mercredi 12 août 2015 - par Armelle Barguillet Hauteloire

Jardins de papier d’Evelyne Bloch-Dano

Lorsqu’un auteur m’invite à le suivre dans un univers de jardins, de senteurs, de richesses bocagères, miroir qui reflète le tableau le plus ouvragé, le plus naturel, le plus bucolique qui soit, je lui emboîte bien volontiers le pas. Comment résister au charme envoûtant de jardins aussi divers que ceux proposés par Evelyne Bloch-Dano qui nous convie non seulement à les visiter dans leur multiplicité, mais à partager avec quelques écrivains leurs jardins imaginaires, jardins de papier qu’elle nous aide à déchiffrer dans leur beauté cachée, incitant le lecteur à flâner un moment dans ces « cloîtres de papier ».

Oui, grâce à elle et à sa plume fleurie, nous lisons tout en respirant l’odeur d’une terre mouillée, en écoutant le bourdonnement d’une abeille ou le battement d’ailes d’un pigeon, et nous nous promenons voluptueusement dans ce livre comme dans un parc, celui où notre enfance se recueille encore. Du jardin des origines, à l’aube de l’humanité, lorsque la terre était un vaste univers minéral et végétal baigné d’eau océane, aux jardins bibliques que nous évoquent les textes sacrés, enfin à ceux d’Homère et de Nausicaa, nous allons parcourir des lieux en son aimable compagnie, contemplant successivement les jardins médiévaux où le potager était encore inséparable de la maison, ceux de la Renaissance qui illustrent une philosophie de l’existence et un art de vivre, pour s’arrêter longuement dans les jardins à la Française, plantés de jasmins rosés et d’orangers, de Versailles, Vaux-le-Vicomte, Chantilly, comble de la civilisation avec leurs parterres de broderies florales, leurs miroirs d’eau et leurs perspectives allongées à l’infini. Oui, un parcours illustré de descriptions enchanteresses où l’imagination vacille comme débordée par tant de majesté. Et nous n’avons pas tout vu : les jardins à l’anglaise m’apparaissent comme un point d’orgue, étant de tous les jardins du monde ceux que je préfère, grâce à leur désordre harmonieux, à l’alliance de leurs couleurs, aux sous-bois empreints de rêverie.

Mais les jardins de roman n’en ont pas moins leur séduction, lorsque Jean-Jacques Rousseau nous y emmène en apôtre des sources et des bois, complice du ravissement provoqué par la sensualité végétale, les berceaux enjolivés de bosquets et buissons, les baies sauvages et les guirlandes odorantes de liserons et de chèvrefeuilles. On musarde aussi volontiers à Nohant auprès de George Sand, au cœur de cette bohême qu’elle entendait conserver « afin que corps et esprit ne soient pas séparés », puis nous cuillerons la fleur sans parfum du « Lys dans la vallée », simplement belle et délicate, précieuse et intouchable, avant de nous égayer dans quelques jardins provinciaux fleuris de parterres et ombrés de tilleuls et d’acacias. Nous apprécierons ensuite les jardins réanimés par Marcel Proust, isolé dans son arche de liège, dont la plume sait nous enivrer de l’odeur sucrée des aubépines du jardin de l'enfance qui serpente encore aujourd’hui à Illiers-Combray, avant de passer un moment avec André Gide dont « La porte étroite » s’ouvre sur l’herbier de la Roque-Baignard, enfin ce sera auprès de Colette que nous nous reposerons en ses mille et un jardins gavés de senteurs botaniques, dont celui de « La treille muscate », des roses et volubilis pieusement arrosés par Sido, lieu privilégié à l’éclosion de la vie que l’auteur des « Vrilles de la vigne » savait si bien nous décrire avec des mots évocateurs empreints de saveurs multiples.

Pour mettre fin à ce pèlerinage, nous serons auprès de Christian Bobin dans un clos peuplé d’oiseaux qui ignorent l’existence du mal, un abri tranquille que l’auteur du « Très-bas » s’emploie à chanter en soulignant l’attrait des petites choses et des joies simples, ce réel infinitésimal qui seul protège du désastre. Alors louange soit faite au brin d’herbe et à la charmille et à ce voyage ensorcelant dans des jardins de rêve et des rêves de papier.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 



3 réactions


  •  
    ça s’appelle une « petite société tocquevilienne »
     
    « L’individualisme est un sentiment réfléchi qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables de telle sorte que, après s’être créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même »
     
    ’Le benêt grand remplacé’ Tocqueville
     


    • lsga lsga 13 août 2015 19:20

      enfin fillette, on doit te rappeler que tu es un fasciste ? Les fascistes, pour rappel, considèrent que les individus ne doivent pas s’occuper de la « grande société ». Ça, c’est le rôle du Chef, du leader, du guide, et de ses généraux.
       
      Fais attention fillette, si tu continues comme ça, de fasciste, tu vas passer à démocrate smiley


    • lsga lsga 14 août 2015 18:11

      et voilà, au lieu de répondre à ma question, tu recommences à m’expliquer que la race inférieur des souchiens se fait dominer par les juifs et les métisses... C’est fou cette tendance à l’auto-flagélation quand même !
       
      On a compris ton message : les français sont des ptites merdes qui se font écraser, dominer, remplacer. Des loosers pathétiques incapables de se défendre contre 3 juifs et 2 métisses.


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