vendredi 1er avril 2011 - par morice

Coke en stock, (XXXI) : Cocaïne Airways et la mort révélatrice d’un colonel US

C’est historique en effet, et plusieurs témoignages sortis depuis les événements l’ont confirmé : la cocaïne et son trafic font partie des bagages obligatoires de la CIA depuis toujours, car cela lui amène un « fond de roulement » de fonctionnement qui ne nécessite pas de demande express au Congrès ou au Sénat pour des opérations spéciales, voire très spéciales comme les assassinats d’opposants, interdits depuis la commission Church mais qui restent toujours à l’agenda de l’agence. Pas de contrôle, donc, et au bout un véritable état dans l’état : le système, qui se paye sur la revente de la drogue ; marche en circuit fermé, et c’est bien cela le plus dangereux. Le pouvoir central, depuis belle lurette, n’en n’a plus les rênes. Au milieu de ce trafic, un homme va mourir en 1991, le colonel Sabow, pilote au Viet-Nam de 221 missions de combat sur Intruder, surnommée la « flèche inflexible ». Devenu pilote de Harrier, et découvert un jour « suicidé » d’une étrange façon : retrouvé avec un hématome à l’arrière de la tête reçu avant de s’être tiré une balle dans la bouche. Le meurtre de trop, par qui le scandale éclate, révélant l’implication toujours actuelle de la CIA dans le trafic de drogue sur le territoire des USA. Une drogue en provenance des cartels colombiens.

La question que des historiens se pose est classique : d’où a bien pu venir la pratique de vols réguliers apportant de la drogue, aux Etats-Unis, des traficants comme Pablo Escobar ou de la CIA ? Des deux, mon capitaine. La CIA, à partir de 1976 se voit en effet davantage contrôlée par le Congrès. Comme elle a pris de fort vilaines habitudes, à savoir de contrôler le trafic de drogue pour s’en nourrir discrètement, l’habitude va reprendre, mais de manière encore plus insidieuse. Parmi les gens impliqués, des membres des opérations secrètes de l’armée, ou « black-ops » qui confirment des années après la circulation de drogue au sein de leurs services. Des journalistes ont contacté depuis des vétérans de ces opérations qui ont fini par parler. Un jour l’un d’entre eux va le raconter avec force détails. Dans un scène digne des X-Files. Un rendez-vous, donné au milieu du désert à un journaliste, après des mois d’approche et des contacts par fax. Visiblement, l’affaire est encore, presque vingt ans après difficile à raconter. Le contact du journaliste s’est avéré extrêmement méfiant.

Le rendez-vous qui a été pris se situe au milieu d’un désert, avec des protections inimaginables prises par l’interviewé, comme celle d’un talkie-walkie en liaison avec une autre personne distante et invisible, au cas où… « Satisfait, l’homme nous avoua qu’il travaillait pour les services secrets de l’armée. Il faisait partie d’une équipe secrète travaillant en arrière des opérations spéciales, incluant, disait-il, des vols déguisés de drogue pour l’Oncle Sam ». L’homme s’appelait Wheaton, et son approche avait pris des mois tant il était méfiant. Le rendez-vous avec les deux journalistes est une vraie scène façon X-Files ! « De sa main libre, l’homme retira un dossier de sa poche et me la tendit. Dedans, il y avait une feuille avec un logo de l’U.S. Department of Defense. Je me suis aperçu que c’était une version non censurée du fax qui m’avait été envoyé la semaine précédente : les instructions du Pentagone pour les bases d’El Toro Marine Corps Air Station et de March Air Force Base (et celle de  Homestead Air Force Base en Floride), celles de ne pas noter les atterrissages des avions civils sur les deux bases. Et cette fois, le nom des sociétés n’étaient pas noircis : Southern Air Transport et Evergreen International Airlines. L’homme au talkie walkie noir ne me demanda rien, seulement de prendre le dossier. Mais ce document n’était pas estampillé « déclassifié ». Il pourrait être volé, avertit Wheaton, et si je l’acceptais, je pourrais aller en prison pour avoir violé les lois nationales sur la sécurité ».

L’auteur n’était pas venu pour rien : il repartait avec la certitude de détenir l’implication de deux sociétés aériennes civiles, émanations directes de la CIA, impliquées dans le trafic de drogue dans la plus pure tradition du film Air America. Lui-même avait déjà orienté son enquête sur les deux sociétés, mais là il en avait confirmation. Southern Air Transport, et Evergreen International Airlines, les deux sociétés paravents de la CIA, utilisatrices de la version civile du C-130 ; le L-382, improprement appelé L-100.

Southern Air Transport (SAT), créée en 1949 par l’ancien « Marines F.C. « Doc » Moor et Stanley G. Williams, une société basée à Miami, et la continuation directe de la Pacific Corporation, la compagnie « civile » de la CIA, créée en 1947 pour le trafic d’armes discret, à bord des fameux Curtiss C-46. Air America s’occupait de l’Est, Southern Air Transport de l’Amérique du Sud. C’est en revanche un C-123K (le N4410F) du SAT (USAF 54-679), qui, le 3 octobre 1986 sera descendu au Nicaragua avec à bord des missiles Igla russes (apparu en 1981), et son pilote capturé, Eugene Hasenfus : l’histoire qui révèlera au monde le coup tordu de l’Iran-Contra. Les C-130 de SAT seront parfois loués par Air Foyle, société britannique où apparaît… Viktor Bout. Aujourd’hui, la firme vole en 747. Ce n’est pas avant 1975 que sera révélé la liaison entre SAT et la CIA, dans le livre de Victor Marchett et John Marks « The CIA and the Cult of Intelligence », qui demeure toujours la référence sur le sujet. C’est avec lui qu’on aura la (longue !) liste des sociétés derrière lesquelles se cache la CIA ou dans lesquelles la CIA est impliquée. Le livre évoque surtout un véritable racket effectué par les firmes de transport privées sur l’Armée, pendant notamment la guerre du Viet-Nam. Des individus peu scrupuleux vont tout faire pour démanteler le MATS (Military Air Transport Service) et le remplacer par leurs propres sociétés de transport aérien. Des sociétés introduites grâce à leur support offert aux opérations douteuses.

Les liens entre SAT et les opérations « tordues » furent nombreux en effet. Alex E. Carson, l’avocat de SAT était aussi celui de Double-Check Corporation et de Caramar (la Caribbean Marine Aero Corporation), les deux sociétés qui recrutèrent des pilotes de l’Alabama Air National Guard pour attaquer la Baie des Cochons… C’était le début d’une fructueuse coopération, renforcée par les lois Church de 1976 qui empêchaient les « opérations spéciales » sans l’accord du Congrès. A ce rythme-là, en à peine une dizaine d’années, le MATS, le service de transport de l’armée US verra ses contrats discrètement transférés à six compagnies privées, dont en priorité Southern Air Transport et Evergreen. A croire que tous le transport US auparavant avait des choses à se cacher !

En fait, les contrats du MATS étaient gérés par le dénommé Coates Lear, qui était aussi à la tête de la National Air Carriers Association (NACA, pas de rapport avec la pré-Nasa). Or ce dernier sera retrouvé mort « suicidé », lui aussi, un peu avant que les six firmes privées ne se partagent tout le gâteau. Comme par hasard, le « contact privilégié » de Coates était Eugene Zuckert, à la tête du Secretariat de l’Air Force, lui aussi président de la NACA. Selon des observateurs du moment, les six firmes étaient devenues les « maîtresses du MATS ». La troisième firme visée sera Los Angeles Air Services (LAAS), qui deviendra Trans-International, dirigée par Ted Burwell, un autre ancien de la CIA : plusieurs vinrent donc dévorer le gâteau qui semblait si apétissant. Ed Driscol, celui qui avait signé les contrats du MATS devint Executive Director du Civil Aeronautics Board, mais aussi dirigeant de « World Airways », la quatrième firme douteuse ayant héritée des juteux contrats : lorsque les américains évacueront Saïgon, ce sera grâce aux avions de World Airways et non à ceux de l’armée ! En 1978, son patron, E. J. Daly, tentera de soudoyer Greenpeace pour aller surveiller l’Alaska et les chalutiers russes trop entreprenants, au prétexte de pêche à la baleine ! Lors des opérations Desert Shield et Desert Storm, ses avions effectueront plus de 300 vols pour l’armée US. Dans les années 90, le président de World Airways, Charles Pollard, sera aussi celui qui créera les vols de “Yeshiva” vers Tel-Aviv, qui se révèleront forts lucratifs. En 1963, toutes les compagnies liées à la CIA (Air America, Air Asia, Civil Air Transport, Intermountain Aviation, et Southern Air Transport) furent regroupées sous une entité appellée EXCOMAIR, pour Executive Committee for Air Proprietary Operations. Le 8 janvier 1966, la fin du MATS était définitivement annoncée… la privatisation de l’armée US avait commencé par ses transports !

Au sein de l’organisation, un personnage va prendre une place étonnante : Adolph « Al » Schwimmer, un juif américain ayant été à la création de la force aérienne israélienne, et devenu responsable d’ Israel Aircraft Industries. C’est lui qui va proposer l’idée, lors de l’affaire de l’Iran Contra, de se servir d’Israël comme état intermédiaire pour vendre des armes américaines (des Missiles Hawk et Tow) aux iraniens, en dehors de l’embargo visant le pays. Selon la légende, c’est aussi grâce à lui que naquit El-Al, en septembre 1948, la société de transport aérien civile d’Israël, avec des avions US de l’United States Overseas Airline, ou USOA, repeints à la hâte aux nouvelles couleurs du pays pour passer inaperçus, le général Curtis le May craignant qu’un avion de l’USOA abattu ne révèle l’aide directe américaine à Israël. L’USOA étant déjà l’ancêtre des vols « discrets » au point de faire appeler sur les aéroports ses vols des « Non-Scheduled Airlines« , ou plus prosaïquement « non-skeds. » Pour les opérations « discrètes », il n’y a pas d’horaires de prévu en effet. Et ce sont plutôt des horaires de nuit ! C’est Schwimmer aussi qui ira chercher la firme Santa Cruz pour sortir les missiles discrètement des Etats-Unis : une firme écran de la CIA liée (déjà) à Viktor Bout, Schwimmer étant aussi un des plus grands vendeurs d’armes du moment.

C’est dans ce décor historique et celui de la base d’El Toro, près d’Irvine, en Californie que tout va se jouer. Le 22 janvier 1991, un colonel va y laisser la vie, dans les opérations douteuses de la base : c’est le colonel Sabow. Que se passait-il exactement sur la base d’El-Toro pour qu’un gradé de cette trempe soit retrouvé mort dans des circonstances plus que floues (son crâne radiographié montrera une large blessure à sa base, à l’arrière, subie avant le coup de feu mortel) ? Tout simplement un trafic de drogue, doublé d’un trafic d’armes, que racontera dans le détail Robert « Tosh » Plumlee, ancien pilote de la CIA, un Plumlee ayant aussi déclaré avoir embarqué comme passager John Roselli (de son vrai nom Filippo Sacco, membre de l’Outfit de Chicago) de Tampa à Dallas au matin du sinistre 22 novembre 1963 dans une mission pour contrecarrer l’assassinat programmé de Kennedy. Bref, du lourd, comme info. Le colonel Sabow, qui venait de découvrir le trafic, en avait fait part à sa hiérarchie sans recevoir de réponse. Son intégrité lui vaudra la mort. En somme, il était le grain de sable dans l’engrenage mis en place avec toute cette organisation des avions de la Sécurité Civile locale (le Service des Forêts) transformés en transporteurs de drogue. C’est très certainement pour ça que l’homme, dont la réputation lui avait valu son surnom, sera retrouvé mort, chez lui… ce que ses proches n’accepteront jamais.

Le trafic sur la base était intense, en réalité, conte le biographe de Plumlee, « tous des débarquements de Plumlee s’effectuaient tard dans la nuit avec des avions massifs banalisés, des C-130 transporteurs de fret peints de noir et de vert. Et si Plumlee, a atterri en militaire sur ces installations, les hommes qui ont déchargé ses avions étaient vêtus en vêtements civil, d’articles de sport et avaient les cheveux longs. Plumlee avait, affirmé « qu’ils auraient pu facilement passer pour des revendeurs de drogue. » Les C-130 banalisés étaient déchargés de leur cargaison de drogue dans le Marine Wing Support, section Groupe 3, dans une zone située au sud-ouest de la base aux petites heures du matin. C’est la plus partie industrialisés de la base, et la principale source de trichloroéthylène (TCE) dont le panache se propageait dans jusqu’au comté d’Orange, et qui a conduit la décision de fermer la base en 1999 et de déplacer ensuite la 3e Escadre des avions des Marines de Miramar ». Quand des années après certains, dont Wheaton, vont tenter de remonter la filière, ils constateront la disparition de nombreux fichiers, mais aussi de témoins. « Les Marines étaient censés garder les des dossiers des ravitaillement en de tous les vols non-militaires en transit à travers la base de El Toro », a déclaré Wheaton. « Ce sont des dossiers du gouvernement qui auraient montré que les appareils du service forestier ont traversé la base en même temps que Jim commencé à se plaindre à ses supérieurs sur la circulation de la drogue. La base est fermée maintenant, mais les dossiers auraient dû être conservés. Ce sont des documents du gouvernement . »

Si Sabow avait tiqué, un autre pas. Le commandant de la base, le colonel Joseph Underwood, forcément au courant ce qui s’y tramait. « Je connais bien la région. Comme jeune marin, j’ai travaillé dans un hangar de maintenance de ces énormes C-130 utilisés pour le service maritime. Même après plus de 40 ans, je me souviens encore du son distinctif des turbopropulseurs des C-130 qui me gardaient éveillé aux petites heures du matin lors des heures du service dans le hangar. David Hoffman a indiqué que le Sgt. Robinson, un ex- MP Marine d’El Toro, et le capitaine Harries, le Provost Marshall de la base, on témoigné que le colonel Joseph Underwood, le chef d’état-major, MCM d’El Toro, au sujet de l’atterrissage des C-130 à la base tard, dans la nuit, leur avait recommandé : « Gardez votre cul sur la piste d’atterrissage de nuit. Laissez-donc les avions seuls. Mais ne laissez personne s’approcher d’eux. Ne vous inquiétez pas pour eux. «  Bref, le plus haut gradé de la base savait pertinemment ce qu’il en était, de ce trafic. Les avions étaient bien représentatifs en effet : ils venaient de la Mena. C’étaient nos fameux C-130 « gris » ! Comme cette enquête spéciale en profondeur le montrera, un réseau non déclaré de la CIA a été impliqué dans le trafic illicite de drogues de la région de la MENA, en Arkansas, vers des dizaines d’autres petits aéroports à travers le pays, ainsi que la vente illégale de C-130 aéronefs du Service des Forêts (voir ici l’épisode du neveu de Weldon), et le décès prématuré de journalistes d’investigation et de pilotes. Ces agents ont également été impliqués dans l’une des plus importantes opérations de trafic de drogue à se produire dans le pays, et d’armes illégales vers l’extérieur du pays ». Les fameux C-130 du Service des Forêts US, un des plus gros scandales de ces dernières années aux USA. Entre 10 et 12 C-130 achetés par le Service des Forêts comme bombardier d’eau n’ont jamais servi à cela, et le commanditaire ne les a jamais vus. Le scandale sera d’autant plus grand qu’en 1994 l’incendie du South Canyon dans le Colorado, tuera 14 pompiers, faute d’avion disponible…

Mais il n’y avait pas que de la drogue en jeu à El Toro. Le témoignage affligeant s’était en effet poursuivi avec d’autres révélations de taille : « M. Wheaton a aussi allégué que l’opération secrète consistait effectivement à fournir légitimement des armes, munitions et autres matériels pour le gouvernement du Pérou dans sa lutte contre les forces de guérilla connues sous le nom « Sentier lumineux ». M. Wheaton alléguait par ailleurs qu’un certain nombre de personnes impliquées dans cette opération secrète ont en même temps mené une opération secrète illégale, avec de la contrebande d’armes supplémentaires, des munitions et du matériel pour le Pérou. Les individus auraient vendu des armes, de munitions et du matériel et en échange de l’argent et de stupéfiants, aussi bien pour le Sentier lumineux que pour le Gouvernement du Pérou. L’argent et les stupéfiants ont été ensuite été réintroduits en contrebande aux États-Unis, parachutés à des endroits éloignés sur des installations militaires dans la partie occidentale des Etats-Unis … M. Wheaton alléguait par ailleurs que cette opération a continué jusqu’à environ l’heure de la mort du Colonel Sabow. »

Les livraisons au Pérou et au Sentier lumineux ressembleront comme deux gouttes d’eau aux livraisons de Viktor Bout en Irak. Et reprendront le procédé connu de la firme « discrète » inaugurée par Oliver North pour l’Iran. A l’époque, il y avait eu Santa Cruz Airways, à laquelle participait Bout, mais aussi une autre compagnie que « préférait » North. A quoi voit-on qu’une affaire de ce type est très importante ? Au nombre de morts qui jonchent son dossier : c’est du calibre de la mort de Kennedy, où environ deux cent personnes sont disparues dans des conditions douteuses après le décès présidentiel. La mort du colonel Sabow sera suivie d’une véritable hécatombe de tous ceux qui ont eu affaire avec, de près ou de loin. Il y a trop de disparitions brutales pour que cette affaire ne deviennent pas dans les années à venir un des piliers de l’analyse du fonctionnement délictueux des autorités militaires américaines : la mort suspecte du colonel Sabow est l’arbre qui cache la forêt. On a tout d’abord éloigné des témoins gênants :« le Provost Marshall Goodrow et le député Forquer, ont été les premiers arrivés sur la scène lors de la mort de Sabow. Les deux ont reçu de nouvelles affectations à l’été 1991. L’un a été envoyé à Okinawa et les autres à 29 Palms. Des affectations « de courte durée. » Puis on y est allé plus radicalement, en commençant à supprimer des témoins gênants. « Jack Chisom, le co-propriétaire de T & G de l’aviation, qui a fourni des C-130 et un DC-7 pour des opérations dans le golfe Persique, a été retrouvé mort dans le désert de l’Arizona à la suite d’un accident avec délit de fuite ». Un « accident » bien improbable et jamais élucdé bien entendu. « Kevin », un marin qui prenait sa retraite à l’été 1994, était dans la maison de quelques amis quand Connie Chung ( présentatrice d’une émission d’information de l’époque) est apparue à la télévision. Le programme comportait un volet sur la mort du colonel Sabow et incluait une référence à de grandes quantités de drogues livrées aux bases militaires, et une interview avec un pilote qui a participé à ces vols. Le groupe de gens qui regardent le programme ont été étonnés. « Kevin », a assuré que tout ce qu’ils voyaient était vrai. Lui-même avait reçu l’ordre de charger de grandes quantités de drogues à bord des avions, dans l’idée que les drogues pourraient être utilisées pour les « opérations spéciales ». Il n’était pas censé en discuter avec quiconque. Plus tard, David Sabow l’avait appris et avait essayé de parvenir jusque « Kevin » pour une rencontre. Cinq jours plus tard, une source secrète lui avait dit : « Kevin à un lieu de travail et un numéro de téléphone confidentiel », mais « Kevin » était déjà mort. Il a été retrouvé pendu aux poutres de la grange de ses parents ».

Ils ne seront pas les seuls supprimés : « Tom Wade était un spécialiste en informatique qui a accédé à des dossiers confidentiels pour l’inspecteur général au cours de son enquête bidon en Janvier 1991. Il a constaté que les fichiers MWR y avaient été purgés, y compris les contrats avec les compagnies aériennes propriétaires, qui étaient soupçonnés d’être impliqués dans les acquisitions illégales de C-130 et le trafic de drogues illicites. La mort brutale de Wade reste un mystère. Il a été abattu dans la tête aux premières heures du jour de Noël 1994, alors qu’il revenait de la messe de minuit. Un collègue de Wade à El Toro, l’installeur d’ordinateurs Felix Segovia, explique : « il avait une petite fille. Il rentrait chez lui la veille de Noël de services. Il était sur le chemin de la maison pour ramasser des cadeaux à ramener à l’église … pour les donner aux enfants, et il fut accosté par un couple d’individus dans lle parking de son immeuble et on lui a tiré dans le dos de la tête, dans le plus pur style d’une exécution. Rien n’a été pris dans sa voiture. Sa fille a été laissée dans la voiture en train de pleurer. Et personne n’a rien vu. Et celui qui à 6 heures du matin, a entendu sa fille crier, n’a jamais entendu par la police. Le colonel Jerry Agenbroad a été retrouvé pendu à El Toro, le 24 février 1994, cinq jours après un reportage de 60 minutes sur les acquisitions et l’utilisation illégales de C-130. Il était en charge du MWR et avait été le chef à un moment du Musée de l’Air à El Toro ». Et ce n’était pas fini ! « Le Sergent Félix Segovia est aujourd’hui en attente de la cour martiale. Il était un ami proche de Tom Wade, et avait déposé pour un « vol important de matériel informatique » dans un rapport, après avoir constaté que des centaines de milliers de dollars d’ordinateurs, de matériel et les logiciels étaient absents de la base d’ El Toro ». Des ordinateurs contenant sans nul doute des données compromettantes.

Un homme tentera bien de dénoncer tout cet immonde trafic de drogue et d’armes : le sénateur Dennis DeConcini, un démocrate d’Arizona, qui siégera au Comité du Sénat sur le Renseignement de 1987 jusqu’à sa retraite en 1995. DeConcini finira par avouer qu’il craignait pour la vie de sa famille, en s’étant à plusieurs reprises opposé au directeur de la CIA, James Woolsey.  Deconcini a néanmoins consigné par écrit ce qu’il avait constaté : « Les principales routes de la drogue d’Amérique centrale, à l’origine du Panama vers les Etats-Unis, ont vu les contrats des vols de la CIA effectués par des entreprises de particuliers, comme Southern Air Transport et Evergreen Aviation. Pour les contras du Nicaragua, ces firmes affrétaient des avions pleins à raz bord d’armes et de munitions des Etats-Unis, parachutaient tout ça sur des bases de contras en Amérique centrale, atterrissaient au Panama pour charger des stupéfiants fournis par le cartel de Medellin, revenaient par des itinéraires aériens approuvés au préalable au-dessus de la frontière USA-mexique, et parachutaient la drogue sur des exploitations bovines précises, au Texas, au Nouveau-Mexique et en Arizona. Les vols d’Evergreen Aviation, selon nos sources du FBI, étaient basés à l’extérieur des installations de l’entreprise, au Pinal Air Park de Marana, en Arizona. Les vols de Southern Air Transport étaient basés à Mena, en Arkansas, et sur d’autres aérodromes de Floride, d’Alabama et de Louisiane. Une fois que la drogue du cartel de Medellin avait été larguée sur les ranchs, elle était chargée dans des remorques et transportée aux points de distribution à travers les Etats-Unis. Nos sources du FBI ont affirmé que la contrebande et la distribution étaient aidées et encouragées par certains des plus riches éleveurs de bétail et cadres du secteur du camionnage, tous grands donateurs politiques du Parti républicain et de la famille Bush ». On écartera habilement DeConcini en le mêlant à un scandale dit des Keating Five : un coup monté par Wosley, qui le détestait au plus haut point. Le conflit entre les deux aura une répercussion malheureuse : en 1994, DeConcini bloquera une demande de budget de Wosley de 30 millions de dollars pour engager des traducteurs arabes, qui auraient été bien utiles avant 2001 !

Drogue, armes etc : en 1993, à Marana également s’entrainaient de drôles de sbires pourtant …. des « pompiers sauteurs », ce que nous verrons demain si vous le voulez bien.

Les conditions du meurtre de Sabow :

http://911truth.wetpaint.com/page/T…

l’histoire résumée : http://www.salem-news.com/articles/…

l’histoire complète : http://colonelsabow.com/home.html



23 réactions


    • morice morice 1er avril 2011 17:59

      A part ça, c’est pas d’actualité....


      ça me rappelle 2008...

      une belle histoire :
      Huit heures de désossage 
      La drogue en provenance de Bolivie est d’abord conditionnée dans des lingots de zinc. Lesquelles lingots sont cachés dans les longerons (les barres du châssis de la voiture). Ensuite, la voiture monte dans un container au Chili pour traverser l’Atlantique via les antilles. 
      Au courant de la livraison imminente de la Chevrolet, les enquêteurs mettent au point un dispositif pour cueillir le faux collectionneur à la réception du container. 
      En Europe, consigne est donnée aux douaniers espagnols de fermer les yeux sur ce container qui transite par le port de Valence avant d’arriver à destination à Fos-sur-Mer dans la nuit de vendredi à samedi. Là, dans le port des Bouches-du-Rhône, les policiers interpellent le franco-espagnol et se mettent à désosser la Chevrolet. Ignorant où est cachée la drogue, les policiers lyonnais mettront huit heures pour désosser la voiture et finalement trouver 28 kilos d’une cocaïne d’une grande pureté. Une fois coupée, une telle quantité de coke à 90% pure peut rapporter jusqu’à deux millions d’euros (estimation de la PJ avant les analyses de la police scientifique). Quant au franco-colombien, il a été mis en examen pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs. Une femme arrêtée en même temps que lui a également été écrouée.


      provenance : la Bolivie, dont on va bientôt parler également..

    • yvesduc 1er avril 2011 19:33

      morice : parkway n’a pas tort ; je vous ai connu plus réactif sur l’actualité... On ne vous a guère entendu sur le Japon ! Préparez-vous quelque chose ?


  • morice morice 1er avril 2011 11:48

    « Parlez nous de l’héroïne, ça c’est d’actualité. »


    il semble que vous ne vous êtes aperçu que cet épisode n’est que le rappel historrique d’une série débutée par un crash d’avion au Mali, et dont on est seulement en train aujourd’hui de démêler l’écheveau.

    pour l’héro, veuillez vous en remettre à la série sur Karzaï....

    et surtout ça

  • LE CHAT LE CHAT 1er avril 2011 15:57

    CIA veut dire cocaine international airlines , c’est pourtant clair aujourd’hui  !


  • Gérard Luçon Gerard Lucon 1er avril 2011 18:39

    fais chier Morice .... l’actualité c’est la Lybie, les ivoiriens et le tsunami avec le nabot aux commandes de la planète

    alors laisses béton et reviens en deuxième semaine, quand Agoravox sera redevenu un organe de réflexion au lieu de tenter de concurrencer paris match !... 


  • morice morice 1er avril 2011 21:07

    fais chier Morice .... l’actualité c’est la Lybie, les ivoiriens et le tsunami avec le nabot aux commandes de la planète



    faudrait vous rendre compte de ça..

    au lieu d’insulter...

    alors revenez dans quinze jours, vous verrez qu’on sera aussi repassé par l’actualité..

    et profitez-en, tiens, pour lire ça ....


    ça vous formera l’esprit. Et ça évitera d’injurier.

  • pastori 1er avril 2011 21:25

    quelle allure, ces super -constellations !


    c’en est ou me trompai-je ?

    pas eu le temps de lire l’article. plus tard sans doute.

  • Pyrathome Pire alien 1er avril 2011 22:26

    Passionnant, passionnant...

    CIA, Colombie, coke et charniers....et silence radio médiatique  ! 


    • Pyrathome Pire alien 1er avril 2011 22:34

      Oups...Faites pas attention à celui qui écrit ça et ses penchants, encore un excité qui se trompe de camp....mais son billet rassemble des infos pertinentes....


    • morice morice 1er avril 2011 23:33

      DEHORS LE TROLL WALDGANGER, DEHORS : ce n’est pas parce que vous avez été viré de chez vos anciens amis de la meute qu’il faille rameuter ici, justement. DEHORS, ras le bol de votre trollisme dans ce site !


      IL vous ont fait écrire une saloperie pour mieux vous jeter après : vous avez été MANIPULE, et en beauté, alors allez vous répandre chez ceux qui vous ont TROMPE, mais pas ICI !

    • morice morice 1er avril 2011 23:48

      vous auriez pu éviter la référence...


    • Pyrathome Pire alien 1er avril 2011 23:53

      vous auriez pu éviter la référence....

      effectivement, mais son billet est pertinent.....une brebis égarée encore....


    • Pyrathome Pire alien 2 avril 2011 00:00

      la purge que l’URSS des années 30....

      T’as jamais qu’un siècle de retard....on parle justement des purges US, ça serait même pertinent d’en dénombrer les victimes depuis 60 ans ( création de la cé ail é ) !


    • Pyrathome Pire alien 2 avril 2011 00:55

      parce qu’il n’y a aucun moyen de le justifier, aucune idéologie.....

      Si, le nazisme néolibéral.....tel le phénix qui renait des ses cendres...
      L’hydre à têtes multiples, les banques, les multinationales , les états corrompus sont en train de faire pire que l’immonde staline fît dans ces sombres périodes..


    • morice morice 2 avril 2011 01:27

      Faites-vous soigner, et cessez de vous faire bêtement manipuler. Et retournez donc voir ceux qui vous ont fait signer vos papiers d’infâmie sur votre blog de malade. Vous trollez ici pour meubler votre vide, pas pour apporter des idées : dehors, y’en a marre de vos aller-retours chez la meute des dingues.


    • morice morice 2 avril 2011 01:37

      « Les purges staliniennes devaient se savoir, elles avaient une forme à la fois d’arbitraire, de secret partiel, mais aussi de publicité, par exemple les procès de Moscou, avec mises en scènes théatrales de complots imaginaires et des aveux, dans des rituels qui rappelaient d’ailleurs la confession en usage chez les chrétiens pratiquants. Une purge stalinienne devait être justifiée légalement, devant l’histoire, l’idéologie du progrès, au nom d’une idée du bien. » 


      Vous êtes vraiment MALADE : les purges staliniennes montrées l’ont été bien après qu’elle aient commencé parce que Staline le voulait bien : pendant qu’il montrait 4 pékins à qui il promettait la prison, il en tuait mille. Vous ne comprenez rien à l’histoire, et l’avez même écrit dans un article grotesque sur l’URSS... dont vous ne maîtrisez pas le centième de l’historique. Cessez de vous prendre pour un historien : vous n’êtes qu’un noctambule de l’histoire, enfermé dans votre cocon qui en définitive vous permet de résister aux agressions extérieures. Ceux qui sont venus vous lècher les bottes pour vous larguer après vous ont fait un tort terrible. En vous donnant une importance que vous n’avez pas et que vous n’aurez jamais. Vous y avez crû, et c’est VOTRE tort : ils se sont bien servis de vous pour vous jeter après comme un kleenex ! Vous vous êtes fait baiser, inutile de revenir ici nous demander de la pommade. On n’est pas votre psychiatre : faites vous soigner mais pas ici. Et cessez de venir troller ces fils : vous n’écrivez que pour vous même et vous soigner en définitive : ça n’apporte rien aux lecteurs.

  • Pyrathome Pire alien 1er avril 2011 22:55

    Mais quand même une bonne nouvelle ......dans ce fatras du temps présent !
    Faut croire que c’est encore pire que ça pour que ce soient les guignols qui refusent cette horreur...


  • morice morice 1er avril 2011 23:51

    Le chaste de Guise ? l’ interdire ? mais où va-t-on ?


  • morice morice 2 avril 2011 01:39

    déjà viré ..


    il va battre le record toutes catégories du nombre de pseudos en forum.. 

Réagir