mercredi 4 avril 2012 - par Disjecta

Elections 2012 : deux visions du monde s’affrontent

Il est des moments plus cruciaux que d'autres où il est donné à chacun de mieux comprendre certains des antagonismes fondamentaux traversant notre société. L'élection présidentielle de 2012, par le tour qu'elle prend, en fait sans aucun doute partie.

L'élection "pépère" que nous promettent depuis au moins un an les éditorialistes les plus en vue a fini par déraper, après ce qu'on tiendra peut-être plus tard pour un événement historique essentiel. Le 18 mars, 120 mille personnes inondaient la place de la Bastille pour un meeting du Front de Gauche. L'ampleur du mouvement suffisait à réveiller des journalistes assoupis par les joutes sans enjeu de deux candidats d'accord sur l'essentiel, en plus d'instituts sondagiers concentrés à imposer à un peuple souverain l'évidence d'un deuxième tour présidentielle insipide et attentifs tout d'un coup à ne pas sembler complètement dévoyés par leurs propriétaires au soir du premier tour. (Pour rappel, IFOP est détenu par Laurence Parisot, CSA par Bolloré, BVA par Rotschild, IPSOS par Pinault, Opinion Way par Patrick Buisson, TNS-SOFRES par Marc de Lacharrière.)

Au-delà de cet événement, et à la suite de celui-ci, la fausse opposition entre "un président des riches" (dont la seule ambition était de faire oublier aux naïfs la substance profonde d'un mandat de cinq ans parmi les plus réactionnaires) et un dirigeant socialiste (ayant oeuvré toute sa vie à faire basculer son parti dans les folies réactionnaires du premier) perdait subitement en contraste, laissant voir à tous combien le futur de notre pays ne se situait pas forcément entre la certitude de cinq ans de destruction néo-libérale supplémentaire et la promesse de cinq ans de destruction néo-libérale supplémentaire "avec du sens".

Les masques tombaient et on voyait alors la patronne du syndicat patronnal français perdre toute mesure en dévoilant tout à fait le vrai visage de cette France promise par les candidatures sans danger des Bayrou, Lepen, Sarkozy, Hollande. Jean-Luc Mélenchon "me fait peur", expliquait-elle subitement, dans un élan de confession aussi touchant que révélateur. "Il est l'héritier de la terrible Terreur révolutionnaire, contre les plus belles valeurs de la Révolution".

Subitement, Parisot donnait à tout le monde la meilleure leçon d'Histoire possible, en tant que tenante d'un patronnat brutal et cupide, promotrice directe des mesures les plus violentes contre les travailleurs, défenseuse d'une classe apatride détenant plusieurs quartiers de Neuilly et préoccupée seulement par la seule idée de se faire le plus de fric possible en contribuant le moins à la solidarité nationale, harpie néo-libérale s'alignant sans vergogne quoique avec logique derrière le président le plus réactionnaire de la Vème république tout en reprochant aux syndicats des travailleurs d'afficher leur préférence pour la gauche.

Car quelles valeurs agitait vraiment Parisot, au moment où elle affiliait Mélenchon aux figures historiques honnies par les bien-pensants de la révolution de 1789 - Marat, Robespierre et Saint-Just pour ne pas les citer ? Celles de la libération d'un peuple placé sous la férule d'un pouvoir monarchique absolu et tortionnaire (cf. l'exécution de Damiens), confinant l'écrasante majorité de la population à la misère pour permettre à une minorité de se gorger dans les privilèges et l'oisiveté ? Quand c'est là presque mot pour mot l'ambition de la patronne des patrons et celle de sa classe, soit préserver la richesse de quelques parasites oisifs au détriment d'une masse de travailleurs, considérés comme trop payés, paresseux et grévistes par surcroît.

Les belles valeurs de la Révolution, Parisot n'en a aucune idée. Car ce qu'elle agite - et tous ses thuriféraires avec elle, les Bayrou, Hollande, Lepen, Sarkozy et leurs perroquets médiatiques - ce ne sont pas ces valeurs mais bien les menaces déjà contenues dans le célèbre Manifeste de Brunswick.

Que disait en substance ce document, ce torchon réactionnaire inestimable du point de vue de l'histoire des pensées ? C'était le 25 juillet 1792, alors que la France révolutionnaire affrontait les monarchies européennes horrifiées par ce soulèvement d'un peuple qu'elles auraient aimé garder sur leur férule jusqu'à l'éternité. Les émigrés aristocates français, incapables un seul instant d'imaginer devoir abandonner les privilèges de leur naissance, ont quitté leur patrie pour se placer aux côtés des armées étrangères. Par la voix du Duc de Brunswick, voilà ces émigrés aveuglés par leur cupidité congénitale annonçant au peuple parisien que tout attentat contre la personne de Louis XVI - contre l'incarnation présente des siècles passées d'oppression et d'indigence - serait puni par une représaille extraordinaire des armées européennes coalisées, une "exécution militaire" impitoyable.

Et que nous disent d'autres les Parisot, Bayrou, Lepen, Hollande, Joly ou Sarkozy ? "Le SMIC à 1700 euros ? Vous n'y pensez pas malheureux ! On va tout perdre ! Les grands investisseurs de notre pays vont partir ! Le peuple français sera condamné à la ruine et à l'indigence !" Mêmes menaces et mêmes promesses. "Si vous touchez aux privilèges de nos riches, le peuple en paiera le prix !" Aucun parti à droite du Front de Gauche ne promet autre chose. Et c'est la force de cette élection présidentielle si particulière de nous montrer quelle ligne de fracture sépare aujourd'hui un Mélenchon (et la foule ayant "repris la Bastille" le 18 mars dernier) des autres candidats à l'élection suprême, tous rangés derrière Laurence Parisot pour clamer leur horreur du peuple se saisissant subitement des rênes de sa destinée.



5 réactions


  • DONC TOUTES LES ENTREPRISES DE SONDAGES FRANCAISES SONT PARTIALES ou MANIPULATRICES...........

    car la grande majorité est de droite.quel monde de vautours..........VOIR SEGUELA...LA ROLEX

    SI L INSURRECTION CIVIQUE NE FONCTIONNE PAS IL FAUDRA MENER UNE BONNE REVOLUTION ET CHASSER DE FRANCE...LA RACAILLE....FINANCIERE ET LEURS LOBBYSTES OU MARIONETTES...GENRE SARKO ET SON GOUVERNEMENT VIRTUEL DE 35 MINISTRES QUI NE FONT ...QUE PARAITRE SUR DES PHOTOS ce qui est grave c ’est que ces clowns nous coutent par ministre ...17 MILLIONS D EUROS/AN

    DE PLUS CES 35 MINISTRES SONT EN MAJORITE AVOCATS D AFFAIRES ET GERENT DES SCI SUR PARIS..D’OU LOYERS TRES CHERS ET AUCUN CONTROLE DE SALUBRITE ET DE PRIX DES LOYERS.
    la pieuvre ump tient l’immobilier parisien !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


  • AniKoreh AniKoreh 4 avril 2012 11:02


    Disjecta, voilà qui est excellement décoché !

    Une belle veine pamphlétaire ! Un régal !!
     
     smiley


  • Tall 4 avril 2012 11:05

    Oui la peur de la présidente du Medef montre clairement qui désormais est vraiment de gauche.

    Elle n’a pas dit ça de Hollande, le nouveau centriste à parfum rosâtre qui fait maintenant baisser le score de Bayrou, tant le PS s’est décalé sur sa droite depuis la traumatisante défaite de Ségolène.

  • nenecologue nenecologue 4 avril 2012 14:38

    Il ne faut pas dire ump ou modem ou ps , il faut dire les libéraux ...

    Si vous êtes satisfait pas votre vie votez libéraux sinon votez Le Pen ou Mélenchon.

Réagir