En marche …. de Macron à la France Insoumise
Je n’ai vraiment pas le « profil » de la France Insoumise : en retraite anticipée pour carrière longue de cadre dans le privé, mère de trois fils qui ont intégré la vie sociale et professionnelle qu’ils souhaitaient à un niveau supérieur à la moyenne dans des domaines diversifiés, commerce international, évènementiel et publicité, informatique, avec des statuts variés, grand-mère heureuse de quatre petits enfants, l’idée d’un cheminement me plaisait chez Monsieur MACRON et je me voyais bien « en marche ». Mais faut-il passer « d’en marche » à « Emmanuel Macron Président » ?
I - « D’en Marche » à « Emmanuel MACRON Président », les raisons d’une difficile conversion.
« En Marche » est l’acronyme d’Emmanuel Macron et précisément là est le problème.
Je vois chez lui un coté Rastignac, un goût assumé du pouvoir, si ce pouvoir lui sert d’accélérateur de carrière et d’inclusion dans la vie sociale à un très haut niveau de revenus. Or, le fait qu’il ait annoncé ne pas vouloir briguer de rôle politique plus d’une quinzaine d’années en fait paradoxalement un excellent investissement pour tous les lobbyistes et il n’aura que l’embarras du choix au moment d’être « recyclé » après avoir « servi » qui se sera montré le plus « rentable » ;
- J’en veux pour preuve son entourage très financier et l’absence totale dans son programme de toute mesure pour améliorer la réglementation de l’activité financière nous laissant à la merci d’errements destructeurs de notre activité économique.
- Le programme du candidat nous ressert des poncifs de droite et de gauche sortis en fonction des sondage du chapeau car il ne publie pas les contributions de sa base, contrairement à la France Insoumise qui publie les différentes étapes de son programme jusqu’à la rédaction finale des opuscules thématiques. Je crains donc de découvrir, après l’élection, une absence de programme comme on l’a découverte avec François Hollande.
- Qui plus est, Rien ne prouve que cet embryon de « programme », dont Monsieur MACRON ne voulait pas, soit jamais appliqué puisqu’il ne se sentira pas tenu par ses propres déclarations (cf son livre « révolution » et les explications télévisuelles qu’il a données sur le sujet ). On observera qu’il ne parle nullement dans ses interventions d’un planning de mise en œuvre des mesures annoncées. On risque donc d’avoir des mesures appliquées en fonction de la puissance des lobbies à l’œuvre mais en aucun cas une réforme ordonnée.
- Je vois comme une posture publicitaire sa volonté de porter de nouveaux visages à l’Assemblée : Nous n’avons aucune information sur les candidats investis par le mouvement et trouver de nouveaux visages qui acceptent de mettre entre parenthèses leurs vies professionnelles ne doit pas être simple.
- Quand bien même aurions-nous une majorité macroniste sur le papier, faute d’un programme fédérateur, ces nouveaux députés, issus des différents groupes de pression de son mouvement, reprendront leur liberté à peine élus. On pressent cette issue puisqu’une de ses recrues, le général Soubelet, préfère quitter le navire des chevaux de retour que sont Le Drian, Valls à gauche, Bayrou au centre et même d’anciens Ministres sarkozyste comme Michel MERCIER.
- Dans le flou du programme d’Emmanuel MACRON tous les coups tordus sont permis et singulièrement ceux qui auront pour résultat de priver le monde des actifs de contreparties en terme de protection sociale pour remédier à l’imprévisibilité des évolutions économiques ;
Au sens d’actifs j’entends tous ceux qui ont une activité professionnelle quels que soient leurs statuts
II – Pour une démarche réformiste réellement « participative » .
Sans appui populaire, je ne vois pas comment on peut réformer le pays : En effet un vote « CONTRE » le front national ne sera jamais un vote « POUR » le programme de qui que ce soit d’autre….
Le « vote utile » me parait donc particulièrement « inutile ». « En marche », je le demeure donc mais la formule participative n’est pas celle retenue par Emmanuel MACRON ;
l’organisation même de ses bureaux trahit sa « vision » pyramidale très datée de la société :
- les petites mains flattent les relations avec les internautes au rez de chaussée.
- Des « experts », uniformément libéraux,(institut Montaigne, Jean Pisani Ferry ), travaillent à des éléments de programme en fonction de l’évolution des sondages
- au dernier étage, Monsieur MACRON choisit ses thèmes d’intervention.
L’impossibilité d’appliquer un programme frappe aussi BENOIT HAMON, faute du soutien de son propre parti et faute d’un soutien populaire qui aurait pu le désigner au-delà de la primaire par une évolution positive de sa courbe dans les sondages.
L’homme, lui, est sympathique, il est sincère lorsqu’il dit qu’il n’est pas un « homme providentiel » et cumule une base participative et des intellectuels reconnus qui l’aide à monter son programme. Cependant, ayant commencé trop tardivement cette démarche, il n’est pas prêt, et, abandonné sur sa droite comme sur sa gauche par son propre parti, il échoue à rassembler largement et manque de réalisme en demandant à Jean-Luc MELENCHON de se retirer.
Il ne comprend pas que Jean-Luc MELENCHON n'est que le porte parole d'un mouvement qui dépasse largement sa personne.
On parle concernant Jean-Luc MELENCHON de "populisme de gauche".
Le mot de « populiste » n’est pas un « gros mot » si l’on entend par ce terme le fait que ce sont les citoyens qui déterminent les priorités d’orientation des politiques, en l’occurrence pour le mouvement de la France Insoumise, coté développement de l’emploi, la transition écologique que personne d’autre ne soutient avec autant de détermination, l’éducation et et la formation tout au long de la vie professionnelle.
Pour l’avenir de mes petits enfants dans lequel j’inscris mon vote, c’est le plus sensé des programmes…
Qui plus est, le mouvement de la France insoumise a pris pour la première fois de toute notre histoire le temps de chiffrer son programme et je n’ai pas vu à ce jour de critiques concrètes de ce chiffrage. (voir les interventions des représentants de Challenge, BFMTV économie en fin de vidéo mais aussi se reporter aux articles des echos).
La seule chose qui transparait chez ses opposants c’est l’intention manifeste de ne pas faciliter la tâche de cette France insoumise, espérant que les financiers renchériront la part de crédit dont le pays aura besoin pour lancer la seconde tranche* des investissements d’avenir qu’elle entend faire (*au-delà de la REPRISE des budgets actuellement affectés à la poursuite et l’amplification du CICE par l’actuel gouvernement).
On retrouve cette menace fort éloignée de « l’intérêt commun » dans toutes les expressions sur le sujet émanant des candidats de droite et du centre pour lesquels il n’y a qu’un CREDO le « BUSINESS AS USUAL ». Oublient-ils qu’ils sont les bénéficiaires des grands plans d’investissements de l’Etat ? que serait leur business sans les infrastructures payées par les français ?
En matière économique, de Le Pen en passant par FILLON, et MACRON on a l’impression de convertis thatchériens au « il n’y a pas d’alternative », c’est un peu court comme argumentaire …. d’autant que les faits démentent ce mantra : En 10 ans, les vieilles recettes ripolinisées à la Macron ou revendiquées à la Fillon, toutes prolongeant les décisions de Sarkozy et Hollande, n’ont pas fait leurs preuves, c’est le moins que l’on en puisse dire.
Alors essayer autre chose oui, mais un programme rédigé avec la population et portée par lui c’est-à-dire l’inverse de la pensée Le péniste qui de père en fille et nièce ne fait prévaloir que le respect de l’ordre sociétal existant et ne remet nullement en cause le BUSINESS au point d’ailleurs d’utiliser les mêmes ficelles que Monsieur FILLON pour se renflouer pécuniairement.
Je pense mes enfants suffisamment éduqués pour savoir ce qui est bon pour leur quotidien et capables de confronter leurs avis à des avis tant divergents que convergents avec autre chose que des slogans clivant un pays qui n'a pas besoin de faux débats.
III – Pour une autre gouvernance européenne
Concernant l’Europe, rien non plus n’a été fait par les deux derniers gouverments pour en corriger la gouvernance : Cette façon de procéder restera celle de Monsieur MACRON qui renvoit pour exemples :
- l’encadrement de la finance à l’Europe sans pour autant expliquer quelles démarches il compte faire auprès des instances européennes pour l’obtenir et, alors que notre réglementation française est actuellement en dessous des normes américaines ….
- Il en est de même, de la question des barrières économiques aux frontières de l’Europe ;
- De même, de l’aide au financement de structures dans les pays de départ le temps que les dossiers des migrants soient examinés.
- De même, de la question d’une organisation commune de l’étude des demandes d’immigration ;
A contrario et comme le souligne le mouvement de la France insoumise, sans la France l’Europe n’existe plus.
On peut donc légitimement penser que Madame MERKEL, si c’est elle qui demeure en fonction, viendra à la table des négociations plutôt que détruire l’œuvre européenne de plusieurs décennies qui a permis à l’Allemagne d’absorber son flanc Est, de redresser son économie entravée par cette charge en faisant du marché européen son marché intérieur, marché dont elle a toujours besoin ….
C’est une situation de leader européen que Madame MERKEL devra préserver dans l’intérêt même de l’Allemagne : il y a donc une marge de négociation qui n’a JAMAIS été mise en œuvre et dont Monsieur MACRON ne semble vraiment pas se soucier contrairement au mouvement de la France Insoumise.
IV - Pour une évolution des règles républicaines
On me serine avec le « vote utile » anti Le Pen, mais une des raisons du succès de la Famille LE PEN est le fait que, malgré le nombre de personnes acquises à ses idées, cette « famille » n’a pas trouvé une représentation proportionnelle dans le cadre de nos institutions. Cela lui permet, aujourd’hui, de se dire « anti-système » tout en utilisant, à l’instar de la « famille FILLON », tous les privilèges des quelques fonctions électives dont elle dispose.
Ce déficit démocratique fait actuellement objectivement les affaires non seulement du FN mais grâce au « vote utile », les affaires de vieux partis de gouvernement qui n’ont ni les uns ni les autres pris le temps d’une recherche programmatique sérieuse pour le prochain quinquennat ce qui est pour moi rédhibitoire.
J’estime que l’installation d’une « constituante » dès le début du quinquennat, n’interférant pas avec la gestion courante du pays et composée de personnes qui n’intègreront aucune des instances nouvelles, est de nature à régler le déficit démocratique de nos institutions.
Seul le mouvement de la France Insoumise porte ce projet qui fera de mes enfants et petits enfants des citoyens dotés de réels pouvoirs, je suis donc « en marche » vers la « France Insoumise ».
Quand bien même les résultats ne seraient pas suffisants pour inscrire le mouvement de la France Insoumise au second tour des présidentielles de 2017, je souhaite soutenir leur démarche réformatrice, certaine qu’il est bon pour notre pays que nous ayons une nouvelle génération de gouvernants formés à la direction du pays par cette méthode participative et non des « élites et des professionnels de la politique » coupés des réalités du terrain.
La France vieillissante n’aura bientôt plus démographiquement la majorité des voix. Notre génération doit passer le flambeau à la suivante et ne pas s’accrocher à l’illusion d’un pouvoir que porte les « familles » Le Pen et Fillon, et, le « recycleur » des erreurs du passé, Monsieur Macron qui ne traite pas les difficultés essentielles du pays dès lors qu'elles pourraient contrecarrer les intérêts immédiats de ses soutiens.
Le vote utile pour notre avenir c’est pour moi à la présidentielle comme aux législatives le vote pour la jeunesse responsable de la France insoumise qui SEULE a travaillé sur un programme dont les pierres angulaires précitées peuvent construire notre nouvelle « maison France ».