mardi 6 juin 2017 - par Daniel Salvatore Schiffer

Concert-hommage aux victimes de l’attentat de Manchester : All You Need Is Love

Quoi de plus noble, grand et beau, que de répondre à la haine par l’amour ? Au mal par le bien ? Et au crime par le pardon ? Ce fut déjà là, bien sûr, le principal enseignement, alors empreint d’un humanisme qui ne disait pas encore son nom, du fondateur du christianisme : un certain Jésus, qui venait abolir ainsi l’obsolète, vindicative et cruelle loi du talion (« œil pour œil, dent pour dent »). Comme quoi les religions, lorsqu’elles ne se voient pas perverties par le fanatisme, sinon un dogmatisme de mauvais aloi, peuvent aussi se teinter de cette charité qui fait que l’horreur de la guerre, avec la souffrance qu’elle engendre, peut être dépassée, surmontée par les voies de la paix !

HUMANISME ET RESILIENCE

A ce dépassement de la douleur et donc de soi, à cette victoire de la vie sur l’adversité, sinon la mort elle-même, les psychologues d’aujourd’hui ont donné un nom : la résilience, par où la négativité des faits se mue, pour qui en a la force morale, en positivité de l’esprit. Transcendance de la conscience : c’est elle, cette précieuse faculté de la raison tout autant que du coeur, qui caractérisa un être aussi estimable que Gandhi, incomparable apôtre de la non-violence, à l’instar, quelques siècles plus tôt, d’un Thomas More, ou, quelques années plus tard, d’un Martin Luther King !

Ce sont, précisément, de tels exemples, modèles pour des générations entières, qui, par leur inaltérable souffle, semblaient inspirer, en ce dimanche soir du 4 juin, le concert, emblématiquement intitulé « One Love Manchester », en hommage aux victimes de l’infâme attentat terroriste du 22 mai dernier. Certes, certains esprits chagrins pourront-ils toujours en regretter l’aspect parfois trop commercial : devenir une star planétaire, à l’image d’Ariana Grande, au moment même où meurent, sous l’abominable effet d’une bombe kamikaze, vingt-trois jeunes innocents, sans compter la centaine de blessés, peut avoir – je le concède aisément – quelques chose de choquant pour une âme éprise de réel, humble mais profond, humanisme, lequel - je l’admets tout aussi volontiers – n’a évidemment pas besoin de cette ampleur médiatique, de cette vaste « société du spectacle » selon la célèbre expression de Guy Debord, pour s’exprimer. Mais enfin : ce concert-hommage, sous le ciel étoilé et quelque peu « turnerien » de Manchester, avait néanmoins – force est de la constater tout aussi sincèrement – de beaux airs, avec cette jeunesse aussi réjouie qu’émue, de charité simplement, tendrement et subtilement, humaine.

TOLERANCE ET COMPASSION

Ainsi, en ces jours de malheur, de larmes et de deuil, de cris parfois désespérés et de mémoires à jamais meurtries, était-ce jusqu’à cet hymne extrait du mythique « Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band » des non moins légendaires Beatles, album dont on commémore justement ces jours-ci le cinquantième anniversaire, qui semblait résonner, par-delà le message oral qu’y délivra Paul McCartney en personne, sur la ville entière comme sur le reste du monde : « All You Need Is Love ».

UN ACTE DE RESISTANCE FACE A LA BARBARIE

Ce fut là, au lendemain même de l’attentat du London Bridge, survenu le 3 juin dernier, le plus bel acte de résistance face à cette innommable barbarie que représente pareille conception, aussi extrémiste qu’erronée dans son fondamentalisme aveugle, de l’islam. Davantage ! C’était aussi là, ce concert-hommage, une admirable et généreuse leçon, en vérité, de tolérance tout autant que de compassion : valeurs morales ou, mieux, principes éthiques et universels sans lesquels il n’est point d’humanisme qui vaille, ni de démocratie qui compte !

DANIEL SALVATORE SCHIFFER*

*Philosophe, auteur, notamment, de « Philosophie du dandysme – Une esthétique de l’âme et du corps » et « Le Dandysme, dernier éclat d’héroïsme » (publiés aux Presses Universitaires de France), « Oscar Wilde » et « Lord Byron » (publiés chez Gallimard-Folio Biographies) et « Petit éloge de David Bowie – Le dandy absolu » (Editions François Bourin).



5 réactions


  • rogal 6 juin 2017 17:12

    « Quoi de plus noble, grand et beau, que de répondre à la haine par l’amour ? Au mal par le bien ? Et au crime par le pardon ? »
    Incitation au martyre. C’est un choix.


  • L'enfoiré L’enfoiré 6 juin 2017 17:53

    La musique adoucira toujours les mœurs.
    C’est son rôle premier.
    Une image de notre Kroll.


  • ZenZoe ZenZoe 7 juin 2017 09:31

    L’auteur a-t-il des enfants ? Les aime-t-il ?
    Si un quidam venait à les agresser, se précipiterait-il pour embrasser le quidam - ou défendrait-il ses enfants en neutralisant l’agresseur ?

    L’amour, c’est protéger ceux qu’on aime des agresseurs, c’est même uniquement pour ça que ça existe.


  • Crab2 7 juin 2017 17:20

    Dans le dessein de mettre fin au terrorisme islamique il faut commencer par....

    http://laicite-moderne.blogspot.fr/2017/06/terrorisme-islamique.html


  • Nowhere Man 7 juin 2017 21:28

    « All you need is love » n’est pas extraite de ’Sergent Pepper’s’ même s’il s’en fallut de peu.

    La chanson fut écrite entièrement par Lennon.

    elle fut chantée en direct dans le cadre de la première émission en « mondovision » de l’Histoire de la télé.

    La vidéo est introuvable sur le web comme la majorité des titres du groupe.

    Il ne reste plus qu’une version considérablement tronquée :
    https://www.youtube.com/watch?v=t5ze_e4R9QY


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