ? Sans blague ! Sortez de votre torpeur. Tenez, un peu de lecture, des éléments que vous ne connaissez pas ou que vous n’avez pas mis en perspective. 

Dans l’introduction à son livre-programme, Jean-Luc Mélenchon, en quatre lignes, en dit beaucoup sur sa compréhension du système européen et sur ses convictions : « l’Europe de nos rêves est morte.L’Union actuelle est seulement un marché unique et les peuples sont soumis à la dictature des banques et de la finance. (…) Notre indépendance d’action et la souveraineté de nos décisions ne doivent donc plus être abandonnées aux obsessions idéologiques de la Commission européenne ni à la superbe du gouvernement de grande coalition de la droite et du PS en Allemagne ».

Ces quelques lignes méritent un commentaire tant elles expliquent les raisons des contorsions de Jean-Luc Mélenchon sur la question de l’Union européenne.

D’abord, essayons de comprendre ce que signifie cette remarque étonnante : « L’Europe de nos rêves est morte ». Qui, un jour, a pu rêver à « l’Europe » ? Quand ? Pour quel contenu et pour quels buts ? Dans un texte programmatique, chaque mot possède un usage spécifique. Quel est le rôle de la formule « l’Europe de nos rêves » dans le discours mélenchonien ? Il s’agit tout simplement de donner un signal d’européisme à la fraction de la population (en fait l’électorat du PS que convoite Jean-Luc Mélenchon). Il faut montrer que Jean-Luc Mélenchon est un bon européen, qui était d’accord avec la construction européenne, mais qui la critique désormais (raisonnablement), précisément parce que celle-ci a trahi les idéaux initiaux, elle a trahi les « rêves ».

Une autre formule est significative de la conception qu’a Jean-Luc Mélenchon de la « construction » européenne : « l’Union actuelle est seulement un marché unique ». On ne sait pas si Jean-Luc Mélenchon croit vraiment ce qu’il écrit ou s’il fait semblant, tant cette remarque est contraire aux faits. Peut-être, après tout, que Jean-Luc Mélenchon ne sait pas que la « construction » européenne a commencé en 1947 avec le Plan Marshall, pour des raisons économiques et pour conduire la guerre froide. Elle sera poursuivie en 1951 avec la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) qui était également fondée sur le marché. En 1957, le traité de Rome fonde le « Marché commun ». Jean-Luc Mélenchon ne se serait pas rendu compte que partout se trouve le « marché », au point de le déplorer aujourd’hui ?

Encore une remarque : « les peuples sont soumis à la dictature des banques et de la finance ». Cette formule est à mettre en relation avec la phrase dans laquelle elle se trouve qui parle de « l’Union actuelle ». Autrement dit, cette « dictature » des banques et de la finance est « actuelle », ce n’était donc pas le cas avant. Jean-Luc Mélenchon devrait nous en dire plus, en particulier sur l’époque où cette « dictature » a pris le pouvoir, comment elle s’y est-elle prise, et pourquoi cela a-t-il été apparemment aussi facile ?

Bien sûr Jean-Luc Mélenchon ne dit rien de tout cela car il est simplement dans la posture, pas dans l’analyse. Il veut montrer que la « construction » européenne a dévié de ses objectifs initiaux, qu’il faut la remettre sur les rails, et que l’on peut compter sur lui car il est resté fidèle aux « rêves » de l’origine. Il ne veut surtout pas entrer dans le débat sur la nature de l’Union européenne qui détruirait sa posture.

L’accent mis sur la « dictature des banques et de la finance » ne correspond à aucune réalité. Les grands groupes de services et industriels bénéficient, eux aussi, du système de l’UE au même titre que les banques et la finance. Demandons-nous pourquoi Jean-Luc Mélenchon met l’accent sur le cas particulier des banques et de la finance ? Parce qu’il est encore dans la posture. Comme, à juste titre, le mécontentement gagne vis-à-vis des banques et de la finance depuis la crise de 2008, il surfe sur la vague. D’ailleurs, s’il croyait vraiment ce qu’il dit, il proposerait, comme dans le programme du CNR, la nationalisation de tout le secteur bancaire, financier et des assurances. Ce qu’il ne fait pas. C’est quand même étrange de dénoncer, d’un côté, une « dictature », et d’un autre côté de ne pas chercher à l’éliminer !


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