vendredi 10 juin 2016 - par Armelle Barguillet Hauteloire

Humeur de juin

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Chaque saison a cela de précieux qu'elle apporte avec elle ses singularités, si bien que nos préoccupations changent à l'égal de nos paysages et de nos humeurs.

 

Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.

Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.



Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d'apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été.

 
Théodore de Banville (1823 - 1891)

 

Comment décrire ce mois des roses et des coquelicots qui nous introduit dans le flamboyant été ? Du printemps, il n'a déjà plus les teintes juvéniles et les floraisons évanescentes ; de l'été, pas encore les chaleurs accablantes et les parfums capiteux, mais les jours s'y alanguissent, les attentes s'y font impatientes, les crépuscules fatals. On l'aime d'être le passeur entre deux rives, de nous conduire au solstice à pas de géant, de clore le calendrier des lycéens et des étudiants. Avec lui se boucle chaque année une époque, un temps. Aussi est-ce un mois qui compte, ne serait-ce que parce qu'inévitablement il nous oblige à des bilans. Bilan physique, intellectuel, moral, tout y passe : suis-je en bonne condition pour affronter l'été ? Où mes pas me mèneront-ils à la rentrée ? Demain, pour les vacances du bel azur, quel projet de voyage, quelles vélléités d'évasion ?

 

Oui, on apprécie le mois de juin pour les interrogations qu'il suscite, les lumières qu'il dispense, les doutes - parfois même les craintes - qu'il provoque, les promesses qu'il suggère. On l'aime d'être à l'extrême, avec son jour le plus long et ses ténèbres les plus courtes. Ainsi le considère-t-on volontiers comme joyeux et insensé, dispendieux et provocateur. Et, il est vrai qu'en juin, il nous plaît de tout promettre et de tout espérer. Dormir, se reposer paraissent indécents. Juin, c'est l'obligation de vivre impérieusement, de ne point se contraindre ; c'est déjà l'avant-goût des jubilations de juillet et des prodigalités d'août, avant que le sage septembre ne nous prépare aux retenues de l'automne et aux gravités de l'hiver.

 

Mon coeur, rappelle-toi

la beauté, la vigueur de nos jeunes saisons,

quand l'alouette chantait au-dessus des moissons,

que la source jaillissait dans un éclat de jaspe.

La maison se laurait de vignes et de lierre

et les roses trémières rosissaient son fronton.

 

Extraits du "Chant de Malabata"*

Fête de la musique, feux de la Saint-Jean, Juin traverse le temps en apothéose. Il est le point d'orgue d'une année qui nous façonne selon le rythme compulsif de ses saisons et qui, soudain, semble lâcher prise. Juin des rendez-vous donnés ou manqués, des attentes fébriles, des fiévreux crépuscules, des roses aurores et des lueurs veillées à l'avant-poste estival.

 

* Armelle Barguillet Hauteloire - "Profil de la Nuit"

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE



13 réactions


  • Taverne Taverne 10 juin 2016 16:24

    La maison se laurait de vignes et de lierre.

    Les champs coquelicotent, les chemins boutondorisent.


    • Xenozoid 10 juin 2016 17:09

      @Xenozoid

      sexe au matin(ca rime avec juin)

    • Xenozoid 10 juin 2016 17:11

      @Xenozoid

      pas le maréchal

    • Xenozoid 10 juin 2016 17:27

      @Xenozoid

      peau de chagrin

      pas de ouin ouin
      ouh ouh fait le loup
      non, ouhhhhhhhhjhhhHHHHHHHHHH OUHHHHHHHHHHHHHH.fait le loup
      m’enfin 

    • Taverne Taverne 10 juin 2016 23:26

      @Xenozoid

      Vous êtes un grand poète. Vous avez songé à vous faire éditer ?


    • Xenozoid 11 juin 2016 13:31

      @Taverne

      des fois j’aime aprés une biere ou deux
      passer le chemin de celui du gueu
      mais que de plaisir a lire
      quand les mots ne veulent plus rien dire
      que de constater que le peu est fait de rien(qui rime avec juin)

    • Taverne Taverne 11 juin 2016 13:59

      @Xenozoid

      Avec des riens, on peut faire tout. Et les mots disent ce qu’on veut leur faire dire. Le langage est riche et sans limites.

      L’art des onomatopées paléolithiques écrites avec les cheveux peut servir éventuellement une carrière de comique dans les centres pour trisomiques 21 mais l’homme peut mieux faire : même vous ! Il faut battre le faire tant qu’il est chaud, passer à l’âge de faire.


    • Xenozoid 12 juin 2016 15:50

      @Taverne

      c’est pour cela que je m’amuse avec les langues et le contexte,et vice versa,bien sure pas celui du qui,mai sans « s » celui du nous,ce qui peux faire rire certain, qui par la même n’auront de juin que de fumer leur latin,qui rime avec juin

  • alinea alinea 10 juin 2016 23:45

    Juin, que peu de monde prononce bien, disant plutôt jouin, ou joint, est tout de tension vers le solstice ; cette année il est encore printemps, vert et frais, d’autres fois il est déjà été, fauve et sec ; c’est le mois des gémeaux, ces caracoleurs séducteurs avant les cancers qui se replient dans leurs antres fraîches. C’est le mois des amours de jeunesse, des soirées qui paressent quand tout est encore ordinaire dans l’ordonnement des jours.
    Le juin des cerises, des dernières fraises, des blés qui blondissent, et dont l’eau des rivières est encore glacée, mais qui porte la fin de l’ascension des jours. Oui, profitons, profitons de sa jeunesse qui déja mûrit.


  • Agafia Agafia 11 juin 2016 02:55

    Nuits de juin
    Victor Hugo

    L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
    La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
    Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
    On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.

    Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
    Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
    Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
    Semble toute la nuit errer au bas du ciel.

    Victor Hugo, Les rayons et les ombres


  • Jean Keim Jean Keim 11 juin 2016 09:02

    En avril ne te découvre pas d’un fil

    En mai fait ce qu’il te plait 
    En juin ... rien ne me vient 
    Tant pis passons en juillet si gai
    Chacun mois est les prémices du suivant
    Il en faut douze pour faire tout un an

    • Taverne Taverne 11 juin 2016 13:15

      @Jean Keim

      Chez nous, on a la version bretonne :

      En avril, ne te découvre pas d’un fil,
      En mai, garde ton gilet,
      En juin, prends ton pépin.


  • Emile Mourey Emile Mourey 11 juin 2016 16:29

    À Armelle,


    Torride, il brûle mon superbe gazon, l’été,
    Ma poitrine oppressée, il la fait suffoquer.
    Ma peau, par le soleil, brûlée
    Et ma gorge assoiffée.

    Mais où sont nos jeunes années
    De nos rencontres passées
    Des fraiches soirées
    Nuitées.

    Amie, il faut faire une pause,
    J’aperçois l’ombre d’un bouchon ;
    Buvons à l’aimable Macron,
    Chantons pour lui quelque chose.

    Depuis ma Bourgogne

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