Ainsi mourut Zarathoustra
L'on assiste effaré, à la progression inexorable de l'EL (État islamique), en train de former au Moyen-Orient, le Califat. Au passage, ils se livrent en Irak, en Syrie et ailleurs, aux pires exactions contre les populations du Levant. Leur réputation de cruauté sème la terreur partout où ils passent.
Jusqu'à la chute de Sadam Hussein suite à l'invasion de l'Irak et de l'Afghanistan, Chrétiens d'Orient et Yazidis pouvaient pratiquer librement leur culte.
Hélas, pour ce que les Islamistes considèrent comme un « crime » passible de la peine de mort, les milices sanguinaires de l'EL violent, tuent, assassinent, dans des conditions particulièrement cruelles, barbares et révoltantes, les chrétiens d'Orient et ces adorateurs du Soleil que sont les Yazidis. Quelques voix s'élèvent, par ci, par là .... Sans grand écho, bien entendu, dans l'indifférence générale et de cette apathie similaire ressentie devant le massacre des populations civiles du Donbass, massacrées par les milices fascistes ukrainiennes. Partout la mort frappe, partout où l'Empire du Chaos construit ses bases de domination mondiale et envoie ses émissaires les plus virulents, les plus déterminés à faire triompher le chaos. Le monde s'est transformé en Pandémonium !
Cette indifférence criminelle laisse donc le champ libre aux exactions perpétrées par ce que l'humanité compte de plus sordide. L'ignominie n'a donc plus de limites. L'on tue, l'on égorge, l'on assassine, l'on éviscère, l'on trucide, l'on coupe des têtes, et nous assistons au massacre... impuissants.
Les Chrétiens d'Orient et les Yazidis d'Irak, payent eux, le prix fort d'une politique démentielle organisée depuis Washington. S'il n'y avait le NET pour nous informer, le silence médiatique parfois rompu par une news sensationnelle, signe l'arrêt de mort des valeurs de civilisation moribonde. L’occident ne s'en remettra pas.
Et Soudainement, à la lumière vacillante des quelques informations sur les exactions de l'El, que daigne dispenser au grand public, les médias mainstream, resurgit du fin fonds de l'Histoire, une ethnie oubliée et quasiment ignorée de tous, les « Yazidis ».
Les Yazidis pratiquent un culte vieux de plusieurs milliers d'années et vénèrent un prophète, Zarathoustra, que les Grecs avaient surnommé Zoroastre.
Qui était Zarathoustra ?
Né en Perse, Zarathoustra, bien avant la venue de Jésus-Christ en Palestine, apparut dans « l'Airyanavaejo » ( la demeure des Aryens). La légende veut qu'il fût conçu divinement, qu'il eût un ange gardien. Que cet ange gardien entra un jour dans le haoma (Plante perse mythique), et passa avec son suc dans le corps d'un humain, un mage (ou prêtre), au moment où celui-ci s'adonnait à un sacrifice rituel auprès des Dieux. Un rayon de soleil, (le soleil étant considéré par les Perses à l’égal d'un Dieu surpuissant) pénètra à son tour dans le sein d'une jeune vierge de très haute naissance. Le prêtre « élu » convola avec la jeune fille, c'est alors que l'ange-gardien et le suc de haoma se mêlèrent étroitement au rayon emprisonné.
Ainsi fut conçu et naquit ZARATHOUSTRA.
Zarathoustra, le jour de sa venue au monde manifeste tout de suite un caractère enjoué. Il éclate de rire dans de joyeuses tétées éloignant de lui et de sa tribu, les esprits maléfiques qui rôdent autour de sa jeune existence. Pris de terreur, les tumultueux génies du mal, s'éloignent...
Paraît-il, dit toujours la légende, il fut toute sa vie durant, poussé par un grand amour de la justice. Très jeune, il se retire de la vie profane. Zarathoustra est un sage. Il vit en anachorète dans une montagne aride. Pour n'y subsister que de produits que la nature lui offre : lait de chèvre, fromage et fruits sauvages.
Quelle part de vérité accorder à cette croyance ? Elle montre par certains détails, des similitudes étonnantes avec un certain Jésus-Christ.
Zarathoustra fut-il inventé par un conteur perse imaginatif ? En quête de merveilleux ?
Les Grecs eux, le considéraient comme un personnage historique et ayant véritablement existé 5500 ans avant J.C.
Un historien babylonien, Bérose, le ramène à 2000 ans avant J.C.
Mais qu'adoraient donc ces païens, ancêtres des Iraniens ? D'abord la terre, le soleil, ils adoraient les animaux, ils pratiquaient le culte des ancêtres, des traits commun avec les « Hindous de l'âge védique ».
Pas de Dieu sans Diable. Le Malin est donc là, tentateur, et Zarathoustra résiste... Car Zarathoustra adore Ahura-Mazda, le Dieu de Lumière : le Dieu suprême. Ahura-Mazda lui apparaît un jour et lui remet entre ses mains, l'Avesta, le livre de la science et de la Sagesse, en l'enjoignant d'aller prêcher l'Avesta au reste de l'humanité.
Zarathoustra prêche donc, mais ne rencontre sur son chemin que quolibets et bien plus grave, persécution. Or, un jour, un grand Prince persan, Vishtaspa (ou Hystaspe, le père du roi Darius 1er), lui accorde de l'intérêt et lui promet de répandre sa croyance dans son peuple.
Dès lors se répandit le Zoroastrisme qui dépassa largement les frontières de la Perse, jusqu'en Mésopotamie. La légende dit encore : Zarathoustra fut foudroyé par un éclair et monta directement au ciel.
Dans l'actuel Afghanistan subsistaient encore des descendants de ces adorateurs du Soleil, avant que les Talibans ne répandent la terreur. On n'aura aucun mal à imaginer quel sort leur a été réservé.
Mais nous pouvons encore nous interroger sur l’influence du Zoroastrisme. Mithra fut une divinité Zoroastrienne. Mithra, Dieu du Soleil que l'on a vénéré en Provence et en Languedoc, pendant des siècles. Avec le syncrétisme (religion chrétienne mâtinée de paganisme ancestral), l'église catholique, apostolique et romaine en fera un saint : Saint-Mitre dont beaucoup de lieux portent en Provence son nom, et bien des édifices, un statuaire édifié en son honneur.
Les Zoroastriens vénèrent également Anaïta, déesse de la fertilité et de la terre, ils adorent Haoma, dieu-taureau qui meurt, ressuscite et donna son sang à l'humanité, boisson d'immortalité.
Les Iraniens célébraient leur culte également en fumant le haoma. Cependant, Zarathoustra s'insurgeait de ces rituels dionysiaques. Il se révoltait contre les mages qui s’enivraient de cette herbe.
Choqué, il annonça qu'il ne pouvait sur cette terre, y avoir qu'un seul Dieu véritable, Ahura-Mazda, seigneur de la lumière et du ciel.
Darius 1er embrasse la nouvelle croyance, jugeant que son peuple y trouverait son besoin de spiritualité. Cela par la même occasion renforcerait son autorité. Le Zoroastrianisme devint donc « Religion d’État », se basant sur l'Avesta, la bible incontournable de cette nouvelle foi.
Au 3ème siècle de l'ère chrétienne, un roi Persan de la dynastie arsacide, Volgèse 1er, réunit tous les fragments subsistants de l'Avesta, soit écrits, soit puisés dans la mémoire orale des Zoroastriens et l'on découvre d'étonnants passages en provenance de Babylone, par exemple : les 6 étapes de la création, le ciel, l'eau, la terre, les plantes, les animaux et enfin... l'homme, faisant remonter l'origine de l'homme à deux premiers parents,(l'équivalent du Adam et Eve de la Bible), la création d'un paradis terrestre, le mécontentement du créateur devant sa création, et sa décision de tout détruire par un déluge, à l'exception d'un petit résidu.
En 1771, Anquetil-Duperron, un orientaliste français, traduisit l'Avesta, en y rajoutant le préfixe Zend que les Persans avaient employé pour l'écriture de 21 volumes dont il ne restaient que des fragments. Deux copies avaient été faites par le prince Vishtaspa, l'une d'elle avait été détruite pendant l'incendie du palais royal de Persépolis. Les Grecs avaient rapporté la copie rescapée en Grèce, et l'avaient traduite dans leur langue.
A lire ces fragments dans le texte, les scientifiques iraniens en avaient conclu que le monde était fondé sur un principe dualiste ( sous l'aspect d'un théâtre sur lequel se déroule douze mille ans d'une lutte entre Ahura-Mazda le dieu, et Ahriman, le diable.
Pureté et honnêteté, sont de grandes vertus devant conduire à la vie éternelle.
Ahura-Mazda s'habille de la voûte du ciel. Son corps est la lumière et la gloire souveraine. Le Soleil et la Lune sont ses yeux.
Par le « Bon esprit », Zarathoustra entendait non pas un esprit humain, mais la sagesse divine ( nous sommes là dans le fameux logos théïos, ou le verbe divin selon Philon d'Alexandrie). Et nous retrouvons en substance le fameux « esprit saint » de la chrétienté.
Tel que le concevait Zarathoustra cet ensemble de préceptes et de doctrines confinait au monothéisme. Il n'est donc pas insensé de prétendre que la pensée zoroastrienne et le dualisme persan aient durablement influencé la pensée chrétienne, tout comme elle fut influencée par le puritanisme hébreu et la philosophie grecque.
Ahura-Mazda se présente comme la somme totale des forces qui prônent la justice dans ce bas-monde, fournissant à l'imaginaire de l'homme un puissant stimulant, une sanction morale, dans le combat que se livre l'homme depuis la nuit des temps, entre le bien contre le mal, l'éthique contre la corruption morale.
Et conclut l'AVESTA : trois choses pour l'homme et sa survie :
« Faire de l'ennemi, un ami »
« Faire du méchant un juste »
« Faire de l'ignorant, un homme instruit,
« Mais la PREMIERE, la première de toutes les vertus, reste la PITIE ».
Alors, revenons en 2014, revenons aux Yazidis d'Irak !
Voilà ce peuple erratique, chassé de chez lui, pourchassé par des milices sanguinaires. Un peuple qui ne s'arme que de sa seule croyance en la parole d'un sage antique, d'un prophète. Un peuple qui n'a ni armes, ni fortune, et qui s'accroche à son pays, aride et qui est cette mémoire vivante de leur contrée et de leur culture, celle d'une grande civilisation, la Perse et qui prit fin un jour, « parce que toute civilisation est mortelle ». Un peuple qui a pour tout viatique, ses traditions orale et écrites, sa façon de vivre, sa façon de parler, sa langue, ses rites, religieux, culinaires...
Ils sont comme ces pierres calcinées regarderont encore longtemps le soleil, suprêmement se lever et se coucher sur l'Irak, lorsque eux, les Yazidis, livrés aux égorgeurs de l'EL, auront bientôt cessé d'exister, au nom de la Haine, au nom d'une guerre qui n'a pas de nom.
L'homme moderne de ce début de troisième millénaire, dans sa conception terre à terre, de son devenir, n'est-il plus qu'un ver de terre impuissant qui se tord ? Un simple automate ? Une simple mécanique ? De simples pions sur l'échiquier cosmique ?
Or, nous avons, paraît-il, le libre arbitre.
Un poète persan dit un jour :
« Si Dieu n'a pas détruit le monde, c'est qu'il reste encore des oiseaux, et des petits enfants ».
Dans notre monde barbare, les oiseaux se raréfient, beaucoup d'espèces ont disparu, et des milliers d'enfants de par le monde se font massacrer, petits enfants d'Irak, de Palestine et du Donbass. L'horreur n'a plus de limites, le silence de ces agneaux qui meurent sous les balles des brutes et les lames des assassins ne rencontre que celui assourdissant de ceux qui devraient tout faire pour les protéger.
Et s'il ne nous reste que que les larmes, alors... pleurons.