mercredi 17 mai 2017 - par Bruno Hubacher

Groko à la française

« Groko », ce n’est pas une nouvelle application smartphone, ni le nom d’un chanteur hip hop. C’est le nom du régime parlementaire sous lequel est gouverné l’Allemagne depuis 2005, avec à sa tête la chancelière Angela Merkel, l’éternelle.

Faute de majorité, les partis de toutes les couleurs doivent se résigner, depuis 12 ans, à gouverner sous l’égide de la très conservatrice CDU et sa sœur bavaroise, la très catholique CSU, dans une « grande coalition » ou « grosse Koalition » ou « Groko ».

Le parti socialiste, partenaire junior dans cette histoire, ne trouve rien à redire de la politique antisociale et atlantiste de son partenaire de coalition, bien dans la lignée de son ancien chancelier Gerhard Schröder. Et que dire du parti des « Verts » allemand, jadis une meute de hippies, impatients de casser « le système ». Bien embourgeoisé depuis, il va jusqu’à renier quelques uns de ses principes les plus fondamentaux, à commencer par la politique en matière d’exportation de matériel de guerre.

La seule voie discordante dans cette « mer de consentement » est le parti progressiste, « Die Linke », une réincarnation de l’ancien parti communiste de l’ex RDA, avec, à sa tête, la belle Sahra Wagenknecht, épouse du malheureux ex-ministre Oscar Lafontaine, Sahra la rouge, une sorte de Rosa Luxembourg des temps modernes.

Après l’abandon de la présidence par le très populaire Gregor Gysi, qui reste néanmoins député et qui réapparaîtra, avec un peu de chance, sur la scène politique, le parti continue à avoir du mal à se débarrasser du stigma du communisme, ce qui rend impossible, et peut-être même pas souhaitable, une quelconque alliance avec un autre parti, notamment avec le SPD.

Pour élargir son électorat Sahra Wagenknecht pourrait s’inspirer de « La France insoumise » et transformer son parti en mouvement citoyen, abandonnant par la même occasion son étiquette communiste. Le progressisme est très tendance actuellement, même en Allemagne, mais les citoyens en ont marre des partis politiques.

A l’instar du parti socialiste français, le SPD, de son côté a perdu toute crédibilité auprès des électeurs, ce qui démontrent ses dernières trois défaites électorales dans la Sarre, le Schleswig Holstein, et, plus récemment, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie à la faveur du parti d’Angela Merkel, l’éternelle. L’initiale euphorie « schulzienne » a fait pschitt, ce qui présage une « implosion à la française » du SPD allemand. En tant qu’ancien président du parlement européen Martin Schulz est l’incarnation de la maison Europe, antidémocratique, obsédée par la rigueur budgétaire.

La France s’est déjà débarrassée de ses partis politiques, avec, d’un côté une sorte de recyclage des « débris des anciens » ou « Groko à la francaise » du nom de « La République en marche » et de l’autre, la vraie nouveauté, le mouvement citoyen « La France insoumise ». Décidément, la révolution fait parti du patrimoine génétique des français, d’un côté les girondins et de l’autre les jacobins.

Pour éviter la « Groko française » et la poursuite de la politique de dérégulation et de rigueur budgétaire « schäublienne », l’issue des élections législatives françaises sera décisive, pas seulement pour la France, mais pour l’Europe.



8 réactions


  • Olivier Perriet Olivier Perriet 17 mai 2017 10:04

    J’ai toujours du mal de prendre « la France insoumise » au sérieux smiley


    • Areole Areole 17 mai 2017 11:53

      @Olivier Perriet
      C’est tout à fait normal, la France insoumise est une chienne qui aboie mais ne mord pas.


    • Plus robert que Redford 17 mai 2017 13:58

      @Olivier Perriet
      Peut-être que, quand les « sans-dents » enfin déchaînés promèneront ta tête au bout d’une pique, ton sourire ressemblera à celui d’une citrouille d’ Halloween...


    • Alren Alren 17 mai 2017 17:43

      @Olivier Perriet

      J’ai toujours du mal de prendre « la France insoumise » au sérieux

      Pouvez-vous nous dire quelle formation vous prenez « au sérieux » ?

      Pour qu’on comprenne comment ça se passe dans votre tête de jeter par dessus bord 7 millions de voix !


  • izarn izarn 17 mai 2017 21:14

    Et avec ce genre de partis politiques, les allemands vont voter ?


  • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 18 mai 2017 08:36

    L’Allemagne comme la France et les pays européens ont entamé depuis quelques décennies un lent pourrissement sur pied, en se livrant poings liés aux forces atlantistes. L’Allemagne subit, en ce moment le même destin que nous, fin des parties politiques, ou extrême confusion, et le recyclage d’une classe politique corrompue, et choisie par l’OTAN, des pions soumis et obéissants. Il serait temps que les Allemands se rendent compte que l’Europe et l’Euro ne leur apportent RIEN, et qu’en sortir serait la meilleure des solutions. Merkel ne joue pas sur du velours comme l’on a trop tendance à le croire, elle n’est qu’un jouet entre les mains de la « cinquième colonne » qui occupe culturellement, économiquement, les pays européens depuis le plan Marshall et depuis Maastricht la prise de pouvoir des néo-conservateurs états-uniens et leurs clones européens. Après tout, les pays ont droit à leur auto-détermination, non ? Et à se débarrasser d’une mise sous tutelle atlantiste insupportable ! L’Europe, l’Union Européenne donc, est devenue irrespirable !
    Mais le plus dramatique dans tout cela c’est la contrepartie de cette nouvelle Gouvernance : le destin lamentable réservé aux peuples, son appauvrissement et l’enrichissement exponentiel de la mafia qui fait office de dirigeants. Basta !


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 18 mai 2017 09:29

    « L’Allemagne comme la France et les pays européens ont entamé depuis quelques décennies un lent pourrissement sur pied, en se livrant poings liés aux forces atlantistes. »


    Exact.

    Pour l’Allemagne, cela date de Yalta (1945) et du partage du monde pour l’ancienne RFA et la chute du mur de Berlin (1989) a étendu cette réalité à tout le territoire.

    Pour la France Yalta n’avait pas pu imposer tout de suite un contrôle total des Américains qui ont dû attendre l’élection de Giscard d’Estaing (1974) pour rattraper le retard !

    Donc, pour confirmer vos propos, la reddition a été progressive, mais elle est totale depuis 1989 (28 ans).

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