Laurent Henry BERNIE 8 août 2017 13:53

BHL dépasse des Sartre, Mauriac, Ricoeur, Aron et consorts ; il les fait passer pour des petits-joueurs de banlieue. Son analyse historique et géo-politique transforme le travail scientifique et le militantisme de Pierre Vidal-Naquet en un activisme de petit gauchiste de province…

 

Par sa clairvoyance au fond de la nuit qui nous entoure tous, il surpasse les Lumières du XVIIIe s. Montesquieu, Rousseau, remballez vos chemises à jabot et vos perruques, vos n’égalerez à jamais ni la blancheur immaculée de la chemise de BHL (mince, il est maintenant en tee-shirt à col déformé sous sa veste…), ni sa moumoute aux accents tocquevilliens acquise aux valeurs démocratiques… Ex tenebris lux, BHL, c’est un peu notre interrupteur différentiel bipolaire à tous, notre boule à facette disco fièvre-du-samedi-soir-et-semaine-comprise-des-pseudo-débats-télévisés-de-première-et-deuxième-partie-de-soirée, spécialement conçu pour éclairer nos esprits avec l’intensité d’un néon mal réglé… Voir et écouter BHL, c’est un peu légitimer l’excuse de la ménagère prise d’un soudain mal de tête le samedi soir juste avant de passer à la casserole, parce que BHL fait mal aux oreilles, pique les yeux et on aimerait tant être tout seul dans le noir, tranquille, en paix et surtout dans un silence absolu.

 

BHL transpire le penseur engagé, qui aime le terrain. Toujours là où on l’attend pas, il s’affranchit ainsi de la diplomatie, des usages des relations entre Etats définis dans le cadre du droit international, des Etats reconnus par l’ONU pour se permettre de décider qui est plus légitime qu’un autre, qui doit bénéficier du soutien des démocraties ou qui doit bénéficier des bombes des démocraties, le tout dans une appréciation des faits à géométrie très très très variable selon sa propre échelle de valeurs et selon la zone géographique incriminée… BHL, c’est le ministre des Affaires étrangères définitif que la France attendait depuis Clovis, c’est le Label Rouge de la démocratie. Tel un nouveau Chuck Norris sans barbe ou un nouveau Steven Segall, il tétanise par son aura, par sa puissance intellectuelle et par sa simple prestance tous les adversaires de la démocratie, et il pourrait même par la seule force de sa pensée renvoyer tous les occupants du Quai d’Orsay pointer à Pôle Emploi.

 

Cinéaste hors pair, son éclectisme, sa hauteur de vue tellement himalayenne relègue la vision des cinéastes de ces 40 dernières années au niveau des pâquerettes version Minimoy. Sa maitrise de la langue française donne un tel relief à ses scénarios et à ses livres qu’il nous propulse ailleurs, dans un autre monde de perceptions ineffables. Sa maitrise inégalée dans l’art de la (sa) mise en scène devant et derrière la caméra est digne du grand leader Kim Il Jung. Car, comme le fondateur de la dynastie nord-coréenne qui se croyait être la source de tout, il arrive à capter ce que personne d’autre n’arrive à apercevoir (et surtout toi péquin moyen, sale petit Français raciste de base). Car BHL voit, il perçoit dans un mode quasi-christique ce que les autres ne remarquent pas… BHL, c’est Jésus-Christ en haut de la montagne encadré par les prophètes Elie et Moïse, apportant la bonne parole de sa conception de la démocratie aux apôtres endormis (en fait à toi public inculte et inconscient des réalités de ce monde qu’il faut éduquer, ndlr).

 

Parce que BHL c’est le symbole de la démocratie à portée de main et expliquée à des péquins de base, un peu comme le furent dans le domaine automobile la deuche ou la coccinelle. BHL, c’est la Volkswagen qu’il te faut pour parcourir à tombeaux ouverts et en mode Easy Rider l’ autoroute du droit d’ingérence, autoroute revêtue comme il se doit de béton armé pour mieux faire passer les blindés des démocrates va-t’en-guerre qui, eux, restent toujours planqués dans leur confortable salon (et que l’on peut assimiler aux petits notables louis-philippards de Plassans si bien décrits en son temps par Zola) pendant que les maris, fils ou filles de Français lambda se font trouer la peau sur le front équipés en partie avec du matériel obsolète, défectueux, usagé…

 

Alors, en bon démocrate militant, convaincu de la justesse de son analyse et de son message, il s’arroge le droit d’imposer autoritairement son œuvre cinématographique dans un festival de portée international bien connu en faisant fi de tout règlement et procédure… Il est vrai que l’importance de son message au monde ne peut attendre et sa position d’intellectuel (c’est lui qui se définit comme ça, ndlr & mdr…) lui permet de s’affranchir de tout… Comme Max, Il est libre le BHL… Le combat pour la démocratie selon et en mode BHL mérite bien cela.

 

Signe du temps présent, on le cite même dans des ouvrages étrangers d’une portée incommensurable dans l’évolution de la pensée humaine qui feraient pâlir Thucydide, Socrate ou Aristote s’ils étaient toujours vivants. Tel ce magnifique Choc des civilisations de S. Huntington, signe que BHL apporte modestement sa petite pierre à l’édification d’un monde plus sûr (c’est vrai un monde communautariste, racialiste, raciste teinté de valeurs post-démocratiques dans un contexte d’organisations politiques continentales vaudra toujours mieux que l’exercice de la démocratie tout court dans le cadre d’un Etat-Nation). Nouveau prophète de la démocratie, ses œuvres seront sans doute dans quelques années imprimées sur du papier Bible (!) et publiées dans la collection La Pléiade, permettant ainsi aux générations futures de s’imprégner de la puissance de son Verbe. Et certains redécouvriront alors avec bonheur la force de sa pensée après avoir récupéré leurs premières éditions de l’Œuvre du grand maître qui servaient jusqu’à lors à caler leur armoire scandinave à monter soi-même… Ils seront pris d’effroi de ne pas avoir perçu la portée universelle et atemporelle de sa pensée, reléguée jusqu’alors à un rôle de cale-pied. Preuve encore que nul n’est prophète dans son pays et qu’on redécouvre toujours l’importance d’une œuvre après la disparition de son auteur. Mais disparaitre c’est aussi savoir mieux revenir dans l’imaginaire collectif et, comme Elvis, entrer ainsi dans la légende… Alors assisterons-nous peut-être à des superproductions BHLiennes avec le maître enseignant en mode holographique auprès de jeunes padawans, à l’instar d’un Claude François, Mike Brant, Dalida et Sacha Distel réapparus magiquement en 3D dans une comédie (lol) musicale récente…

 

Parce qu’en fin de compte, BHL, c’est la pensée parvenue au paroxysme du degré zéro, l’alpha et l’oméga de l’évolution intellectuelle, une pensée pétrie de suffisance à vocation mondialiste donneuse de leçons mais arrivée en phase terminale, bref une pensée sans intérêt à euthanasier d’urgence.

 

Conclusion : ce monsieur ne vaut vraiment pas la peine qu’on s’intéresse à ce qu’il dit, ce qu’il fait, ce qu’il écrit.


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