mercredi 26 septembre 2007 - par Daniel Roux

41,7 milliards, un trou ou un gouffre ?

Sur le papier et les ondes, les mêmes mots pour décrire le déficit de la Sécurité sociale : un trou ! Un gouffre ! Mais que vont-ils inventer pour les 41,7 milliards de déficit des finances publiques ? Savent-ils seulement de quoi ils parlent ces journalistes si prompts à recopier les dépêches gouvernementales ?

Un trou, non un gouffre ! Il ne s’agit pas des commentaires des médias sur le déficit prévu de 41,7 milliards des finances publiques, mais sur celui de 12 milliards de la Sécurité sociale sur des budgets sensiblement équivalent. Les journalistes si prompts à reproduire la propagande du gouvernement et complices de ce dernier, portent une partie de la responsabilité de son immobilisme en la matière. Le brouillard médiatique qu’ils répandent agit comme un bandeau sur les yeux des Français et ne favorise pas la mise en œuvre d’une politique efficace de gestion équilibrée des comptes de cette vénérable et indispensable institution.

Dans ce domaine, comme dans bien d’autres, les hommes au pouvoir ont choisi la facilité. Il est plus simple de culpabiliser les Français, et en particulier les plus faibles d’entre eux, que de prendre des mesures efficaces.

Ce n’est pas en jouant aux imprécateurs dénonçant un puits sans fond qui serait creusé par des hypocondriaques incurables que l’on encouragera l’exécutif à prendre des dispositions efficaces.

Ceux qui devraient informer se conduisent comme des machines à reproduire sans fin les mêmes formules creuses. C’est comme s’il n’existait aucun débat, aucune étude, aucune analyse traitant du déficit et de ses causes réelles.

Les malades qui se soignent, les vieux qui s’accrochent à la vie, des travailleurs usés ou blessés par leurs conditions de travail, devront-ils bientôt choisir entre les soins, leur logement et leur nourriture ? Devons-nous absolument imiter le modèle anglo-saxon du chacun pour soi et du malheur pour les malchanceux de la vie.

Est-il tellement absurde d’évoquer un financement qui repose principalement sur les salaires et, par conséquent, le manque à gagner consécutif au chômage de masse ?

Est-il politiquement incorrect d’écrire sur la fraude sur les cotisations existant dans des pans importants de l’économie gourmande en main-d’œuvre et en heures supplémentaires, comme l’hôtellerie ou le bâtiment ?

Faut-il cacher aux Français les détournements organisés de revenus dus à la Sécu, les exonérations aux entreprises non remboursées et les défauts de paiement de l’Etat ?

Les subventions plus ou moins déguisées financées par l’argent de la Sécu sont-elles secrètes ?

Oui, la médecine progresse, l’espérance de vie s’allonge, l’exigence de soins de qualité s’affirme, doit-on le déplorer ?

La santé est-elle une maladie honteuse ? Pourquoi refuser la croissance quand elle provient de ce secteur économique ?

Il est grand temps qu’un Alexandre tranche ce nœud gordien formé par tous les égoïsmes corporatistes et que l’on affronte le problème du financement.

Sur ce dernier sujet, la Taxe sociale est présentée uniquement comme une rallonge à la TVA. Cette façon de procéder a provoqué un rejet épidermique par la population. Le pouvoir s’obstine à refuser le financement de la santé des Français. Il préfère, après bien d’autres à droite comme à gauche, organiser le rationnement.

Il existe mille et un impôts, des timbres aux franchises en passant par les vignettes, tous affublés de l’étiquette sociale, mais allant se perdre dans les caisses de l’Etat. La logique de rationalisation qui a conduit à créer la TVA en 1954 devient-elle absurde quand il s’agit du financement de la Sécurité sociale ? La modulation de la Taxe sociale selon des critères sociaux répondrait aux exigences de justice.

La séparation des deux sphères, la politique et la social, est indispensable à la clarté des flux financiers. Que l’Etat subventionne les entreprises s’il le juge utile soit, mais sur ses propres deniers. Qu’il assume et s’occupe de ses propres déficits, mais qu’il lui soit interdit, une fois pour toutes, de puiser dans les caisses de la Sécurité sociale, elle ne lui appartient pas.



14 réactions


  • tvargentine.com lerma 26 septembre 2007 09:48

    Durant 5 ans Jacques Chirac à gouverné la France avec deux gouvernements qui nous TOUS dit qu’ils avaient redressé la France.

    Qui ment ???

    CHIRAC ,RAFFARIN et DE VILLEPIN ?

    Ou F Fillion ???

    La responsabilité politique des hommes est engagée devant les citoyens d’avoir mis la France en faillite.

    Nous sommes en droit de savoir si des poursuites doivent etre engagé contre les responsables de "la faillite de la France"


    • non666 non666 26 septembre 2007 10:15

      Si il y a des responsables(même des responsables pas coupables...) n’oublions pas qu’il sera difficile d’exonérer le chef de l’UMP de l’époque et ceux qui ont soutenu ces gouvernements a l’assemblée...

      Faire porter au seul Chirac le triste rôle du bouc émissaire pour tout ce qui a foiré depuis des années est un peu simpliste.

      Ou alors on nie la division des pouvoirs, la responsabilité du parlement, le rôle des partis politiques qui se partagent le pouvoir depuis 40 ans.

      Nicolas Sarkozy de Nagy-Bosca était chef du parti majoritaire, numéro deux(« premier ministre bis ») du gouvernement...

      Mais bon sacrifier Chirac a droite, c’est un peu comme enterrer Jospin a gauche. Ce sont des victimes expiatoires pour leur irresponsabilité collective.

      Voir que ce sont les mêmes qui ont soutenu sans conditions ce passé au lourd passif qui suivent sans se poser de question Sarkozy est effectivement inquiétant.


    • non666 non666 26 septembre 2007 10:20

      J’en suis a me demander si le deficit « habituel » de la sécurité sociale n’est pas en fait organiser pour nous pousser vers un système d’assurance , compatible avec les engagements européens d’ouverture du marché dans les services.

      Aux 6% de cout de fonctionnement, il faudrait alors rajouter les 30 % de marge habituel des compagnies d’assurances et on se débarrasserait de ces « bouches inutiles » .

      Parce que faire semblant de découvrir qu’a chaque fois qu’on créée des couts siupplementaire(CMU...) on fait plonger les comptes de la secu, c’est quand même enorme...


    • Rage Rage 26 septembre 2007 13:36

      Trouver un responsable, c’est tellement plus facile.

      Le système coule, il faut donc un responsable pour assumer les jets de parpaings...

      Mais au fait, sait-on pourquoi il coule ? Sait-on les mécanismes de la Sécu ? Nous a t’on montré sur un Power Point de base les répartitions des recettes et dépenses, toutes les recettes et toutes les dépenses ?

      As-t’on regardé de près le fait que la Sécu finance d’un côté aveuglément des praticiens par voie de prise en charge quasi intégrale d’assurances et de l’autre côté des bénéficiaires d’une CMU sans limite ni plafond ?

      Il faut donc flinguer ces salauds de malades, les faire cracher au bassinet mais surtout ne pas dérembourser les thalassos et autres « soins curatifs », ne pas calmer les ardeurs des médecins, ne pas toucher aux lobbies pharmaceutiques, ne pas, ne pas, ne pas...

      Si la Sécu coule, et si on la fait délibérémment plonger, c’est aussi pour « démontrer » que le système par répartition ne fonctionne pas et qu’il faut bien évidemment se jeter dans les bras des mutuelles (qui pratiquent exactement la même chose mais avec des tarifs plus élevés et des limites).

      Pourquoi les mutuelles réussissent là où la Sécu coule ? Une des clés de réponse est sans doute la « régulation » de certains excès...

      Pourquoi, étonnamment, tous les secteurs « para-médicaux » sortent t’ils d’énorment bénéfices alors que la sécu coule ? Prenons par exemple les lunettes, passées des 100€ la paire en 1999 à environ 350€ aujourd’hui. Les technonologies ont évolué... certes, mais le prix made in chine lui n’a que peu bougé... au profit des Affleloux and co. La même logique prévaut pour environ tous les médicaments et autres prothèses : tout le monde veut se servir dans la caisse au remboursement aveugle qui ne sait pas dire « stop » quand les coûts dérapent.

      Du chirurgien esthétique en passant par le dentiste et le dermato, il est certain que si la Sécu finance tous les « conforts » elle n’aura plus grand chose pour les malades...

      Alors oui, trouvons donc un responsable : quand on l’aura trouvé et chargé, on en sera toujours au même point (voir pire) et on aura sacrifié l’un des meilleurs voire le meilleur système de santé du monde.

      C’est tellement plus facile de dire que chacun paye pour sa pomme quand on n’est pas malade. Par contre, quand on a un Cancer ou Elzheimmer, il faut un grand plan financier de recherche...

      On veut tout sans rien payer. On veut surtout pas gérer et organiser la santé, réguler les excès, assurer l’intérêt général rationnel.

      Alors oui, trouvons donc un responsable... cela fait 40 ans que les politiciens s’attèlent à démanteler l’outil Sécu...


    • Alpo47 Alpo47 26 septembre 2007 19:17

      @non666

      Bien entendu, vous avez mis le doigt sur une superbe manipulation du gouvernement...Problème/réaction/solution

      C’est d’ailleurs la même chose pour les annonces catastrophiques actuelles.


  • caramico 26 septembre 2007 10:20

    L’UFC-Que Choisir publie un article sur l’irrationnalité de certaines prescriptions médicales :

    En fait tout est rationnel :

    On augmente les médecins.

    Ceux-ci augmentent leur prescriptions.

    Les labos augmentent leurs bénéfices.

    Et à nous, on nous augmente nos impôts.


  • samy31500 26 septembre 2007 10:59

    @ 666

    Tu as encore un doute la dessus. Moi plus. Si il y a un prolème de sur-dépense facile à régler c’est bien celui de la sécu ... Outre le fait qu’il faut rationaliser et responsabiliser pour les depenses de santé, c’est quand même une des choses sur lesquelles normalement tous le monde devrait faire consensus.


  • MagicBuster 26 septembre 2007 11:17

    Plus les états avouent qu’il faut privilégié la recherche et plus les labos sont privés . . . CQFD.

    Il faudrait faire les choses pour son pays et pas pour de l’argent. (l’argent vient de toute façon si les produits sont utiles, indispensables, efficaces . . .).


  • anamo 26 septembre 2007 13:43

    Revenons-en au propos de l’auteur de l’article.

    L’argent de la sécu « sort » pour des causes autres que la santé. Rappelons qu’il avait été question de financer les 35 heures par ce biais.

    L’argent ne rentre pas comme il devrait. L’état accorde sans vergogne (heures supplémentaires de NS) des exonérations de charges. Sans contre partie financière vers le budget de la sécu.

    La sécurité sociale serait une des caisses de l’état qui servirait tout à la fois de caisse noire ou de caisse de résonance, selon la conjoncture.


  • ZEN ZEN 26 septembre 2007 15:47

    Les affections de longue durée représente 60 % de la dépense totale et sans doute représentera 70% en 2015...

    D’autre part,nombre de prescriptions sont irrationnelles (voir l’étude de l’UFC pour des exemples) et l’« empreinte des laboratoires pharmaceutiques sur l’information des médecins de ville, via les visiteurs médicaux(VRP de l’industrie qui viennent promouvoir les produits de leur firmes dans les cabinets) au détriment des recommandations fournies par les autorités sanitaires »(S.Blanchard -Le Monde du 26/9) Là se trouve une grande partie du problème, à mon avis...

    Combien de médecins s’informent sur « Prescrire », qui n’est pas gratuite, mais qui est exempte de publicités ?... Combien de médecins sont satisfaits de leur formation à la prescription ?


  • brieli67 26 septembre 2007 20:21

    PRESCRIRE pas gratuit c’est comme le PC ou la femme de ménage c’est déductible des impôts..

    et ras le bol du discours des mauvaises prescriptions etc... Il y a des malades qui veulent être gavès 1o pour cent d’hypochondriaques jamais contents sinon ils vont chez le voisin. Le medecin est payé à l’acte sans les hystériques et les hypochondriaque Papa Freud aurait pu fermer boutique.

    C’est pas le medicament qui est cher c’est le consommateur qui veut la dernière molécule avoir son super chirurgien son stomatologue son sexologue tout sauf son psy.

    Que le français accepte d’être un peu zinzin que veux tu qd on vote du n’importe quoi on consomme n’importe comment Et que pour s’éclairer la lanterne on se brûle les derniers neurones à la télé ou sur le Net.

    Par le passé les repères de la République étaient inculqués par le maitre d’école. Il manque un peu de Leçons de Choses depuis 5o ans. Nous sommes aussi mauvais qu’étaient nos enseignants. On est presque à la troisième génération de ces abonnés de la CAMIF A quinze ans pas d’instruction civique pas de notions d’hygiène ni de diététique. Quelques cours de cuisine et gestion du budget familial. une fabrique de moutons à se faire tondre... Vive le sport ! Bravo mes artistes.

    Alors tu t’étonnes de toute la misère humaine qui vient chercher son Prozac dernier cri et sa bibine calmante de benzodiazépines. C’est pas tous les jours gai d’être dealer.


  • judel.66 26 septembre 2007 21:00

    a tous---pourquoi n’allez vous pas au bout de votre raisonnement ?..si la catastrophe nationale «  »giscard «  »n’avait pas institué «  »le regroupement familial «  »aurions nous un tel trou et la France serait elle en faillite..

    .le droit du sol des socialistes n’aurait été qu’un moindre mal s’il n’avait été précédé du regroupement familial...


  • Daniel Roux Daniel R 27 septembre 2007 01:42

    Dans ce billet d’humeur, j’essaie d’attirer l’attention des lecteurs sur la responsabilité des médias et des journalistes.

    Utiliser des mots négatifs et excessifs pour un déficit organisé mais assez faible de la Sécu et rester muet quand il s’agit d’un déficit structurel important de l’Etat, n’aide pas à la recherche et à la mise en place de solutions efficaces.

    Ce n’est pas en reproduisant bêtement les communiqués gouvernementaux que l’on fait de l’information. Par contre, si la presse et pourquoi pas les radios et les télés dénonçaient les manipulations et la propagande des hommes au pouvoir en s’appuyant sur les études disponibles ou les rapports parlementaires concernant les dévoiements financiers de l’Etat sur la Sécu les abus cesseraient.

    La Sécu doit retrouver son indépendance pour assumer ses missions indispensables aux Français. Son financement ne doit plus être, ni contrôlé, ni détourné par l’Etat.


  • elnino-88 elnino-88 27 septembre 2007 19:48

    site interdit par nos medias A voir,a lire,a comprendre


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