samedi 10 septembre 2016 - par Elliot

Grandeur et misère de la politique

L’Europe occidentale, continent vieillissant et pas seulement par sa moyenne d’âge mais surtout dans sa tête, n’en finit pas de regarder son nombril en y cherchant les restes de sa splendeur passée.

Et dans cette Europe affaiblie et qui fait plus pitié qu’envie, la France semble cumuler en les amplifiant les tares qui minent son rayonnement.

Sa classe politique est pétrie, à de rares exceptions près, d’une argile de bien moindre qualité que celle qui façonna les grands visionnaires du passé sans compter les bâtisseurs d’empire ; la pâte est fragile, devenue inconsistante, le liant manque qui mobilise la nation autour d’un projet.

C’est peu dire que les hommes politiques d’aujourd’hui n’ont pas la grandeur de leurs aînés.

Les héritiers de Déroulède ont démodé les Jaurès et De Gaulle.

Zemmour se prend pour Maurras alors qu’il ne vient même pas à la cheville de Drumont.

Ils déroulent inlassablement les psaumes de leur immuable catéchisme auquel on n’est d’ailleurs pas sûrs qu’ils croient eux-mêmes, seule l'art de la vocalise permet de les distinguer et tous font au pouvoir ce que la ploutocratie attend d’eux.

Sans vouloir les rabaisser encore davantage qu’ils ne s’abaissent eux-mêmes, leur éloquence de braillards de café du Commerce est à la rhétorique ce que la caricature est au portrait, elle leur ressemble en accentuant leurs défauts.

Aussi bien, conscients ou inconscients de leurs insuffisances, sont-ils enclins au cabotinage de bas étage en étalant avec un ton docte de savant une expertise de toc.
Ils déboulent, pleins de fausses certitudes, en ces temps incertains et prêchent la soumission au système en invoquant un océan de données statistiques où se noient les profanes mais dont le flux est destiné à persuader ces derniers qu'une loi immanente ( la main invisible ) rend toute alternative impossible.

Dans quelques domaines ( hors champ économique ) que le système daigne abandonner à leurs vaines ratiocinations, ils ont toute liberté de développer leur soif d’outrances et de démesure pour se faire applaudir par les gogos abusés.

« Contentez-vous d’une pseudo-alternance, messeigneurs, et dormez en paix, c’est plus qu’il n’en faut pour votre confort …

 

Et le plus affligeant dans tout cela, c’est qu’ils paraissent plébiscités sur leur seule bonne mine avec leur discours creux qui revendique l’apparence du parler vrai comme on s’affuble d’un masque de carnaval !
C’est un peu comme si pour être audible dans l’opinion ( décérébrée par les médias ) il fallait paradoxalement se mettre hors de portée de l’entendement de l’individu en particulier par une avalanche de chiffres présentés comme factuels mais qui requerraient des bataillons d’experts pour être validés et ne le sont par conséquent jamais.

L’intelligence voudrait que les épreuves et les crises alimentassent le creuset des opportunités et fussent le moteur de l’action politique, réalisant la synthèse de l’audace appuyée sur une sûreté de jugement et non sur des réflexes pavloviens induits par le vacarme des braillards.

C’est nécessairement ce qui arrivera un jour, l’histoire est éloquente à cet égard, la France se relèvera plus forte mais de savoir quand et comment et en passant par quelle stade de la déréliction relève de l'art divinatoire.

Pas dans l’immédiat en tout cas surtout maintenant que la peur est devenue un argument politique grâce auquel peut s’épanouir cette absence de créativité qui est la marque du politicien véreux ( dans l’acception de « rongé par le ver des ambitions personnelles » ) qui préfère invectiver la réalité qui déplaît ou est censée déplaire à son électorat plutôt que d’écrire une nouvelle page d’histoire en partant de ce qui existe et que les rodomontades n’effaceront pas d’un trait de plume même si les tartarinades plaisent aux naïfs. 

On ne construit pas l’avenir en insultant le présent.

Ce n’est certes pas d’experts auto-proclamés dont on a besoin, vous secouez l’arbre - qui n’est pas celui de la connaissance mais de la reconnaissance médiatique - et il en pleut à torrent, mais de personnes capables et surtout désireuses ( jusqu’au sacrifice de leur confort personnel s’il y a lieu ) de porter un projet politique et de déployer toute leur éloquence pour convaincre une population qui ne demanderait pourtant qu’à s’enflammer sur autre chose que des extravagances vestimentaires mais pour de grandes causes mais à qui certains préfèrent pour l'heure offrir les jeux du cirque avec dans l’arène une communauté donnée en pâture aux bêtes sauvages.



5 réactions


  • fred.foyn 10 septembre 2016 08:57
    C’est le règne de la médiocrité..de ceux (politiciens) élevés dans une fosse septique (ENA)..Et que dire des électeurs de ce pays qui se délectent à remettre sur le tapis « volant » les mêmes voyous au pouvoir ?
    2017, sera dans la continuité du misérabilisme ambiant...

    • Alren Alren 10 septembre 2016 19:45

      @fred.foyn

      Oh l’Étatsunien qui voit la paille dans l’œil de l’autre mais pas la poutre dans le sien !
      C’est votre pays qui est une fosse septique, une plaie pour le monde !

      Quant à l’auteur qui nous chante la mélopée de la « décadence » ... Il n’y a jamais eu de « décadence » dans l’histoire !
      C’est un concept d’extrême droite aussi creux et faux que celui de races humaines. Rome est tombée parce que les « conquis » l’ont (trop bien) imitée et étaient plus nombreux que les Romains de la « botte » qui avaient conservé toutes leurs qualités morales.

      Si les pays de l’Europe occidentale abandonnaient le modèle Étatsunien pour un socialisme moderne, la région redeviendrait vite un des plus grands îlots de prospérité du monde.
      Tous les indicateurs le montrent quand on sait les faire parler.


  • Daniel Roux Daniel Roux 10 septembre 2016 10:12

    L’auteur soulève un paradoxe essentiel de la politique, la promotion par l’éloquence.

    Dès l’origine, la démocratie est fondée sur deux piliers, le peuple qui décide et les élus qui gouvernent.

    Pour que cela fonctionne, il faut que le peuple soit éclairé, qu’on l’informe loyalement. Il doit être suffisamment instruit pour comprendre et prendre des décisions fondées, non pas sur la passion, mais sur la raison.

    Un peuple informé et éduqué choisira des personnalités qui devront faire la preuve de leurs compétences et de leur dévouement.

    C’est là que se fracasse la démocratie. Depuis l’origine, la parole est reine. Depuis l’origine, dès « le grand homme », le fondateur, disparu, les braillards et les tribuns, prennent le pouvoir. Ce sont eux qui confisque l’information, la connaissance et la transforme en propagande démagogique. Ils sabotent le processus démocratique en le vidant de sa force.

    Les meilleurs d’entre nous, n’accèderont à aucune responsabilité politique, s’il ne sont pas élu. Pour être élu, aujourd’hui, il faut seulement savoir parler, à partir d’une tribune ou « dans le poste ». D’où l’importance de contrôler les médias dominants et de neutraliser les autres.

    Maintenir le peuple dans l’ignorance permet aux pires démagogues « beaux parleurs » d’accéder au pouvoir comme Sarkozy, le beau parleur, l’a démontré.

    Mettons fin à la dictature de la parole et promouvons les actes.

    « Peuple recherche toute personne ayant accompli quelque chose de positif pour d’autres que lui. »


  • grincheuse (---.---.113.109) 10 septembre 2016 18:09

    La grandeur politique consisterait à proposer au peuple français une vision globale du pays et non des catalogues de mesures démagogiques,souvent très mesquines. Il me semble que De Gaulle a eu effectivement cette vision, mais que je ne sois pas de son camp (culture,vision géopolitique,honnêteté foncière,ténacité face à l’UE, indépendance Nation etc).

    Aujourd’hui, un seul politique semble avoir une telle envergure, une telle ambition pour son pays, c’est Jean-Luc Mélenchon (programme,vision nationale,internationale,indépendance face à l’OTAN et l’UE + la volonté de faire bifurquer le système productif vers l’écologie.


    • François Vesin François Vesin 11 septembre 2016 00:46

      @grincheuse
      ...le navire sombre emportant avec lui ceux qui

      depuis longtemps auraient pu jouer un rôle providentiel
      et qui se sont trompés et ont trompé celles et ceux qu’ils
      prétendaient pouvoir gouverner.
      Mélenchon n’échappe pas à la règle et, sa « lucidité tardive »
      pour autant que l’on puisse s’y fier n’en fait pas un homme 
      d’avenir.
      L’urgence est de reconstruire un navire avant que tous ces 
      nuisibles aient vendu jusqu’à l’eau qui pourrait le porter !!!


Réagir