samedi 12 novembre 2016 - par alinea

Je n’aurais pas voté

Je n'aurais pas voté Trump ; je n'aurais pas voté Clinton. Je me suis laissé dire qu'il y avait de fabuleux endroits de pêche aux US. Enfin d'après harrisson ; j'aurais bien aimé l'entendre, tiens, au sujet de ces élections.

Ce n'est pas forcément faire œuvre de courage que de s'abstenir, mais nous ne sommes pas obligés non plus de jouer leur jeu. Du reste, j'aurais fait comme plus de la moitié des Américains.

Entre Juppé et Le Pen, la pêche me conviendra.

Si nous regardons d'un peu plus près l'équivalence dans ces élections à six mois d'intervalle, nous refroidissons nos ardentes émotions. Il était « inimaginable » de voir Trump à la tête des États-Unis, comme il nous est inimaginable de voir chez nous Le Pen. La raison en est assez simple, l'un et l'autre ne s'appuient pas sur une idéologie qui a racines dans notre Histoire, car si l'extrême droite ne date pas tout à fait d'hier et expose quelques dogmes, ni l'un ni l'autre ne s'en réfère explicitement. Nous ne le savons que par quelques accointances qu'ils ne cachent pas, et par quelques lapsus révélateurs. Mais ce que nous savons de manière ferme, c'est qu'ils ne veulent pas sortir du capitalisme, préfèrent nous faire accroire au retour possible du fordisme, un capitalisme à papa qui bichonne ses exploités, enfin façon de parler, mais qui ignore ou conspue l'intrus quel qu'il soit. Mais cet intrus a plusieurs visages, ce qui le différencie de l'ennemi de notre président. Pour eux, c'est celui qui a passé les frontières et s'installe là sans plus de désir que ça de s'adapter mais qui venant de loin accepte toutes les conditions pour survivre ; il met donc côte à côte deux réalités non conjugables, celui qui est sur place depuis toujours, qui compte bien gagner sa vie et profiter de toutes les luttes gagnées par ses aïeux pour améliorer l'ordinaire, et celui qui vient de si loin, d'un lieu où l'on crève de faim et pour qui le moindre job à cent sous lui permettra de bouffer. Celui-ci est évidemment manipulé par un patronat tout heureux de rencontrer main d'œuvre si complaisante. Le bougre qui débarque est dans la survie, prend ce qu'il trouve et n'a pas d'image rêvée d'american way of life pour lui gâcher le plaisir ; celui qui est sur place, si. Cette concurrence déloyale est, à ma connaissance la seule cause à combattre pour la droite, on jette, on se protège des intrus ; pour la gauche, le combat est plus osé ; on combat l'injustice, on combat les patrons ; pour nos gouvernants, ce problème n'existe même pas. Et puis il y a l'assisté, ce paresseux qui boit son RMI à la terrasse du bistrot, pendant que l'immigré se fait exploiter dans une cave et que le bon Français se tue au travail. Si l'extrême droite arrive, oh quelle surprise, un peu partout, c'est bien qu'elle n'est jamais combattue sur le fond, avec des arguments, et des actions positives, mais qu'elle est négligée avec désinvolture, comme seuls les nantis savent le faire ! Aussi, la seule manière d'être contre les abus de l'oligarchie et de leurs sbires politiques est-elle d'y adhérer dans un mouvement mu par une force d'inertie flagrante. Et cela, du simple fait que l'oligarchie a eu l'excellente idée de se déguiser en gauche, et entache les véritables valeurs de celle-ci.

Nous voyons très bien en ce moment la collision entre la mondialisation des financiers et transnationales, et l'internationale révolutionnaire ; la première fait tellement de dégâts que lorsqu'ils se pointent avec leur révolution mondiale, ils se font jeter. C'est un fait, les mouvements prolétariens, populaires, sont contagieux pour la bonne et simple raison que le sort de ceux-ci est le même où que se trouve le capitalisme. On culpabilise donc les circonvolutionnaires en leur disant : la volonté de repli est d'extrême-droite, alors qu'en réalité c'est le seul instinct possible face à la dépersonnalisation d'un pouvoir inatteignable et le désir de ramener celui-ci à une distance telle que l'on puisse l'atteindre. Quoique... je ne m'étendrai pas sur l'amour des droitiers pour le pouvoir.

Je sais, d'autres choses sont en jeu, entre autre le désir de s'abandonner en toute quiétude dans sa vie quotidienne, qui pourtant ne manque pas de nous apporter son lot de galères. Les gens politisés qui s'engagent sont de plus en plus rares au fur et à mesure que le quotidien est dur à assumer. Ce n'est pas un hasard si l'on trouve tant de représentants des classes moyennes dans les rangs des partis. Les classes moyennes ont encore un peu de mou pour se préoccuper du monde, de manière plus large que la lutte immédiate et vitale dans sa propre entreprise. L'écologie, pourtant essentielle, en est la preuve, non seulement il se trouve au sein de ses acteurs presque exclusivement des « bobos » mais la conscience même de son urgence ne semble guère s'ouvrir dans les extrêmes, les plus riches, ou les plus pauvres. La droite donc, qui préserve les riches et s'adresse aux pauvres avec toute la démagogie nécessaire à en faire son soutien, se fout de l'écologie, la mentionne parfois parce qu'elle est « à la mode » mais elle sait pertinemment qu'elle ne trouvera ni public ni électeurs dans cette mouvance.

Pour en revenir à Trump, c'est bien la première chose qu'il fait : l'extirper de son programme ; on se doute que ce n'est pas par extrémisme vert qu'il rejette les pauvres ridicules « accords » faits en ce domaine à Paris ! Je ne parle pas du réchauffement climatique puisque je suis dans le doute et dans le doute, je m'abstiens.

Pour en finir avec cette droite et cette gauche, je vous donne à comparer ces deux réactions :

 

 

 

 

Et maintenant quoi ?

On attend que nos maîtres changent, s'adoucissent ? On guette le bon mot, le rire ? On se réjouit de la déconfiture de nos ennemis ?

D'accord. Mais notre salut tient-il là ?

Bien sûr que non, si on s'y attarde, c'est qu'on en a les moyens ! on sait ou devrait savoir que rien, jamais, ne vient d'en haut. Les maîtres, même ceux que l'on a élus, ménagent ceux dont ils ont besoin et servent toujours les mêmes, ce qui les différencie des guides et des puissants, selon ma définition ; il nous reste donc tout à faire. La liste est impossible, c'est à chacun de voir. En tout cas, un mouvement se fait jour, qui a commencé avec la Grèce, puisque beaucoup de consciences, là, se sont ouvertes sur la réalité de notre dictature, puis le Brexit qui a agacé et fait grincer des dents en haut lieu, et Trump maintenant, qui interloque nos dirigeants comme si l'on avait soudain scié un pied à leur fauteuil ! D'ici les élections il faudrait bien couper un autre pied en attendant de les brûler tous, fussent-ils Louis XVI !

Et comme apparemment nous ne sommes pas mûrs pour les révolutions de rues, qui comme par hasard s'arrêtent au moment pile d'une grève qui pourrait devenir générale et gêner, preuves nous ont été données qu'ils ont les moyens de le faire et trouvent quelques soutiens, contentons-nous des urnes, là, pas de syndicat, pas de mots d'ordre, pas d'armes pointées sur nous, le petit isoloir est notre dernier repère de liberté, sans violence.

J'ai bien aimé entendre la dernière petite phrase que Mélenchon prononce dans sa vidéo !!

 




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