mercredi 10 mai 2017 - par GHEDIA Aziz

En Algérie, le changement n’aura pas lieu avant... cent ans

Beaucoup d’algériens, du moins ceux qui s’intéressent à la chose politique, ont dû certainement suivre les élections présidentielles françaises. En tout cas, votre serviteur l’a fait. Il n’a pas… j’allais dire… dérogé à cette règle. Car ce qui se passe en France nous intéresse ici, en Algérie, et n’est pas sans influence quant à notre façon de voir et de comprendre d’abord l’Europe puis le monde occidental dans son ensemble.

Plus encore, je n’ai pas à rougir de dire que, pour moi, c’était comme un devoir de suivre ces élections et les différents débats entre les candidats, que ce soit au premier ou au second tour de cette présidentielle qui a tenu, il faut bien le dire, les français en haleine pendant plusieurs semaines. J’ai suivi ces débats pour pouvoir comparer les deux campagnes électorales : législatives ici, présidentielles là-bas.

 Comparaison n’est pas raison, dit-on.

 Alors d’emblée, empruntons à Arezki Metref du « Soir d’Algérie » le titre de sa chronique et inversons-le pour le rendre plus conforme à ce que nous voudrions dire ici : cela donnera « là-bas mieux qu’ici  ». En effet, autant la campagne présidentielle, en France, donc « là-bas » était palpitante et pleine de rebondissements politiques, autant celle des législatives chez nous, donc « ici », était morne, plate, sans saveur et sans « pudeur de gazelle » pour paraphraser J L Mélenchon. 

Telle est la réalité de notre pays et cela n’incite guère à l’optimisme.

Sans pudeur de gazelle dans la mesure où la pratique de la « chkara » semble s’être définitivement ancrée dans les mœurs politiques en Algérie. On a beau condamné cette pratique, on a beau dire que tel ou tel parti politique n’y a pas recours ou alors qu’exceptionnellement, mais les faits prouvent le contraire. Même le « grand », « l’historique », la « première force politique » du pays, le FLN, n’aurait pas échappé, lors de la confection de ses listes électorales, à cette pratique de corruption ô combien scandaleuse. Pour figurer sur une liste électorale, et encore plus pour être « tête de liste », il fallait montrer patte blanche ou, à défaut, la « chkara » noire, ce sac en plastic censé contenir des liasses de billets… verts de préférence. Peu importe le niveau intellectuel du candidat, le degré de son militantisme ou son ancienneté dans l’engagement politique au sein de son parti. L’un de ces deux critères, à savoir patte blanche ou "chkara" noire, suffit amplement à faire de son détenteur un heureux gagnant, un heureux parlementaire au-dessus des lois de la République du fait de l’immunité parlementaire. N’est-c pas que c’est ce qui fait courir autant de gens ?

Bref, toujours est-il qu’en France, les électeurs et les électrices ont fait tomber, au premier tour, les partis traditionnels, à savoir les socialistes et les Républicains qui ont régné successivement plus de cinquante ans sur la Vème République pour ne retenir en fin de compte que le candidat Macron presque sorti du néant, une sorte de génération spontanée, alors qu’en Algérie, le FLN qui ne jouit pourtant d’aucune crédibilité, qui a largement gaspillé son prestige et son aura d’antan, a l’intention, selon son S.G Djamel Ould Abbes, de continuer à exercer une chape de plomb sur la vie politique du pays pour… cent ans encore.

Devrions-nous comprendre que la guerre de cent ans a commencé ? 

 



10 réactions


  • La mouche du coche La mouche du coche 10 mai 2017 11:41

    Chape de plomb, quelle chape de plomb ? En n’ayant PAS de changement, votre pays est PRESERVÉ de la dégénerescence du notre. 

    Loué Dieu tous les jours de ne pas avoir de changements. Regardez la France : à chaque fois on se dit, il ne sera pas possible d’avoir un président plus nul que le précédent, et à chaque fois, Jacques Attali nous en sort un pire que le précédent. Gloire à l’Algérie PRÉSERVÉE DU MAL !!

  • La mouche du coche La mouche du coche 10 mai 2017 11:41

    Pardon « Louez »


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 10 mai 2017 11:46

    Arrêtez de vous flageller !


    En France, les deux partis PS et LR se sont sabordés en organisant des « primaires » qui ont fait sortir des chapeaux respectifs des lapins tellement rongés par la myxomatose que tout le monde les a fui comme la peste dans leurs propres camps pour rejoindre la nouvelle coqueluche du spectacle produit pas Broadway-Wall-Street : Pinocchio-Macaron dont le costume n’arrive pas à dissimuler les ficelles que ses manipulateurs utilisent pour le faire bouger !

    Vous préférez une réalité hypocrite dans laquelle les électeurs se font arnaquer par la presse à une réalité dans laquelle la corruption est visible ?

    Dans les deux cas, la démocratie est confisquée au profit des classes sociales dominantes dans chacun des deux pays qui n’ont pas la même histoire, ni la même réalité économique ni les mêmes traditions culturelles. Les deux mafias n’ont pas les mêmes rituels. La mafia algérienne est archaïque et perpétue les mêmes traditions que les Siciliens ou les Corses, alors que la mafia française a suivi l’évolution américaine mise en place par Al Capone et Lucky Luciano. Vous trouvez vraiment que c’est mieeux ?

    • Christian Labrune Christian Labrune 10 mai 2017 19:33

      Arrêtez de vous flageller
      =============================
      @Jeussey de Sourcesûre
      L’auto-flagellation est une spécialité française, et on l’aura encore bien vu quand Macron, qui ne sait pas très bien le sens des mots, sera allé nous accuser, agenouillé en pénitence devant la vieille momie du FLN, de crimes contre l’humanité.
      De quel droit dénier aux Algériens le droit de faire la même chose ?
      Au reste, je ne vois rien dans cet article qui soit de l’ordre de l’auto-flagellation. On y décrit la triste réalité d’un pays gouverné par des profiteurs incompétents qui auront été incapables de diversifier la production des richesses et de les répartir ensuite d’une manière un peu équitable. Dans cinq ans, quand la rente pétrolière commencera à s’effondrer parce qu’on aura de moins en moins besoin du pétrole, il est à craindre que l’Algérie ne tombe à la merci du FMI, et cette perspective n’a rien de très enviable.
      Evidemment, l’islam est plus solidement implanté en Algérie. Si les difficultés s’accroissent, les égorgeurs entreront en action avec plus d’efficacité qu’en France, comme on a déjà pu le voir dans les années 90. C’est probablement ce qui peut chagriner un islamo-gauchiste lorsqu’il considère une société française où il faudra bien trouver le salut en dehors d’un fanatisme musulman auquel il est déjà tout acquis.


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 11 mai 2017 10:32

      @OMAR

      « des extrémistes, anti-Islam »


      de qui parlez-vous ?

  • Dom66 Dom66 10 mai 2017 12:34
    « En Algérie, le changement n’aura pas lieu avant... cent ans »

    OUI COMME EN FRANCE smiley


  • cathy cathy 10 mai 2017 15:21

    Quand votre président Bouteflika mourra, alors les islamistes prendront le pouvoir.


    • GHEDIA Aziz GHEDIA Aziz 10 mai 2017 15:59

      @cathy Pas sûr. Les islamistes sont en perte de vitesse depuis plusieurs années. Décennie noire oblige.


    • cathy cathy 10 mai 2017 16:13

      @GHEDIA Aziz
      La continuité institutionnelle n’est pas assurée, votre démographie incontrôlable, le prix du pétrole en chute libre. Ce sera le chaos.


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