vendredi 7 novembre 2014 - par Jean Keim

Histoire berruyère :

Hier après midi en consultant fb, j'ai appris que le matin de cette triste et belle journée ensoleillée, la mairie de Bourges pour ne pas dire monsieur le maire (que j'écris avec une minuscule c'est tout ce qu'il mérite), a accéléré les préparatifs de la construction de la maison de la culture, la macu comme certains l'appellent.
Je suis allé faire un tour sur le site et effectivement des employés municipaux s'affairaient à démonter les aménagements existants afin probablement de permettre ensuite aux tronçonneurs d'opérer, je me suis approché pour les questionner et il m'ont confirmé l'infamie en cours. 
Si j'ai bien tout compris, dans un premier temps, 82 arbres qui se trouvent sur les pentes de la place Séraucourt le long de la rue Jean Bouin seront abattus. 
Ensuite des doctes fouilleurs feront des recherches archéologiques hors de toute logique pour savoir si pas hasard Bourges ne serait pas une ville ancienne avec un passé peut être mérovingien voire gallo-romain et comme cela est probable, ils ont un bon moment à rester dans le coin avant d'aller rechercher d'autres horizons, et ensuite la macu sera érigée dans un espace où elle n'a rien à y faire puisqu'il est déjà occupé par une forme de vie extraordinaire, l'arbre qui lui même par ses qualités à nulles autres pareilles sert d'asile à des multitudes de vies. Les hommes sont plus intéressés par le passé et le futur que l'instant présent qui seul recèle toute la richesse et la vivacité de la vie réelle.
Je ne suis pas contre une macu mais contre le projet en soi qui est un déni de bons sens, un déni de saine gestion urbaine. 
Faut-il absolument que la culture ait un bâtiment dédié, forcément couteux ? Actuellement les différentes activités se déroulent dans des lieux différents et ensuite si il faut absolument regrouper l'ensemble pourquoi ne pas envisager de l'implanter dans une friche industrielle, par exemple celle qui se trouve à côté du plan d'eau du Val d'Auron, l'ensemble pourrait constituer un ensemble magnifique sur une zone déjà bétonnée donc avec un impact limité sur des terres agricoles. 
Je suis allé à la mairie et à l'accueil j'ai demandé sous quelle forme je pouvais témoigner de mon indignation et deux gentilles dames m'ont donné une fiche de réclamation administrative mais bon j'ai fait avec et j'ai écrit mon coup de cœur, je sais très bien que cela n'aura que peu d'impact mais chaque fois que des espaces verts disparaissent c'est la vie naturelle qui s'enfuit, chaque fois qu'un arbre est coupé c'est le temps créateur qui est sacrifié, chaque fois que l'argent triomphe ce sont nos forces de vie qui se corrompent.
De plus en plus vite notre beau pays et le monde également se couvrent de l'activité humaine, je désespère d'être un humain, je pressens de plus en plus clairement où se situe le facteur commun délétère qui nous mange de l'intérieur, si vous lisez ces quelques lignes il sera là en pleine activité mais qui s'en soucie réellement, et malgré tout je suis persuadé qu'il y a une issue car il nous reste à découvrir ce qu'est vivre comme un être humain.
Monsieur le maire quand tout sera bétonné en serez-vous pour autant plus heureux ? Regardez jouer des enfants, les vôtres peut-être, où croyez-vous que leurs joies et leur vie sont les plus intenses, assis sur un bloc de ciment avec des écouteurs dans les oreilles ou allongés rêveurs sous le feuillage d'un arbre et le ramage des oiseaux ?
Peut-être que dans un futur plus ou moins lointain, des enfants humains demanderont à leurs parents, c'est quoi un arbre, c'est quoi un oiseau ? Mais si ce temps devait venir seront-nous toujours des êtres humains, l'avons-nous seulement été un tant soi peu au cours de notre histoire ?



8 réactions


  • colere48 colere48 7 novembre 2014 16:56

    Il y avait les « maires bâtisseurs » désormais il nous faut subir les « maires dé-bâtisseur »
    C’est une tendance lourde, à l’image de nos politiques destructeurs de France !


  • Jean Keim Jean Keim 7 novembre 2014 17:50

    il y a aussi le syndrome Mittérand qui consiste avec les sous des autres à faire construite un gros machin pour lui donner son nom. 


  • alinea alinea 7 novembre 2014 19:31

    Mettez une écharpe noire autour de chaque tronc ; mettez une sentinelle en faction ; distribuez votre indignation partout partout ; ne lâchez rien et soyez nombreux.
    Ici, on vous soutiendra.


  • Jean Keim Jean Keim 7 novembre 2014 20:39
    @ alinea,
    Au point où en sont les choses, j’espère que le bois des arbres supprimés sera par déférence incorporé dans la future construction.


  • TSS 8 novembre 2014 00:43

     je me rappelle de Jacques Rimbaud qui venait nous saluer (avec orchestre) au depart de

     Bourges-Sancerre...sympa... !!


  • Fergus Fergus 8 novembre 2014 11:28

    Bonjour, Jean.

    Bravo pour ce coup de gueule qui me semble parfaitement justifié.

    Une chose pourtant m’étonne : pourquoi n’y a-t-il pas eu d’enquête d’utilité publique ?

    Il ne manquerait plus, maintenant que les dégâts son entérinés, que la mairie accouche d’une de ces constructions hideuses dont les édiles ont trop souvent le secret.

    Dommage, car Bourges est une ville très sympathique et dotée d’un patrimoine architectural et vert qui mériterait le plus grand respect de la part des élus.


  • Jean Keim Jean Keim 8 novembre 2014 12:39

    @ Bonjour Fergus,

    Je vis dans le monde mais un peu en retrait si bien que je découvre certaines réalités sur le tard. 
    Je n’en reste pas là et je vais aller à la rencontre d’autres personnes et d’autres sensibilités que la mienne, je vais aller demain et mercredi prochain dans le flot de manifestations organisées et je verrais bien, il est possible également que le projet soit indispensable bien que j’en doute fortement.
    Combattre un projet c’est opposer sa volonté à d’autres volontés, idée contre idée, c’est un processus sans fin, il devrait possible d’aborder les problèmes autrement.
    Seulement le maire est très entêté, espérons que ce ne soit pas le syndrome Mitterrand (sans faute cette fois). Quand deux volontés s’affrontent il y a la solution d’un projet alternatif.

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