vendredi 14 octobre 2016 - par Franck ABED

Bruno Mégret par Franck ABED

Franck ABED : Bonjour. Pourriez-vous prendre la peine de vous présenter en quelques mots pour ceux qui croient vous connaître et pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

Bruno MEGRET : Oui, en effet, ce n'est peut-être pas inutile. Dans la mesure où j'ai mené activement le combat politique contre le politiquement correct, les médias officiels m’ont toujours présenté très différemment de ce que je suis en réalité. À vrai dire je suis un Français qui aime son pays, un Européen conscient de la grandeur de la civilisation qui est la sienne et je me suis engagé totalement pendant près de trente ans pour défendre l'un et l'autre.

J’ai commencé assez tôt en politique, d'abord au RPR où j'ai très vite compris que sa soumission à l’idéologie de gauche l'empêcherait de réaliser quoi que ce soit de positif pour notre pays. J'ai ensuite créé les Comités d'action républicaine dans les années 80 avec l'objectif de renouveler la vie politique. Puis j'ai rejoint le Front national dont je suis devenu le numéro deux et que je me suis efforcé de transformer en une grande force politique capable de gouverner et de rénover notre nation. Je me suis alors heurté à Jean-Marie Le Pen qui ne voulait pas réellement arriver au pouvoir. Fidèle à mon objectif de toujours, j'ai dès lors créé le Mouvement national républicain avec la grande majorité des cadres du FN qui m'avaient suivi. Mais dans cette tentative de construire une grande force politique de droite capable de gouverner, le système a préféré Le Pen et a tout fait pour m’écarter. En 2008, ayant constaté que je ne pouvais plus rien faire d’utile, j’ai décidé de me retirer de la vie politique et j'ai repris mon activité d'ingénieur général des Ponts et Chaussées. Je reste pour autant très attentif à la situation politique de mon pays et j'enrage de le voir s'enfoncer toujours un peu plus dans un déclin qui paraît aujourd'hui insurmontable.

Franck ABED : Vous êtes maintenant retiré de la vie politique française depuis de nombreuses années. L’écriture et la publication d’un livre politique évoquant la droite nationale et les élections présidentielles de 2017 peuvent-elles être considérées comme un retour officiel ou déguisé ?

Bruno MEGRET : Non, il ne s'agit pas pour moi d'un retour dans la politique active. Pour que je puisse m'engager à nouveau sur le devant de la scène publique, il faudrait que soient réunies les conditions me permettant d’être utile à mon pays. Malheureusement, la situation semble aujourd’hui bloquée. La classe politique, soumise à l'idéologie officielle, se révèle néfaste pour la France. Quant au FN, qui se présente comme la seule possibilité de recours, il s'enferme dans le cénacle étroit de ses affidés et ne construit pas le grand rassemblement sans lequel il ne pourra pas gouverner demain notre pays. De plus tout est verrouillé par des médias qui mènent le jeu au seul bénéfice de l'idéologie officielle. Rien cependant n'est joué car le politique est le domaine de l'imprévisible et du surprenant. Une configuration nouvelle pourrait se présenter demain qui rende possible un renouveau de la France. Ce jour-là, je serais présent.

Franck ABED : Vous avez donc commis le Temps du Phénix (éditions Cité Liberté), un roman d'anticipation politique qui raconte la victoire à la prochaine présidentielle d'un candidat issu des rangs de la droite nationale… Faut-il y voir une utopie ? Une prévision ? Un souhait ?

Bruno MEGRET : Rien de tout cela : c'est une démonstration. La démonstration que tout demeure possible pour la France et pour l'Europe. Je rencontre souvent des gens qui me disent : " Mais de toute façon tout est perdu, car même si vous ou l'un de vos amis arrivait au pouvoir, il ne pourrait rien faire face au système qui verrouille tout. " Je pense que c'est faux et je voulais le montrer en mettant en scène un président de nos idées élu en 2017 et en faisant le récit mois après mois de la manière dont il s'y prend pour réaliser son programme malgré tous les obstacles qui se dressent devant lui.

Et l'exercice me paraissait à la fois utile et nécessaire car il est vrai que dans le cadre actuel un président issu de la droite nationale serait entièrement paralysé et ne pourrait rien faire d'autre que de prendre, comme les dirigeants du système, des mesures homéopathiques ou symboliques sans doute plus sympathiques que celles qui sont prises aujourd’hui mais guère plus efficaces. Pour pouvoir redresser le pays, il faudrait d’abord qu’il s'en donne les moyens et qu’il entreprenne avant toute chose de faire sauter les verrous qui paralysent le gouvernement. Comme le dit le président héros du Temps du phénix, il faut d’abord rendre du pouvoir au pouvoir en neutralisant le Conseil constitutionnel, la Commission de Bruxelles et en remettant au pas les contre-pouvoirs médiatique, judiciaire et syndical.

Franck ABED : Votre ouvrage ne traite pas de la prise du pouvoir mais de l’exercice du pouvoir. Toutefois, le préalable requis pour diriger un pays reste bien évidemment la conquête de l’Etat. En effet, depuis de nombreuses années il existe un nombre d’idées et de programmes (plus ou moins sérieux et/ou applicables) qui émanent de l’ensemble du camp national. Pourtant rares sont les personnalités ou les acteurs de ce mouvement qui ont écrit sur la prise du pouvoir. N’eût-il pas été préférable d’écrire un livre sur le comment prendre le pouvoir plutôt que sur le pourquoi ?

Bruno MEGRET : Je partage votre point de vue. Il paraît actuellement beaucoup d'ouvrages sur les programmes et les idées qu'il faudrait mettre en œuvre pour redresser notre pays. Il y en a d’ailleurs encore plus sur la critique de ce qui ne va pas en France. Mais il y en a très peu, voire pas du tout, sur la manière de mettre ses idées en œuvre. Cela est d'ailleurs très caractéristique des périodes de décadence. Car, lorsque le déclin menace, le plus difficile n'est pas de savoir ce qu'il faut faire mais de le faire. C'est pourquoi j'ai voulu écrire le Temps du phénix afin de montrer comment les idées qui sont les nôtres pourraient être mises en œuvre avec efficacité et rapidité pour peu que le président concerné s’en donne les moyens.

Il est vrai cependant que je n'ai pas écrit sur la manière de prendre le pouvoir. Je considère sur ce plan que mon action politique dans les années passées, avec la prise de Vitrolles notamment, en est une illustration plus parlante que la rédaction d’un livre par essence théorique. Ecrire un ouvrage sur ce sujet serait d'ailleurs hasardeux car la réalité ne se met pas en boîte. Il n'y a pas de recette miracle pour prendre le pouvoir et les meilleures solutions ne permettent pas forcément d'obtenir le résultat recherché car l'intelligence et la volonté ne suffisent pas toujours à remporter un combat lorsqu'il est totalement inégal comme c’est le cas actuellement.

Franck ABED : Stefan ZWEIG, dans son ouvrage consacré à Joseph FOUCHE, écrit que l’exil, qu’il soit politique, religieux ou philosophique, est une puissance créatrice extraordinaire. Il appuie son argumentation en prenant comme exemple les fondateurs des grandes religions qui ont tous connu un exil plus ou moins long… Partagez-vous et comprenez-vous cette idée ?

Bruno MEGRET : À vrai dire, je n'ai pas le projet de fonder une nouvelle religion (sourire). Mais pour répondre plus sérieusement à votre question, je dirais que cette observation est sans doute très pertinente pour les penseurs ou les hommes de lettres, je pense par exemple à Victor Hugo ou à Chateaubriand. L'exil offre en effet une distance qui peut permettre, avec le recul et la tranquillité, de développer sa pensée avec plus d’acuité. Par ailleurs, il va de pair avec une frustration qui, comme beaucoup de sentiments violents, peut se révéler féconde et productive.

Pour les hommes politiques, il en va cependant autrement car ils dépendent entièrement de l'évolution de la nation dont ils sont éloignés, laquelle peut les placer en situation de recours ou les conduire à l’oubli.

Franck ABED : Au cours de toutes ces années d’exil, l’envie de redescendre dans l’arène politique pour promouvoir et défendre vos idées vous a-t-elle tenté ? Et d’ailleurs le président héros de votre ouvrage n’est-ce pas vous ?

Bruno MEGRET : Je reste toujours passionné par l’engagement politique et, comme je vous l’ai dit, je serais prêt à servir à nouveau mon pays si les circonstances s’y prêtaient. Quant au président du Temps du phénix, je ne vois pas de personnalités de la scène politique actuelle susceptibles d’être élues en 2017 qui lui ressemble. Mais il ne s’agit pas de moi pour autant, même si en tant qu’auteur je n’ai sans doute pas pu m’empêcher de me projeter un peu dans la peau de ce personnage dont la France a tant besoin.

Franck ABED : A l’heure d’internet, des réseaux sociaux, de la vidéo, de l’instantané, le livre est-il encore un bon outil pour transmettre et partager des idées ?

Bruno MEGRET : L'Internet est un outil bénéfique qui permet de contourner les médias officiels. Il offre un vaste espace de liberté qui donne accès à des millions de gens. Je ne pense pas cependant que l’usage de la toile puisse se substituer aux livres. Internet conduit en effet à privilégier l’instantané et exige souvent de faire court et simple. Rien ne remplacera à cet égard un livre dans lequel l'auteur développe sa pensée. Une pensée que le lecteur a le loisir de découvrir dans toute sa subtilité et sa profondeur. Pour autant, le livre et l’Internet ne sont pas incompatibles. On peut écrire un ouvrage et en assurer ensuite la promotion à travers Internet et les réseaux sociaux. N’est-ce pas d'ailleurs ce que nous faisons ensemble en ce moment à propos du Temps du phénix  ?

 

Bruno Mégret, Le Temps du phénix, 328 pages, 20 euros, Editions Cité Liberté (78, rue de Malnoue, 93160 Noisy-le-Grand). www.le-temps-du-phenix.fr

 



15 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 14 octobre 2016 16:31

    Article déjà paru le 13 juillet 2016 dans « Synthèse Nationale », (le quotidien d’information nationaliste et identitaire en ligne).

    Le credo de Frank Abed ?

    Il le développe dans son blog :

    • Replacer Dieu et la religion catholique dans la pensée et la méthode d’action politiques 
    • Réhabilitation de l’idée royaliste dans le débat politique 
    • Refus du modernisme dans les idées théologiques, philosophiques et politiques 
    • Méthodes et stratégie quant à la prise du pouvoir et la conquête de l’état


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 14 octobre 2016 18:06

      @Robert Lavigue

      Il faut vous dire , Monsieur, que son ami Bouyques lui a offert des belles vacances en Australie et à Madacascar, d’ailleurs, il est tout bronzé, maintenant...
      El il aimerait bien faire un tour de yacht, alors il pense à se présenter...
      Pfffffffffff

    • Franck ABED Franck ABED 8 janvier 2018 06:52

      @Jeussey de Sourcesûre

      Merci de me faire de la publicité, je n’en demande pas tant. 

      Voici mon site internet pour les esprits curieux, ouverts et non soumis au politiquement correct :


    • Franck ABED Franck ABED 8 janvier 2018 06:56

      @Robert Lavigue

      Merci de votre message plein de bon sens, qui met les points sur les i et les barres sur les t.

      Mon positionnement n’est original, que dans notre contexte politique si particulier. Il y a encore quelques décennies, mon positionnement était somme toute classique. 

      D’une manière générale, les gens - à l’image de ce premier commentateur - ne connaissent pas la royauté en tant qu’institution politique et se permettent des critiques dénuées... de tout esprit critique. 
      Critiquer la monarchie est d’un tel conformisme... Bref !

      Meilleurs voeux !

  • Rmanal 14 octobre 2016 16:43

    Ca sent les présidentielles. Petites annonces : le FN recrute copieur/colleur pour farcir les forums, journaux libres et autres lectures sur internet.


  • Christian Labrune Christian Labrune 14 octobre 2016 17:35

    Pas lu l’article. Je veux bien qu’on soit réactionnaire -je le suis de plus en plus - et même royaliste (’j’ai la plus grande admiration pour l’ancien régime), mais je n’ai vraiment rien à foutre de la racaille vichyssoise et antisémite du FN. Encore moins de ce qu’elle peut « penser ».


  • Elliot Elliot 15 octobre 2016 12:41

    Reconnaissons du mérite à cet article qui ressort de l’ombre une personnalité – à l’époque plus inquiétante qu’attachante - qui a eu ses heures de gloire, il y a une quinzaine d’années avant que le père Le Pen ne prît ombrage de son emprise sur les cadres de ce parti. Le charisme était du côté du patriarche et l’affaire fut vite réglée.

    Exceptionnel aussi dans un article où l’on peut soupçonner des parfums d’Extrême-Droite ou du moins de Droite nationaliste, on y chercherait en vain même de manière détournée une digression fangeuse sur l’Islam, devenu le sujet numéro un du prêt à penser.

    Même ceux dont l’esprit de réflexion n’est pas la qualité première, comme un Sarközy, ont un avis sur la question et entendent le partager avec le troupeau.

    Serait-ce en rapport avec les convictions royalistes du récipiendaire des confessions mégretiste ?

    Sans doute, au contraire du Président qui est incarne par le jeu démocratique un camp victorieux, un roi n’est par définition pas élu et est donc en principe au-dessus de la mêlée pour représenter tous ses sujets.

    Les monarchies constitutionnelles se portent en général beaucoup mieux que les républiques électives et en particulier la France où l’élection présidentielle est le cadenas installé par l’oligarchie pour empêcher toute évolution significative, le moindre remous devenant révolution.

    Pour le reste bien que je ne sois évidemment pas d’accord avec les thèses développées, il m’est réconfortant de constater que l’esprit maurrassien survit encore par-ci par-là et relève le niveau d’une Extrême-Droite de caniveau.

    N.B. L’article mérite mieux que l’affligeante notation qui apparaît. 


    • epicure 16 octobre 2016 20:10

      @Elliot

      La monarchie a toujours été instaurée par une oligarchie. Une oligarchie d’origine militaire en général, comme avec les guerriers francs pour la monarchie française ( clovis, charlemagne, etc... ). Et les événements de 1789, sont là pour rappeler que la monarchie était au service des oligarchies nobles et cléricales.

      Qui a instauré l’élection présidentielle, et les pouvoirs qui vont avec ?
      De Gaulle, ex royaliste....

      Les monarchies qui ’en sortent le mieux sont celles où les monarques n’a pas de pouvoir politique.
      D’ailleurs la reine d’Angleterre n’a pas le droit de prendre parti au niveau politique.


    • Elliot Elliot 16 octobre 2016 20:40

      @epicure


      Ce que vous écrivez est parfaitement exact mais le roi se voulait le roi de tous ses sujets, des serfs en bas de l’échelle sociale jusqu’aux nobles au sommet en passant par tous les stades intermédiaires.
      C’était le principe, une fiction, je vous le concède bien volontiers car ils servaient bien évidemment prioritairement les intérêts de l’aristocratie.
      Quelles que pussent être ses velléités de prétendre le contraire et même sa volonté de le prouver, le président élu de la Ve république avec ses pouvoirs - tout théoriques qu’ils soient - est toujours réduit à la majorité qui l’a nommé, donc suspect d’esprit partisan.

      « Les monarchies qui s’en sortent le mieux sont celles où les monarques n’a pas de pouvoir politique » ce sont des monarchies constitutionnelles !

      Pour autant, je ne suis pas monarchiste.


       

    • andromerde95 17 octobre 2016 17:28

      @epicure
      la différence entre l’oligarchie aristocrate et ploutocrate, c’est que l’oligarchie aristocratique a déjà tout le fric, donc elle ne cherche pas à s’enrichir aux dépens des autres... l’aristocratie a un droit sur tout l’argent qui pousse sur ses terres, ce qui n’est pas le cas de la bourgeoisie pour qui il y a toujours de l’argent à récupérer par l’exploitation d’autrui. 


    • epicure 18 octobre 2016 02:31

      @andromerde95

      Oui c’est sûr l’aristocratie se servait sur le dos de la paysannerie.
      Elle s’enrichissait au dépend des autres.
      C’est ce qui a provoqué la révolution de 1789, vu que l’aristocratie ne voulait pas céder sur leurs privilèges financiers, en faisant porter la charge des impôts sur le peuple.

      Aristocratie = argent de ses terres
      capitaliste = argent de ses investissement/ son entreprise

      Ceci est toujours le même problème du pouvoir de la propriété privée et des inégalités qui s’en suivent.


    • andromerde95 18 octobre 2016 18:44

      @epicure
      les sociétés communistes et capitalistes ont engendré des exploitations bien pires.

      « Aristocratie = argent de ses terres
      capitaliste = argent de ses investissement/ son entreprise
      Ceci est toujours le même problème du pouvoir de la propriété privée et des inégalités qui s’en suivent. »

      oui et j’ai montré qu’il y avait une différence entre les 2 car le noble avait droit à tout l’argent qui poussait sur ses terres, donc il avait tout le fric à sa disposition, ainsi il n’avait pas besoin de s’enrichir au détriment des autres hormis par la guerre pour conquérir des nouvelles terres.

      par contre le bourgeois, lui n’a pas de territoire sur lequel tout lui appartient, donc il va devoir recourir à l’exploitation capitaliste pour récupérer de l’argent... quand tu n’as pas tous le fric, tu as toujours de l’argent à récupérer, donc tu exploites économiquement pour récupérer cet argent.

      enfin le roi et la noblesse ont eu bcp de conflits entre eux.

    • epicure 19 octobre 2016 04:32

      @andromerde95

      tiens le caniche joue les perroquets, par contre il refuse toujours de comprendre les choses en profondeur.

      L’exploitation, c’est l’exploitation. Que ce soit la féodalité ou le capitalisme ou l’esclavage, cela ne change rien sur le fond.


  • wolfen 15 octobre 2016 13:06

    Bruno Megret, ou l’insignifiant Petit Naboléon qui n’a pas réussi son « puputsch » contre le Grand JMLP.


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