mardi 9 juin 2015 - par Surya

Dans la tête d’une expat.

 J’ai reçu récemment un email d’une personne qui me demandait pourquoi, sur mon blog, je ne parlais pas de mon expatriation en Grande Bretagne, et si la France me manquait puisque le retour est seulement hypothétique (voir mon blog si vous voulez savoir pourquoi). Jamais, en effet, depuis trois ans et demi que je me trouve en Angleterre, je n’ai écrit le moindre article pour raconter comment la vie se déroule ici, de l’autre côté de la Manche. Tout d’abord, j’écris peu en ce moment dans mon blog par manque de temps. Ensuite, je n’en ai jamais ressenti le besoin ni l’envie, peut-être parce que la vie quotidienne s’y déroule, finalement, à peu près de la même façon que sur le « continent », comme l’aiment à le nommer les Britanniques. On se lève le matin, on travaille, on va faire ses courses, on se détend quand on a le temps, on voit un dentiste quand on a mal aux dents, on voit un médecin quand on ne se sent pas bien.

Pour commencer, je répondrai que la France, et Paris en particulier, ne me manquent pas au sens où je ne suis pas loin. Je suis juste en face et non à des milliers de kilomètres. Si j’avais vécu dans un pays beaucoup plus éloigné de l’Hexagone, alors oui, la France m’aurait manqué. J’aurais du mal à m’imaginer, je ne sais pas, en Australie par exemple, ne pouvant revenir en France qu’une fois par an pour cause de prix du billet d’avion. Mais la Grande Bretagne, ce n’est pas le bout du monde ! Je retourne donc quand je le souhaite, du moins dès que cela est possible, en tout cas de façon régulière, faire un tour à Paris et parfois dans d’autres villes que je fais découvrir à mon compagnon. Donc non, je ne ressens pas de manque. Juste le plaisir de retrouver ce, et ceux, qui faisaient mon univers quotidien de parisienne, et d’aller refaire un petit tour dans mes lieux préférés parisiens. Ainsi, c’est un réel bonheur de revoir, lors de mes visites parisiennes, les musées et autres lieux d’expositions que j’avais l’habitude de fréquenter, voir s’ils ont changé, ce qu’il y a de nouveau à voir, c’est encore plus sympa de boire un thé ou un jus dans mes cafés préférés, de flâner de nouveau dans les quartiers qui m’inspirent, d’aller dans les petites salles de cinéma, de repartir sur les traces de François Truffaut, de nous rendre à Montmartre à la recherche d’Amélie Poulain, de remonter le canal pour essayer de trouver où se cachait le Clan des Siciliens… ou plus prosaïquement de retourner faire quelques courses dans les boutiques et magasins où j’avais l’habitude de me rendre, comme ceux du treizième arrondissement où la gourmande que je suis achète ses gâteaux au soja et son jus de coco. Tiens, à ce propos, impossible de trouver un rouleau de printemps en Angleterre. Jusqu’à présent, je n’ai pas réussi à en dénicher un seul. Des nems frits, oui, mais des rouleaux de printemps, non ! Alors quand je reviens en France, je me gave de rouleaux de printemps.

J’ai souvent entendu , en Angleterre, l’expression « creature of habits ». Je suis une vraie « creature of habits », ce qui n’empêche pas de découvrir, ou faire découvrir, de nouveaux lieux à chaque visite. Je n’ai jamais autant visité et découvert Paris que depuis que je n’y suis plus. Je vois la capitale française avec des yeux nouveaux. Plus ceux d’une parisienne, forcément, mais pas non plus ceux d’une touriste, puisque je n’en suis pas une. J’ai toujours profondément et passionément aimé Paris, bien qu’il me soit souvent arrivé de râler, en bonne Française que je suis, sur ses défauts, qui ne sont pas moindres, mais je me considère désormais comme une « passagère de la Ville de Paris », qui porte sur cette ville où elle est née et a si longtemps vécu un regard purement, et presque exclusivement, positif.

Ensuite, des blogs racontant des expatriations, il y en a déjà beaucoup. Beaucoup, beaucoup… J’en ai « feuilleté » quelques uns, pour la majorité écrits par des Français établis en Grande Bretagne, et les ai trouvés intéressants à lire dans leur ensemble, et fort utiles pour toute personne songeant à venir s’établir, temporairement ou définitivement, à Londres (puisque la majorité des Français du Royaume Uni sont à Londres), mais, si j’aime la volonté de l’auteur du blog de vouloir partager son expérience du quotidien, donner des bons tuyaux, aider les nouveaux arrivants, ce que je regrette, c’est que la personne raconte justement son quotidien d’expatrié(e), et non ce qu’il se passe dans sa tête. Ou alors c’est tellement ponctuel et dilué dans le reste qu’il faut partir à la pêche aux impressions, aux sensations. On a ainsi beaucoup d’articles racontant l’organisation du départ, les cartons, le voyage… puis la recherche du premier studio ou de la colocation, les prix des loyers, des transports, les démarches à suivre pour s’inscrire au Job Centre et obtenir son fameux NIN, ou pour se faire enregistrer dans la « surgery » de son quartier, où doit-on aller pour se faire ouvrir rapidement un compte en banque… Ce sont des blogs de conseils pratiques. Il y a aussi, surtout parmi les blogs écrits par des personnes très jeunes, ceux qui donnent des bonnes adresses, « mon pub préféré », « voici un resto super sympa que je recommande », et en effet c’est toujours bon à savoir, il y a ceux qui donnent également des recettes de cuisine ou font des comptes rendus d’expositions, ou qui racontent la vie au boulot. 

C’est vraiment intéressant à lire, car chaque expérience de vie est intéressante, et c’est sans doute cela que mon correspondant espérait trouver sur mon blog, mais l’expatriation, c’est plus profond que cela. Pas au sens où je trouverais les blogs d’expatriés superficiels, mais au sens où l’expatriation, qu’elle soit temporaire ou définitive, et on parle alors d’immigration, est une expérience qui vous change à jamais. Tout d’abord, on est confronté, et le mot n’est pas trop fort, dans sa vie de tous les jours, avec une autre culture et une autre mentalité, ce qui fait que l’on prend soudainement conscience, avec une incroyable intensité, presque avec brutalité, de qui on est à l’intérieur de soi. Beaucoup plus que lorsque l’on compare son caractère, sa personnalité, à ceux de ses proches, familles ou amis, et que l’on se situe par rapport à eux. En principe, il nous revient, en tant qu’expatrié ou immigré, de nous adapter à cette nouvelle mentalité, de nous « ajuster », je crois que le mot convient bien, quasiment de nous modifier afin de nous adapter. Un peu darwinien évidemment comme conception, mais c’est vraiment cela. Dans la réalité c’est beaucoup plus difficile qu’il n’y parait. Même quand on est installé dans un pays européen. On ne peut pas gommer du jour au lendemain ce que l’on est, entrer comme ça dans un nouveau moule, d’où il ressortirait une personne nouvelle. Personnellement, venant d’une famille multiculturelle (et la liste des origines qui me composent est bien trop longue pour être ici détaillée), la chose ne m’a pas été trop, trop compliquée, même si ce n’est jamais facile de se retrouver dans un environnement nouveau. J’ai toujours été habituée à naviguer entre plusieurs eaux, me sentir parfaitement bien dans une atmosphère cosmopolite (quel mot magnifique !), ouverte sur le monde, et trouver mes repères au milieu de gens qui me considèrent comme pareille, mais tout de même différente. Je comprends désormais encore mieux qu’avant à quel point il est injuste de reprocher à un immigré de ne « pas vouloir s’intégrer ». En plus, c’est complètement faux, les immigrés veulent s’intégrer, mais on leur rappelle sans arrêt, on leur fait sans arrêt sentir qu’ils viennent d’ailleurs, parfois avec des petites remarques qui ne sont pas en soi méchantes, mais qui veulent bien dire que la personne ne vous considère pas comme faisant partie, ou entièrement partie, du groupe. Parfois même c’est dit tout à fait sympathiquement, mais la personne ne se rend pas compte de là où elle a mis le doigt. Par exemple, je parle bien anglais, j’ai très peu d’accent français sauf lorsque je suis fatiguée, et là ça a tendance à ressortir plus. Or, il m’arrive parfois, dans un magasin par exemple, qu’une personne me demande avec curiosité d’où je viens. Quand je dis Paris, il y a quelque fois des « oh » et des « ah » d’admiration, parfois, la question suivante est : depuis combien de temps je suis ici, puis, (et là ça ne rate jamais) est-ce que ça me plait de vivre ici. C’est demandé de façon sympa, parce que la personne est intéressée, curieuse de savoir qui je suis, mais après trois ans et demi, la question me surprend plus qu’au tout début. Comme si je ne m’attendais plus à ce qu'on me la pose. J’oublie que les gens ne savent pas que je suis ici depuis trois ans et demi. Cependant, je me dis que si on reste vivre ici pendant encore cinquante ans, dans cinquante ans on continuera, de temps en temps, surtout les jours où je suis fatiguée, à me demander d’où je viens… et si j’aime vivre ici.

Au-delà des différences visibles, de surface, comme rouler de l’autre côté de la route, ou la culture de la maison individuelle bien plus développée qu’en France, celle des pubs (qui pourtant ferment à tour de bras, mais d’autres ouvrant dans le même temps, cela compense plus ou moins), des Charity Shops (qui existent également en France, avec Emmaüs en tête de file, mais ce n’est pas aussi dévéloppé non plus qu’en Angleterre où il y a des Charity Shops à tous les coins de rue, et servant toutes les causes, les personnes âgées démunies, les enfants hospitalisés, les animaux…), et tout ce qui compose la parfaite carte postale anglaise et que recherchent les touristes, en tête de file les fameuses cabines téléphoniques rouges (de moins en moins nombreuses, téléphones mobiles oblige, et de moins en moins rouges) et les bus à deux étages, pourtant bien moins omniprésents que dans le passé, bref, au-delà des clichés évidents, c’est dans la mentalité britannique profonde qu’il faut aller rechercher les différences les plus marquantes, celles qui vont faire que votre vie d’expatrié(e) fera de vous, avec le temps, une personne à jamais différente. Ce qui va suivre relève de mon expérience personnelle, des observations faites des personnes que je côtoie régulièrement et de celles que j’ai eu l’occasion de rencontrer ponctuellement. Je ne prétends évidemment pas tout connaître de la mentalité britannique en général ni mettre tout le monde dans le même panier, même si, par commodité, j’écrirai « les Anglais » sans répéter à chaque fois « les Anglais que je connais… ». Mes observations sont juste quelques grandes lignes qui, je pense, se retrouvent cependant de façon assez générales.

Tout d’abord, les Anglais ne disent jamais, ou rarement, les choses ouvertement s’il y a un problème. De même, ils expriment peu leur opinion ouvertement. Si un problème survient, ils vous feront les gros yeux, ils vous lanceront peut-être un regard froid ou disons plutôt calmement distant, mais c’est tout. Et l’affaire s’arrêtera là. Complètement l’inverse de la mentalité française qui consiste plutôt, me semble-t-il, à mettre le problème sur la table et le résoudre, quelque soit le mode opératoire. En France, on appelle cela mettre les points sur les i. Ici, ça ne se fait pas. Il n’y aura pas de polémiques, de grandes discussions, encore moins de conflit. On se tait et on attend que ça passe. « Keep calm and carry on » étant quasiment la devise nationale, on passe l’éponge quelques soient les circonstances. Au début, j'avais vraiment du mal avec cela, mais une fois que l'on s'y est habitué, on voit tous les côtés positifs de la chose. Ainsi, pas de grosse brouille ou de dispute entre les gens, même lorsqu’ils ne sont pas faits du même bois. Ils parviennent toujours, si ce n’est à garder des rapports cordiaux, du moins à sauver les apparences en société. Les Français vont peut-être se montrer plus spontanés, voire très directs, mais si cela a au moins l’avantage de rendre les choses bien claires et nettes, on sait ce que l’autre pense, ils ne prendront souvent pas de gants pour dire ce qu’ils ont à dire et ça peut parfois engendrer une certaine brusquerie verbale un peu dure à encaisser, alors que les Britanniques, si vraiment ils doivent faire une remarque, font prendre des pincettes, enrober cela dans une grosse couche de coton et juste évoquer la chose en prenant le problème de biais, tourner autour du pot plutôt que d’aller droit au but, persuadés qu’ils n’auront pas besoin de le faire parce que vous allez tout de suite comprendre. Parfois c'est le cas, mais d'autres fois il faut décoder. Plus on s’habitue à cette façon de faire, mieux on y arrive. C’est également par ces regards calmes et posés, silencieux, que j’ai réalisé que certaines choses ne se font pas en Angleterre. Comme manger devant tout le monde un biscuit qui vient de votre sac alors qu’on en vend dans le café où vous vous trouvez. Mais je suppose qu’en France, ça ne se fait pas non plus. 

Ensuite, il est mal vu, mais alors très mal vu, de critiquer en Angleterre. Du moins c’est vraiment l’impression que j’ai vu qu’on ne me l’a pas dit ouvertement. Même si vous allez voir un film avec des amis, et qu’il est évident que le film était en fait un navet, on entendra rarement, (d’ailleurs ça ne m’est jamais arrivé de l’entendre) une personne dire qu’elle n’a pas aimé le film, et encore moins que c’était nul ! La personne dira plutôt quelque chose du genre : « c’était intéressant… » en marquant bien les trois points de suspension dans le ton de la voix. Si vous critiquez le film, vous allez saper l’ambiance. Les Britanniques ont tendance à vouloir à tout prix se concentrer sur les aspects positifs des choses et des personnes, à ne pas vouloir heurter, ni, donc, saper l’ambiance, et peut-être ont-ils peur de passer en société pour des personnes négatives et ronchonneuses. Ca ne me gêne pas, sauf lorsqu’il s’agit de critiquer au sens d’analyser. J’aime trop le cinéma pour supporter qu’un film soit mauvais, et ça me frustre lorsque je m’entends répondre devant les gens, en prenant un air très mystérieux et très dégagé : « c’était intéressant trois-petits-points... » alors qu’à l’intérieur de moi je bouillonne de l’envie furieuse de laisser s’exprimer tout mon dépit concernant ce metteur en scène qui a pondu cette œuvre commerciale et sans le moindre intérêt, et d'expliquer pourquoi je n'ai pas aimé le film. Mais ce serait considéré comme de la malpolitesse, alors je m’adapte et je fais comme tout le monde.

La politesse, justement, c’est la base de tout ici. Bien sûr, cela s’applique aux gestes de la vie quotidienne comme tenir la porte en sortant du magasin, ce qui se fait aussi à Paris, ou faire la queue, ce qui se fait parfois moins à Paris, où il arrive qu’une personne cherche à vous dépasser à la boulangerie par exemple (je règle mes comptes personnels, là…). Mais cela s'applique aussi dans tous les aspects des relations humaines. Ainsi, malheur à la personne qui oubliera de dire "s'il vous plait" ! On voit en effet le mot "please" absolument partout, là où on ne prend plus la peine de le mettre ailleurs. Et c'est vraiment particulier à la Grande Bretagne, car je n'ai pas vu ni entendu autant de "please" lors de mes séjours aux Etats Unis.

Super, hyper, méga important au Royaume Uni, le sens de l’humour. Si vous n’ avez pas le sens de l’humour, ce n’est même pas la peine de traverser la Manche pour venir vous installer ici. Même s’il vous est arrivé un gros pépin, il faut le raconter avec humour et si possible faire marrer tout le monde. Un bon truc pour y arriver : évitez de le raconter peu de temps après que cela vous soit arrivé, alors que vous en avez encore gros sur la patate. Laissez passer du temps, prenez du recul, visualisez de nouveau la scène dans votre tête pour y dénicher le côté marrant de la situation, il doit bien y en avoir un, et ensuite si vous avez encore envie de raconter l’épisode à votre entourage, c’est bon, vous pouvez y aller. Vu que je suis une personne hypersensible et que j’ai du mal à passer rapidement à autre chose quand il m’est arrivé un pépin, ou si quelqu’un s’est montré grossier avec moi... ou a essayé de me dépasser à la boulangerie... j’ai du mal à le raconter avec humour alors je garde les choses pour moi quand je suis en société. Je pense que l’humour doit également être considéré comme une forme de politesse en Grande Bretagne.

Une illustration, concernant les non-dits, la politesse, et l’humour. Lorsqu’il y a eu les événements à Charlie Hebdo en janvier dernier, j’étais vraiment mal. Manque de bol, il y avait une soirée jeux de société avec les voisins du quartier ce soir là. J’ai dû faire comme si tout allait bien et afficher, par politesse, un grand sourire, garder mon sens de l’humour et passer une bonne soirée. Certes, les gens m’ont demandé avec un peu plus d’insistance que normalement comment j’allais (je devais malgré tout faire une drôle de tête), mais tout le monde a fait « comme si de rien n'était », et personne ne m’a posé la moindre question sur ce qui s’était passé à Paris, alors que tout le monde était évidemment au courant. Pas un mot, le non-dit général, et c’était bien mieux comme ça. De mon côté, pas question, je l'ai bien compris, de mentionner ne serait-ce qu'un mot de ce qui s'était passé. De toute façon je n'en avais aucune envie. C’est un peu comme ça partout, mais ce que je veux dire, c’est que cette tendance de vouloir sauver les apparences, faire comme si tout allait bien est, je le pense, nettement plus marquée en Grande Bretagne qu’elle ne l’est en France. Tout comme la politesse qui est bien sûr importante en France, comme partout ailleurs, mais ici, c’est une véritable institution. Les traditions, d'ailleurs, sont extrêmement importantes en Grande Bretagne. Certaines sont un peu surprenantes pour nous Français. Ainsi, je n'ai jamais compris pourquoi il fallait absolument manger des fraises pendant le tournoi de Wimbledon. Mais si un jour j'ai la chance d'assister à un match à Wimbledon, s'il faut manger des fraises, eh bien je mangerai des fraises. D'ailleurs, certaines personnes en achètent à ce moment là, même s'ils ne vont pas assister au tournoi de Wimbledon.

S’il est mal vu de critiquer, il est aussi mal vu de se plaindre. De quoi que ce soit. Je n’ai jamais entendu personne se plaindre de ses conditions de travail par exemple. Ronchonner, râler, je n’en parle même pas. Les Français ont la réputation d’être des râleurs, et ici cela agace car les gens ne comprennent pas pourquoi et de quoi les Français se plaignent. Et il faut reconnaître qu’ils ont raison parce que la France est l’un des pays au monde où il fait le mieux vivre, et les Français devraient en prendre davantage conscience. Cependant, il est vrai que le Français va, contrairement au Britannique, réagir plus vivement, protester plus énergiquement lorsque, par exemple, des personnalités politiques cherchent à imposer des réformes bidons. D’une certaine façon, c’est bien de ne pas vouloir se laisser faire, je ne rejette pas le côté un peu « révolutionnaire » des Français, mais de l’autre, cette attitude, lorsqu’elle est appliquée systématiquement et parfois, il faut bien l’admettre, sans discernement, a pour conséquence de bloquer des réformes qui, elles, seraient absolument nécessaires pour faire progresser le pays et lui garder sa compétitivité et son dynamisme (et ainsi garantir à l'avenir le niveau de vie et la qualité des structures sociales).

Humour, positivisme… et excentricité. Au Royaume Uni, mais là je n’apprends rien à personne, on ne se formalisera pas si vous êtes complètement excentrique. Ca ne veut pas dire que tout le monde est excentrique, bien sûr, mais ça n’étonnera ou ne choquera personne si, par exemple, vous roulez dans une benne à ordure (les « skips » comme on les appelle ici) transformée à coup de bricolage du week end en voiture sans toit, je l’ai moi-même vu sur une route, j’ai vu également le Père Noël en personne conduire l’autobus, un adulte déguisé en batman dans la rue, qui vaquait tranquillement à ses occupations, d’autres costumés en personnages de Star Wars, des personnes avec des cheveux de toutes les couleurs ou des coifffures incroyables… J'adore ce genre de trucs mais, je vous l’accorde, on ne fait pas de telles rencontres tous les jours. De même, personne ne se moquera de vous si vous collectionnez les pots de sel et poivre (encore eux), les savonnettes d’hôtel, les pots à lait en forme de vache, les housses de parapluie, les étiquettes de bouteille d’eau, les vis, les clous, les gommes ou les fourchettes à deux dents. Vous avez parfaitement le droit d’être un collectionneur compulsif. Le tout est d’avoir la place d’entreposer votre collection. Je crois d’ailleurs que les collectionneurs sont, en règle générale, plus nombreux au Royaume Uni qu’en France, où on les considèrerait parfois comme de doux dingues.

Voici donc quelques aspects, très rapidement brossés, de la vie en Grande Bretagne vue sous l’angle des rapports humains, du choc culturel des mentalités et de la vie en société. Car c’est bien d’un choc culturel qu’il faut s’attendre en venant ici. C’est tout de même étonnant que deux pays si proches géographiquement montrent de telles différences dans la mentalité de leurs peuples respectifs. Parfois, il me semble même que la Grande Bretagne est carrément l’inverse de la France.

Mais il y a d’autres choses qui sont l’inverse de la France. Tout le monde sait que les voitures roulent de l’autre côté, et que par conséquent on tourne dans l'autre sens dans les carrefours, mais sait-on, par exemple, que les manèges tournent eux aussi dans l’autre sens ? En France, les manèges pour les enfants tournent en effet dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, au Royaume Uni, c’est le contraire. Sait-on que le poivre et le sel sont inversés dans les pots ? En France, le sel est mis dans le pot qui a le plus de trous, et le poivre dans celui qui n’a qu’un seul trou. En Angleterre, « salt » est écrit sur le pot à un seul trou et « pepper » sur le multi-trous. Bon à savoir quand ce n’est pas marqué dessus. Evitez alors de sniffer, comme je l’ai fait, les orifices du pot multi-trous pour vérifier ce qu’il y a dedans. Autre exemple, j'ai vu quelqu'un écrire tout naturellement sur un bout de papier une division dans l’autre sens. Comme si on la regardait dans un miroir. Je ne dis pas que tout le monde fait ainsi, mais ça ne me surprendrait pas. Pour écrire les nombres, (mais là je crois que c’est le monde anglo saxon dans son ensemble qui est concerné) on met une virgule juste après l'unité de mille, alors qu’en France la virgule, ben c’est la virgule, quoi... Il y aurait bien d'autres exemples à donner.

Vivre en Grande Bretagne, il y a vraiment de quoi en perdre son latin…



32 réactions




  • LA QUESTION PRINCIPALE A SE POSER MESSIEURS LES MAL ELUS NATIONAUX PLETHORIQUES :

     - pourquoi nos nos jeunes cerveaux quittent leeur pays:LA FRANCE parce qu’on leur propose

    un demi salaire et un double loyer ICI

    • Surya Surya 9 juin 2015 10:22

      Bonjour TOUSENSEMBLE OU L ECUREUIL ROUGE


      Oui, c’est vrai, beaucoup partent en effet parce que la conjoncture est un peu difficile en France, et qu’ils cherchent de meilleurs salaires, mais j’espère que tous ne partent pas uniquement pour cela, et je crois que certains veulent tenter l’expatriation pour l’expérience de vie et l’expérience humaine que cela apporte. C’est incroyablement enrichissant (je ne parle pas de gros sous évidemment) de se retrouver catapulté dans une autre culture et de devoir s’adapter. Ca ouvre également de nouveaux horizons. C’est pourquoi je trouverais vraiment bien que les entreprises françaises qui le peuvent envoient leurs employés (volontaires bien sûr) quelques temps dans un autre pays afin de ramener ensuite en France des idées nouvelles. L’ouverture sur le monde, sur les idées des autres, c’est la clef de la réussite économique d’un pays. On ne peut pas réussir en se refermant sur soi même comme une coquille d’huitre et en passant son temps à se regarder le nombril.
      Merci de votre commentaire. Le travail m’attend, et je ne pourrai donc répondre aux éventuels autres commentaires avant ce soir. Bonne journée à tous smiley

    • bakerstreet bakerstreet 9 juin 2015 14:34

      @Surya


      Ceci dit, certains éprouvent pas le besoin de partir, et c’est très respectable. D’autres partent et n’en font aucun profit, choisissant de se murer dans leur culture, faisant tribu. Les anglais justement dans les colonies, en furent un triste exemple : Ils déléguaient aux supplétifs, des populations locales , comme les sikhs, auxquelles ils donnaient un pouvoir, entretenaient ainsi les clivages. C’est ainsi qu’ils gouvernèrent aux indes, développant le système haïssable des castes, dont les intouchables sont les derniers échelons. Le départ des anglais en 48 ne créèrent pas de schisme au sein des colons, comme en Algérie pour les français par exemple, puisqu’il n’y avait eu pour ainsi dire aucun métissage de population... Petite digression pour dire que le voyage n’est pas forcément un étourdissement, et une remise des valeurs pour certains, bien au contraire. Le voyage commence donc avant, dans la qualité de l’être, et finit bien après qu’on soit rentré, tant ses prolongements font racines dans le temps.

    • Surya Surya 9 juin 2015 18:10

      Bonjour bakerstreet

      Je crois que les gens, enfin beaucoup de gens, j’espère pas tous, se sont toujours comportés de façon odieuse lorsqu’ils étaient colons dans un pays colonisé. L’impression d’être supérieur à l’ « indigène », j’imagine, et d’avoir tous les droits...

    • Fergus Fergus 9 juin 2015 18:42

      Bonjour, TOUSENSEMBLE OU L ECUREUIL ROUGE

      Nos « jeunes cerveaux » sont parfois contraints à s’expatrier, au moins quelques années : aucune chance pour un doctorant de décrocher un poste convoité s’il n’a pas passé quelques années de post-doc à l’étranger. Cela notamment été le cas de ma belle-fille, docteur en biologie :18 mois à Londres, puis 18 mois à Singapour avant d’obtenir un poste intéressant dans un institut prestigieux à Paris.


    • bakerstreet bakerstreet 9 juin 2015 19:11

      @Surya Je pense qu’il y a un atavisme, qui est une forme de conformisme ambiant du groupe, en rapport à un code enseigné, des valeurs, qui font que l’immense masse se comporte de la façon qu’elle croit opportun de le faire. 

      Le colonialisme en est l’exemple éclatant. Difficile de se comporter difficilement que les autres, sans être mis à l’index. Mais il y eut peu « d’esprits forts », la plupart des gens se faisant porter par ce qu’ils pensaient autorisé, voir conforme, ou normal....Les supporters de foot, de tous pays, dans leur pire expression, qui est le hooliganisme, reproduisent cette bêtise de l’envahisseur, le soudard en temps de guerre, qui profite du groupe pour faire des exactions. 
      A l’inverse, l’individu seul, est souvent obligé de se remettre en question, de réinitialiser ses valeurs, en fonction de ce qu’il observe. Beaucoup gagneraient à « être lâché », ainsi en pays inconnu, n’ayant pas la bande, privés de leurs pauvres références culturelles qu’ils pensent éternelles. 
      Je reviens du Portugal. Ce pays est un bol d’air. Calme, luxe, volupté.... Il règne encore dans ce pays de grande culture et de modestie, des valeurs qu’on voyait en France dans les années soixante : Civilité, politesse, gentillesse, respect, et une très grande honnêteté. 
      J’ai été plusieurs fois rattrapé dans la rue, après avoir oublié des affaires, et même mon portefeuille avec mes papiers mon argent dans un bar.....Comme en Angleterre, les gens ne se plaignent pas. Un proverbe portugais dit « n’est pauvre que l’homme qui se sent pauvre »....Tout est dit dans cette phrase, pour illustrer des mœurs de princes.
      Ce n’est pas la première fois que la visite d’un pays étranger me rend songeur, sur notre capacité à recevoir.

    • Fergus Fergus 9 juin 2015 21:52

      Bonsoir, bakerstreet

      « J’ai été plusieurs fois rattrapé dans la rue, après avoir oublié des affaires, et même mon portefeuille avec mes papiers mon argent dans un bar... »

      Cela ne m’est pas arrivé au Portugal, mais en Grèce. Je me rendais dans les Cyclades avec mon épouse, et nous devions passer une nuit au Pirée avant de prendre le bateau pour Santorin le lendemain matin. Le soir, nous sommes allés faire un tour à Plaka où nous avons bu un verre à une terrasse. C’est en arrivant dans le métro, 20 minutes plus tard, que je me suis aperçu que j’avais oublié mon sac à dos. A l’intérieur, nos pièces d’identité, notre argent, notre carte de crédit, nos billets d’avion Athènes-Paris, nos billets de bateau pour Santorin, sans oublier l’appareil photo. Je me suis dépêché de remonter à Plaka. Je suis arrivé au bar environ 35’ après que nous en soyions partis. Le sac à dos avait été signalé par un client et mis en sûreté par le personnel du bistrot. Rien n’y manquait. Depuis, j’ai du mal avec les gens qui disent du mal des Grecs ! smiley

      Entièrement d’accord sur les Portugais.


    • Surya Surya 9 juin 2015 22:56

      Ce que vous dites me donne vraiment envie de visiter le Portugal. J’espère avoir l’occasion un jour de le faire car je sens déjà que je vais aimer ce pays qui, je crois, est très beau, et dont les gens sont visiblement si adorables.


      Bonne soirée à vous smiley

    • agent ananas agent ananas 9 juin 2015 23:24

      Bonsoir Bakersteet, Fergus

      Et bien moi il y a très longtemps je me suis fait volé un petit sac à dos avec mon passeport et du fric dans un train en Inde... L’an dernier à Bangkok, le management du palace dans lequel j’avais passé un week-end s’est servit sur mon compte bancaire comme dans un self-service (plus de 900 dollars en sus de la facture... une autre raison pour laquelle je déteste les cartes de crédit et préfère le cash, soit dit en passant...).
      Malgré ces déboires, je reste indulgent pour ces contrées où j’ai vécu des aventures insolites et des expériences extraordinaires qui m’ont beaucoup apporté.
      Suffit de faire la part des choses...


    • Joe Chip Joe Chip 10 juin 2015 01:02

      @Surya

      Paradoxalement, l’Angleterre est un pays où l’on apprend le moins de langues étrangères, ce qui constitue pourtant à mon sens un des principaux marqueurs de « l’ouverture sur le monde »... sauf si le « cosmopolitisme » consiste essentiellement à parler anglais et à adopter partout les normes juridiques et économiques anglo-saxonnes. Même The Economist a récemment tiré la sonnette d’alarme et critiqué le fait que les jeunes anglais n’apprenaient plus aucune langue étrangère - le nombre de locuteurs français et allemands en Angleterre a chuté de moitié en 20 ans.

      Par ailleurs, je lis régulièrement le Daily Mail (par amusement mais aussi pour « tâter » l’opinion de l’anglais moyen) et je n’y retrouve pas vraiment ce détachement amusé et poli que vous évoquez dans votre article. Les gens se révèlent plutôt bornés et intolérants, allergiques à l’Europe en général et à la France en particulier, et s’y plaignent autant (sinon plus...) que les Français, en particulier sur le sujet de l’immigration, qui est abordé crûment et sans les interdits idéologiques ou renvois à la seconde guerre mondiale auxquels nous sommes habitués dans le débat français. Les Anglais - o surprise - attribuent la quasi totalité de leurs problèmes à « l’Europe », jugeant - à tort en plus - être les vaches à lait du continent payant pour tous les autres.

      Vos observations sont donc peut-être fondées sur des personnes d’un certain niveau socio-professionnel, urbains, londoniens... et je ne suis pas certain que la différence soit tellement marquée par rapport à des habitants de grandes métropoles en France présentant un profil similaire. On sent bien d’ailleurs que vous décrivez la France à travers l’exemple de l’huître « passant son temps à se regarder le nombril » (critique que l’on retrouve souvent dans la presse anglaise, bien entendu). Mais n’est-ce pas un raccourci un peu rapide ?


    • Surya Surya 10 juin 2015 10:06

      Bonjour Joe Chip,


      Je trouve votre commentaire vraiment incroyable. Je vis en Angleterre, je côtoie des Anglais du matin au soir, je fréquente ceux de mon quartier... je ne prétend évidemment pas tous les connaître, mais j’en connais un bon nombre, et vous,vous êtes là à prétendre m’apprendre comment sont LES Anglais, (que vous mettez visiblement tous dans le même panier en plus), à partir de la lecture d’un journal ! En plus le Daily Mail !!

      Un journal, vous le savez très bien, c’est écrit par quelques personnes seulement, qui expriment leurs opinions, qui sont supposées attirer le plus de lecteurs possible (donc les journaux font rarement, mais alors très rarement, dans la modération, quelque soient leurs opinions politiques) et qui bien sûr cherchent à faire voter leur lectorat de la même façon qu’eux... 

      N’y retrouvez pas, dans votre tabloid, le « détachement amusé et poli » dont je parle, que voulez-vous que j’y fasse ?? Moi je parle des rapports humains entre les gens dans la vie de tous les jours, pas de ce que quelques uns écrivent dans un journal !

      Non, LES Anglais n’attribuent pas la quasi totalité de leurs problèmes à l’Europe. QUELQUES Anglais, une certains catégorie d’Anglais. Cameron est pro européen, il a encore dit hier ou avant hier je sais plus aux nouvelles qu’après la négociation avec les partenaires européens, il appellerait les électeurs à voter en faveur du maintien dans l’union. Le Labour est pro-européen, Sturgeon est, elle aussi, farouchement pro-européenne... Bref, il n’y a que le UKIP et les journaux qui le soutiennent de près ou de loin... qui sont anti-européens. Et bien sûr, chez vous, ça devient... LES Anglais sont anti européens...
      Maintenant ça changera peut être avec les campagnes électorales, je ne sais pas. On verra bien ce qui se passera au moment du référundum. 

      Je connais personnellement plein des gens qui sont complètement pro-européens. Mais ceux là, ils ne s’expriment pas dans votre tabloid que vous utilisez pour «  « tâter » l’opinion de l’anglais moyen » et donc ils n’existent pas à vos yeux. 


      « Vos opinions sont donc peut-être fondées sur des personnes d’un certain niveau socio professionnel, urbains, londoniens »... 

       smiley Mais c’est pas vrai, qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir absolument que je sois à Londres, et que je fréquente des gens « de la haute » ? smiley
      Non, je ne suis pas à Londres, et les gens qui font mon entourage sont d’un milieu modeste. Je l’ai déjà dis dans un commentaire plus haut.
      On voit bien que vous ne connaissez pas bien l’Angleterre, en plus, sinon vos ne diriez pas ça.

      Pour ce qui est des langues étrangères, je ne sais pas ce qu’il en est en général, mais je sais que les enfants des gens que je connais apprennent une langue étrangère dans leur collège. Et, je le répète encore, non je ne suis pas au milieu de gens de la haute. Les collèges sont ceux de ma petite ville. Nous connaissons bien le mec qui tient la buvette de la gare, puisque nous allons boire un thé chez lui chaque fois que l’on part pour Paris, et sa fille, qui apprend le Français, est récemment partie en voyage scolaire à Paris, ce qui m’a fait très plaisir, avec son professeur de langues et toute sa classe. (je mets « langues » au pluriel car il n’est pas rare ici de demander aux professeurs d’enseigner plusieurs langues, Français et Espagnol par exemple)

      Voilà, je me base sur des exemples concrets, sur les gens que je connais, sur ma vie quotidienne ici, et pas sur ce qu’on lit sur les journaux. Je vis en Angleterre, pas vous, et contrairement à vous je ne prétends pas parler DES Anglais dans leur ensemble et tout savoir sur eux. 

      Ps : j’ai toujours dis « se regarder le nombril », depuis bien avant que je vienne vivre en Angleterre. Ce n’est donc pas une expression que j’ai pêchée dans les tabloids anglais et que je ressortirais fièrement comme vous le laissez entendre.

    • Surya Surya 10 juin 2015 10:19

      « Je l’ai déjà dis dans un commentaire plus haut. »


      Non, je me suis trompée, c’est plus bas dans le texte.


  • Radix Radix 9 juin 2015 11:44

    Bonjour Surya

    Réflexions intéressantes sur les différences entre anglais et français.

    Les seuls anglais que j’ai rencontré sont des expat. ou des voyageurs qui avaient un comportement assez différent de celui que vous décrivez. C’est sans doute du a la fréquentation d’autres cultures, une forme d’adaptation à un milieu différent.
    Ma femme, née au Kenya à l’époque de la colonisation anglaise, a connu le comportement en société que vous décrivez.... Qu’elle a ressenti comme une forme d’hypocrisie !

    Radix


    • Surya Surya 9 juin 2015 18:06

      @Radix

      Bonjour Radix,

      Pour moi, l’hypocrisie serait de faire de grands sourires à quelqu’un par devant, et ensuite de lui casser du sucre sur le dos quand la personne n’est pas là. Or je n’ai jamais vu personne faire cela en GB. Quand nous voyons Untel ou Bidule, je ne les ai jamais entendu dire du mal de Machin derrière son dos. Il doit bien y avoir des gens dans le quartier qui ne s’apprécient pas, mais on n’en saura rien. Et du coup on passe de bonnes soirées lorsqu’on se regroupe pour des jeux de société ou d’autres trucs. Je n’apprécie pas tout le monde à la même hauteur, et il doit bien y avoir des gens qui ne m’apprécient pas trop, ou pas du tout. Mais tout le monde fait l’effort de passer un bon moment ensemble. C’est sur cette expérience personnelle que je me base, et puis peut-être y a-t-il des différences de comportements entre les Britanniques des différentes régions, un peu comme on dit les Bretons sont comme ci, les Savoyards comme ça, les Marseillais etc... mais je ne pourrais pas vous le dire car je ne connais que là où je suis.

      Je crois que dans toute société il y a un cadre culturel général (c’est d’ailleurs ce qui nous fait dire des choses du genre : les Anglais sont comme ci, les Mexicains comme ça, les Américains comme ça etc) et je crois qu’il y a beaucoup de vrai dans ce que l’on en perçoit, même si forcément c’est toujours un peu stéréotypé et cliché aussi, et puis au dessus de ça viennent se greffer tous les comportements humains, qui eux se retrouvent absolument partout. 

      Je ne crois pas que l’hypocrisie soit la base du cadre culturel général du Royaume Uni. Je crois que c’est plutôt une extrême politesse, une forme d’éducation, dont le but est de pouvoir vivre en société les uns avec les autres sans se marcher dessus ni risquer d’affrontements entre deux personnes qui ne s’apprécient pas. Ensuite, le Royaume Uni étant peuplé comme partout d’être humains, c’est comme partout ailleurs, il y a des gens sincères, et des gens hypocrites. 

      Bonne soirée smiley

    • Joe Chip Joe Chip 10 juin 2015 01:28

      @Surya

      Il est faux d’ailleurs de reprocher aux Anglais ou aux Américains leur « hypocrisie » sous prétexte qu’ils cherchent à arrondir les angles et à éviter les affrontements, comportements liés à l’importance du commerce et des marchands dans la culture anglo-saxonne : pas question de s’embrouiller avec un client potentiel ! Donc les sujets délicats, tant personnels que politiques, sont mis de côté. C’est plus une forme de neutralité bienveillante, que j’avais également retrouvé au Canada. Et il faut bien l’admettre, c’est plutôt agréable même si les relations interpersonnelles buttent parfois sur cette « politesse » qui peut empêcher de nouer des relations plus « profondes ».


  • Yohan Yohan 9 juin 2015 14:11

    Il faudrait que chaque français s’expatrie au moins un an, on y gagnerait en intelligence 


  • bakerstreet bakerstreet 9 juin 2015 14:23

    Texte agréable à lire. 

    On pourra tout autant faire l’éloge de l’éloignement, quel que soit le pays, et même la région, la maison, le métier, la famille : Prendre le large donne l’avantage de voir de loin le port où l’on a vécu, et c’est non seulement une autre perspective, mais d’autres courants, qui font que les choses les plus élémentaires qu’on pensait évidentes en soi, s’avèrent très relatives. 
    Le voyage justement à cause de ses décalages incessants, vous donne cette capacité de voir, qui échappe même à l’autochtone ; d’une certaine façon, c’est facile : Tant de matériel offert, qu’il suffit de faire fructifier. C’est presque un jeu, une frénésie, un abandon actif. On aura donc beaucoup de profit à écrire ses expériences, qui de nouveau nous permettront d’enrichir les enseignements, et de nous étonner. 
    Et c’est ainsi que les enfants grandissent, dés qu’ils partent en vacances. Plus tard, le voyage permet donc de retrouver cette force de la jeunesse !

    • Surya Surya 9 juin 2015 18:24

      Bonjour bakerstreet


      « Prendre le large donne l’avantage de voir de loin le port où l’on a vécu »

      Et c’est tellement vrai ! Voilà pourquoi désormais je ne vois Paris que de façon presque uniquement positive. Ce qui n’était pas le cas avant. Comme je l’ai dis, j’ai toujours adoré Paris, mais justement parce que je l’adore, je n’ai jamais pu supporter ses défauts. Comment peut-on accepter qu’une ville aussi belle, aussi pleine de charme, soit aussi sale, par exemple ? Ca m’a fait beaucoup, beaucoup râler dans le passé, et j’avais vraiment honte pour les touristes qui font l’honneur aux Parisiens de venir visiter la capitale. Et pourtant, malgré toutes mes râleries, quand mon compagnon m’a annoncé qu’on partait car son contrat temporaire n’était pas renouvellé, j’ai fondu en larmes, en pleine rue en plus ! Du coup maintenant je ne râle plus quand je viens à Paris ! J’ai le sourire du matin au soir smiley Franchement, je devrais être subventionnée par Anne Hidalgo smiley




    • Fergus Fergus 9 juin 2015 18:56

      Bonjour, Surya

      La collecte des ordures à Londres est-elle toujours bi-hebdomadaire ? Avec pour conséquence des rues qui puent en été lors des fortes chaleurs : j’ai connu cela en différents lieux, le plus spectaculaire étant Chelsea avec ses poubelles repoussantes à proximité des voiture de luxe garées le long du trottoir.

      A part cela, j’ai peu de reproches à faire à cette ville. J’apprécie énormément l’ambiance qui y règne, et la gentillesse naturelle des Anglais. Petite anecdote : mon fils et ma belle-fille ont assisté dans un pub de Battersea à un Angleterre-France du tournoi des 6 nations. Match perdu par les Français, avec à la clé quelques vannes amusées, mais aussi une invitation du patron à déguster un homard pour « oublier » ce résultat. Sympa, non ?


    • Surya Surya 9 juin 2015 19:06

      Bonjour Fergus,


      Je ne suis pas à Londres, je vis dans une petite ville, très propre, où ça ne pue pas du tout, donc je ne peux pas vous répondre concernant Londres car je n’en sais rien. Si un jour nous déménageons à Londres, je pourrai alors vous répondre. Cela dit, je trouve Londres très propre, et son métro est nickel, on pourrait presque marcher nu pieds dans les voitures. 
      Chaque ville à son problème. Paris, c’est les crottes de chien omniprésentes, qui font très mauvais effet aux touristes, alors vous savez... smiley 

      Oui, super sympa en effet smiley 

  • Olivier Perriet Olivier Perriet 9 juin 2015 16:16

    Bonjour,
    vu votre description...je ne m’expatrierai pas en Angleterre !

    Mais ces comportements concernent-ils toutes les classes sociales anglaises ou seulement les gens « de la haute » ?
    Je me rappelle d’un séjour assez rugueux à Oxford où je n’avais pas l’impression qu’il y avait un culte de la retenue et de la discrétion.


    • Plus robert que Redford 9 juin 2015 17:15

      @Olivier Perriet
      Bien vu !

      L’article laisse plutôt entrevoir l’émigration d’une Bobo française chez les « high-brow » British...

      On aimerait maintenant l’avis d’un gros-pieds franchouillard amateur de foot et de bibine sur les Rosbifs tendance ouliganes...


    • bakerstreet bakerstreet 9 juin 2015 18:19

      @Plus robert que Redford

      Ouai, c’est sûr que les fraises à Wimbledon en rapport à la l’angleterre-terre à terre, c’est un peu ce qu’est Agatha Cristie à Jack the ripper. 
      « the selfish giant » par exemple, de Clio Barnard, se déguste plus avec un tord boyaux de whiskey à deux balles plutôt qu’avec du thé et des muffins
      Après ce truc brut de coffrage, qui en dit assez long sur la crise en angleterre, vous trouverez Ken Loach un peu trop sweet. 
      Sinon, j’adore ce pays, sa littérature, sa musique, et ses motos. 
      Bien que son guidon soit à gauche, je ne céderais pas ma « royal enfield » pour une Harley

    • Surya Surya 9 juin 2015 18:34

      @Plus robert que Redford
       Eh bien non, je ne suis pas du tout une bobo française, et la petite ville où je vis est une ville où les gens sont de milieu modeste. Je ne sais pas du tout sur quoi vous vous êtes basé pour lancer comme ça, en l’air, que j’étais une bobo française, genre « de la haute ».


      @ Olivier Perriet, vous aussi vous vous trompez complètement. Vous me demandez si ce genre de comportements ne se trouve que chez les gens « de la haute », alors que justement je vis dans une ville où les gens sont de milieu modeste. 

      Je trouverais presque votre attitude hautaine et méprisante envers les gens modestes. Le fait que vous ayez pris comme fait établi que je vis dans la haute société britannique signifierait-il que selon vous, avoir de l’éducation (que le type d’éducation reçue vous plaise ou pas, ce n’est pas le problème) ne peut se rencontrer que parmi les gens « de la haute » ?? Les gens modestes, par définition, n’ont aucune éducation ? 

    • Surya Surya 9 juin 2015 18:37

      @Plus robert que Redford

      J’ajoute que j’adore le « bien vu ! » qui tombe complètement à côté de la plaque. Amusant... smiley


    • Surya Surya 9 juin 2015 18:55

      Au fait, heureusement que les Anglais ne jugent pas les Français sur la seule base des crânes rasés de je ne sais plus quel club de foot français que j’ai vu un jour beugler des horreurs en faisant des saluts nazis sur le stade, ou sur les « Monsieur-tout-le-monde » qui picolent comme des trous avant de prendre le volant, sinon ils auraient une bien mauvaise image de nous...


      La vulgarité existe partout. Dans tous les pays du monde. De même que la violence sur les stades de foot. Ce n’est pas une question de classe sociale et ce n’est pas sur ce genre de personnes qu’il faut juger un pays et un peuple. 

    • Olivier Perriet Olivier Perriet 9 juin 2015 22:50

      @Surya

      Je posais juste une question sur la représentativité de votre expérience ; visiblement j’ai touché un point sensible sans le vouloir...


    • Surya Surya 9 juin 2015 23:01

      @Olivier Perriet


      Non, c’est juste que je voulais bien préciser que vous faisiez fausse route en pensant que j’évolue dans la haute société britannique. Pas de point sensible de touché, ne vous inquiétez pas.

      Bonne soirée à vous smiley

  • agent ananas agent ananas 9 juin 2015 22:41

    « Je n’ai jamais autant visité et découvert Paris que depuis que je n’y suis plus »
    Exact. Moi même expatrié en Asie depuis plus de 20 ans, je fais le même constat à chaque fois que je suis de passage à Paris, une ville que je croyais connaitre comme ma poche. Ancien habitant du Marais et de la Goutte d’Or (après avoir grandi en banlieue), j’ai l’étrange impression d’être un touriste qui découvre cette ville avec un regard neuf, différent.
    Il y a une comparaison que l’auteure semble oublier dans cet article où le « culture-shock » est pourtant bien ressenti. Les anglais sont plus froids et distants que les français qui sont bien plus « interactifs » (pour le meilleur et pour le pire). C’est la remarque que m’avait fait ma fille adolescente lors de sa première vraie visite de Paris, elle qui généralement passe ses vacances à Londres et dans le Shropshire (sa mère est britannique). Elle trouve les français « plus sympas » en général, bien qu’elle se sente plus « british » que « franchouillarde ». L’influence maternelle sans doute...
    Il est intéressant de noter aussi que si de nombreux français s’expatrient ou s’exilent en Grande Bretagne (à Londres pour la plupart) pour des raisons d’emploi (ou fiscales), de nombreux britanniques s’installent en France ou y ont leur résidence secondaire pour son art de vivre. L’an dernier j’ai passé une semaine en Périgord et n’y ai rencontré que des britanniques pour la plupart. Dans le village en Midi-Pyrénées où je me rends (quand je peux) je connais au moins trois anglais (qui sont bien intégrés).
    CQFD ; l’expatriation élargit la vision du monde et rend plus tolérant des deux côtés de la Manche... ou du manche !


    • Surya Surya 9 juin 2015 23:24

      Bonsoir agent ananas


      Froids et distants... disons que certains peuvent se montrer très réservés lors des premières rencontres, c’est vrai. En fait, je crois que c’est surtout vrai pour les gens d’un certain âge. Et je crois aussi que c’est dans le premier contact qu’il y a le plus de différence. Je sais que beaucoup sont surpris par exemple par notre habitude de nous faire la bise même si on se rencontre pour la première fois. Mais une fois la « glace » brisée, vous allez bien rigoler avec eux, parce qu’ils adorent s’amuser. Passez la soirée dans un pub en Angleterre avec quelques amis anglais et vous allez voir... Mais je suis sûre que ce que je vous dis, vous le savez déjà, de part vos liens familiaux.

      Oui, je mentionnais dans un com plus haut les Anglais qui s’installent en France. Je sais qu’ils sont très bien intégrés, je crois même que certains ont fondé des journaux locaux en anglais.

      Bonne soirée smiley


    • agent ananas agent ananas 9 juin 2015 23:41

      Bonsoir Surya

      Je faisais une généralité du comportement des citadins. Ceci dit j’ai quelques bons ami(e)s à Londres et trouve les écossais bien plus réceptifs.


Réagir