lundi 5 décembre 2016 - par Luniterre

Cuba, Castro, Socialisme, Anti-impérialisme, De quoi parle-t-on ?

 
 
Dans le contexte actuel de dénigrement de tout ce qui rappelle le socialisme et l'héritage de l'Union Soviétique, le périple du retour des cendres de Fidel Castro à Santiago de Cuba est devenu, par la ferveur populaire qu'il suscite, un évènement politique tout à fait à contre-courant de la doxa médiatique, sinon carrément un évènement historique en lui-même.

Le mouvement de masse en faveur de la mémoire de Fidel Castro en impose tellement que les médias ne peuvent que rabaisser leur arrogance réactionnaire habituelle au service de l’impérialisme.

Dans la foulée, tout ce que la prétendue « gauche » compte d’opportunisme petit-bourgeois semble s’enflammer d’un réveil de nostalgie « révolutionnaire » et y va de sa larmichette pseudo-humaniste « populaire »…

Cela n’empêche toujours pas quelques esprits chagrins de continuer à dénigrer tout héritage progressiste au castrisme, et pour certains, en prétendant en faire une critique « de gauche »…

Et de lui nier, par voie de conséquence, toute fonction « anti-impérialiste »…

Alors qu’à l’évidence, l’unité largement majoritaire exprimée très librement par le peuple cubain est un pied de nez massif aussi bien à l’Oncle Sam relooké en Trump-père fouettard, qu’au reste de l’occident, voire à certains « grands alliés » qui seraient tenté de le considérer comme un peuple mineur, sinon un vassal ou une simple « utilité » diplomatique aux portes de l’Empire…

En un sens, une telle manifestation est l’expression d’un front uni maintenu contre toute tentative de néo-colonisation de la nation cubaine.

Lorsque la Révolution Cubaine a réellement commencé, au début des années 50, l’URSS était encore à son apogée et le mouvement anti-impérialiste et anti-colonialiste à travers le monde se référait souvent au Marxisme-Léninisme, et l’espoir de libération allait également souvent avec la perspective du socialisme.

Pourtant, avec l’avènement de Khrouchtchev, ce fut également le triomphe à peine masqué du révisionnisme sur le marxisme-léninisme, et sous diverses formes, certaines, comme le « maoïsme », voulant se conserver un air de radicalité, sous couvert de tiers-mondisme…

La plus grande confusion s’installait donc, à la fois dans le mouvement ouvrier en métropoles impérialistes et dans les luttes de libération nationales…

Dans celles ci, la composante nationaliste bourgeoise et petite-bourgeoise se complaisait évidemment déjà à cette confusion, tant par démagogie que par opportunisme à l’égard de l’URSS, principalement…

Pourtant, du point de vue idéologique, la question n’est pas aussi compliquée qu’il y parait, si l’on veut simplement faire l’effort d’y voir clair…

Dès 1920, dans un très court texte destiné à la « commission nationale et coloniale » du IIème congrès de l’Internationale Communiste, Lénine avait pris soin de résumer la question :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/04/12/2762_anti-imperialisme_lenine_sans_poussiere/

Que dans les mouvements révolutionnaires du tiers-monde la petite-bourgeoisie et la bourgeoisie nationale continuent de jouer un rôle, ce n’est pas une tare en soi, dans la mesure où le rôle politique de chaque classe est correctement défini.

Le fait que la paysannerie constitue numériquement la force sociale majoritaire est aussi une évidence incontournable du processus.

Le fait que le prolétariat industriel y soit souvent encore minoritaire devait être précisément compensé par le fait que ces luttes de libération pouvaient compter, à partir de la Révolution Bolchévique, sur l’aide de l’Union Soviétique, comme base arrière indispensable, et que le parti prolétarien, pouvait, en s’appuyant sur cette base, entrainer avec lui la majorité des prolétaires, tant dans les campagnes que dans les villes.

Mais dans l'esprit de Lénine, comme exprimé dans tout ses textes sur le sujet, la possibilité de transformer réellement les luttes de libération nationale en révolutions socialistes était nettement liée à la capacité du parti prolétarien à constituer une force politique indépendante et capable de prendre la direction du processus révolutionnaire.

En ce qui concerne la Révolution Cubaine, rappelons simplement que la confusion s’est installée à plusieurs niveaux, et à plusieurs titres…

En 1959, alors que la Révolution triomphe à Cuba, c'est au contraire, en URSS, la mutation du régime en une bourgeoisie nationale-bureaucratique qui est déjà achevée, pour l’essentiel, même si cela l’amène néanmoins à continuer le soutien, sur cette base, des luttes de libération nationale.

 

Et pourtant, à Cuba, à la veille de la bataille de Santa Clara, l’unité des révolutionnaires, même dans l'objectif de la libération nationale, était loin d’être achevée, en dépit du prestige déjà très dominant de Fidel Castro.

C’est le Che qui recollera avec autorité les morceaux du maquis local nécessaires à cette victoire décisive.

De sorte que la prise du pouvoir elle même n’allait pas, en réalité, sans une grande confusion sur l’avenir politique du processus.

Il ne s’agit pas ici d’en refaire l’historique complet, mais rappelons simplement que l’unité politique n’a réellement été achevée qu’en 1965 avec la fondation du Parti Communiste de Cuba.

A cette époque, les chances, pour Cuba, de développer une économie socialiste autonome, étaient déjà anéanties du fait du blocus US. La dépendance à l’URSS révisionniste devenait incontournable et constituait autant un frein qu’une roue de secours, même si elle a permis une survie socialement progressiste.

Dans la mesure où l’URSS a continué de soutenir les mouvements de libération du tiers-monde, non seulement Cuba est resté intégré dans ce mouvement, mais il en est même pratiquement devenu l’avant-garde, ce qui explique l’importance de l’impact de tout ce qui s’y passe encore, en dépit de la disparition de l’URSS.

La survie même de Cuba comme nation indépendante, après cette disparition, est une grande et aujourd’hui manifestement incontestable victoire de ce mouvement international de résistance anti-impérialiste.

Si le symbole de résistance que constituait l'île de Cuba face aux USA a tant marqué les esprits, du vivant de l'Union Soviétique, et continue de le faire, encore aujourd'hui, c'est aussi et même d'abord parce qu'il représente l'héritage du mouvement Marxiste-Léniniste, qui a concerné au cours de la deuxième moitié du XXème siècle, jusqu'à un tiers de l'humanité, à travers ses diverses formes et variantes idéologiques, dont le seul trait commun restait précisément l'anti-impérialisme.

Pour autant, concernant le castrisme, considéré d’un point de vue marxiste-léniniste, c’est bien la question de sa nature de classe, qui se pose, encore aujourd'hui, sinon plus que jamais, et de son avenir politique, en fonction.

Au départ, la Révolution Cubaine est donc bien essentiellement une lutte de libération nationale, une lutte anti-impérialiste, tant la dépendance du dictateur Batista à la maffia US et à la CIA est avérée.

( https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_Cuba_sous_Batista )

En même temps, il est clair que c’est aussi une révolte populaire contre ce capitalisme maffieux et colonialiste à la fois.

Sortir le peuple cubain d’une misère noire et d’une soumission particulièrement humiliante et dégradante, c’est déjà l’œuvre majeure, à la base du castrisme.

Non content de ce résultat, il a œuvré à soutenir la plupart des autres mouvements de libération à travers le monde, et réussi à élever le niveau de vie moyen à Cuba bien au dessus de la plupart des pays d’Amérique Latine, et même encore après avoir à relever son économie brutalement ravagée par l’effondrement de l’URSS.

Tout cela n’a certainement pas été sans quelques errements et erreurs diverses, mais il ne s’agit pas ici d’un bilan historique approfondi, qui reste à faire…

Non, il s’agit simplement, par contre, d’un constat brut qui souligne que tout cela n’a pu être effectué sans une large unité populaire, incluant évidemment le prolétariat et la classe ouvrière, même si faible numériquement.

Le fait que cette unité se soit incarnée dans le parti communiste n’en est pas, néanmoins, la garantie que le prolétariat y a forcément et constamment joué le rôle dirigeant, ni qu'il puisse encore le faire.

Il est clair qu’une fraction progressiste de la bourgeoisie nationale, dont Fidel Castro est lui-même issu, y a constamment joué un rôle important, sinon essentiel.

 Mais il est également clair que la très dure « période spéciale » qui a permis à Cuba de survivre à l’effondrement de l’URSS n’a pu se faire sans l’introduction de nouvelles formes de capitalisme, et qu’elles ont encore tendance à se développer.

Pour autant, peut-on parler de « NEP tropicale »( 1 ), comme certains peuvent être tentés ? Et notamment par analogie avec les prétentions de certains pseudos-« marxistes-léninistes » pour le régime actuel en Chine ?

Là encore, ce débat de fond n’est pas le but du présent article, mais rappelons simplement que NEP suppose direction prolétarienne à la tête de l’État et secteur capitaliste ultra-minoritaire…

Pour le cas de la Chine, le côté abusif d’une telle prétention saute aux yeux, sauf à ceux qui sont voilés par une mauvaise foi extrême…

https://tribunemlreypa.wordpress.com/chine-capitalisme-ou-socialisme-aux-racines-du-maoisme/

 

Pour le cas de Cuba, la situation reste encore floue et indéterminée à ce sujet, car on voit bien que l’évolution actuelle du régime castriste a le soutient majoritaire de la population, y incluant le prolétariat et la classe ouvrière.

On peut donc comprendre que la nature sociale d’un tel régime, sa nature de classe réelle, a forcément hérité aussi de la confusion de ses débuts et de toute cette période.

Il semble néanmoins établi que des éléments de socialisme suffisamment importants y ont survécu, assurant la solidité et la popularité du régime castriste, et lui permettant également de garantir son indépendance, de par le fait.

Le lien avec le socialisme comme garantie de l'indépendance nationale semble bien être un élément de base de la ligne politique de Raoul Castro, malgré les accords diplomatiques diverses rendus nécessaires par l'isolement de l'île.

( http://www.cuba.cu/gobierno/rauldiscursos/2010/fra/r181210f.html

Allocution prononcée par RAÚL CASTRO RUZ, LE 18 Décembre 2010.

En sa conclusion : « Grands ont été les défis et aussi les dangers depuis le triomphe de la Révolution, surtout depuis Playa Giron,( 2 ) mais aucune difficulté ne nous a fait plier. Nous sommes ici et nous y resterons grâce à la dignité, à l’intégrité, au courage, à la fermeté idéologique et à l’esprit de sacrifice révolutionnaire du peuple cubain qui a intégré depuis longtemps l’idée que le socialisme est la seule garantie pour lui de rester libre et indépendant. » ( 3 )

Au moment où l'histoire, par un de ses hasards apparents, mais révélateur, finalement, fait coïncider la disparition de Fidel avec l’apparition du sinistre clown Trump à la Maison Blanche, c’est presque un retour à la confusion originelle qui risque de prévaloir à Cuba.

Toutefois, le discours que vient de prononcer Raoul Castro, ( 4 ) sur la Place de la Révolution, à Santiago de Cuba, place également dédiée à Antonio Maceo, autre grande figure de la résistance cubaine, indique bien plutôt une fidélité, qui ne semble pas être galvaudée, à l'égard des principes exprimés lors de ce VIème congrès, fondateur de la nouvelle politique cubaine. C'était aussi pour lui l'occasion historique d'en asseoir la légitimité, aux regards du monde entier, et avec le soutien massif du peuple cubain, ce qui est manifestement une grande réussite.

Malgré tous ces aléas de l’histoire, il est donc clair que Raoul Castro et son parti sont toujours dépositaires d'un héritage dont les racines sont marxistes-léninistes.

Dans une situation mondiale actuelle où les forces communistes marxistes-léninistes à travers le monde restent dérisoires en face de la crise, il nous parait d’abord urgent de mettre en avant, de relayer et de soutenir toutes les manifestations d’unité populaire anti-impérialistes, ce qui n’interdit pas, au contraire, un regard critique et une étude analytique.

Mais réduire ou nier le rôle anti-impérialiste du castrisme, ou pire, le caricaturer, selon une mode "gauchiste" ou même maoïste, héritée des années 70, en réduisant son rôle historique à le présenter comme « valet du social-impérialisme soviétique », c’est véritablement se couvrir de ridicule et d’ignominie collaborationniste, en réalité, surtout si l’on se rappelle que ce langage date précisément d’une époque où la Chine « maoïste », qui était encore en phase terminale de sa « révolution culturelle », avait déjà entamé une collaboration directe avec les USA et les pires dictatures de la planète, contre ce prétendu « social-impérialisme soviétique » !

 

 

 

 

Alors que le courant de sympathie que le castrisme entraîne avec lui est bien une occasion, pour les communistes marxistes-léninistes, de s’exprimer sur la nature de l’impérialisme et de faire valoir, précisément, de façon dialectique, les caractéristiques qui distinguent l’anti-impérialisme prolétarien du simple nationalisme progressiste petit-bourgeois, et encore davantage, évidemment, du social-chauvinisme !!

Aujourd'hui encore, et plus que jamais dans la situation de crise mondiale du capitalisme, construire des organisations marxistes-léninistes indépendantes, sur une base prolétarienne, tant dans les métropoles impérialistes que dans les pays sur-exploités du tiers-monde, c'est évidemment une base nécessaire, mais le dénigrement de ce qui reste de positif des mouvements anti-impérialistes plus anciens n’est certainement pas une telle base...

Cela veut dire aussi que le rôle du prolétariat reste la clef de l’avenir social et politique de Cuba, et ce que nous montre la ferveur populaire autour de la mémoire de Fidel, c’est que l’histoire n’est toujours pas écrite à l’avance, et surtout, pas forcément dans le sens espéré par les impérialistes, ni imaginé par les imbéciles sectaires qui se la jouent « ultra-gauche »…

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Luniterre

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Le discours de Raul Castro à Santiago :

 

 

https://youtu.be/_i2YuyuzeZA

 

 

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NOTES :

 

( 1_ NEP : "Nouvelle politique économique" en URSS, dans les années 20, pour relancer l'économie ravagée par la guerre civile et l'intervention impérialiste. Cette politique incluait un secteur d'économie capitaliste, très limité, minoritaire, sous contrôle de l'autorité de l’État prolétarien, et sans développement de capitalisme financier.)

 

( 2_ En France, on parle plus souvent de la "Baie des Cochons", où a eu lieu le débarquement des anti-castristes, en 1961, organisé par les USA et la CIA, se soldant néanmoins par un échec retentissant.

https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9barquement_de_la_baie_des_Cochons )

 

( 3_texte original espagnol :

http://www.cuba.cu/gobierno/rauldiscursos/2010/esp/r181210e.html

et voir aussi :

Rapport Central au VIème CONGRÈS DU PARTI COMMUNISTE DE CUBA

http://www.cuba.cu/gobierno/rauldiscursos/2011/fra/r160411f.html

VO en espagnol :

http://www.cuba.cu/gobierno/rauldiscursos/2011/esp/r160411e )

 

( 4_ LE TEXTE ORIGINAL DU DISCOURS DE SANTIAGO : http://www.granma.cu/hasta-la-victoria-siempre-fidel/2016-12-03/la-permanente-ensenanza-de-fidel-es-que-si-se-puede-03-12-2016-23-12-18

EXTRAITS :

"Con razón, el querido amigo Bouteflika, presidente de Argelia, expresó que Fidel poseía la extraordinaria capacidad de viajar al futuro, regresar y explicarlo. El 26 de Julio de 1989, en la ciudad de Camagüey, el Comandante en Jefe predijo, con dos años y medio de antelación, la desaparición de la Unión Soviética y el campo socialista, y aseguró ante el mundo que si se dieran esas circunstancias, Cuba continuaría defendiendo las banderas del socialismo."

"Ese es el Fidel invicto que nos convoca con su ejemplo y con la demostración de que ¡Sí se pudo, sí se puede y sí se podrá !" (Aplausos y exclamaciones de : “¡Sí se puede !) O sea, repito que demostró que sí se pudo, sí se puede y se podrá superar cualquier obstáculo, amenaza o turbulencia en nuestro firme empeño de construir el socialismo en Cuba, o lo que es lo mismo, ¡Garantizar la independencia y la soberanía de la patria !" (Aplausos.)

 

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Sources :

 

Sur Tribune Marxiste-Léniniste :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2016/12/04/cuba-castro-socialisme-anti-imperialisme-de-quoi-parle-t-on-nouvelle-synthese/

 

Sur SOLYDAIRINFO :

https://solydairinfo.wordpress.com/2016/12/04/cuba-castro-socialisme-anti-imperialisme-de-quoi-parle-t-on/

 

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19 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 5 décembre 2016 15:15

    Merci pour cet article dense.


    Aux funérailles de Castro, Ségolène Royal, envoyée en remplacement de Mimolette qui préférait rendre hommage aux saoudiens (chacun ses choix) a tenu correctement son rôle diplomatique en prononçant un discours très conventionnel et de circonstances, mais comme elle n’a pas évoqué « lesdroitsdelhommeetlesvaleursdenosdémocraties », toute la racaille réactionnaire lui est tombée sur le râble.

    Que Fillipot et Bayrou n’aient pas pu retenir leurs borborygmes ne fait que confirmer leur haine congénitale de la plèbe qu’ils méprisent en prenant des attitudes onctueuses de donneurs de leçons.

    Mais la réaction la plus révélatrice a été celle de Juliette Méadel , secrétaire d’état qui a déclaré à BFM : « - Ma gauche à moi elle n’encense pas Fidel #Castro car il est loin d’être un parangon de vertu démocratique ».
    Sa gauche à elle, qu’elle se la garde dans les salons bobos et les cercles de financiers qu’elle fréquente assidument. Sa gouche à elle, c’est la droite.

    • Gasty Gasty 5 décembre 2016 16:02


      Surtout qu’elle n’a pas fait l’éloge des années Castro mais simplement dit « Grâce à Fidel Castro, les Cubains ont récupéré leur territoire, leur vie, leur destin : ils se sont inspirés de la Révolution française sans pour autant connaître la Terreur qu’il y a eu pendant la Révolution française »
      Il a mis fin au colonialisme des USA.

      Parce qu’il ne faudrait pas oublier ce qu’il y avait avant « Fulgencio Batista », personnage qui convenait parfaitement aux USA.


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 5 décembre 2016 16:11

      @Gasty

      Exact.
      Elle n’a pas évoqué non plus les conséquences des sanctions que la France avait inflifées à Haïti (la voisine immédiate de Cuba) quand Toussaint Louverture a libéré les esclaves et déclaré l’indépendance de l’île, inspiré qu’il était de la révolution française.

      On comprend que de tels propos aient pu fâcher Madame Méadel qui veille sur les intérêts des rentiers français... Mais non ! Le discours de Ségolène (qui a sans doute été écrit par un diplomate du Quai d’Orsay) était une formule de politesse. 

      Quel représentant d’un autre état a craché dans la soupe ce jour-là ?

    • leypanou 5 décembre 2016 17:41

      @Jeussey de Sourcesûre
      Mais la réaction la plus révélatrice a été celle de Juliette Méadel , secrétaire d’état qui a déclaré à BFM  : s’il y en a au PS qui me dégoûtent, ne serait-ce que voir leur tête, celle-là, est très haut placée.
      Sa « promotion », à un poste bidon, l’une des spécialités du futur ex-président, donne d’ailleurs une idée de son poids politique ainsi que de l’ineptie d’avoir la parité à tout prix.


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 6 décembre 2016 13:17

      @Michel Maugis

      Et elle a dû faire des efforts, parce que là, elle n’a même pas parlé de bravitude.

  • Francis, agnotologue JL 5 décembre 2016 16:10

    Je profite de cet excellent article pour signaler aux lecteurs qui voudraient avoir de l’histoire des nations et des révolutions européennes, une idée autre que celle dispensée dans nos livre d’histoire et la doxa capitaliste, un petit roman signé Léon Tolstoï intitulé « Une paysanne russe » qui se lit en une heure, et qui raconte la vie ordinaire des paysans juste après l’abolition de l’esclavage et avant la révolution d’Octobre.

     
    ’’Auparavant dit-elle, « la vie était libre et bonne ». C’est qu’en dépit des corvées, de toutes les formes de contraintes, le paysan, était en grande partie « pris en charge ». Une fois libéré, il lui faut assurer sa subsistance et il n’en a guère les moyens. C’est ainsi qu’Anassia reprend les travaux des champs à peine relevée de ses premières couches, tandis, rappelle-t-elle, qu’au temps du servage, l« usage » était de n’envoyer à la corvée qu’après six semaines. ’’
     
     Le lecteur apprendra que le Goulag existait avant l’URSS et qu’on y impitoyablement les voleurs qui étaient très nombreux à l’époque puisque la misère était insupportable. Je rappelle à toutes fins utiles que la misère c’est la pauvreté sans les moyens de subsistance : exceptés ceux qui avaient un maître sadique, les esclaves étaient pauvres mais jamais misérables. Et si on me rétorque qu’ils n’étaient pas libres, je demande : que vaut la liberté pour un miséreux ?


    • escoe 5 décembre 2016 23:50

      @JL " Le lecteur apprendra que le Goulag existait avant l’URSS et qu’on y impitoyablement les voleurs qui étaient très nombreux à l’époque puisque la misère était insupportable.« 

      Il faut lire absolument les »Souvenirs de la maison des morts" de Dostoïevsky
      Il a commencé son récit en 1855 après avoir purgé une peine de quatre ans de bagne (janvier 1850- 23 janvier 1854) à Omsk, et alors qu’il était encore en relégation à Semipalatinsk en Sibérie1, où il servait comme simple soldat.


    • CN46400 CN46400 6 décembre 2016 10:23

      @JL
      Juste pour remarquer que Marx a parfaitement décrit cette situation dans le Manifeste. La société féodale est entrée en révolution à partir du moment où la valeur du travail des serfs ne payait plus leur entretien, les seigneurs refusant, pour cela, d’amputer leurs profits.

       Dans nos sociétés capitalistes occidentales actuelles où l’accumulation du capital ne correspond plus à de la production réelle, on retrouve une situation équivalente : chômage massif, baisse des revenus des prolétaires dont certains, plutôt que d’envisager des réformes profondes, regrettent amèrement la situation antérieure....."trop d’assistés, refus des migrants, des faignants (sic), expulsion des immigrés, etc..)


    • CN46400 CN46400 6 décembre 2016 10:38

      @escoe
      Sauf qu’à l’époque le « goulag » était un moyen d’éloigner les gens indésirables. Sous Staline, c’est aussi, et surtout, un moyen pour obtenir de la force de travail qu’on n’a pas les moyens de payer correctement. Aussi les camps ne sont pas tous en Sibérie, mais dispatchés à proximité des grands chantiers des plans quinquennaux, Magnitogorsk.. et même scientifiques comme Baikonour etc..
       Ce système, jugé non-rentable, est abandonné par Béria, à la mort de Staline.


    • julius 1ER 6 décembre 2016 14:28
      Le lecteur apprendra que le Goulag existait avant l’URSS et qu’on y impitoyablement les voleurs qui étaient très nombreux 

      @JL

      je suppose que tu veux dire " qu’on y envoyait impitoyablement les voleurs ????

      le goulag sous les tzars c’était bien.... sous les bolchéviks c’était l’horreur !!! parceque sous les Tzars on n’y envoyait pas les politiques que les droit communs.... vaste blague !!!

      chez -nous le bagne présent jusque dans les années 40/50 n’étaient pas destiné aux politiques non plus..... Dreyfuss et Louise Michel étaient des voleurs de mobylette !!!

      c’est pourquoi il faut réhabilitér les Tzars( et les rois) qui étaient d’authentiques humanistes !!!

  • julius 1ER 5 décembre 2016 18:30

    pauvre Ségolène qui a tenu des propos très mesurés mais c’est grâce à ce genre de propos que l’on fait sortir les loups du bois .... et les loups ne manquent pas !!


    pauvres cubains victimes de 57ans d’embargo et à qui on demande de nous ressembler !!!

    imaginons la France sous embargo pendant autant d’années, je n’ose imaginer dans quel état serait ce pays ???

    déjà que certains ne rêvent que de mettre en place un régime autoritaire pour sûr il ne faudrait pas longtemps à tous ces enfoirés de Droite pour que le pays bascule dans le plus immonde totalitarisme .....
    mais c’est une parenthèse car le vrai responsable de cette difficulté pour Cuba de vivre et progresser c’est le Capitalisme US et tous ces valets qui ne peut accepter un modèle différent surtout à quelques encablures de son territoire... c’est là la véritable explication pour tous ces manques auxquels a été confronté le peuple cubain qui n’a pas voulu rester le « bordel »de l’ Amérique !!!!
     

    • Julien30 Julien30 6 décembre 2016 11:00

      @julius 1ER
      « il ne faudrait pas longtemps à tous ces enfoirés de Droite pour que le pays bascule dans le plus immonde totalitarisme ..... »

      Oui en effet, on voit depuis quelques jours nombre de nos chers grands démocrates de gauche venir comme vous saluer la mémoire d’un authentique dictateur, c’est très émouvant d’ailleurs, et dans le même temps vous avez en plus la lucidité de venir vous inquiéter de ce que ces salauds de droite pourraient installer le totalitarisme en France ! Avec des énergumènes comme vous on ne sait plus si on doit rire ou pleurer.

    • julius 1ER 6 décembre 2016 14:15

      @Julien30


      c’est tellement facile de dénoncer les dictatures lorsque celle-ci ont été provoquées par un embargo totalement inhumain ...

      apparemment ce qui vous émeut c’est de dénoncer les salauds de Droite pas le résultat de 57 ans d’embargo au moins Julien comme les Bayrou et autres ont une vision de l’histoire très particulière 

      les horribles sont ceux qui essaient d’échapper à la dictature de l’argent !!!
      bravo comme vision les internautes apprécieront !!!

    • tf1Groupie 6 décembre 2016 14:24

      @julius 1ER

      Si vous aimez le totalitarisme cubain pourquoi êtes-vous opposé à la mise en place du totalitarisme en France ?

      Essayez d’être cohérent.


    • julius 1ER 6 décembre 2016 14:51

      @tf1Groupie


      toi au moins tu ne changes pas !! 
      tu arrives avec tes idées et tu repars avec... totalement inoxydable le gars !!

      je lai dit sur le forum de Ratko, je ne suis pas castriste et je ne suis pas un fervent disciple et adorateur du culte de la personnalité ...

       cela dit je pense que sans l’embargo US Cuba aurait eu un autre modèle de développement !!!

      nier l’embargo et ne voir que le côté dictatorial du régime est un « simplisme ».... et je ne partages pas du tout cette vision ...comme s’il n’y avait pas de relation de cause à effets !!!!

      d’ailleurs je constate, lorsque je dis :

      je doute que la France si elle avait subit 57 ans d’embargo eusse été dans un état meilleur que celui de Cuba .... 
      je note que personne ne s’aventure sur ce terrain là .....car tous les exemples historiques où un pays a été contraint à une autarcie forcée ....aucun n’en est sorti indemne !!!
      et encore moins avec une Démocratie renforcée !!!

      alors nier l’impact d’un embargo absolu sur le développement d’un pays relève de la mauvaise foi ou de l’ignorance si ce n’est les 2 à la fois !!!

  • lsga_ lsga_ 5 décembre 2016 19:37

    En tout cas, j’espère que les neuneux anti-systèmes ont bien enregistré ce que je raconte :


    L’élection de Donald Trump est la confirmation de la stratégie de John Kerry et Goldman Sachs, qui consiste à unir les USA, l’UE et la Russie dans l’objectif de commencer la 3ème guerre mondiale contre la Chine. 

    Bien joué les anti-systèmes. Vous avez bien compris ce qu’est l’impérialisme. 

  • CN46400 CN46400 6 décembre 2016 09:57

    ( 1_ NEP : « Nouvelle politique économique » en URSS, dans les années 20, pour relancer l’économie ravagée par la guerre civile et l’intervention impérialiste. Cette politique incluait un secteur d’économie capitaliste, très limité, minoritaire, sous contrôle de l’autorité de l’État prolétarien, et sans développement de capitalisme financier.)

    Alors, le capitalisme serait utile, et même indispensable, pour relancer une économie, mais nuisible pour la développer ? Voilà ou aboutit le « marxisme dit léniniste » façonné par le stalinisme et le post stalinisme.
     Comment expliquer le développement des sociétés occidentales sinon par le capitalisme, et la lutte de classes qui va avec ?
     SVP le chapitre 1 du Manifeste n’a pas été écrit que pour les bourgeois...

     Mais revenons à Cuba, comment l’exploitation du complexe de Mariel, si l’embargo US est levé, est-elle prévue ? Comme dans les zone spéciales chinoises, l’état fournit les infrastructures et la force de travail, les capitalistes fournissent l’appareil de production, laquelle est partagée en deux parts négociées à l’avance ainsi que la durée (jusqu’à 50 ans en Chine...)

     Il s’agit d’utiliser le capitalisme pour ce qu’il sait faire : l’accumulation primitive du capital, rien de plus, rien de moins !


  • tf1Groupie 6 décembre 2016 13:25

    Ce qui est beau aujourd’hui c’est que les adorateurs castristes annoncent ouvertement la couleur : Fidel c’était la dictature, et la dictature c’est BIEN !

    Hasta la dictadura, siempre !


    • Luniterre Luniterre 6 décembre 2016 17:55

      @tf1Groupie

      Aujourd’hui on estime que plus de 4 millions de Cubains sont descendus dans les rues, sur le parcours des cendres, pour cet hommage à Fidel Castro.

      ( Sur une population à peine supérieure à 11 millions, au total...)

      Ceux qui n’ont pas pu y venir, dans les endroits trop éloignés du parcours, lorsqu’ils ont pu s’exprimer sur les médias occidentaux qui les ont visité, sont allés également dans ce sens, sans nier pour autant les difficultés qui ne sont pas encore surmontées.

      Dans chaque quartier, dans chaque localité, il y a les Comités de Défense de la Révolution, où les cubains ont la possibilité de discuter de ces problèmes concrets et de faire remonter leurs revendications en matière de besoins sociaux.

      En somme, ce genre de « dictature » qui se préoccupe des conditions de vie des plus humbles, et tente d’y répondre au mieux avec les moyens disponibles, ne serait-ce pas une forme de ce que Marx appelait précisément la « dictature du prolétariat » ?

      C’est le fond du débat sur ce point. Une démocratie formelle, où tout le monde est sensé pouvoir dire à peu près n’importe quoi, on voit bien qu’elle se trouve rapidement des limites, en pratique, et même carrément des œillères, pour empêcher de faire passer sur les grands médias ce qui dérange la pensée unique, genre TF1, qui est celle du capitalisme...

      Et surtout pour déformer les faits grossièrement, lorsqu’ils ne rentrent pas dans le cadre du tableau...

      Lorsqu’une voix reconnue s’élève pour simplement rappeler une évidence, comme vient de le faire Ségolène Royal, tous lui tombent dessus pour tenter de reboucher la brèche...

      Cet hommage populaire est un instant de vérité que les capitalistes/impérialistes ont manifestement du mal à avaler, ainsi que les roquets qui aboient pour leur faire de l’écho...

      Mais la caravane est passée, c’est le cas de le dire !

      Pour autant, il n’y a pas de modèle universel pour le socialisme, et ce sont les grandes leçons que l’on peu tirer de chaque expérience historique qui permettent de faire avancer la suivante positivement.

      Luniterre


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