Elections régionales : conséquence d’un redécoupage à la va vite
Après le fiasco des élections européennes, François Hollande est au pied du mur. Il ne peut dissoudre l’assemblée nationale et ne peut démissionner le gouvernement vu qu’il l’a déjà fait lors du fiasco des élections municipales. Aussi décide-t-il et de façon unilatéral, afin de créer le plus de surprise possible de modifier les régions pour en réduire le nombre à la façon des landers allemands. Il est convaincu que tout ce qui vient d’Allemagne est bon.
Le 3 juin 2014, il prend tout le monde de cours en annonçant un projet de loi « relatif à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral ». Et le 18 du même mois, il présente une carte des régions modifiée où il n’est pas nécessaire d’être un devin pour savoir qu’elle a été établie à la hâte sur un coin de table. Des petites régions comme la Corse, sont conservées, alors qu’une région comprenant des territoires allant de la grande banlieue parisienne à l’estuaire de la Gironde et des rives de la Loire aux plateaux du Limousin est créée. Pour une fois Hollande fait l’unanimité : son projet de redécoupage est nul et il est prié de revoir sa copie.Il reprend donc ses vieilles habitudes : il botte en touche et demande au gouvernement de s’en occuper et attend la « synthèse ». Tout le monde y va de son redécoupage et on finit par adopter une carte de France avec 13 régions métropolitaines avec une grande région Champagne Ardennes Loraine Alsace, ou une région qui va du massif central à Biarritz. Dans le Nord on réunit le Nord Pas de Calais avec la Picardie pour y faire la région la plus pauvres de France, qui d’élection en élection se tourne vers le FN. C’est adopté et les élections auront lieu les 6 et 13 décembre 2015. Les élections régionales ont lieu au suffrage universel direct et au scrutin proportionnel de liste à deux tours avec prime majoritaire. Cela veut dire que si 3 listes sont candidates au second tour, le gagnant remporte quand même la majorité au conseil.
Les dés sont jetés rien ne va plus. Pour ce quoi concerne le Nord pas de Calais, Marine Le Pen annonce très tôt son intention de se présenter sur la liste FN. Pour le PS, le président sortant ne se représente plus et c’est Pierre de Saintignon (c’est qui celui-là ?) qui se présente. Pour les républicains Xavier Bertrand un poids lourd du gouvernement Fillon se lance. Il y a comme un flottement au sein du PS. Ils viennent de se prendre 3 casquettes aux élections (municipales, départementales et européennes) et au lieu de mettre un poids lourd face à Marine il envoie un noble, héritier d’un comte qui est tellement connu qu’il n’a même pas de fiche Wikipédia. Mais ce n’est pas tout car dans cette région qui est socialiste depuis qu’elle existe c’est à dire 1974, (Bon il y a eu l’intermède écolo mais bon les verts et le PS c’est du pareil au même) ils partent aussi en ordre dispersé avec des listes EELV FDG Communistes etc. Et de toute façon qui peut encore croire à un rapprochement entre socialistes et gauche de la gauche. Bref : ils avaient déjà de grande chance d’être ridicules, mais ça n’a pas l’air de leur suffire Il faut qu’ils mettent toutes les chances de leur côté pour ressembler à Bozo le clown.
Coté républicains : ça s’organise. Woerth fait cause commune avec Bertrand et compte sur le réservoir de voix de l’Oise et du Nord pour faire la différence. Mais dans une région qui a vu naitre Maurice Thorez, Jules Guesde, Léo Lagrange, Roger Salengro on n’est pas génétiquement configuré pour voter à droite. Ce serait plutôt le contraire. Mais chez les républicains ils font le boulot : les tracts, le porte à porte et tout et tout. Chez les socialistes : nada waoulou rien de chez rien même pas un petit tract. On attend désespérément que Martine se fende d’une répartie cinglante et assassine et bien non elle est en vacances jusqu’en janvier 2016. Faudra que Hollande et Valls apprennent à faire sans.
Bon et la Marine elle en est où ? Ben elle fait le boulot aussi. Il n’y a pas une semaine elle démarrait sa campagne par un meeting dans son jardin à Henin Beaumont. La presse n’en a pas parlé trop occupé à relater la migration de Syrie et d’Irak. Et bien 3000 personnes ont assisté à sa causerie. Mieux que Téléphone au Splendid.
Comme la campagne démarre, la voix du nord s’est fendue d’un sondage. La question n’était pas de savoir qui aurait le plus de voix au premier tour. Tout le monde ici sait que c’est Marine. Non, la question est : « si il y a triangulaire qui l’emporterait au second tour ? » Ce sondage a été fait entre le 9 et le 14 septembre auprès de 924 chti et picards. La liste emmenée par Marine Le Pen recueillerait 35% des voix au second tour devant la liste de droite de Xavier Bertrand (33%) et celle de Pierre de Saintignon (32%). Opinion Way en juin donné 37 pour Marine, 32 pour la droite et 31 pour la gauche du centre.
A droite on dit que la bagarre va se jouer sur l’écart qu’il y aura entre le PS et eux. Leur stratégie et d’éliminer la gauche au second tour et de faire cavalier seul avec le Fn au second. Après tout s’il y a un fort tôt d’abstention c’est jouable.
A gauche on dit que ce n’est qu’un sondage et que rien n’est joué d’avance et qu’on y croit et que si ma tante en a on l’appellera ma tante qui en a et certainement pas mon oncle. Bref on continue à accumuler les erreurs et à détruire son électorat. Après tout c’est peut-être une stratégie : se faire éliminer au second tour pour faire barrage au front nationale. DSK disait que « le PS n’est plus qu’un astre mort ». Toujours clairvoyant celui-là.