lundi 14 septembre 2009 - par Yohan

Ascensoriste, un métier en panne

Si la Loi Robien 2003 imposant des dispositifs de sécurité dans le parc d’ascenseurs français n’a guère suscité la controverse, eu égard à une série d’accidents ayant suffi à sensibiliser l’opinion, le chantier colossal qu’il a suscité soulève bien des interrogations.

Il est vrai que notre parc d’ascenseurs a la réputation d’être le plus vétuste d’Europe, avec ses 450 000 cabines dont la moitié a plus de 20 ans d’âge.

Si les pouvoirs publics ont pris la mesure de l’urgence à réhabiliter le parc français, il semble que l’on ait péché encore une fois par manque d’anticipation.

Face à l’ampleur de la tâche, il était aisé de deviner que le nombre d’entreprises susceptibles de répondre à la demande serait restreint.

Du coup, le devis moyen par ascenseur s’élève à 22 000 euros, soit presque deux fois plus que le montant initialement avancé par les pouvoirs publics.

Faute de concurrence, les entreprises spécialisées ont logiquement su tirer avantage de leur position favorable sur un marché extrêmement concentré.

Face aux co-propriétés placées devant le fait accompli et déconcertées, les entreprises ont beau jeu de brandir l’argument sécuritaire pour les convaincre de lâcher un peu plus.

Quatre entreprises se partagent aujourd’hui 90% du marché des ascenseurs en France (Koné, OTIS, Thyssen, Schindler), des entreprises qui ne peuvent être sur tous les fronts en même temps.

C’est la raison pour laquelle le délai, initialement imposé par la loi, a été repoussé. 
 

Côté anticipation, les pouvoirs publics sont loin du compte, c’est rien de le dire.

Le manque de main d’œuvre pénalise les chantiers, et parmi les 1500 techniciens recrutés cette année, il est aisé de constater que le renfort est loin d’être suffisant, la faute à l’incurie des services du Ministère du travail, qui ont oublié de saisir immédiatement cette opportunité pour relancer l’apprentissage.

Tandis que les employeurs de plaignent de la difficulté à trouver un personnel immédiatement opérationnel, notre système de formation est en vacances, alors que nous traversons une crise de l’emploi sans précédent.

Ainsi, du côté de l’AFPA, réputée pour ses formations techniques, pas grand chose ou presque à signaler et malgré un regain d’intérêt des chômeurs pour un des rares métiers qui embauche cette année, trouver une formation d’ascensoriste relève de l’exploit.

Du coup, sur certains chantiers, les équipes sont à 90% roumaines, et parmi les estafettes Peugeot, il n’est pas rare de trouver sur les chantiers des Dacia immatriculées en Roumanie.

Après tout, avec la main d’oeuvre polonaise ou roumaine, c’est toujours autant d’euros épargnés pour ces multinationales, qui ne sont pas très regardantes lorsqu’il s’agit de sous-traitance, un secteur où la règle du moins disant règne en maître.

Certains ont encore en mémoire les déboires de la société Comas - un sous-traitant de Schindler - qui se signalait l’année dernière par la mort accidentelle d’un de ses techniciens - un roumain - suite à la chute d’une cabine d‘ascenseur en cours de rénovation.

Si la loi de réhabilitation du parc d’ascenseurs avait pour but de protéger les usagers, elle aurait dû également protéger les ouvriers chargés d’assurer la maintenance. Ce faisant, on pouvait tout aussi bien se saisir de l’opportunité pour attirer et former de nouvelles recrues vers une filière porteuse, pour quelques années encore.

Dans la profession, il se dit à mots couverts que cette main d’oeuvre venue de l’est serait loin de remplir les exigences des chartes Qualibat.

L’avenir les contredira, peut-être... c’est du moins ce que chacun d’entre nous espère.

En attendant, voilà une désinvolture de plus qui souligne une fâcheuse tendance de notre pays à désinvestir en matière d’excellence technologique et d’emploi.

 



15 réactions


  • faxtronic faxtronic 14 septembre 2009 11:50

    "

    Il est vrai que notre parc d’ascenseurs a la réputation d’être le plus vétuste d’Europe, avec ses 450 000 cabines dont la moitié a plus de 20 ans d’âge."

    Source SVP


    • kalon kalon 14 septembre 2009 14:27

      Outre que vingt an comme moyenne d’age, ce n’est pas beaucoup pour ce type de machinerie.
      Les nouveaux ascenseurs sont, nettement, moins costauds que ceux d’y l’y a vingt ans.
      Dés que vous sortez de la bande des quatres ( kone, schindler, otis et consort ) le devis moyen diminue de plus de 40 %.
      Ils ont été condamné à Bruxelles pour entente illicite pour le méme genre de lobbying.
      Et la loi Belge a été modifiée de ce fait.
      Faut faire appel aux ascensoristes Italiens, les moins chéres en Europe, actuellement.


    • Yohan Yohan 14 septembre 2009 17:52

      Exact. Non seulement ils ont été condamnés pour entente illicite mais ils ne font pas vraiment d’efforts en matière de recrutement. C’est à croire qu’ils font semblant, préférant sous traiter à d’autres qui feront faire la besogne par d’autres. Juteuse affaire, trop même pour passer sous silence les petites conbines


    • kalon kalon 15 septembre 2009 00:06

      au niveau de notre parc humanitaire, cà doit faire quelques milliards d’hommes qui ont dépassé l’age d’étre sécurisants.
      Alors, nos bons maitres viennent de nous inventer les pandémies !


  • Yohan Yohan 14 septembre 2009 12:16

    Source Batiactu site spécialisé du BTP


  • Yohan Yohan 14 septembre 2009 13:00

    En tout cas c’est sa réputation. La plupart datent des années 55/60 (période de faste de construction) et il y a encore pas mal d’immeubles à Paris avec des ascenseurs datant d’avant la guerre (très solides au demeurant).


  • brieli67 14 septembre 2009 13:53

    BS d’un kidnapping involontaire de 34 heures dans la Tour Hoechst à la Déffe par deux stagiaires l’une blonde l’autre brune.

    M’est plus arrivé depuis ! Assez de tes dépanneurs ou de trop !



  • LE CHAT LE CHAT 14 septembre 2009 14:00

    si ils tombent en panne , c’est parce que certains font des choses pas prévues par le concepteur ! lol !


    • zelectron zelectron 14 septembre 2009 16:50

      @LE CHAT
      je reprend : « si ils tombent en panne , c’est parce que certains font des choses prévues par le concepteur ! » du genre générer des incidents secrètement programmées pour faire appel à leurs services exclusifs monopolistiques style forfait mensuel dépassé donc payant+pièces+déplacement (les visites contractuelles de contrôle ,elles, durent 3 minutes et encore.., de toute façon aujourd’hui c’est à distance qu’ils envoient les ordres codés de mise en panne) rajoutez effectivement à ça cette fameuse main-d’œuvre sous-sous-sous-sous-qualifiée.
      Ah ! j’oubliais ! le tarif syndical faramineux est clairement celui d’une entente sur les prix (depuis des décennies, gouvernements de gauche comme de droite confondus)


    • kalon kalon 15 septembre 2009 00:02

      pourquoi tu veux le réparer, il fonctionne bien, pour l’instant il descend ! lol


  • kalon kalon 14 septembre 2009 14:39

    Les spécialistes de la commission européenne ont compris depuis longtemps que ce n’est pas l’argent qui enrichit l’état mais que c’est sa vitesse de rotation qui en augmente le prélevement fiscal.
    Alors n’importe quoi, du moment que l’argent tourne !
    Il est amusant de constater que les nouveaux ascenseurs, quoique d’une technologie plus récente, demandent 2 fois plus d’entretien pour étre certifiés par les contrats d’assurance.
    Faut faire tourner le pognon, c’est cà qui rapporte à l’état,
    l’épargne, cà rapporte rien. Juste bonne à couvrir les « erreurs » des banquiers tout les 15/20 ans 


  • Newby Newby 14 septembre 2009 20:48

    En attendant je me suis remis au sport, car chez moi il est en reconditionnement pur un mois, et j’habite au 8 eme.

    A la fin du mois je pourrais m’en passer, et le revendrait....il n’y a pas de petits profits.


  • Fergus Fergus 15 septembre 2009 09:16

    Salut, Yohan.

    Intéressant, cet article sur une profession en pleine... déliquescence. La rationnalisation des coûts, engagée dans la plupart des entreprises pour faire face aux exigences grandissantes des actionnaires, conduit en effet à recruter puis à envoyer sur les chantiers des techniciens dont la formation et l’expérience sont à l’évidence insuffisants. Il y a déjà eu des conséquences dramatiques ici et là (au détriment tant des employés que du public), et sans doute y en aura-t-il d’autres dans l’avenir.

    Mais ce problème est loin de concerner les seuls ascensoristes, la plupart des entreprises de transport se sont également engagées sur cette voie dangereuse en réduisant les coûts de maintenance en fonction des seuls objectifs compatibles...

    Bonne journée. 


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