jeudi 6 août 2009 - par Christian Delarue

Césarisme, un populisme contre le peuple

Contre le populisme montant.

Suite de « Sarkozysme, déconstruire un césarisme démocratique » (sur ce site)

La catégorie de populisme a des significations ambiguës et même contradictoires (Voir quelques repères en note n°1) ce qui rend son usage toujours difficile... du moins pour se faire bien comprendre. D’une certaine manière cet article est une défense du peuple-classe, donc d’une certaine manière une position populiste mais elle s’en distingue fortement car tout ce qui vient du peuple n’est pas jugé acceptable. Il faudrait dire ici que ce non acceptable provient souvent des élites et des médias. Ce point ne sera pas défendu pour mieux serrer le fil explicatif

Pour cette contribution le terme de populiste se rattache à la critique des courants conservateurs voire réactionnaires de la société mais sans s’y réduire. La référence à "ceux d’en-bas" y est chez eux de l’ordre de l’instrumentalisation et du mensonge partiel . Il ne s’agira pas d’évoquer l’idéologie du seul Front National. Aujourd’hui Sarkozy (2) développe pleinement une forme de populisme qui a été permise par les échecs de la gauche. D’ailleurs, ainsi que disent nombre de théoriciens s’évertuant à faire du populisme un concept politique, le populisme n’est pas uniquement l’apanage de la droite conservatrice : il sévit aussi dans un milieu qui n’est pas le sien et donc moindrement . On le repère parfois dans la gauche de soumission au capital et chez les écologistes modérés.

Le populisme étant une catégorie floue de la science politique, il importe donc, par souci de clarté, de préciser les traits de ce qui est mobilisé dans l’analyse sous couvert de ce terme. Deux formes sont repérables : soit on ne défendra pas réellement le peuple au plan économico-social (revenu, travail), soit on s’abstiendra des critiques à faire dans certains domaines tel le sexisme ou le racisme. Les acteurs politiques y sont donc différents. Ce texte porte une double critique du populisme pour la défense des citoyens du peuple-classe.

Comme premier trait à pointer figure l’usage de la répression comme une conséquence des positions courantes du populisme. C’est que le populisme mobilise fortement le discours sécuritaire qui sape l’Etat social et l’Etat démocratique au profit de l’Etat pénal, policier et xénophobe. C’est ce que l’on nomme sécuritarisme (3). En ce sens, le populisme fait le lit du fascisme. Le césarisme démocratique en serait une étape. Certains éléments communs du populisme et du fascisme préparent et permettent la transition vers le fascisme. Le fascisme comme les autres dictatures montées sur une infrastructure capitaliste (Portugal de Salazar, Espagne de Franco, Italie de Mussolini, Grèce des Colonels, France de Pétain, et les dictatures sud-américaines et africaines) possédaient et possèdent encore une dimension autoritaire forte qui réduit les libertés pour instaurer le pouvoir des militaires sur la société civile. Cet aspect n’est pas toujours franchement apparent dans le populisme émergent mais la crise actuelle va montrer de plus en plus cet aspect si une solution progressiste favorable au(x) peuple(s)-classe d’ici et d’ailleurs n’est pas trouvée.

I - Populisme et fascisme : quelques autres éléments liés à la question des revenus.

Le populisme se rapproche du fascisme sur au moins deux points complémentaires : il porte un regard stigmatisant sur des catégories spécifiques du "petit peuple" et un voile protecteur sur les dominants. Ici le populisme ne se définit donc pas par le regard favorable au peuple contre les élites ainsi qu’il est souvent dit. Ces catégories stigmatisées peuvent être tantôt les fonctionnaires de base (les grévistes et les fainéants) tantôt les chômeurs (ceux qui se complaisent dans une situation parasitaire), tantôt les immigrés (qui volent le travail des français). La liste est non exhaustive. Le discours populiste n’est pas nécessairement de droite extrême, il peut se nicher chez les roses et chez les verts car il peut porter son mépris plus sur telle ou telle catégorie que sur une autre en fonction de la situation. Et le mépris peut être appuyé (à droite) ou simplement dit de façon euphémisée (à gauche). Mais, très rarement le regard critique va porter sur les très hauts fonctionnaires, les grands PDG ou même le patronat ordinaire. Le motif invoqué en est toujours aussi faible : soit la relativisation (il sont peu nombreux), soit l’impuissance (on ne peut rien faire contre eux) . On retrouve ici le phénomène de la chape de plomb de la "fin de l’histoire" (F Fukuyama) asséné et pratiqué par la gauche d’accompagnement du capitalisme. Ce slogan a fonctionné comme une barre de conscience qui explique que l’on puisse aujourd’hui voir des personnes qui par ailleurs sur d’autres sujets font montre d’une argumentation assez développées se contenter ici d’une position faible. Ce qui pose un problème aujourd’hui du fait de la visibilité des méfaits du "capitalisme de casino" : les responsables réels commettent des actes tragiques pour les salariés mais sont néanmoins grassement remercier pour leur "sale boulot". Du coup attaquer les dominants riches gêne visiblement les populistes. La discussion apparait comme inopportune. Il faut la faire taire et rabattre le regard sur son voisin. Tel est l’axe essentiel du populisme dont Sarkozy est le promoteur efficace.

Ce n’est pas tout . Comme le fascisme, le populisme ne reconnait pas les conflits de classe qui traversent la société, un clivage qui est à l’œuvre au sein de la société civile mais qui implique l’Etat loin d’être neutre en la matière. Ce qu’il ne voit évidemment pas puisqu’ils les défendent ce sont les attaques contre les travailleurs sous prétexte de "valeur travail" qui remplace la solidarité par le mérite et la réduction du temps de travail sans perte de salaire par "travailler plus" . Ce qui est ignoré et ne peut être entendu c’est la théorie de la "valeur-travail" qui explique à l’inverse l’exploitation des travailleurs salariés (4). Même ceux qui la connaissent bien la refoule. Dans la foulée, comme le fascisme le populisme voudra s’attaquer aux organisations ouvrières et aux droits conquis, notamment le droit de se syndiquer, le droit de s’exprimer de façon critique et non simplement pour approuver les chefs, le droit de grève.

*

II - L’exemple décisif des salariés modestes : En défense des prolétaires.

Les couches moyennes font l’objet avec le césarisme républicain d’un intérêt particulier car elles sont à la fois une base d’appui à protéger verbalement mais aussi des couches sociales à prélever par taxes et impôts. Par contre le "déclassement social" des riches n’est jamais à l’ordre du jour. Universités, successions, paquet fiscal... Les couches supérieures ne tendent pas ici au déclassement. Enrichissez-vous !

Du fait des difficultés de remboursement de prêts immobilier, ceux qui gagnent entre 1600 et 2600 euros et même plus jusqu’à 3000 euros par mois peinent à terminer le mois. Cette tranche là, peu importe qu’elle soit nommée "couche moyenne" car ce qui importe surtout c’est de voir qu’il s’agit de prolétaires. Les prolétaires, ce sont les travailleurs salariés qui certes vendent force de travail pour vivre à un patron mais de plus épuisent ce revenu pour la reproduction de sa force de travail et l’entretien de sa famille. Pour être relativement dégagé des affres du prolétariat en pouvant mettre de façon régulière et systématique au moins 200 euros par mois il faut gagner 3000 euros par mois. Alors on peut s’acheter une maison sans souci. Autant dire qu’il faut être grosso modo professeur agrégé de fin de carrière ! Ce ne sont que des salariés devenus aisés, rien à voir avec les super "cadres" qui gagnent 5 ou 6 fois plus qu’eux ! Ces professeurs agrégés font parti du peuple classe pas les seconds.

Pour encore être plus précis, on trouvera des individus forts satisfaits de gagner moins de 3000 euros par mois mais bien souvent ils sont à deux salariés dans le couple ou possèdent des immeubles de rapport qui font que gagner 2000 euros sur un temps partiel pour l’un des deux suffit à leur assurer une vie confortable. Cela se comprend. Mais on ne peut raisonner et généraliser à partir de ce type de situation car le risque instrumentalisation misérabiliste et populiste est trop grand.

* Quid aussi de l’émancipation humaine sous ses formes diverses ?

La question des revenus est un indice pour savoir qui défend le peuple et quelles couches sociales sont plus particulièrement défendues. Mais ce n’est pas le seul aspect. Il y a un populisme qui s’abstient sur le question de droits des femmes, de racisme, de laïcité, de xénophobie anti-migrants, de moindre démocratie. Défendre le peuple-classe au plan des revenus ce n’est pas s’abstenir des autres tâches d’émancipation humaine.

*

III - Quelques propositions d’orientation à débattre.

*1 - Défense bec et ongles les moins de 3000 euros par mois !

Il faut défendre bec et ongles ceux et celles qui gagnent moins de 3000 euros par mois. C’est la base sociale du combat du peuple-classe, français ou non.

*2 - Ne pas jeter en enfer les plus de 3000 euros.

Le peuple-classe s’étend au-delà de 3000 euros car le peuple-classe ne réduit pas à un niveau de revenu, il faut prendre en compte les positions de classe, les positions de pouvoir et l’usage qui en est fait. Il faut donc avoir un regard plus circonstancié sur les tranches immédiatement supérieures à 3000 euros car ils font aussi parti du peuple-classe à gagner dans le combat face à la bourgeoisie prédatrice. C’est la bourgeoisie qu’il faut combattre. Là, ce n’est pas uniquement en terme de revenu mensuel ou annuel qu’il convient de raisonner pour définir la classe dominante.

*3 - Stop aux très gros revenus ! STOP aux très gros revenus - Imposons un plafond. Ce texte n’est en rien une critique des élites à l’exception de leur propension à s’accaparer une forte part du gâteau produit.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php&nbsp ;?article694

*4 - Pas de protection acritique du peuple qui serait précisément une forme du populisme . Autrement dit, tout ce qui vient du peuple-classe n’est pas en soi acceptable au prétexte qu’il faille le défendre. En l’espèce, défense les moins de 3000 euros par mois ne préjuge pas des autres combats internes à mener contre le sexisme, le racisme, pour la laïcité, la démocratie améliorée, la promotion des services publics, de l’alter-développement, du syndicalisme de classe et des droits y afférents, et la défense d’une juste fiscalité contre le retour insidieux d’un néo-poujadisme qui refuse l’impôt progressif sur le revenu au profit des taxes "indolores".

Jacques Julliard signale que "deux chancres rivaux se nourrissent aujourd’hui l’un l’autre : l’élitisme, c’est à dire la démocratie sans le peuple ; le populisme, c’est à dire le peuple sans la démocratie". En réponse à ces deux chancres, on dira qu’il faut d’une part ajouter les mobilisation sociales fortes à la généralisation du fait démocratique et qu’il faut d’autre part une élite soutenant les intérêts du peuple-classe contre les dominants mais sans approuver ses dérives racistes ou sexistes. Dans les deux cas nous sommes loin du compte : faiblesse des mobilisation sociales , apologie de la démocratie "modeste", élites gagnées à la thèse de "la fin de l’histoire" et de l’aménagement du capitalisme aux marge et même "élites" diffusant le racisme ( 5) et le mépris des peuples africains. Sans parler de la constitution d’un Etat xénophobe (6).

Christian Delarue Membre du CA d’ATTAC France Membre du BE et CA du MRAP s’exprimant à titre personnel.

1) Ambiguïté du mot populisme : une trame pour s’y retrouver.

* Pour les uns, le terme recouvre l’attitude des mouvements politiques de gauche qui veulent le gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple dont ils font partie . Tout le peuple y compris les couches les plus modestes. Y compris, pour certains les résidents étrangers extracommunautaires. On pourrait parler ici de peuple-classe comme catégorie de mobilisation citoyenne. L’idéologie déployé est démocratique et égalitariste : justice sociale et justice fiscale. La critique du capitalisme y est courante mais avec des variations et donc des courants divers.

* Pour les autres, à l’extrême-droite, le populisme est une critique des élites politiques et médiatiques mais pas de la classe dominante. Il ne s’agit pas d’abaisser les pouvoirs de la bourgeoisie mais de remplacer les élites qui font le jeux de l’étranger, qui sont trop tournées vers l’extérieur. Ce populisme nationaliste débouche très souvent sur une xénophobie et un racisme mal cachés.

* Enfin, le terme est utilisé en science politique pour englober l’un et l’autre des usages. Il donne lieu à de multiples débats de repositionnement avec des variations historiques. Ce terme est donc a manier avec précaution pour qui entend être bien compris.

Faut-il avoir peur du populisme ?

2) Le populisme c’est aussi "un peuple uni autour d’un leader". Il suppose des leaders jouant à la fois de l’idéalisation du peuple et de la démagogie nationaliste. On parle alors de "national-populisme " et de démagogie remplaçant l’appel à l’esprit critique. La xénophobie aujourd’hui déployée par les élites élargie notablement le champ des leaders populistes. A tel point que l’actuel Président de la République serait le premier leader populiste de France, battant Le Pen sur la critique de l’immigration en usant notamment du terme de communautarisme comme stigmatisation de l’immigration post-coloniale. On trouve aussi des leaders populistes à gauche qui prennent appui sur certains intellectuels nationalistes proche de Chevènement, tel Max Gallo par exemple. Cela ne concerne pas Olivier Besancenot qui pourtant bénéficie d’un charisme certain et d’une aura médiatique relativement soutenue car ce leader peut se montrer fort critique sur des points précisément ignorés du populisme : droit des femmes, droit des homosexuels, droit des migrants, etc.

3) La sécurité n’est pas le sécuritarisme

http://www.france.attac.org/spip.php&nbsp ;?article9982

4 ) Quand le sage montre la lune, le fou regarde le doigt.

Quelques propositions pour contribuer au débat sur la richesse.

http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/valeur/lune.pdf

Le Président Sarkozy, apprenti économiste

http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/

5) STOP AU RACISME PRESIDENTIEL

6) XENOPHOBIE D’ETAT / XENOPHOBIE DE GOUVERNEMENT

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php&nbsp ;?article399



10 réactions


  • Christian Delarue Christian Delarue 6 août 2009 14:25

    « Césarisme, un populisme contre le peuple », cet article implique au passage, en marge de certains développements, une certaine « gauche » une « gauche de droite » que je nomme centrisme. Donc il risque de ne pas plaire. Mais il n’y a pas d’amalgame.

    En temps de crise, la bourgeoisie via son organisation - le MEDEF - défend le candidat qui est le plus proche de ses intérêts généraux . Elle tente aussi, via N Sarkozy, « d’acheter » la gauche via les propositions de postes ministériels pour des personnalités de gauche, PS essentiellement.

    * Un vieux principe : « Diviser pour régner », quitte à user des catégories englobantes.

    Nicolas Sarkozy, notre César, cache mal son opportunisme pro-bourgeoisie sous le discours du peuple-nation.  Cela constitue-t-il une contradiction logique avec la caractérisation de populiste ? Non car le discours pour le peuple fonctionne à plein, notamment pour constamment le diviser. Le fait qu’il montre ses affinités pour la haute société n’empêche nullement un discours en défense d’une catégorie de peuple. C’est ce qui fait son succès. Il met un bon peuple contre un mauvais ce qui lui permet d’afficher sa défense des puissants de ce monde . C’est ce qui le distingue du centrisme politique (PS - Verts roses) qui lui cache les concessions faites aux grands possédants. César n’est pas pour autant moins hypocrite. Il continue de s’adresser au peuple mais pour le diviser en stigmatisant une fraction de celui-ci : les travailleurs contre les fainéants, les productifs et les improductifs (fonctionnaires), les bons immigrés et les mauvais mais sans proposer de solutions émancipatrices. Il propose au contraire d’approfondir le statu quo au plus grand bénéfice du capital et des grands possédants. Cet homme qui pourrait être perçu comme plutôt détestable pour le peuple-classe fini par être adopté . D’ou une interrogation lancinante exprimée dans : Sarkozysme : Déconstruire le césarisme démocratique

     La démocratie représentative suppose qu’une majorité de citoyens, plus ou moins hétéroclite, soutient le candidat élu ou qui souhaite l’être. Disposer d’un filtre de classement permet de voir qui sont les gagnants et les perdants. Cette catégorisation n’est pas individualiste, celle qui évoque la lutte des places pour la prime de fin de mois. Non pas qu’il faille négliger cette dernière mais plutôt que la lutte des places est un pan de la lutte des classes. La classe dominant souhaite favoriser la lutte des places pour accroitre la division du peuple-classe et pour masquer son propre pouvoir de domination et surtout d’exploitation. Puisque c’est elle surtout qui empoche le fruit du travail réalisé par les producteurs.

    Notre César, élu grace aux grands appareils d’influence idéologique, use des catégories englobantes, Entreprise, Nation, Famille pour favoriser la composante déjà bien positionnée, le capital face au travail, les hommes par rapport aux femmes, la bourgoisie par rapport au peuple-classe, les nationaux par rapport aux migrants. Une catégorie le travail comprise comme capacité lui permet de faire travailler plus ceux qui travaille déjà et de laisser au chômage ceux qui travaille pas ou moins. Il s’éloigne ainsi du principe qui veut que nul ne doit être exclus de participation à la production sociale de l’existence (sauf handicape) ce qui ne signifie pas travail intensif et travail plus de 30 heures par semaine. Car qui travail intensément et 45 heures par semaine prend nécessairement le travail d’un autre qui n’en a pas tout comme celui qui gagne 7, 8 ou 10 fois le SMIC prend l’argent à celui qui n’en a pas. La liberté sans l’égalité et la fraternité s’appelle domination organisée. Les propriétaire du capital en sont les organisateurs et les profiteurs. Ce sont eux qui s’enrichissent à partir du travail des travailleurs producteurs tant du privé que du public.

    * Le peuple-classe comme catégorie sociopolitique est utile pour situer un discours politicien.

    Le peuple-classe diffère du peuple-nation car en-bas des résidents étrangers extra-communautaires y sont introduits alors que la bourgeoisie nationale y est exclus. Plus le candidat politique est à gauche et plus son discours va se caler sur le peuple classe, plus le candidat politique est de droite et plus son discours ou ses présupposés va concerner une fraction du peuple-nation. Les candidats que l’on pourrait ici nommer centristes tentent des positionnements atypiques car grosso modo ils demandent des efforts à tous, à « ceux d’en-haut » et à « ceux d’en-bas ». Reste à savoir qui paie vraiement. Dans le système actuel, le pouvoir de récupération des avantages perdus est nettement du côté de la bourgeoisie et des couches supérieures juste en-dessous (cadres supérieurs)

    En politique, soit on accepte l’état des rapports sociaux soit on cherche à les changer. On les change en vu de réduire les inégalités sociales ou au contraire pour les accroître. Réduire les inégalités politiques ne passe pas que par des réformes sur la fiscalité. Il s’agit aussi de prendre des mesures qui renforcent le service public et qui limitent le marché.En effet, on sait aujourd’hui que les services publics et la sécurité sociale sont des appuis de redistribution des richesses vers le bas et des appuis anti-crise sociale. Il y a aussi les discours plus spécifiques adressés qui concernent les catégories les plus fragilisées : les jeunes, les femmes, les personnes racisées subissant la discrimination raciste.

    * La démocratie représentative suppose qu’une majorité de citoyens,soutient le candidat élu. Il en découle un discours particulier.

    1 - Tous les candidats aux élections, doivent adresser un message à des électeurs situés et non à des citoyens abstraits. Même quand il fait référence à des valeurs universelles il va chercher à montrer qu’une majorité d’électeurs a intérêt à les soutenir. La compétition politique étant rude, il est possible - et cela se fait - de s’adresser un jour à tel catégorie de population et un autre jour s’adresser différemment aux autres catégorie suivant la composition sociale présumée. La différence ne pourra être au mieux que de style mais parfois le candidat joue sur les contradictions possibles du programme politique de son parti quand il en tient compte.

    2 - Les meilleurs candidats ont tous un discours d’intérêt général qui semble s’adresser à tous et toutes En fait il s’adresse bien souvent à une très large fraction de la population, mais pas à tous. Quand un candidat s’adresse à tous il faut chercher à savoir qui est exclus du discours. Souvent il y a ceux et celles qui ne votent pas, qui n’ont pas le droit de vote . Ce qui signifie qu’il s’agit d’un cercle qui est au mieux celui du peuple-nation. Dire, « au mieux » n’est pas exact, car ce cercle est nécessairement plus étroit . Il y a toujours des couches sociales qui en quelques sorte font les frais des politiques préconisées. Ces couches différent selon les politiques préconisées. Par exemple, la question climatique concerne l’ensemble des membres d’une population sur un territoire, ceux qui votent et ceux qui ne votent pas. Mais selon la solution préconisée tous ne souffriront pas pareillement.

    3 - La différence entre la gauche et la droite porte sur les sort réservé, même dans un discours d’intérêt général, à ceux d’en-haut (la bourgeoisie et le management supérieur), aux indépendants (artisans, commerçants et paysants) aux salariés avec des distinctions variables puisque le salariat est très nombreux soit le prisme sera privé-public en recoupant éventuellement avec une idée de stratification sociale puisque le fonctionnaire de base (C, B, A) n’est pas le haut-fonctionnaire qui pantouffle

    Christian DELARUE


  • tvargentine.com lerma 6 août 2009 18:29

    Si vous faites les articles et les commentaires,ont comprend mieux votre vision réductrice et réactionnaire de la société

    Le mur de Berlin est tombé mon ami,mais il vous reste la Chine et la Corée du Nord

    http://www.tvargentine.com


  • Céline Ertalif Céline Ertalif 6 août 2009 18:46

    Il vous reste la Chine, la Corée du Nord, lerma et moi.

    Je suis également favorable au plafonnement des revenus. Que ceux qui veulent faire fortune tout seul aille trouver leurs clients et leurs services publics en Patagonie.


  • tvargentine.com lerma 6 août 2009 21:25

    Chere Céline

    Je suis contre le plafonnement des revenus car il nivelle la société par le bas et aujourd’hui votre philosophie voudrait nous faire croire qu’avec 1500 euros par mois un français est un français moyen

    Non,le partage de la misère entraine la misère pour tous

    Cette misère et l’emergence des salariés pauvres,vous le devez à Me AUBRY et ses 35h
    qui ont empêché des travailleurs de travailler + pour gagner + pendant les années de croissance économique

    La meilleure des libertés est celle de respecter celles des autres


    http://www.tvargentine.com/aaa.html


  • jaja jaja 6 août 2009 21:29

    « Non,le partage de la misère entraine la misère pour tous »...

    Si je vous comprend bien Lerma il vaudrait mieux partager les richesses...


  • Christian Delarue Christian Delarue 6 août 2009 22:10

    Une politique de classe pour ceux d’en-bas.

    Cela ne doit pas être compris comme une version misérabiliste qui s’applique qu’aux SMICards.

    On est prolétaire à moins de 3000 euros ou 3200 euros par mois en France en 2009.

    Cela n’a rien à voir avec le salaire médian ou moyen mais plutôt avec le cout de la vie, le type de fiscalité, et surtout la présence de service public sur le territoire. Des études scientifiques ont validés ce point comme étant plus déterminant que la fiscalité pour la redistribution des richesses.

    3000 ou 3200 euros c’est 2 X le SMIC revendiqués qui est donc de 1500 ou 1600 euros selon les syndicats de travailleurs.

    * Deux mots sur la définition du prolétaire à partir de Marx.

    Le prolétaire n’est pas seulement le travailleur salarié qui vend sa force de travail pour vivre à un capitaliste. C’est aussi, en quittant la sphère de la production pour la sphère de circulation des marchandises produites, celui qui épuise son salaire dans le mois pour la reproduction de la force de travail ; autrement dit le loyer ou les prêts immobilier d’achat de la maison, l’entretient de la famille (nourriture, santé, scolarité, etc..).

    Qlq points de repères supplémentaires.

    Vivre avec une famille avec un seul salaire à 3000 ou même 3200 euros ne permet guère d’épargner bcp, juste un peu pour le livret A . Rien à voir avec les indépendants nettement plus aisés qui gagnent le double 6000 ou 6400 euros soit 4 fois le SMIC revendiqué. Somme qui donne un pouvoir d’achat proprement extraordinaire, avec revenus fonciers, revenus financiers, ect... Et pourtant avec 6000 euros par mois on est encore loin des très grandes fortunes. Encore plus loin des multi-milliardiaires qui ne savent plus ce qu’ils possèdent !

    Si la famille a deux salaires dont un à 3000 euros par mois, la vie permet de sortir de la condition prolétarienne mais sans être cependant un riche. J’appelle cela des « salariés en aisance limite ». Un rien peut encore faire basculer dans la condition prolétarienne. Il suffit qu’il y ait du chômage, ou plus simplement des études à payer et un loyer à un jeune étudiant et les fins de mois deviennent juste. Les frais de route empute aussi le budget de ceux ou celles qui travaillent loins de chez eux.

    Voilà les grandes lignes pour défendre le "bloc des 3000-3200 euros par mois.
    En précisant qu’un plafond est nécesaire : 4 x le SMIC revendiqué. ? soit 6000 ou 6200 euros.

    Ce qui importe aussi c’est l’accès au travail et à l’évolution dans le travail. Ne pas rester trop longtemps au chômage puis ne pas rester trop longtemps avec le SMIC.

    Disposer d’un minimum de revenu pour les sans emploi est nécessaire pour éviter la pente vers la rue. Il est difficile d’en sortir par en-haut.

    Favoriser le retour à une formation qualifiante est également nécesaire pour ceux qui ont quitté l’école trop tôt.

    Christian Delarue


    • Christian Delarue Christian Delarue 7 août 2009 10:34

      Les lieux des conflits de revenus.

      Ils sont essentiels et il n’y en a pas 36 !

      1) Au sommet : "Les très hauts revenus (THR) augmentent plus rapidement que la masse des revenus, tandis que la majorité des revenus (90 % des foyers) voient leur revenu augmenter moins vite que la masse des revenus". Voilà un résultat de l’étude de Camille Landais aisé à retenir et qui mérite d’être retenu tout autant que la publicité soudaine du niveau du salaire moyen et du salaire médian. Ce propos précise le niveaux de décrochage de revenus des THR. Au sein des 5% des foyers les plus riches, les revenus ont augmenté de 19% ; au sein des 0,1 les plus riches de 32% et au sein des 0,01 les plus riches de près de 43%. Sur le tableau d’évolution des revenus ces deux dernières courbes (0,1 et 0,01 les plus riches) sont nettement montantes surtout la dernière. L’auteur ajoute que la France rompt avec 25 ans de grande stabilité de la hiérarchie des salaires. Outre les revenus mobiliers et les revenus fonciers l’étude montre une apparition dans la période récente (depuis 1998) de très hauts salaires, ceux des top-managers, des traders et des banquiers.


      2) Au milieu : Le niveau de franchissement du prolétariat : là ou il devient possible de vivre avec une petite capacité d’épargne. C’est l’essentiel de mon propos ci-dessus et sur ce lien :
      Pour une défense des prolétaires à 3000 euros par mois et moins.

      3) En-bas : vivre décemment.
      Il s’agit d’éviter la spirale de la misère et de se retrouver à la rue. C’est évidemment très important. Mais sans prendre à Pierre pour donner à Paul . D’ou la revendication urgente d’’augmentation des minimas sociaux et du SMIC. Ce dernier doit passer à 1500 ou 1600 euros par mois.

      Christian Delarue

      Cf. Les hauts revenus en France (1998 -2006) : Une explosion des inégalités  ? Camille Landais. Cet économiste reprend et actualise les séries d’étude de Piketty pour la période récente.


    • Christian Delarue Christian Delarue 7 août 2009 11:52

      Lutte de classement sur « le peuple »

      Comme il y a eu une lutte de classement entre différents auteurs et avec des variantes selon les époques tout le long du XIX et surtout du XX ème siècle autour de la notion de classe ouvrière, de prolétaires, il y a une lutte de classement autour de la notion de peuple.

      Certains la refuse d’emblée car il n’y aurait que le citoyen et la nation, cette dernière étant la structure d’accueil du citoyen. D’autres posent le citoyen mais dans le cadre de la République. C’est la dégénérescence du fait démocratique ces dernières années sous les formes de la gouvernance ou de la crise de la représentation qui a réactualisé la recherche sur le peuple en lien avec la citoyen. Le citoyen est situé. Il n’est pas une figure hors sol . C’est dans ce contexte que des recherches, consultables sur AELP (1) , ont été entreprises sur le peuple-nation et le peuple-citoyen.

      Il semblerait qu’un cadre de classement existait déjà, ailleurs, mais sans développement. Ainsi, dans la revue « Krisis » de février 2008, la politologue britannique Margaret Canovan a distingué plusieurs formes d’expression du peuple à travers le populisme : united people (« le peuple souverain  »), common people (« le peuple classe »), ordinary people (« le peuple de base »), ethnic people (« le peuple nation »). L’interprétation du contenu de ces quatre notions tout comme son usage peut être différente de celle proposée par Christian Delarue qui lui met l’accent sur la différence entre peuple-classe et peuple-nation . Ce qui montre au passage la pertinence des distinctions puisqu’elles peuvent être reprises dans des perspectives différentes. Ce à quoi on peut répondre qu’à trop découper on relativise la division capitale entre peuple-nation et peuple-classe.

      Christian Delarue

      1) Le peuple-classe, une catégorie sociopolitique intermédiaire.

      http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article463


  • herope kayen 7 août 2009 17:40

    Belle rhéthorique sur le populisme, avec une petite nouveauté le « césarisme ».
    Dans notre réalité quotidienne nous sommes plus proches d’une gouvernance autocrate, dure à tendance dictatoriale, avec une petite pincée d’oligarchie (voir la trajectoire fulgurante de Jean qui sera sur les rails pour 2017...)
    On pourrais donner une liste non exhaustive que l’on n’est pas dans le populisme.
    On est dans la division le clanisme, une droite extrême religieuse, un prétexte « l’étranger » avec ces rafles y compris des bébés des enfants, ces camps (CRA) etc.....

    www.fa-heropelyon.fr.gd


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