mercredi 12 mars 2014 - par GHEDIA Aziz

Algérie : encore une fois, non au 4ème mandat

Le jeudi 7 mars, sur le « Quotidien d’Oran », j’ai pu relever dans l’article « Présidentielle 2014 : tourner une page d’histoire », un paragraphe de mon papier publié sur le site français Agoravox du 22 février 2013. Jusqu’ici, rien d’anormal. Il est tout à fait normal qu’un auteur, qui veut donner plus d’étoffe et plus d’arguments, politiques ou autres, pour convaincre ses lecteurs de la justesse de ce qu’il écrit et de la logique de ses idées, utilise ce genre de procédé. Rien ne l’interdit. Un article de presse n’est intéressant que lorsqu’il est truffé de citations de grands hommes, d’hommes qui ont marqué l’Histoire que ce soit dans le domaine politique, littéraire, philosophique ou autre, par exemple, et de références se rapportant au message que l’on veut véhiculer.

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Je n’en veux pas donc à Mr Medjdoub Hamed, auteur de cet article du « Quotidien d’ Oran », que, du reste, j’ai trouvé intéressant à plus d’un titre. Mais…, il y a toujours un mais, Mr Hamed aurait dû citer la source complète de ce paragraphe afin que le lecteur, qui voudrait approfondir sa lecture, puisse aller directement à la source et se faire une idée beaucoup plus précise. Car, j’estime que Mr Hamed, en usant de cette façon-là, a, délibérément, nul doute là-dessus, sorti le paragraphe en question de son contexte. Ce procédé est donc injuste pour ne pas dire malheureux. D’autant plus que ce paragraphe est précédé de ceci : « Les jeunes et moins jeunes générations trépignent d’impatience, et en ce début d’année 2014, refusent que le président sortant Bouteflika qui a demandé un quatrième mandat puisse encore gouverner les cinq années à venir ». De cette phrase, il est évident que l’on puisse faire toute une narration de plusieurs pages et se poser des tas de questions.

Première question : dans quelle catégorie, Mr Hamed, qui ne me connait ni d’Eve ni d’Adam, me classe-t-il ? Simple curiosité. Génération jeune ou moins jeune ? Sur le site d’Agoravox, je me présente comme « un chirurgien algérien » sans donner mon âge. Il est vrai que, par déduction, sachant que les études en médecine s’étalent sur plusieurs années, il est aisé d’estimer l’âge de quelqu’un qui gribouille, de temps à autre, des notes sur Agoravox depuis presque une dizaine d’années. Mais, le problème n’est pas là et je peux, sans tricherie aucune, permettre à Mr Hamed de me caser dans la génération moins jeune, celle qui a été scolarisée à l’aube de l’indépendance, celle qui a assisté, de loin, en tant que spectateur médusé, aux évènements d’octobre 88. EN SOMME, je n’ai plus l’âge d’écrire des poèmes à ma dulcinée et pas encore l’âge de rédiger mes mémoires de chirurgien déprimé.

Deuxième question : toujours dans cette phrase, il est fait mention d’un refus de ces générations, jeune et moins jeune, à ce que le président sortant fasse un autre mandat présidentiel. Voulez-vous que ça soit les enfants de la maternelle et de l’école primaire qui s’opposeraient à ce quatrième mandat ? Ou ceux qui sont censés être dans les hospices et les services de gériatrie (qui heureusement n’existent pas chez nous pour une question se rapportant à notre mode de vie, à notre socio-anthropologie) ? Mr Hamed, je persiste et signe, personnellement je suis contre ce quatrième mandat, par « nécessité historique ». Pas par démagogie politique. Ni pour un quelconque intérêt personnel. Comme je l’ai déjà évoqué sur Agoravox, A. Bouteflika a parfaitement le droit de se présenter pour un autre mandat puisque la Constitution actuelle le lui permet, mais du point de vue médical, force est de reconnaître qu’il est dans l’incapacité totale de pouvoir assumer une telle charge qui, faut-il le préciser encore, n’est pas une simple sinécure. La fonction présidentielle exige une santé mentale et physique de … cheval. Soyons honnêtes. Dans l’état actuel des choses, A. Bouteflika jouit-il, physiquement et mentalement, d’une santé qui lui donnerait la force d’aller à la rencontre des citoyens électeurs et de leur expliquer ce qu’il compte faire, dans les prochaines années, pour élever l’Algérie au rang de pays émergent ? Bien sûr, vous allez rétorquer que pour cette opération de marketing, des personnes de sont entourage, de son clan pour être plus précis ont été déjà désignées. Mais, cela ne suffit pas. Le peuple demande à voir A.Bouteflika, en chair et en os, marchant et parlant à voix audible. Les vidéos trafiquées et montées avec amateurisme ne peuvent avoir le vent en poupe si je puis utiliser cette expression aussi vieille que Bouteflika. Les gens ne sont pas dupes. On ne peut les berner indéfiniment. Tout un chacun sait qu’A. Bouteflika est mort… politiquement, et que le clan qui s’agite dans tous les sens pour l’imposer de nouveau n’est animé que par le seul souci de se maintenir en place. Rien ne doit changer dans ce pays, considéré comme une vache laitière aux pis encore pleines. Voilà la réalité d’aujourd’hui.

Mr Medjdoub Hamed, vous vous présentez comme « un chercheur spécialisé en économie ». Je ne peux donc, moi qui suis chirurgien de campagne, vous suivre sur le terrain de l’économie même si, dans votre article, vous n n’étalez pas de chiffres concrets pour corroborer vos dires. Or, il est bien connu que l’économie est uns science de chiffres, de digrammes, de statistiques et que sais-je encore. Les généralités que vous nous servez généreusement, ici, ne suffisent, malheureusement, pas à convaincre la majorité des algériens que c’est grâce à l’intronisation d’A. Bouteflika, en 1999, à la tête de l’Etat que l’Algérie a évité « la débâcle économique avec l’accord stand by imposé par le FMI ». Si l’Algérie est sortie indemne des griffes du FMI, c’est, de l’avis de tous les économistes, grâce à l’envolée des cours de pétrole sachant que la seule ressource que l’Algérie exporte est justement les hydrocarbures (gaz et pétrole). Et ceci est le résultat et la suite logique des guerres que les Etats-Unis ont eu à mener en Afghanistan et en Irak et particulièrement en Irak qui était, ne l’oublions pas, l’un des principaux exportateurs de cette matière énergétique. Mais, cela est un autre débat. En tous les cas, votre analyse de la situation actuelle de l’Algérie va à l’encontre de tout ce que disent les analystes économiques qui n’émargent pas au système. De plus, selon les chiffres donnés par des institutions internationales qui s’intéressent aux questions économiques, l’Algérie se trouve toujours à la traine, malgré ses 200 milliards de dollars déposés en bons de trésor au niveau des banques américaines. Voilà ce que je peux dire concernant le bilan de Bouteflika dont vous faites l’éloge.

Par ailleurs, je tiens à vous rappeler qu’actuellement ce n’est pas seulement une frange de la société algérienne qui est contre ce 4ème mandat. Même certains hommes politiques qui ont pourtant, à un moment de leur vie politique, fait partie de ce système, n’hésitent pas, dans leurs interventions publiques, non seulement à dire non au 4° mandat mais aussi à aller plus loin dans leur diatribe : ils font le procès en bonne et due forme de ce système. La dernière sortie médiatique de Mr Hamrouche est éloquente à ce sujet. Le refus de ce 4ème mandat est donc général. Il suffit d’approcher les gens dans la rue, dans les cafés-maures ou ailleurs et de leur poser la question pour s’en convaincre. Tous sont convaincus que cela ne servira pas l’Algérie mais juste le clan du président et, évidemment, la bourgeoisie compradore qui s’est constituée durant les quinze années du règne de Bouteflika. Celle-ci a des intérêts colossaux à défendre et elle est donc prête à renouveler le bail pour Bouteflika….à vie.



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