41,7 milliards, un trou ou un gouffre ?
Sur le papier et les ondes, les mêmes mots pour décrire le déficit de la Sécurité sociale : un trou ! Un gouffre ! Mais que vont-ils inventer pour les 41,7 milliards de déficit des finances publiques ? Savent-ils seulement de quoi ils parlent ces journalistes si prompts à recopier les dépêches gouvernementales ?
Un trou, non un gouffre ! Il ne s’agit pas des commentaires des médias sur le déficit prévu de 41,7 milliards des finances publiques, mais sur celui de 12 milliards de la Sécurité sociale sur des budgets sensiblement équivalent. Les journalistes si prompts à reproduire la propagande du gouvernement et complices de ce dernier, portent une partie de la responsabilité de son immobilisme en la matière. Le brouillard médiatique qu’ils répandent agit comme un bandeau sur les yeux des Français et ne favorise pas la mise en œuvre d’une politique efficace de gestion équilibrée des comptes de cette vénérable et indispensable institution.
Dans ce domaine, comme dans bien d’autres, les hommes au pouvoir ont choisi la facilité. Il est plus simple de culpabiliser les Français, et en particulier les plus faibles d’entre eux, que de prendre des mesures efficaces.
Ce n’est pas en jouant aux imprécateurs dénonçant un puits sans fond qui serait creusé par des hypocondriaques incurables que l’on encouragera l’exécutif à prendre des dispositions efficaces.
Ceux qui devraient informer se conduisent comme des machines à reproduire sans fin les mêmes formules creuses. C’est comme s’il n’existait aucun débat, aucune étude, aucune analyse traitant du déficit et de ses causes réelles.
Les malades qui se soignent, les vieux qui s’accrochent à la vie, des travailleurs usés ou blessés par leurs conditions de travail, devront-ils bientôt choisir entre les soins, leur logement et leur nourriture ? Devons-nous absolument imiter le modèle anglo-saxon du chacun pour soi et du malheur pour les malchanceux de la vie.
Est-il tellement absurde d’évoquer un financement qui repose principalement sur les salaires et, par conséquent, le manque à gagner consécutif au chômage de masse ?
Est-il politiquement incorrect d’écrire sur la fraude sur les cotisations existant dans des pans importants de l’économie gourmande en main-d’œuvre et en heures supplémentaires, comme l’hôtellerie ou le bâtiment ?
Faut-il cacher aux Français les détournements organisés de revenus dus à la Sécu, les exonérations aux entreprises non remboursées et les défauts de paiement de l’Etat ?
Les subventions plus ou moins déguisées financées par l’argent de la Sécu sont-elles secrètes ?
Oui, la médecine progresse, l’espérance de vie s’allonge, l’exigence de soins de qualité s’affirme, doit-on le déplorer ?
La santé est-elle une maladie honteuse ? Pourquoi refuser la croissance quand elle provient de ce secteur économique ?
Il est grand temps qu’un Alexandre tranche ce nœud gordien formé par tous les égoïsmes corporatistes et que l’on affronte le problème du financement.
Sur ce dernier sujet, la Taxe sociale est présentée uniquement comme une rallonge à la TVA. Cette façon de procéder a provoqué un rejet épidermique par la population. Le pouvoir s’obstine à refuser le financement de la santé des Français. Il préfère, après bien d’autres à droite comme à gauche, organiser le rationnement.
Il existe mille et un impôts, des timbres aux franchises en passant par les vignettes, tous affublés de l’étiquette sociale, mais allant se perdre dans les caisses de l’Etat. La logique de rationalisation qui a conduit à créer la TVA en 1954 devient-elle absurde quand il s’agit du financement de la Sécurité sociale ? La modulation de la Taxe sociale selon des critères sociaux répondrait aux exigences de justice.
La séparation des deux sphères, la politique et la social, est indispensable à la clarté des flux financiers. Que l’Etat subventionne les entreprises s’il le juge utile soit, mais sur ses propres deniers. Qu’il assume et s’occupe de ses propres déficits, mais qu’il lui soit interdit, une fois pour toutes, de puiser dans les caisses de la Sécurité sociale, elle ne lui appartient pas.