samedi 22 juillet 2017 - par Milliardaires en cavale !

Affaire Abliazov : Interpol impuissante face à la criminalité en « col blanc »

Le retrait de Moukhtar Abliazov, condamné à de nombreuses reprises pour détournement de fonds et qui fait l'objet de poursuites judiciaires en Ukraine et en Russie, de la liste des personnes recherchées par Interpol, est une nouvelle illustration de l'incapacité de la justice internationale à lutter efficacement contre la criminalité financière. 

Le 18 juillet, Interpol a retiré Moukhtar Abliazov, oligarque kazakh accusé de s’être livré à des détournements de fonds massifs, de sa liste des personnes recherchées. Cette décision incompréhensible est un nouvel exemple de la facilité avec laquelle certains criminels en col blanc, souvent issus de l’ex-bloc soviétique, se jouent de la justice internationale et parviennent à échapper aux poursuites judiciaires.

Car Moukhtar Abliazov, actuellement exilé en France, n’est pas un enfant de chœur. Banquier et ancien ministre kazakh, il est actuellement poursuivi au Royaume-Uni, au Kazakhstan, en Ukraine et en Russie, pour avoir détourné à son profit près de 10 milliards de dollars lorsqu’il présidait la banque BTA, flouant au passage des milliers de petits épargnants.

Suite à la découverte de ces malversations par les autorités kazakhes, M. Abliazov a fui le pays pour le Royaume-Uni, où il a résidé trois ans avant de s’enfuir à nouveau, cette fois-ci pour la France. Désireuse de faire la lumière sur cette affaire, la justice kazakhe a ouvert un procès contre l’oligarque et ses collaborateurs. A l’issu de celui-ci, Moukhtar Abliazov a été condamné à 20 ans de prison par contumace pour détournement de fonds, abus de pouvoir, et participation à un groupe criminel organisé.

Au Royaume-Uni, la Haute Cour de Justice l’a condamné, en 2012 et en 2013, à rembourser 4,8 milliards de dollars à la banque BTA et à 22 mois de prison pour outrage à la Cour. D’autres condamnations pourraient suivre, la Cour d’appel d’Angleterre et du pays de Galles ayant déclaré, le 2 février 2017, la justice britannique compétente pour traiter des accusations de dissimulation d’actifs portées à l’encontre de M. Abliazov et de son beau-fils, Ilyas Khrapounov, à qui on reproche d’avoir cherché à contourner le gel des avoirs imposé à l’oligarque.

Enfin, des poursuites pour détournement de fonds et blanchiment d’argent sont toujours en cours en Russie et en Ukraine, qui ont demandé l’extradition de Moukhtar Abliazov.

Comment expliquer qu’un oligarque poursuivi par la justice de plusieurs pays puisse profiter d’une totale liberté de mouvement, sans qu’Interpol n’y trouve quelque chose à redire ? Pourquoi retirer Moukhtar Abliazov de la liste des personnes recherchées alors que son complice suspecté, Ilyas Khrapounov, y figure toujours ? C’est à ces questions que doit rapidement répondre Interpol, sous peine de totalement se délégitimer et de perdre le peu de crédit que les citoyens accordent encore à une justice internationale dévoyée par les puissants.



11 réactions


  • armand 22 juillet 2017 17:26

    Bonjour, j’ai vérifié sur le site interpol, c’est exact, mais il y a peut être une explication, du genre : il s’est disculpé ? ( je sais je suis naif....)


  • moussars 23 juillet 2017 06:38

    Il faudrait qu’il l’ait fait devant un tribunal compétent et devant des policiers, ce qu’il ne semble pas le cas. D’ailleurs, le retrait de la liste devrait être expliqué et justifié... Pauvre justice ! Pauvre police ! Riche financier !!!


  • JP94 23 juillet 2017 16:35

    S’il était réfugié en Russie, que n’entendrait-on pas sur ses accointances avec Poutine !

    Mais il est au chaud chez Bébé Macron, alors tout va bien. Il y a le flicage institutionnalisé mais ça ne vise pas les oligarques : ça ne vise que nous .

  • Jean Pierre 24 juillet 2017 00:18

    L’affaire étant présentée de cette façon par l’article, on comprends mal en effet qu’un oligarque impliqué dans des affaires de corruption ne puisse être livré à son pays. Sauf que l’’affaire est infiniment plus compliquée.

    Pour faire court, Abliazof est un opposant politique au régime du Kazakhstan qui est un des pays les plus corrompu de la planète. Il a déjà été arrêté et torturé par ce régime. 
    Interpol ne peux arrêter et extrader une personne vers un pays ou elle ne pourrait pas bénéficier d’un procès équitable, ou elle pourrait être torturée ou condamnée à la peine de mort. De plus, Interpol n’a pas été créé pour servir les intérêts d’un régime dictatorial totalement corrompu.
    Par ailleurs, je remarque que cet article est le seul de cet auteur. S’agit-il d’une commande, d’un travail de lobbying au service direct ou indirect du régime du Kazakstan ?


    • adeline 24 juillet 2017 09:14

      @Jean Pierre
      Bonjour, admettons, dans ce cas pourquoi y a t’il encore autant de « recherchés » pour le Kasakstan ? Si votre argument est valable, il le serait pour tous les recherchés non ?


    • microf 24 juillet 2017 11:24

      @Jean Pierre

      Votre commentaire ne tiens pas, car d´après l´article, il est aussi recherché en Angleterre et en Ukraine, alors qu´il soit renvoyé dans l´un de ces pays qui d´après l´ Occident ne sont pas des dictatures corrompues, je laisse la Russie vous savez vous même pourquoi.


    • Jean Pierre 24 juillet 2017 21:48

      @microf
      Il est recherché en Ukraine et en Angleterre a partir d’informations données par le Kazakhstan. Comme je le disait, l’affaire est très compliquée et a toutes sortes de ramifications liées à des affaires de corruption en Europe Occidentale . Une histoire de rétrocommissions vise par exemple des politiques belges pour des ventes d’hélicoptères au Kaskhastan. Des responsables politiques français ont fait en sorte de sortir leurs homologues Belges de cette situation. Ce serait un peu long a expliquer. Médiapart a fait de longue enquête sur ces affaires à tiroir. Il semble qu’Abliazof connait des choses compromettantes pour pas mal de monde d’ou le forcing du Kashastan pour le récupérer.

      L’article semble dire : « il est scandaleux qu’un corrompu ne soit pas livré à son pays ». Si on ne connait pas le dessous des cartes comment de pas adopter ce point de vue. Sauf que la demande du Kazakhstan vise surtout à couvrir des faits corruptions beaucoup plus graves.

    • Thot 24 juillet 2017 22:22

      @Jean Pierre
      Bonjour,

      Si je puis me permettre une précision : Interpol ne peut arrêter ni, a fortiori, extrader personne. Ce n’est pas une organisation policière au sent classique du terme. Pas d’ agents opérationnels, prêts à enquêter et à intervenir dans leurs zones de compétence respectives. Sauf à la télé ou au cinéma !
      Non. s’agit d’une institution dont le but est de tenir une base de données (au demeurant très à jour), d’établir des « notices » sur les malfrats recherchés et d’assurer le lien entre polices.
      Pour schématiser, il s’agit d’une structure administrative qui relie les polices de ses états membres. Dans notre jargon, (lorsque j’étais encore en activité !) on l’appelait amicalement « la boîte aux lettres ». 

      Sans extrapoler sur le rôle de ses dirigeants, je peux affirmer que toutes les demandes que j’ai adressées dans ma carrière à Interpol ont été fructueuses, parce qu’elles m’ont permis de faire appel, par son intermédiaire, au service de police idoine, à l’étranger, que j’aurais eu du mal à trouver tout seul !
      Ensuite, sur le rôle de ses dirigeants.... Vaste question !
      Cordialement.

    • Jean Pierre 24 juillet 2017 22:49

      @Jean Pierre
      Merci pour ces précisions.

      Le fait qu’il soit retiré des listes d’Interpol semble donc signifier qu’Interpol cesse de collaborer avec les polices Russes et Ukrainienne sur cette affaire. 

    • Jean Pierre 24 juillet 2017 22:56

      @microf
      Rectification.

      Il n’y a pas d’affaire de corruption sur des ventes d’hélicoptères. C’est une collision malencontreuse entre deux affaires différentes. 
      Pour le reste, je maintient que de hauts responsable Français travaillent pour le régime du Kazakhstan.
      Par ailleurs, l’extradition vers la Russie peux conduire à la livraison au Kazakhstan.

    • Thot 25 juillet 2017 12:32

      @Jean Pierre
      Pas nécessairement d’une façon globale.... Mais il peut effectivement y avoir quelques « aménagements » qui peuvent surprendre .... Je me garderai cependant de leur attribuer un quelconque qualificatif puisque je ne détiens pas d’élément me permettant de le faire. On sait quand même que les voies de la politique sont impénétrables !


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