Groko à la française
« Groko », ce n’est pas une nouvelle application smartphone, ni le nom d’un chanteur hip hop. C’est le nom du régime parlementaire sous lequel est gouverné l’Allemagne depuis 2005, avec à sa tête la chancelière Angela Merkel, l’éternelle.
Faute de majorité, les partis de toutes les couleurs doivent se résigner, depuis 12 ans, à gouverner sous l’égide de la très conservatrice CDU et sa sœur bavaroise, la très catholique CSU, dans une « grande coalition » ou « grosse Koalition » ou « Groko ».
Le parti socialiste, partenaire junior dans cette histoire, ne trouve rien à redire de la politique antisociale et atlantiste de son partenaire de coalition, bien dans la lignée de son ancien chancelier Gerhard Schröder. Et que dire du parti des « Verts » allemand, jadis une meute de hippies, impatients de casser « le système ». Bien embourgeoisé depuis, il va jusqu’à renier quelques uns de ses principes les plus fondamentaux, à commencer par la politique en matière d’exportation de matériel de guerre.
La seule voie discordante dans cette « mer de consentement » est le parti progressiste, « Die Linke », une réincarnation de l’ancien parti communiste de l’ex RDA, avec, à sa tête, la belle Sahra Wagenknecht, épouse du malheureux ex-ministre Oscar Lafontaine, Sahra la rouge, une sorte de Rosa Luxembourg des temps modernes.
Après l’abandon de la présidence par le très populaire Gregor Gysi, qui reste néanmoins député et qui réapparaîtra, avec un peu de chance, sur la scène politique, le parti continue à avoir du mal à se débarrasser du stigma du communisme, ce qui rend impossible, et peut-être même pas souhaitable, une quelconque alliance avec un autre parti, notamment avec le SPD.
Pour élargir son électorat Sahra Wagenknecht pourrait s’inspirer de « La France insoumise » et transformer son parti en mouvement citoyen, abandonnant par la même occasion son étiquette communiste. Le progressisme est très tendance actuellement, même en Allemagne, mais les citoyens en ont marre des partis politiques.
A l’instar du parti socialiste français, le SPD, de son côté a perdu toute crédibilité auprès des électeurs, ce qui démontrent ses dernières trois défaites électorales dans la Sarre, le Schleswig Holstein, et, plus récemment, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie à la faveur du parti d’Angela Merkel, l’éternelle. L’initiale euphorie « schulzienne » a fait pschitt, ce qui présage une « implosion à la française » du SPD allemand. En tant qu’ancien président du parlement européen Martin Schulz est l’incarnation de la maison Europe, antidémocratique, obsédée par la rigueur budgétaire.
La France s’est déjà débarrassée de ses partis politiques, avec, d’un côté une sorte de recyclage des « débris des anciens » ou « Groko à la francaise » du nom de « La République en marche » et de l’autre, la vraie nouveauté, le mouvement citoyen « La France insoumise ». Décidément, la révolution fait parti du patrimoine génétique des français, d’un côté les girondins et de l’autre les jacobins.
Pour éviter la « Groko française » et la poursuite de la politique de dérégulation et de rigueur budgétaire « schäublienne », l’issue des élections législatives françaises sera décisive, pas seulement pour la France, mais pour l’Europe.