BRUNO ARFEUILLE 27 février 2009 14:58
« La goutte d’eau a fait déborder le vase : lors de sa réunion, jeudi 19 février, le conseil d’administration des Caisses d’Epargne a adopté une résolution s’opposant vigoureusement à toute entrée de l’Etat dans son capital.
 
Le résultat ne s’est pas fait attendre : François Pérol, secrétaire général adjoint de l’Elysée, a aussitôt convoqué les dirigeants des Caisses d’Epargne et des Banques Populaires – Bernard Comolet et Philippe Dupont – pour leur passer un savon. Et leur annoncer la bonne nouvelle : l’Etat va prendre jusqu’à 20 % du capital du futur établissement issu de la fusion entre les deux groupes. Avec, en prime, cette information : « Désormais, le patron, c’est moi ! »
 
Tête des intéressés : « Ils étaient estomaqués et livides en sortant de l’Elysée » raconte un témoin de cette petite réunion amicale.
 
Dans ce nouveau groupe, l’Etat disposera de quatre administrateurs (sur 18), lesquels présideront le comité des rémunérations et le comité d’audit. »
 
( Le Canard Enchaîné, 25 février 2009, page 3 )
 
Ce que je voulais dire, c’est simplement ceci :

Dans les résultats financiers d’une banque, il y a trois choses intéressantes :

1- Première chose : l’actif, assets en anglais.

2- Deuxième chose : le passif, liabilities en anglais

3- Troisième chose : les capitaux propres, equity en anglais.

Aujourd’hui, quel est le problème ?

Aujourd’hui, le problème est que toutes les grandes banques ont des centaines de milliards d’actifs pourris dans leurs coffres. Ce sont des créances que les grandes banques ne récupèreront jamais car les emprunteurs ne pourront jamais rembourser leurs emprunts.

Conséquence : dans les faits, les grandes banques sont mortes. Dans les faits, les grandes banques sont des morts-vivants, des zombies. C’est le terme employé par Paul Krugman dans son éditorial du 23 février. A la fin de cet éditorial, Paul Krugman conclut que la seule solution pour les ramener à la vie, c’est la nationalisation.

Le total des actifs n’a plus aucune signification : les grandes banques elles-mêmes sont incapables de dire combien elles possèdent exactement d’actifs pourris dans leurs coffres.

Que pouvons-nous donc utiliser pour juger de l’état de santé d’une banque ?

Qu’est-ce qu’il nous reste comme critères pour juger ?

Il nous reste ce que Jean-Pierre Chevallier appelle le " ratio tier d’origine ". Ce " ratio tier d’origine " est le ratio qui avait été mis en place depuis des décennies par la Banque des Règlements Internationaux : c’est le pourcentage de capitaux propres par rapport aux dettes. Ce ratio doit être de 8 % minimum.

Or, les grandes banques américaines qui sont en faillite ont malgré tout aujourd’hui un " ratio tier d’origine " de 8 %, 10 %, 11 %. Par exemple, la banque Citigroup a un ratio dettes / capitaux propres de 8,40 %. Et pourtant, Obama va la nationaliser pour la sauver de la faillite : l’Etat va prendre 30 % à 40 % du capital de Citigroup (Wall Street Journal d’aujourd’hui).

Et en France ?

En France, les grandes banques sont encore plus en faillite que les banques américaines :

1- La BNP a un ratio dettes / capitaux propres de 2,92 %.

2- La Société Générale a un ratio dettes / capitaux propres de 2,80 %.

3- La Caisse d’Epargne a un ratio dettes / capitaux propres de 2,61 %. Elle est la plus en faillite de toutes les banques françaises. En ce moment même, Sarkozy est donc en train de la nationaliser en catastrophe, et sans attendre le feu vert de la Commission de Déontologie.


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