mercredi 4 janvier 2017 - par Bernard Dugué

1967-2017, la philosophie entre stagnation et décadence

Avec le recul, la charnière de la fin des sixties se confirme avec clarté. Avec plusieurs indices et composants culturels. C’est la décennie 1960 qui a servi de marqueur pour édifier la thèse de Frochaux sur l’homme seul. Cette décennie 60 marquerait la fin d’un long processus amorcé depuis le néolithique. Elle voit aussi s’achever le concile de Vatican II. Le mouvement émancipateur de la jeunesse est un marqueur tout aussi puissant, comme du reste la nouvelle culture musicale autour du rock et cette monumentale charnière artistique de 1967-1969 avec le Floyd, Man, Led Zep, Crimson et j’en passe. Quelques événements ont été marquants. Mai 68 en France, le festival de Woodstock en 1969 aux States. Au Mexique, la révolte étudiante se traduit par quelque cent morts et des milliers de blessés après l’intervention de l’armée. Un livre ne suffirait pas pour décrire les puissantes transformations des sociétés occidentales autour de cette décennie charnière.

Dans le domaine de la pensée, la décennie 1960 semble clore une époque, avec des ouvrages majeurs se situant dans une continuité avec la fin du 19ème siècle ou dans une modernité issue du 20ème siècle. C’est vers 1968 ou un peu avant qu’ont été publiés des essais décrivant le tournant de civilisation s’opérant. Quelques auteurs. Habermas, Nisbet, Brzezinski et quelques autres ont tracé les contours de la civilisation technicienne et matérialiste advenue pendant ces années situées entre la fin de la guerre en 45 et la nouvelle société des seventies. Ellul publia son livre sur l’enjeu de la technique en 1954. La décennie 1960, c’est aussi celle de Lacan, de Lévi-Strauss, des mots et des choses de Foucault, sans oublier le hasard et la nécessité de Monod qui en 1970 popularisa le matérialisme scientifique. Parmi les écrits les plus fulgurants de cette époque, il y a les essais de Heidegger ainsi que nombre de textes sur le sacré émanant de Eliade dont les écrits majeurs sont certainement consignés dans un livre rédigé en anglais entre 1963 et 1966, rassemblés dans le livre the quest (traduction française, la nostalgie des origines)

Et après 1970, quel a été le destin de la philosophie ? Mon opinion est qu’elle a emprunté deux chemins, l’un conduisant vers une stagnation pour ne pas dire une stérilisation de la pensée et l’autre vers une joyeuse décadence.

La stérilisation de la philosophie est due aux pratiques universitaires. C’est un secret de Polichinelle que le constat d’une pensée devenue académique et qui le plus souvent, éteint les germes visionnaires des rares penseurs capables de voir et poser les questions fondamentales. L’Université a dispensé un enseignement de bonne facture mais la domination des anciens élèves de l’Ecole normale a façonné un univers intellectuel clôt et formaté. Les anciens mandarins se sont effacés au profit des requins squattant les congrès, les amphis et les commissions du CNU en quête de promotion.

A la frontière de l’université et des plateaux de télévision, une philosophie plus ou moins décadente a prospéré avec des textes plus ou moins bons. Qui pourrait me citer un livre majeur ou un penseur visionnaire s’étant fait connaître après 1970 ? Peut-être Ken Wilber aux Etats-Unis mais en France, la philosophie s’est mélangée aux phénomènes de mode émanés de l’institution. Bourdieu, Deleuze, Derrida, Lyotard, Baudrillard puis la génération Ferry, Finkielkraut, Comte-Sponville, Onfray, Lenoir et j’en passe. Quelques bons livres ont été écrits mais le courant dominant a été la décadence. Je ne parle pas de la philosophie des sciences qui en France s’est éteinte et ne subsiste que comme enseignement pour classes terminales à l’université et produits commerciaux pour ce qui concerne les textes connus du grand public. Hubert Reeves, c’est un peu le Jacques Séguéla de la cosmologie. Sur les épaules de Darwin, une cohorte de badauds vient voir le spectacle des choses racontées pour une classe de collégiens.

Décennie 2000 et 2010. Quelques potaches bien formatés de Normale Sup tentent de jouer les rebelles post-deleuziens de la philosophie et s’acoquinent avec les Inrocks pour exposer quelques idées façonnées dans la mode des anciennes avant-gardes pas encore décadentes des seventies. La messe est dite. Les philosophes sortis des écoles de philosophie n’ont plus rien à dire mais beaucoup à vendre. Les autres intellectuels non plus mais beaucoup de livres intéressants ont été publiés sans être transcendants pour autant. Rien ne permet de pressentir une sortie prochaine de cette ère stagnante et décadente.

Je ne développe pas plus. Je me retire dans mes pensées et vous adresse mes meilleurs vœux pour 2017.



30 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 4 janvier 2017 09:55

    L’évolution récente de la philosophie en France est résumée dan le CV de Macron qui, après avoir assisté le philosophe Paul Ricœur , est devenu membre membre du comité de rédaction de la revue Esprit.

    Cela ne l’empêche pas d’être aussi membre de la promotion 2012 des « Young Leaders » de la French-American Foundation.

    Un raccourci de la situation de l’intelligentsia française.

    Tel la nymphe au pied mutin, il volette d’une fleur à l’autre, de la banque à la sacristie et du cabinet ministériel aux tribunes électorales.


  • kalachnikov lermontov 4 janvier 2017 10:25

    Meilleurs voeux, Dugué. Après la mort de Dieu, c’est la mort de l’Esprit, donc. Logique, imparable, inévitable et en bon nietzschéen désirable. Non ?


  • Victor 4 janvier 2017 10:45

    La philosophie s’est arrêtée à Hegel (c’est Merleau-Ponty qui disait ça je crois)
     
    Ellul fait du Marx-Heidegger, et Hegel avait déjà prévenu de l’aliénation par « l’outil » istilisé par l’esclave pour se libérer du maître.
    Eliade bien meilleur que Levy-Strauss, mais c’est de l’anthropologie.
    Debord, Baudrillard du Marx sociologique, Latsch du Marx psychologique, Clouscard du Marx anthro-sociologique etc...
    La french theory pour le multiethniquage diviseur mondialiste, déconstructiviste, juste de la propagande gogochiste purineuse
     
    L’ex-France n’a eu qu’un philosophe, Descartes, qui a dit bien des conneries mais qui seul a construit une pensée « système » philosophique. Les autres sont des penseurs politiques et moraux (comme Tocqueville)
     
    L’Iped crétin de la gogoche crétine n’a pas besoin de philosophie, juste de colons pour remplir les supermarchés crétins.

     
    « La déconstruction c’est l’Amérique [libérale et multiethniquée des ghettos pour Goldman-Sachs] » Derrida
     


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 4 janvier 2017 11:14

      @Victor

      Un peu brouillon votre propos. La philosophie achevée par Hegel est une thèse développée par Kojève. Dont le séminaire à l’EPHE a été suivi par Merleau-Ponty. Sinon, Descartes, Leibniz, Spinoza, Kant, Hegel, Nietzsche, Heidegger, l’artillerie lourde est au complet


    • Victor 4 janvier 2017 11:29

      @Bernard Dugué
      Kojève a « anthropomorphisé » Hegel (le maître doit être reconnu amoureusement par l’Autre, l’Esclave, genre conneries Lévinas, d’ailleurs il le dit lui même)
       
      Manque Husserl le shaman zen du Veda, de la source silencieuse du néant (du gogochisme). 20 ans en position de brahmane immobile, un bras et une jambe nécrosés, bouffant du brouet de sauterelles biobio, et vous comprendrez Husserl.
       
       
      « Je croirai en leur Dieu quand ils auront l’air ressuscités. » Nietzsche
       

       


    • Victor 4 janvier 2017 12:11

      @Bernard Dugué
      La philosophie n’a pas d’avenir dans la décadence positiviste et sa métaphysique grossière, de la mathématisation omnipotente inénarrable. De toute façon Naïade Vagino Bécassine remplace le grec et le latin par l’arabe et le sms.
       
       
      « Le graviton hypothétique est un ange métaphysique très grossier, qui pousse la pomme de Newton, et on l’appelle le tachyon tâcheron de la toute explication. » Hegel


    • manu manu 4 janvier 2017 13:45

      @Bernard Dugué et Victor

      D’après moi là ou Nietzsche s’égare Krishnamurti est lucide et inversement.

      Les autres soit disant philosophes que j’ai lus me paraissent vouloir transmettre soit leur morale (rien à voir avec la philo), soit leurs préjugés, soit leurs peurs, haines etc. 

      Mais j’ai peu être pas lu les bons, qui est ce vous me conseillez ?


    • kalachnikov lermontov 4 janvier 2017 14:05

      Le propos de Dugué est récurrent. L’Université (l’académie) ne produit pas de philosophes mais des savants en philosophie de la même façon que les Beaux-Arts ne produisent pas de grands peintres ou un doctorat en littérature ne produit pas un écrivain ou un grand poète.

      ’La raison pour laquelle la philosophie est tombée dans le décri, c’est parce qu’elle ne trouve pas d’adeptes dignes d’elle". [Schopenhauer]

      Les considérations intempestives de Nietzsche (avec le concept de philistin, une srte d’éloge de Schopenhauer mais contre le monde entier, etc) portent un peu sur le propos, si je me souviens bien. On remarquera d’ailleurs que le milieu académique ou institué a rejeté Schopenhauer ou Nietzsche et d’autres en leur déniant la qualité de philosophes, ou même toute qualité (cf. au sujet du premier ouvrage de Nietzsche, ’Naissance de la tragédie’ : ’En écrivant un livre pareil, on se condamne scientifiquement à mort’. Quelqu’un se souvient de l’ectoplasme qui a dit cela ? Quelqu’un se souvient de Nietzsche ? Donc, le juge, c’est quelqu’un d’autre. Il y a forcément des philosophes de nos jours mais nous ne pouvons entendre leur parole ; quelqu’un le dira plus tard et c’est toujours ainsi que cela se passe. Le philosophe n’est jamais actuel*.

      (* ’les considérations intempestives’ de Nietzsche sont aussi parfois titrées en français ’les considérations inactuelles’)


    • Victor 4 janvier 2017 16:11

      @manu
      Je ne connais pas Krishnamurti mais la philosophie orientale est un stoïcisme (détachement) pour accès à l’ego transcendantal (perception intuitive)
       
      C’est pas un truc qu’on enseigne mais qu’on vit (Husserl est le seul philosophe occidental qui l’a vécu me semble-t-il, hors les mystiques théologiens genre Kierkegaard)
       
      La philosophie occidentale tient plus de la logique, la logique des logiques de l’Histoire (marxisme), la logique de l’acquisition des sciences, de la religion, de la morale et de la raison (Kant, Hegel), la logique des langues (Wittgenstein), des sociétés, la logique de l’aliénation du monde moderne (Ellul, Heidegger), consommation (Latsch, Debord, Baudrillard, Clouscard) des forces (Schopenhauer), la psychologie, anthropologie, sociologie, des idées en général (Platon, Aristote) etc...
       
      A la rationalité occidentale se sont opposés les romantiques allemands (naturalisme) qui sont plus dans la poésie (Holderlin), philo Schelling (intuition prime entendement) que je ne connais qu’à travers la critique Hegel-marxistes, qui se retrouve dans Heidegger (illisible volontairement car pro-nazi). Sinon les présocratique (Démocrite etc...)
       
      Dans cette contre-révolution au rationnel (qui amène logiquement son irrationalisme par un relativisme des valeurs, la critique marxiste du positivisme) Joseph de Maistre, Nietzsche qui entre dans la brèche pour une apologie à la Sade de l’oligarchie capitaliste libéral-libertaire tte puissante. Le plus fort à ma connaissance, virtuose de la métaphore et de l’aphorisme, mais peu compréhensible sans passer d’abord par une critique (Adorno, Lukacs) car volontairement ambiguë
       
      Je ne connais rien aux trucs zen, donc du mal à vous conseiller sur l’expérience transcendantale ... Les stoïciens sont faciles à lire, mais juste une morale de vie souvent en courtes sentences.
       
      Dernière le philosophe occidental se cache toujours l’idéologie.


    • manu manu 4 janvier 2017 23:53

      @Victor

      Merci franchement pour ce petit cours de philo.

      Pour ce qui est de l’égo, il disparait quand les pensées s’arrêtent dans le conscient et dans l’inconscient, et pour ça il faut avoir fait le tour de chaque pensée, chaque question laissé en suspend, il faut avoir accepter chaque chose que l’on sait même si c’est enfouis tout au fond de nous.

      Personnellement certains livres de Nietzsche m’ont retourné le cerveaux ce qui m’arrivait dans la vie n’arrêtait pas d’illustrer ses propos, la vérité sur moi même et sur le reste du monde qui m’est apparue ma fait vraiment peur jusqu’au plus profond de mon inconscient.

      Les livres de Krishnamurti sont simple, écrit pour tout le monde, plein de répétition parfois lourdes, mais ça ma beaucoup aidé à accepter la réalité et donc à ne plus me ronger le cerveau.


    • Victor 5 janvier 2017 16:46

      @manu
      Le stoïcisme/boudhisme demande :
      - se détacher de la fatalité (aime la fatalité, profite de la vie utilement intelligement ds la souffrance inévitable contingente, comme le bouddhiste dira, « juste avant de mourir du cancer il lécha une goutte de miel tombée d’une abeille »)
      - se détacher de l’avenir (rien espérer ...)
      - se détacher du passé (pas de nostalgie)
      - se détacher des individus (le moine bouddhiste n’a pas de famille) source de souffrance et sentiments
       
      Mais contrairement au bouddhisme, le stoïcisme repose sa morale sur la Raison imposée par le cosmique (le logos du Cosmos) Le Dieu (Olympe) est déjà séparé de la matière (Titans, Gaïa, Ouranos). L’Occident est déjà dans une logique scientiste, un « anthropomorphisme » extériorisé, qui vire au Dieu unique (le Créateur séparé sur un nuage), puis au Dieu raisonnable par l’Amour chrétien déjà une dialectique, qui virera à la Raison pure humaine des Lumières qd le Dieu chrétien est sécularisé ; puis au vide actuel de la gogoche (plus de Vérité).
       
      Le stoïcisme est en qq sorte déjà une religion (un Dieu séparé impose d’avoir un Esprit logique étudier le Cosmos), pas le boudhisme qui et qu’une morale individuelle introspective, une purification seulement (il y a une description marrante sur le Dieu-Monde (ds le Veda je crois) qui fait une connerie et se disperse dans toutes les âmes humaines, disparaissant, et les âmes essaient alors de le refusionner en essayant de sortir des cycles infernaux de la réincarnation, car sans se purifier elle ne refusionnent pas)
       
      La séparation homme/Monde c’est ce qui distingue le boudhisme/pré-animisme des religions (le premier Dieu est Mana, la force immanente cachée inénarrable dans le Monde matériel (elle est la peur du non connu), pas encore distingués en dieux animaux-choses séparés de l’animisme qui commence à essentialiser/distinguer/appréhender les inconnus.


    • kalachnikov lermontov 5 janvier 2017 16:51

      @ Victor

      Franchement, tu as un esprit synthétique brillant ; pourquoi le reste du temps ne pas expliquer ton affaire sans tes gimmicks criards ? Aurais-tu ...pitié ?


    • manu manu 6 janvier 2017 17:21

      @Victor

      On voit bien l’influence du bouddhisme chez Krishnamurti (dans le même ordre) :

      Pour comprendre la souffrance, il faut sans nul doute l’aimer, ne croyez-vous pas ?

      Tant que nous prendrons le succès pour but, nous ne serons pas affranchis de la peur, car le désir de réussir engendre inévitablement la crainte d’échouer.

      Porter sur toute chose un regard lucide, sans faire intervenir les souvenirs d’hier : alors, la vie cesse d’être problématique

      Lorsqu’on est attaché à quelque chose, la peur intervient toujours - la peur de perdre l’objet d’attachement. Le sentiment d’insécurité est toujours présent.

      On voit aussi l’influence de Nietzsche :

      Chaque fragment possède son énergie propre, son propre potentiel, sa propre discipline, et chaque cheminement joue un rôle clé ayant pour effet de contredire les cheminements autres.

      Tel est le désir : une perception visuelle, un contact, une sensation après quoi la pensée met à profit cette sensation pour cultiver le désir de posséder - ou de ne pas posséder.

      -

      Sinon dans l’œuvre de Nietzsche je vois, entre autre, mais surtout une argumentation incontestable (parfois effrayante) de l’unité du grand tout.

      Je suis d’ailleurs un peu plus attiré par la philosophie Taoïste que bouddhiste.


    • manu manu 6 janvier 2017 17:25

      @lermontov

      Bonne question (la 1ere), je comprend pas pourquoi tu suppose la pitié ?


    • @manu
       
      Un peu de Nietzsche sur les chinois bouddhistes alors ... (du Marx des civilisations du tps immobile, et Nietzsche n’a pas lu Marx ...)
       
      « Les mécontents faibles et en quelque sorte féminins sont les plus inventifs à rendre la vie plus belle et plus profonde ; les mécontents forts - les hommes parmi les mécontents, pour rester dans l’image - sont les plus inventifs à améliorer et à étayer la vie. Les premiers montrent leur faiblesse et leur féminité en ceci qu’ ils aiment à se laisser tromper, de temps en temps, et qu’ils se contentent parfois d’un peu d’ivresse et d’enthousiasme, mais qu’en général on ne peut pas les satisfaire et qu’ils souffrent de l’incurabilité de leur mécontentement ; de plus ils encouragent tous ceux qui savent créer des consolations opiatives et narcotiques et en veulent, à cause de cela, à ceux qui placent le médecin plus haut que le pasteur, - c’est ainsi qu’ils entretiennent la continuité des détresses véritables ! S’il n’y avait pas eu en Europe, depuis l’époque du Moyen Age, un grand nombre de mécontents de cette espèce, la célèbre faculté européenne d’évolution continuelle ne se serait peut-être pas du tout formée : car les prétentions des mécontents forts sont trop grossières et en somme trop modestes pour que l’on n’arrive pas à les faire se tenir tranquilles. La Chine donne l’exemple d’un pays où le mécontentement en grand et la faculté d’évolution ont disparu depuis plusieurs siècles [19e] ; les socialistes et les idolâtres de l’Etat en Europe, avec leurs mesures pour l’amélioration et la sécurité de la vie [revenu universel], pourraient facilement amener l’Europe à des conditions chinoises et à un « bonheur » chinois [opium], à condition qu’ils puissent extirper d’abord ce mécontentement et ce romantisme maladifs [logos critique], tendres et féminins qui, pour le moment, existent encore en abondance. » Nietzsche, le Gai Savoir


    • manu manu 9 janvier 2017 03:16

      @La Baudruche de l’ex-France soumise

      Il manque la fin du paragraphe :

      « L’Europe est un malade qui doit la plus grande reconnaissance à son incurabilité et aux éternelles transformations de son mal : ces situations toujours nouvelles, ces dangers, ces douleurs, ces expédients, également toujours nouveaux, ont fini par engendrer une irritabilité intellectuelle qui équivaut presque au génie et certainement à la mère de tout génie. »

      (comprendre la notion féminin-masculin comme émotion-action)

      C’est un paragraphe compréhensible par tout le monde... pour les mécontents émotifs...

      Il ne parle pas de bouddhisme (13,8% des chinois apparemment).

      « ils (les mécontents faibles, émotifs) encouragent tous ceux qui savent créer des consolations opiatives et narcotiques »

      En Europe ces consolations sont les films, séries, programmes qui disent ce que les gens veulent entendre, les smartphones, les réseaux sociaux, la bouffe (souvent sucrée et grasse), le confort, etc.

      Niveau émotivité, avec le PS (qui ne sont pas des socialistes) et la télé, on est à un niveau jamais atteint je crois.

      Le « bonheur » chinois dont il parle n’a rien à voir avec l’opium et vient des « mécontents forts ».

      Les mécontents émotifs en grand nombre, engendre des génies pour créer, mais pas pour profiter de la vie, un équilibre entre les deux peut être appréciable.

       « On ne saurait être l’homme de sa spécialité que si l’on est aussi sa victime. » Nietzsche

      On a peut être, actuellement, besoin de plus de personnes qui ont plusieurs spécialités et qui savent les combiner.


  • totof totof 4 janvier 2017 12:04

    Thème très intéressant. Je suis globalement d’accord, la pensée s’éteint, comme cela avait été prévu par Adorno et Horkheimer ou encore Guy Debord. Cependant, même si on n’est plus dans la philosophie, il y a quand même La distinction et Le sens pratique de Pierre Bourdieu qui sont des grands livres de l’histoire de la pensée. Incontestablement !


    • Victor 4 janvier 2017 12:27

      @totof
       
      Bourdieu traduit bien le Heideggerien .... errance = juif = bobo de la gogoche nomade purineur, mode de l’étant cafardeux = grand remplacement etc... Après cette homologie philo pompeuse _ politique, lire Heidegger est plus facile.
       
      Adorno et Hork sont sceptiques sur la dialectique de la raison de l’histoire benête et sur l’omniscience de l’Esprit du Monde bobo qui nous amène aux lendemains téléologiques multiethniqués qui chantent. Mais le gendre de César Birotteau, qui est un meilleur capitaliste gogocho que son beau père, mais moins moral (enfin moral à la gode bébé gpa), a pu vendre plus d’Iped crétins aux crétins colons rappeurs.
       
      C’est une ruse de l’histoire (suivant le sens trivial)


    • Victor 4 janvier 2017 13:22

      Adorno Hork, avant la déconstruction de la raison de Lukacs (plus dur à lire)
       
       
      « Même Kant n’a pas fait exception[...] la pitié n’a pas la dignité de la vertu [...] Ce n’est pas sa part de douceur, de mollesse, qui fait de la pitié un sentiment contestable, mais c’est sa part de limitation qu’elle implique : elle est tjrs insuffisante [...] De même les déviations narcissiques de la pitié [bobo Chanel jetant des biberons aux migrants pour se masturber] que sont les sentiments sublimes du philanthrope [flatter son ego] et la fierté morale de l’assistance sociale représente la confirmation intériorisée de la différence entre riches et pauvres [la hte valeur du milliardaire qui avec son yacht aide la traite négrière en chargeant du migrant...] Dans leur désespoir [de la connerie bobo] les maîtres fascistes firent l’éloge de la puissance [contre la branlette de la gogoche] » La dialectique de la raison Adorno-Horkheimer


  • howahkan 4 janvier 2017 12:10

    Salut, la complexité intellectuelle, un talent pour écrire éventuel, et puis l’amour des mots qui ne sont que des symboles....le raisonnement, etc tout cela ne donne rien de plus que une complexité intellectuelle, de l’amour des mots , du raisonnement etc

    c’est le seul programme de notre cerveau encore en marche qui s’ auto admire et auto évolue en cercles sur lui même, car il ne le sait pas mais il est à la fois celui qui juge et aussi celui qui est jugé....il ne sait pas pourquoi il fait cela, sans avoir u la révélation de cela pour soi même ans le chercher bien sur..ceci et plus ne sera ps compris...

    la pensée n’a pas le clés de cela, elle a les clés de la voiture par contre..comme celle de l’arme atomique..

    Ce programme d’analyse encor en marche sinon nous serions définitivement du passé se sodomise lui même de plaisir narcissique sans le savoir...jamais

    sauf exceptions...il n’y en aura aucune chez les gens perchés haut sur l’échelle des valeurs actuelles humaines....

    seul de vrais marginaux qui ne se repèrent pas à l’œil peuvent receler d’éventuels « sages » ..ce qui veut dire des gens qui se connaissent au moins un tout petit peu pour ceci la pensée doit être mise en stand by involontairement...pour le reste à tous niveaux il faudra se contenter de canada dry de la beauté de l’intelligence avant tout globale , universelle comme aurait être notre survie....

     

    notre pseudo progrès ne touche que les moyens avec des machines...c’est tout. Partout ailleurs le désert gagne..donc la souffrance, le mécontentement permanent, la frustration ,la peur qui est fuite, la haine, le non sens parfait etc

    tout le reste s’en est allé, s’effrite, que reste t’il ?

    Pas grand chose, il y a encore 40 ans certains pays occidentaux pouvaient encor créer l’illusion de demains glorieux dans lesquelles les peuples s’engouffraient pour oublier la vie, car c’est ce que l’on fait on veut oublier la vie car si j’accepte ma naissance je refuse ma mort..qui est un absolu..

    l’esprit humain est rendu si bas qu’il refuse l’absolu quand il le rencontre..

    Tout ceci est nécessaire car on n’écoute plus le message caché pourtant partout...

    Et si je ne peux rien pour qui que ce soit d’autre, pour moi même je peux éventuellement saisir la vie....c’est potentiellement là pour tout, tout le temps....

    Mère Nature n’a rien à vendre..nous sommes d’ailleurs un élément de Mère Nature...mais çà aussi on ne sait plus bien sur.....

    Nous n’avons pas encore touché le fond globalement..cela ne saurait tarder...

    Personnellement je l’ai touché très jeune, ce fut ma « chance ».....je ne dirige rien du tout...c’est l’univers qui s’occupe de cela...


  • Taverne Taverne 4 janvier 2017 12:34

    La pensée n’est pas l’apanage des seuls philosophes. Beaucoup de non philosophes ont contribué à l’évolution des idées : dans le champ de la psychanalyse : Freud, Lacan, Dolto. Des sociologues, ethnologues, anthropologues, physiciens, mathématiciens...Je ne crois pas que la philosophie soit devenue stérile ; elle s’est enrichie de nouveaux champs qui l’aiguillonnent ! La philosophie pure en revanche, quand elle se targue de penser toute seule, a tendance à tourner en rond.


    • Francis, agnotologue JL 4 janvier 2017 13:02

      @Taverne
       

       ’’La philosophie pure en revanche, quand elle se targue de penser toute seule, a tendance à tourner en rond.’’ 
       
       Feriez vous allusion à un certain philosophe qui s’est retiré dans ses pensées ?

    • Victor 4 janvier 2017 20:25

      @JL
      oui dans une branche de la philosophie qu’on appelle la guignologie comicodantale. (allégorie des clowns de la Taverne par Plancton)


  • JC_Lavau JC_Lavau 4 janvier 2017 21:46

    J’attends encore qu’on exhibe un contre-exemple : un gus qui s’affirme « philosophe », et qui ne se conduise pas en imposteur.

    Il y a eu Gaston Bachelard, mais il est décédé.
    Il y a Mario Bunge, mais il n’est pas francophone, et il est très âgé.

  • franc 5 janvier 2017 05:04

    De ce qu’on appelle communément philosophe en terme académique il ya en fait deux types qui sont distincts ,l’un le philosophe théoricien créateur de système philosophique général en un rassemblement rationnel organique de concepts métaphysiques et théologiques particuliers , l’autre n’est qu’un praticien scolaire enseignant les divers systèmes et concepts philosophiques ,bref le philosophe systémique et l’enseignant philosophe .


    D’accord avec vous Mr Dugué pour dire que la philosophie académique contemporaine aussi bien dans sa forme générale de philosophe systémique que d’enseignant philosophe s’est arrêtée dans la stagnation voire même la régression ou la décadence à la fin des années soixantes .

    -
     Le dernier grand philosophe systémique idéaliste me semble être Hegel avec son prolongement pratique Marx tandis que pour le dernier grand enseignant philosophe est une enseignante mystique Simone Weil

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    Ce serait abusif d’appeler philosophe les spécialistes des sciences particulières comme la mathématique ,la physique ,la biologie ,la psychologie la sociologie ou ’histoire et la politique ,même si toutes ces sciences particulières apportent de grandes connaissances nécessaires à la théorisation de systèmes philosophiques généraux car justement le philosophe se doit de connaître ou d’avoir une maitrise de toutes ses sciences pour s’exprimer en toute vérité et rationalité en les intégrant et synthétisant toutes dans un système théorique organique rationnel.
     -
    l’enseignante philosophe Simone Weil a dit qu’en matière de systèmes philosophiques systémiques généraux tout a été dit en particulier avec la Grèce Antique ,le Miracle Grec ,et que les nouveaux systèmes ne peuvent que les actualiser ou les réactualiser dans un langage moderne avec les nouvelles connaissances des sciences modernes particulières .

    -
     Cependant l’activité philosophique ne cesse jamais tout comme celle d e la science ,car l’activité philosophique n’est rien d’autre que l’activité de la raison s’exerçant dans tous les domaines de la connaissance humaine ,des plus théoriques comme la métaphysique , la théologie ,la morale ,la mathématique ou la psychologie jusqu’aux plus pratiques ,la physique , la technologie ,la médecine ,l’enseignement ou la politique ;et l’activité de la raison concerne et est à la portée de tout un chacun pourvu qu’il ait une conscience droite et un amour sincère d e la vérité.

    • Victor 5 janvier 2017 22:48

      Un peu de Hegel alors  :
       
      « La conscience de soi est en soi et pour soi quand et parce qu’elle est en soi et pour soi pour une autre conscience de soi ; c’est-à-dire qu’elle n’est qu’en tant qu’être reconnu. » La Phénoménologie de l’Esprit.
       
      Instantiation XXIe siècle :
      L’Etre-chez-soi de Hegel est nié : « On est chez nous ! » du FN aliéné par le Grand Remplacement cherche la négation de la négation,
       
      Instanciation XXe siècle :
      Debord (pour les gogochistes les moins crasses) SdS 217 :
       
      « Le parallélisme entre l’idéologie et la schizophrénie établi par Gabel (La Fausse Conscience) doit être placé dans ce processus économique de matérialisation de l’idéologie. Ce que l’idéologie était déjà, la société l’est devenue. La désinsertion de la praxis, et la fausse conscience anti-dialectique qui l’accompagne, voilà ce qui est imposé à toute heure de la vie quotidienne soumise au spectacle ; qu’il faut comprendre comme une organisation systématique de la « défaillance de la faculté de rencontre », et comme son remplacement par un fait hallucinatoire social : la fausse conscience de la rencontre , l’« illusion de la rencontre ». Dans une société où personne ne peut plus être reconnu par les autres, chaque individu devient incapable de reconnaître sa propre réalité. L’idéologie est chez elle ; la séparation a bâti son monde. »


  • philippe baron-abrioux 5 janvier 2017 15:53

     Bonjour ,,

     tous mes meilleurs voeux à VOUS , LE Philosophe génial !

     pensez vous un jour travailler sur un sujet comme « humilité et impudeur » dès que vous serez sorti de votre période de « retrait dans vos pensées » ?

     bonne fin de journée !

     P.B.A


  • Victor 5 janvier 2017 22:59

    Et pour totof qui aime Debord et Adorno-Hork ; un peu de bobo charitable qui ne cherche par son Soi dans la négation et se contente d’être ego-branleur dans la positive-attitude :
     
    « En payant son tribu à la nature, la jouissance renonce à ce qui serait possible, comme la pitié renonce à transformer un tout. Tous deux contiennent donc un élément de résignation »
     
    La dialectique de la raison bobo Adorno-Horkheimer


  • Jean-Marc B 6 janvier 2017 09:45

    Beaucoup trop de « philosophes » manquent à la promesse de la philosophie. La philosophie est censée lutter contre les pré-jugés et faire d’abord appel à la raison. Or les uns se disent chrétiens, les autres musulmans, et d’autres encore juifs... Tout cela, c’ est le monde des pré-jugés et de la déraison. Ces philosophes, ne semblent désirer qu’une chose , tout comme les religieux, ils prétendent régner sur les esprits et sur les corps(et sur nos portefeuilles ...). Je me méfie beaucoup des « philosophes » qui ont « opinion sur rue » , « bien en vue sur les rayons des libraires » et dans l’air du temps de la pensée unique ...


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