lundi 13 mars 2017 - par Desmaretz Gérard

Histoire de trésor

Lundi 6 mars 2017, Hubert Caouissin technicien à l'arsenal de Brest, ex mari de la sœur de Pascal Troadec, a reconnu être l'auteur du quadruple assassinat survenu dans la nuit du 16 au 17 février à Orvault (Loire-Atlantique). Le motif ? une sombre histoire d'héritage mal partagé à propos d'un trésor constitué de pièces et de lingots d'or. Lors de l'évacuation du trésor de la Banque de France à destination des États-Unis en juin 1940, une caisse serait passée par dessus bord en rade de Brest avant d'être récupérée par trois amis dont un membre de la famille de Pascal et de Lydie Troadec. Cette découverte non déclarée ne pouvait entrer dans la succession, Pascal aurait profité de l'hospitalisation de sa mère en 2010 pour venir se l'approprier. Une enquête patrimoniale a été diligentée.

En France, plusieurs milliers de trésors ont été découverts, et encore ne s’agit-il que des découvertes déclarées ou connues (environ 350 déclarations par an). On ignore combien de trésoristes, prospecteurs gardent jalousement secret leurs trouvailles. La France en raison de son riche passé historique, de ses 5 000 kilomètres de côtes, reste l’un des pays les plus prisés pour la recherche trésoraire. On estime le nombre de trésors restant encore à découvrir à plusieurs milliers !

« Le trésor est toute chose cachée ou enfouie sur laquelle personne ne peut justifier sa propriété et qui est découverte par le pur hasard. (...) La propriété dun trésor appartient à celui qui le trouve dans son propre fond ; si le trésor est trouvé dans le fond dautrui, il appartient pour moitié à celui qui la découvert, et pour lautre moitié au propriétaire du fond  ». article 716 du Code civil

Les mots trésor, tesoro, treasure, viennent du grec thesauros, qui signifie dépôt, entrepôt. Le juriste romain Giulio Paolo avait déjà estimé nécessaire, trois siècles avant notre ère, de donner la définition d’un trésor « toute quantité de monnaie (pecuniare) qui na pas de propriétaire  ». L’Empereur Justinien (482 - 565) allait en élargir la définition : « Une urne remplie de pièces de monnaies ne représente pas seulement une valeur monétaire, mais historique ou artistique  ». Pour nombre de chercheurs de trésors, l’attrait réside principalement dans leur inviolabilité.

Les premiers chercheurs de trésors furent sans aucun doute les pilleurs de tombes, qui, poussés par la pauvreté ou la convoitise ont cherché à s’approprier les richesses des tombeaux des rois inhumés avec leurs bijoux et autres objets de valeurs. Au V ème siècle, les hommes à la solde de l’évêque de la ville de Marg franchissent le Danube, pénètrent sur le territoire des Huns et en violent les tombes royales afin de s’en approprier le contenu. Les Huns adressèrent une véhémente protestation à l’Empereur romain d’Orient qui préféra nier les faits. Les Huns rasèrent en représailles la ville de Viminiacium (devenu Kostolac). Aussitôt les préparatifs de l’attaque connus, les gardiens de la ville se mirent à ensevelir toutes les valeurs que la ville comptait. L’historien grec Procope, a écrit à propos de cette attaque que la ville fut détruite « ab imis fundamentis », ce qui signifie qu’elle fut mise à bas jusqu’à ses fondations ! Le trésor ne fut retrouvé qu’en 1934.

L’espoir de découvrir un trésor est aussi ancien que la thésaurisation de richesses accumulées elle-même. A l’époque des diligences, couvrir la distance Paris - Bordeaux prend six jours (150 lieux postes) et les mauvaises rencontres ne sont pas rares. Les pillards et les bandits de grands chemins pullulent. La carte de crédit ou le carnet de chèques n’existent pas, le voyageur se déplace emportant avec lui son argent. Celui qui veut se protéger des vols ou des pillages n’a d’autre possibilité que de cacher ses valeurs. Les généraux romains déjà transportaient en même temps qu’ils se déplaçaient avec leurs troupes, d’importantes sommes d’argent destinées à rétribuer les légionnaires. Cette masse monétaire était entreposée dans le sacellum situé près du quartier des chefs. Se trouvaient également en cet endroit toutes les valeurs que des légionnaires confiaient à la garde du commandant de la légion avant le combat.

Certains archéologues, prospecteurs, n’hésitent pas à explorer certains grands chantiers ou grands travaux dans l’espoir d’y découvrir un trésor. Lors de l’élargissement de la route nationale 164 à proximité de Laniscat (Côtes d’Armor), il a été découvert en décembre 2007, des pièces d’électrum gauloise datant d’avant la conquête romaine. Le trésor monétaire était éparpillé sur 200 m2 et enfoui seulement à une vingtaine de centimètres de profondeur. Plus près de nous, durant la guerre froide, les Soviétiques ont dissimulé des sommes importantes dans des caches enterrées. Une très importante somme en espèces n’a jamais été récupérée par les agents soviétiques, pour cause, elle a été très probablement recouverte lors des travaux de construction de l’autoroute de l’agglomération grenobloise.

Tous les trésors historiques ne sont pas constitués d’objets précieux enfouis volontairement dans le but de les soustraire à autrui. Plus de 22 000 pièces de monnaies romaines et divers objets (ex-voto) ont été découverts au XIX siècle au gué de Saint-Léonard. Il s’agit d’offrandes faites à la Mayenne par les Romains avant de traverser son cours. Les légionnaires craignaient-ils de rencontrer ces irascibles Gaulois armoricains décrits par A. Uderzo et R. Goscinny ?

Des personnes poussées par les événements : guerres, exode, invasions, épidémies, replis, ont dissimulé à la hâte ou non leurs biens avec l’espoir de venir les récupérer plus tard. Il pouvait aussi bien s’agir de la vaisselle en or emmurée d’un riche châtelain, de bijoux placés dans une cache aménagée, de valeurs jetées à la hâte dans un puits, une mare, enfouies dans le sol, etc. Mais les aléas de la vie en ont pour certains décidé autrement, de nombreux trésors attendent à être découverts. On parle d’objets cachés, mais il y a aussi d’autres trouvailles qui attendent le passage d’un prospecteur, les objets perdus, oubliés, les objets abandonnés qui n’ont pu être emporté, ou ceux jetés et qui aujourd’hui présentent un nouvel intérêt pour les collectionneurs, sans oublier les offrandes.

Le plus grand cimetière de trésors restant à découvrir se trouve sans conteste au fond des mers et des océans. Une équipe de chasseurs de trésors sous-marins a découvert en 2007 au large des côtes Atlantiques, une épave remontant au XVIII siècle. Le trésor remonté en surface pesait plus de sept tonnes de métaux précieux ! Cette fortune de mer représentait plus de 500 000 pièces d’argent, des centaines de pièces d’or, de l’or ouvragé. Selon une première estimation, le butin est estimé à 500 millions de dollars. La grande variété de dates et diversité d’origine des pièces parfaitement conservées devrait enchanter la communauté des collectionneurs. Les pièces d’argent pourraient être mises à prix entre plusieurs centaines et 4 000 dollars chacune, et les pièces en or atteindre des sommets. Le total de la vente rapportera selon les experts bien plus que la première estimation.

Quelques prospecteurs n’ont pas tardé à transformer ce qui au début n’était qu’un passe-temps en une activité lucrative, n’hésitant pas à investir jusqu’à 10 000 euros dans l’achat de matériel ! Saisissez sur n’importe quel moteur de recherche le mot trésors. Édifiant ! jamais les découvertes n’ont été aussi nombreuses ni aussi fréquentes. Que la découverte ait une valeur monétaire n’est que secondaire. La satisfaction est ailleurs, comme l’illustre l’exemple de ces prospecteurs qui se sont spécialisés dans la recherche de l’épave de l’aéroplane du baron rouge abattu dans la Somme lors de la première guerre mondiale. Comme l’a écrit Edgar Allan Poe « Lessentiel est de chercher même si on ne trouve pas ». C’est la recherche qui donne une dimension d’aventure et celle d‘un mystère élucidé quand l’aubaine est au rendez-vous.

 



4 réactions


  • cathy cathy 13 mars 2017 09:33

    Wahou, Caouissin serait un chercheur de trésor, joke.


  • ZenZoe ZenZoe 13 mars 2017 10:53

    Le premier paragraphe peut induire le lecteur en erreur, on ne parle pas en fait de l’affaire Troadec dans l’article, mais des trésors à découvrir partout sur la terre.
    Fascinant, j’ai bien aimé.
    Personnellement, j’ai acheté il y a des années un très vieille bicoque à retaper, et j’ai bien fouillé partout au cas où... mais je n’ai jamais rien trouvé, snif !


  • alain_àààé 13 mars 2017 13:57

    excellent article ais je ferais une remarque qui peut interressé tous les chercheurs amateurs ou non qu il éxiste des lois qui stipule que toutes personnes cherchent sur un site archeologique ou historique risque le prison et une forte amande.c est un amateur archéologue qui participe a des fouilles vous le signale,et souvent les fouilles sont surveillés par soit la police ou la gendarmerie.


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