Interdiction des emplois familiaux à l’Assemblée, la fausse mesure
Ce n’est pas le fait d’employer des proches en tant que collaborateurs (dont nos gazettes ont parlé pendant des mois), mais bien les modalités qui permettaient de les recruter et les gérer.
En interdisant l’emploi des proches des membres de l’Assemblée comme leur collaborateur parlementaire on n’a pas résolu le problème de fond.
Car cette seule interdiction, non assortie de mesures complémentaires, n’aurait pas empêché les mêmes dérives avec de collaborateurs venant d’autres horizons.
Par ailleurs cette interdiction crée d’autres problèmes bien plus complexes et inutiles.
D’abord et constitutionnellement cela semble contraire au principe d’égalité, car elle réduit les droits fondamentaux d’une catégorie de personnes uniquement en fonction de leur filiation ou de leur situation.
Et il y a des fortes chances qu’elle soit retoquée par le Conseil Constitutionnel.
Secondement, sans même compter les risques d’emplois croisés, il est d’une application pour le moins délicate pour ne pas dire impossible.
Comment en effet définir à priori le degré de proximité de sang ou sentimentale alors que les situations « familiales » sont de plus en plus complexes et variées ?
Le fils majeur issu d’un autre mariage du partenaire actuel du ou de la député(e) est considéré comme membre de la famille ?
Et les enfants naturels dont la paternité est connue mais pas reconnue ?
Et la petite amie de son fils ?
Et si cette idylle nait postérieurement à la prise d’emploi ?
Et si telle députée se tape son assistant (le cas que ce soit un député qui se tape sa secrétaire étant bien plus rare), quelle mesure prendre ? faut-il le renvoyer ?
Cela instaure un climat de suspicion permanent et sonne le début d’une nouvelle et désagréable chasse aux sorcières de triste mémoire.
Car il y aura toujours un corbeau pour dénoncer une proximité présumée ou réelle par un lien de sang au xième degré entre tel collaborateur parlementaire et tel député, ou alors relater une ancienne liaison de jeunesse entre tel député et la mère d’un collaborateur.
Croyez-vous vraiment qu’on ait besoin de ces débats de caniveau ?