mercredi 3 août 2016 - par Robin Guilloux

Jean Tirole, Economie du Bien commun

Jean Tirole, Economie du Bien commun, Presses universitaires de France, 2016

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"En décernant à Jean Tirole seul le prix Nobel d'économie 2014, l'Académie royale suédoise des sciences récompensa "l'un des économistes les plus influents de notre époque" ; Médaille d'or du CNRS en 2007, Jean Tirole est président de Toulouse School of Economics (TSE), membre fondateur de l'Institute for Advanced Study in Toulouse (IAST) et directeur scientifique de l'Institut d'économie industrielle (IDEI). Ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), il est aussi professeur invité au Massachusetts Institute of Technology (MIT), membre du conseil d'analyse économique (CAE) et membre de l'académie des sciences morales et politiques."

Quatrième de couverture :

Avec ce premier livre en français destiné à un large public, le prix Nobel d'économie 2014 nous invite à partager sa passion pour cette discipline. Il défend une cetaine vision de l'économie, science qui croise la théorie et les faits au service du bien commun et de l'économiste, chercheur et homme de terrain. C'est dire que le lecteur pénètre dans l'atelier d'un économiste et voyage à travers les sujets affectant notre quotidien : économie numérique, innovation, chômage, changement climatique, Europe, Etat, finance, marché... En dressant un panorama des grandes problématiques de l'économie d'aujourd'hui, Jean Tirole nous fait entrer au coeur des théories dont il est le père."

Sommaire :

Remerciements - Avant-propos -

Economie et société : chapitre I. Aimez-vous l'économie ? - Chapitre 2. Les limites morales du marché 

Le métier de chercheur en économie : Chapitre 3. L'économie dans la cité - Chapitre 4. La recherche au quotidien - Chapitre 5. L'économie en mouvement

Le cadre institutionnel de l'économie : chapitre 6. Pour un Etat moderne - Chapitre 7. L'entreprise, sa gouvernance et sa responsabilité sociale

Les grands défis macroéconomiques : chapitre 8. Le défi climatique - chapitre 9. Vaincre le chômage - chapitre 10. L'Europe à la croisée des chemins - chapitre 11. A quoi sert la finance ? chapitre 12. La crise financière de 2008

L'enjeu industriel : chapitre 13. Politique de la concurrence et politique industrielle - chapitre 14. Quand le digital modifie la chaîne de la valeur - chapitre 15. Economie numérique : les défis sociétaux - chapitre 16. L'innovation et la propriété intellectuelle - chapitre 17. La régulation sectorielle

 

"La France a fait le choix structurel du chômage." (Jean Tirole)

 

Notes de lecture :

 

Thèse de l'ouvrage :

"L'économie n'est ni au service de la propriété privée et des intérêts individuels, ni au service de ceux qui voudraient utiliser l'Etat pour imposer leurs valeurs ou faire prévaloir leurs intérêts. Elle récuse le tout-marché comme le tout-Etat. L'économie est au service du bien commun ; elle a pour tâche d'identifier les institutions et les politiques qui promouvront l'intérêt général. dans sa recherche du bien-être pour la communauté, elle englobe les dimensions individuelles et collective du sujet. Elle analyse les situations où l'intérêt individuel est compatible avec cette quête de bien-être collectif et celles où au contraire il constitue une entrave." (p.18)

Organisation de l'ouvrage

Le livre se déploie autour de cinq grands thèmes :

  • Le rapport de la société à l'économie en tant que discipline et paradigme. 
  • Le métier d'économiste, sa vie quotidienne dans la recherche et son implication dans la cité.
  • La dimension économique de nos institutions : l'Etat et le marché
  • Eléments de réflexion autour de quatre grands défis macroéconomiques qui sont au coeur des préoccupations actuelles : le climat, le chômage, l'euro et la finance.
  • Ensemble de questions microéconomiques regroupées sous le titre "enjeu industriel" : la politique de la concurrence et la politique industrielle, la révolution numérique - ses nouveaux modèles économiques et ses défis sociaux -, l'innovation et la régulation sectorielle.

Un message optimiste

"Il n'y a pas de fatalité aux maux dont souffrent nos sociétés : il existe des solutions au chômage, au réchauffement climatique, à la déliquescence de la construction européenne." (p.25)

Jean Tirole explique comment relever le défi industriel et comment faire en sorte que les biens et services soient au service du pubic et non des rentes des actionnaires ou des employés des entreprises. Il montre comment réguler la finance, les grands monopoles, les marchés et l'Etat lui-même, sans faire dérailler la machine économique ou nier le rôle de l'Etat dans l'organisation de la société.

Le fil rouge : la théorie de l'information

"Si ce livre s'organise autour de thèmes familiers à tous, son fil rouge est un concept dont beaucoup de lecteurs sont sans doute moins coutumiers : la théorie de l'information, avancée majeure de l'économie durant les quarante dernières années. Cette théorie se fonde sur une évidence : les décisions des acteurs économiques (les ménages, les entreprises, l'Etat) sont contraintes par l'information limitée dont ils disposent. Les conséquences de ces limites informationnelles se retrouvent partout : dans la difficulté des administrés à comprendre et à évaluer les politiques poursuivies par leurs gouvernants ; dans celle de l'Etat à réguler banques ou entreprises dominantes, à protéger l'environnement ou à gérer l'innovation ; dans celles des investisseurs à contrôler l'utilisation qui est faite de leur argent par les entreprises qu'ils financent ; dans les modes d'organisation interne de nos entreprises ; dans nos relations interpersonnelles ; et même dans notre relation à nous-mêmes, comme quand nous construisons une identité ou croyons ce que nous voulons croire.

(...) La nécessaire compatibilité des politiques publiques avec l'information disponible a des implications cruciales pour la conception des politiques de l'emploi, de la protection de l'environnement, de la politique industrielle ou de la régulation sectorielle et bancaire.

Dans le secteur privé, les asymétries d'information sous-tendent les institutions de gouvernance et les modes de financement. La question de l'information est partout, au coeur de la construction même de nos institutions et de nos choix de politique économique. Au coeur de l'économie du bien commun." (p.27)

"En ce qui concerne les comportements, l'hypothèse de première approximation est que les décideurs se comportent de façon rationnelle, c'est-à-dire agissent au mieux de leurs intérêts étant donné l'information limitée dont ils disposent et les objectifs que le chercheur leur a assignés comme étant une description décente de leurs aspirations réelles. De nouveau, on peut affiner cette analyse de base grâce aux recherches récentes qui étudient des comportements de rationnalité limitée. Enfin, il faut modéliser la façon dont plusieurs acteurs, par exemple les concurrents sur un marché interagissent. C'est là que la théorie des jeux intervient.

Ce modèle parcimonieux, voire simpliste, permet d'une part de prévoir ce qui se passera sur un marché ou l'évolution de l'économie dans son ensemble, et d'autre part de formuler des recommandations pour les décideurs privés ou publics c'est-à-dire pour la conception des politiques économiques. Car, peut-être plus que les autres sciences humaines et sociales, l'économie se veut normative ; elle aspire à "changer le monde". Analyser les comportements individuels et collectifs, y découvrir certaines régularités est important. Mais la finalité ultime est la politique économique." (p.123)

Les deux cadres unificateurs de l'économie moderne : la théorie des jeux et la théorie de l'information :

"La microéconomie moderne est fondée sur la théorie des jeux - qui représente et prédit les stratégies d'acteurs pourvus d'objectifs propres et en situation d'interdépendance - et la théorie de l'information - qui rend compte de l'utilisation stratégique d'informations privilégiées par ces mêmes acteurs." (p.151)

"le deuxième cadre unificateur de l'économie moderne est la théorie de l'information, appelée aussi théorie des incitations, théorie des contrats, théorie du signal ou encore théorie du principal-agent, selon l'application qui en est faite. Cette théorie s'articule sur le rôle stratégique des informations privées que possèdent les décideurs. Une bonne compréhension des relations humaines ou économiques nécessite en effet de prendre en compte le fait que les acteurs n'ont pas la même information et de plus utilisent leur information privée pour parvenir à leurs fins." (p.158)

Note : La théorie des jeux est un ensemble d'outils pour analyser les situations dans lesquelles l'action optimale pour un agent dépend des anticipations qu'il forme sur la décision d'un autre agent. Cet agent peut être aussi bien une personne physique, une entreprise ou un animal. L'objectif de la théorie des jeux est de modéliser ces situations, de déterminer une stratégie optimale pour chacun des agents, de prédire l'équilibre du jeu et de trouver comment aboutir à une situation optimale. La théorie des jeux est très souvent utilisée en économie, en sciences politiques, en biologie ou encore en philosophie.

Les fondements de la théorie moderne des jeux sont décrits autour des années 1920 par Ernst Zermelo, Émile Borel et John von Neumann. Les idées de la théorie des jeux sont ensuite développées par Oskar Morgenstern et John von Neumann en 1944 dans leur ouvrage Theory of Games and Economic Behavior

On dit qu'un jeu est à information complète si chaque joueur connaît lors de la prise de décision :

  • ses possibilités d'action
  • les possibilités d'action des autres joueurs
  • les gains résultants de ces actions
  • les motivations des autres joueurs

Les jeux en information incomplète sont des situations où l'une des conditions n'est pas vérifiée. Ce peut être parce qu'une des motivations d'un acteur est cachée (domaine important pour l'application de la théorie des jeux à l'économie).

Homo oeconomicus, homo politicus :

"Autrefois totalement imbriquée dans l'ensemble des sciences sociales et humaines, l'économie a construit son identité propre au XXème siècle au prix d'une déconnexion avec ses disciplines soeurs.

La science économique a alors forgé la fiction de l'homo oeconomicus, c'est-à-dire l'hypothèse simplificatrice selon laquelle les décideurs sont rationnels, et donc agissent au mieux de leurs intérêts étant donné l'information dont ils disposent (...)

Les recommandations de politique économique sont dès lors le plus souvent fondées sur l'existence d'externalités ou de défaillances du marché, c'est-à-dire sur une différence entre rationnalité individuelle et rationnalité collective : ce qui est bon pour un acteur économique n'est pas forcément bon pour la société dans son ensemble."

Récemment, les économistes sont revenus vers la psychologie par le biais de leurs recherches en économie comportementale et neuro-économie. La motivation de ce retour méthodologique est la nécessité de mieux comprendre les comportements. De fait, on constate que l'homo oeconomicus et l'homo politicus ne se comportent pas toujours aussi rationnellement que le prédit la théorie." (p.165)

Le rôle de l'Etat

"La plupart d'entre nous à travers le monde vivons dans une économie de marché mâtinée d'intervention de l'Etat. Une organisation de la société que nous aimons, tolérons ou détestons, mais sans toujours nous demander si d'autres visions sont possibles. Depuis le retentissant échec économique, culturel, social et environnemental des économies planifiées, nous faisons face à une sorte de fatalisme, tempéré par certains d'indignation. Les Français en particulier sont en manque de repères. Ils sont au monde quasiment les plus méfiants vis-à-vis du marché et de la concurrence.

 

Certains prônent du statu quo, voire un monde alternatif assez flou, où le marché ne serait plus au centre de notre organisation sociale ; d'autres au contraire préconisent un Etat minimaliste, se concentrant sur ses fonctions régaliennes : droit et fonction judiciaire, maintien de l'ordre et défense nationale, fonctions nécessaires à la sécurisation du contrat et du droit de propriété nécessaire à la libre entreprise. Ces deux visions sont inadaptées à la réalisation du bien commun." (p. 208-209)

Construction du chapitre :

  • La logique de notre construction sociale/ Les défaillances du marché
  • La complémentarité du marché et de l'Etat et les fondements du libéralisme
  • Les défaillances de l'Etat
  • La primauté du politique et sa perte d'influence
  • La réforme de l'Etat

Les défaillances du marché peuvent être classées en 6 catégories :

1) L'échange peut affecter des tierces parties, par définition non consentantes. (par exemple, les entreprises peuvent polluer leur environnement lors de la fabrication du produit pour le consommateur).

2) L'échange peut ne pas être effectué en toute connaissance de cause et de façon consentante. (l'acheteur ne dispose pas de toute l'information nécessaire.)

3) Il se peut que l'acheteur soit sa propre victime, qu'il manque de contrôle de lui-même et adopte un comportement impulsif. (les conduites humaines ne relèvent pas toujours de la rationnalité.)

4) La mise ne oeuvre d'un échange peut dépasser la capacité de l'individu. (les créances des banques ne sont garanties que jusqu'à un certain seuil.)

5) Des entreprises peuvent disposer de pouvoir de marché. (capacité de faire payer aux consommateurs des prix bien au-dessus des coûts ou d'offrir des produits de qualité médiocre.)

6) Si le marché est facteur d'efficacité, il n'a aucune raison de produite l'équité.

Dépendance mutuelle du marché et de l'Etat

"Le marché et l'Etat ne sont pas des alternatives ; ils sont, bien au contraire mutuellement dépendants. le bon fonctionnement du marché dépend du bon fonctionnement de l'Etat. Inversement, un Etat défaillant ne peut ni contribuer à l'efficacité du marché, ni lui offrir une alternative. (p.216)

Notes de lecture sur le chapitre 9 : "Vaincre le chômage"

I. Le constat

Les mauvaises performances du marché du travail français sont plus proches de celles des pays d'Europe du Sud en difficulté que de celles de l'Europe du Nord. le constat d'énonce ainsi :

1. Le chôamage est beaucoup plus élevé en France que dans les pays du d'Europe du Nord (Allemagne, Pays-Bas, pays scandinaves) ou les pays anglo-saxons.

2. Il touche essentiellement les 15-24 ans et les 55-64 ans.

3. Il pénalise les peu qualifiés et les zones urbaines sensibles.

4. Le chômage de longue durée, de loin le plus pernicieux, est important et en augmentation régulière depuis 2007.

5. Les Français éprouvent un véritable mal-être au travail, qui résulte d'un manque de mobilité professionnelle, de relations conflictuelles et d'un sentiment d'insécurité au travail.

6. Ce résultat calamiteux conduit la France à dépenser beaucoup pour la politique de l'emploi.

Un chômage élevé et de longue durée

On arrive en novembre 2015 à environ 6 142 000 chômeurs, toutes catégories confondues.

Le marché du travail français est relativement fermé aux nouveaux entrants, notamment aux jeunes en quête d'un premier emploi. Les 15-24 ans peinent à trouver du travail. leur taux de chômage est de 24%. Leur taux d'emploi (28,6%) se situe très loin derrière la moyenne de l'OCDE (39,6%) et les taux de l'Europe du Nord (46,8 % pour l'Allemagne et 62,3 % pour les Pays-Bas).

Le recours aux "rustines"

Pour résorber le chômage, les gouvernements successifs en France (et dans d'autres pays de l'Europe du Sud) ont encouragé les CDD et financé les emplois aidés.

a) Les emplois aidés

Les emplois aidés constituent dans l'ensemble une mauvaise utilisation de l'argent public, en particulier pour les emplois aidés dans le secteur non marchand (...) Les statistiques montrent que la probabilité de trouver un CDI à la fin d'un emploi aidé est faible et que les bénéficiaires des emplois aidés dans le secteur non marchand ont moins de chances d'avoir un emploi deux ans plus tard que les autres, et donc la thèse selon laquelle un emploi aidé est un tremplin vers un emploi stable reste à démontrer.

b) Les contrats précaires

La grande majorité des nouvelles créations d'emploi, soit 90% en 2013 (y compris l'intérim), se font désormais en contrat à durée déterminée (CDD) et ce ratio qui était de 75% en 1999 croit continuellement.

L'emploi en CDD ne convient ni à l'employé, ni à l'employeur.

Les causes multiples du chômage

"S'il est emblématique, le contrat de travail n'est pas le seul responsable de la situation actuelle." (p.341)

Selon Jean Tirole, les autres causes du chômage sont :

  • La médiocrité et le coût de la formation professionnelle
  • L'insuffisance de l'apprentissage et de l'alternance emploi/études
  • L'inadéquation des scolarités à la demande de personnel des entreprises et une insuffisante qualification
  • Le choix français d'effectuer la redistribution en faveur des bas salaires plus par le canal du salaire minimum que par voie fiscale
  • La gestion de l'assurance-chômage et du service public de l'emploi
  • Le manque de flexibilité dans la contractualisation
  • La fermeture de certaines professions empêchant la création d'emplois pour lesquels il existe une demande.

La rigidité du marché du travail

Tirole constate que la quasi-impossibilité de licencier en France fait que l’on licencie peu, tant les tribunaux sanctionnent les patrons et qu’en conséquence, on recrute encore moins : les entreprises sont donc moins productives et le chômage des jeunes augmente. Pour en sortir, Tirole propose de restaurer le droit de licencier librement (sauf cas de harcèlement notoire ou pour grossesse par exemple) ; ce droit de licencier restaurerait le désir de recruter.

Mais Tirole reconnaît que le licenciement pèse sur la société : il faut bien financer l’assurance chômage. Il suggère donc un impôt sur le licenciement proportionnel au temps nécessaire au licencié pour retrouver un emploi. Ceci inciterait les patrons à aider les licenciés à se recaser vite. Pour éviter les abus, l’impôt sur le licenciement serait plafonné à six mois de salaire, une formule qui existe dans certains États américains. Les tribunaux n’auraient plus à intervenir dans les licenciements, les patrons connaîtraient par avance le coût d’un licenciement, alors qu’il est aujourd’hui aléatoire.

Il propose dans ce but un contrat (unique) avec une augmentation progressive des droits des licenciés et des devoirs des entreprises, selon l'ancienneté et l'expérience. Un contrat qui peut être rompu quand l'entreprise va mal sans que le juge ait à se prononcer sur la réalité du mal (juge qui se prononcerait seulement sur la réalité de la réorganisation de l'entreprise). Un contrat dont la rupture en masse par des entreprises ferait augmenter leur cotisation à l'assurance-chômage. Ce triptyque constitue un système simple, juste, incitatif.

 



15 réactions


  • Alren Alren 3 août 2016 17:02

    Le prix Nobel d’économie n’est attribué qu’aux économistes pro-capitalistes.

    On voit bien ce qui se cache derrière une expression comme « bien commun » : le refus de reconnaître l’antagonisme radical entre le rentier spéculateur et le travailleur.
    Pétain aussi niait la lutte des classes. Vous devinez pourquoi ...


  • Peretz1 Peretz1 3 août 2016 17:02

    « L’économie n’est ni au service de la propriété privée et des intérêts individuels, ni au service de ceux qui voudraient utiliser l’Etat pour imposer leurs valeurs ou faire prévaloir leurs intérêts.  » C’est être aveugle de ne pas voir que l’Economie qui déclare que la concurrence doit être libre et non faussée, est au service total des possédants. J’étais un peu sceptique quand j’ai appris que Tirolle avait eu le « Nobel ». Je comprends pourquoi : il est dans la pensée unique. Je n’achèterai donc pas son bouquin


    • Marc Chinal Marc Chinal 3 août 2016 18:07

      @Peretz1
      ce n’est pas gentil ! comment voulez vous relancer l’économie si vous ne consommez pas des choses inutiles ??? smiley


    • mmbbb 4 août 2016 08:27

      @Peretz1 un peu facile exemple Thomson intervention de l ’etat nous avons rate l’ere de la microinformatique, Thomson TO 7 rapport de la cour des comptes Ces machines ont fini dans les placard de L EN . Apple microsoft IBM INTEL sont des leaders . Google a une tres bonne capitalisation boursière est investit dans les techniques du futur. En reaction et après que le train est passé, nous avons cree QWANT sursaut de notre orgueil mais le train avait deja pris de la vitesse ! Quoi qu il en soit presque plus rien n’est fabrique en france Vous êtes certainement dans le vrai et c’est pour cela que nous avons tant de chomage Par ailleurs les reflexion de cet economiste sur le chomage peuvent être retenu notamment sur la formation. Les ouvrieres sont au chomage desormais Cela est la réalité du marche. Pensee unique vous avez raison certainement mais ce qui nous fait defaut en france, ce sont les entrepreneurs dont les diplomes ont une facheuse tendance a vouloir se tirer et ils ont bien raison tant en France l’etat trop interventionnisme et dont les charges pesantes et un facteur de non developpement des PME PMI . C’est connu et archi connu . Resultat de la pensee unique de notre elite , nous avons des brillants resultats avec Alcatel AREVA etc Vous pouvez ne pas vouloir lire ce livre mais au regard de notre extraordinaire resultat economique, nous pouvons rester modeste . Quoi qu il en soit une nouvelle ere s’amorce ; l’intelligence artificielle et la robotique . Dans 15 ans le paysage economique aura change et les nations qui refuseront cette revolution seront out .


  • Spartacus Lequidam Spartacus 3 août 2016 17:41

    Je lis actuellement ce livre.

    Les constats de Tirole sont effectivement pertinents.
    En plus le livre est abordable sans jargon économique.

    Néanmoins il se trompe sur un projet d’impôt sur le licenciement. 

    Cela voudrait dire que celui qui licencie c’est pour le plaisir. Hors celui qui licencie le fait pour des raison de gestion.

    Dans une majorité des cas c’est un soucis de rentabilité, et dans bien des PME c’est après avoir épuisé les ’autres solutions. Imposer des entreprises en charges supplémentaires alors que le licenciement signale une période de difficulté, c’est ajouter un problème sur un problème.

    • Alren Alren 4 août 2016 14:59

      @Spartacus

      Néanmoins il se trompe sur un projet d’impôt sur le licenciement. 

      Cela voudrait dire que celui qui licencie c’est pour le plaisir. Hors celui qui licencie le fait pour des raison de gestion.

      Bien sûr que c’est pour des questions de gestion ! La bonne gestion qui passe par la maximisation du profit des rentiers parasites, la priorité absolue. Même si l’entreprise fait des bénéfices mais moins qu’en licenciant. Et tant pis pour les familles de licenciés qui plonge dans l’anxiété et la précarité ! Au contraire plutôt : le licenciement de quelques uns, en effrayant ceux qui restent, les rend moins revendicatifs. Tout bénef on vous dit !

      Ce qui justifie l’impôt, outre sa volonté de dissuader d’opérer des licenciements de confort, c’est qu’une région qui subit une vague de licenciements en paie le prix : moins d’activité économique, moins de clients chez les commerçants, augmentation des aides d’urgence etc.

      Dans une majorité des cas c’est un soucis de rentabilité, et dans bien des PME c’est après avoir épuisé les autres solutions.

      Évidemment, on met toujours en avant les pauvres petites PME pour protéger les grosses boites et les actionnaires inhumains, rapaces à courte vue, indifférents au sort des autres comme à l’écologie et l’avenir de notre vaisseau spatial : la Terre !

      Alors que quand ces PME sont en difficulté, qu’il s’agisse d’exploitations agricoles ou d’ateliers de fabrications, elles sont le plus souvent des sous-traitantes que les grosses sociétés pressurent au maximum et provoquent leur ruine, qu’il s’agisse de « grandes marques » ou de chaînes d’hypermarchés.

      Imposer des entreprises en charges supplémentaires alors que le licenciement signale une période de difficulté, c’est ajouter un problème sur un problème.

      Dans le cas d’une difficulté réelle, l’entreprise devrait pouvoir faire appel de cet impôt en ouvrant totalement ses comptes à une commission d’élus et de fonctionnaires du fisc, laquelle pourrait décider de cette exemption.


  • doctorix, complotiste doctorix 3 août 2016 18:59

    Les économistes sont ces gens qui savent parfaitement vous expliquer le lendemain pourquoi ils se sont trompés la veille.

    (citation approximative).
    Moi, je préfère Bernard Maris, et je me demande s’il n’était pas la cible chez Charlie (les assassins ont demandé aux victimes de se nommer avant de les descendre).
    Cher Bernard Maris, qui faisait ma joie sur France inter, avec Guillon et Porte...
    A mes chers disparus...

  • Taverne Taverne 3 août 2016 23:51

    En affirmant que l’économie est au service du Bien commun, cet économiste régresse de deux mille ans sur le plan philosophique. C’était la théorie de Platon que le Bien était le sens de toute action et la base de toutes les valeurs. Spinoza a démontré le contraire : c’est essentiellement le désir qui crée les valeurs. Le rêve de Platon ne s’est jamais concrétisé (une république de philosophes) ; il y a fort à parier que celui de Tirole fera long feu également. Sa base est erronée, elle ne peut pas créer quelque chose de solide.

    Il est possible en revanche de motiver les acteurs autour de valeurs communes comme : l’économie sociale et solidaire, le commerce équitable, l’économie durable et écologique, partage des bénéfices. Mais sans contrainte fortes, l’éthique issue de la valeur de bien commun ne pourra pas s’imposer aux acteurs économiques.


    • Robin Guilloux Robin Guilloux 4 août 2016 10:12

      @Taverne

      Oui, je suis assez d’accord. La conception de Tirole est « idéaliste » au sens propre (philosophique) du mot, bien qu’il parle du commerce équitable et qu’il consacre tout un chapitre à l’écologie ; il y a bien une dimension dissuasive (taxe carbone forte) et l’obligation pour les Entreprises de supporter davantage la charge des licenciements, mais sa conception semble reposer sur une vision optimiste des hommes qui seraient pétrie de bonne volonté et animés de mobiles rationnels, ce qui est loin d’être le cas. Il me semble effectivement plus « raisonnable » de faire reposer l’économie sur le désir que sur la bonne volonté. Le problème devient alors : "comment concilier le désir avec le « bien commun » ?


    • Taverne Taverne 4 août 2016 12:02

      @Robin Guilloux

      Le prix Nobel aurait ici été décerné comme une sorte de prix Nobel des hommes de bonne volonté, parce que pour ce qui est du réalisme, on peut en effet s’interroger.

      « Comment concilier le désir avec le « bien commun » ? » En ce qui me concerne, ma réponse serait surtout philosophique, je ne suis pas économiste. Mais la question dépasse le seul champ de l’économie. Si on frustre le désir pour réguler le marché, il faut prévoir des moyens de compensation. Les valeurs issues des forces du désir ne doivent pas être les seules valeurs à s’imposer dans nos sociétés. Les valeurs qui découlent des autres forces de vie (de « volonté de puissance » nietzschéenne) devraient être favorisées et la dimension reliante devrait compenser un peu la dimension projetante uniquement désirante qui ne pourrait que nous conduire à notre perte.

      Prendre la tirolienne relève de l’utopie. Mais peut-être les contraintes extérieures (environnement,...) vont-elles finir par s’imposer.


    • Raoul-Henri Raoul-Henri 4 août 2016 17:41

      @Taverne
      « Si on frustre le désir pour réguler le marché, il faut prévoir des moyens de compensation »

      Et si on frustrait le marché pour réguler nos désirs de manière consciente, souveraine ?
      Car à vouloir faire à tous prix le contraire les « moyens de compensation » deviennent :
       

      1. « Mon ! Prééé-cieux ! ». (Golum).

      2. mille et une façons de faire sa bande à part dans cette veine variqueuse, marécage d’un pétrin monétaire ancien et chargé parodique-ment par l’épopée de Kul le Chat, l’Histoire irracontable donc non-dite, le pétrin des co-pains jamais remis à jour sans un traumatisme majeur, sans un(e) tabula rasa au Killdozer.

      3. etc.

      Apocalypse, Ré-évolution ? ou Meilleurs des Mondes en Idiocratie anastasiée ? Les « moyens de compensations » sont nombreux mais ceux proposés ne com-pensent rien, ils rendent seul et cupidon. Estat logique dans ce désordre monétaire, cette absence de repère et de confiance suscrite aux archives bible-lotiques dogmatisant l’ incontournable ( quoi que).


  • Robin Guilloux Robin Guilloux 4 août 2016 10:15

    errata : « pétris » au masculin !


  • Rmanal 4 août 2016 14:59

    Ce qui est positif c’est que Mr Tirole n’est pas un pur libéral et que l’on voit bien dans ce domaine une remise en cause profonde d’un système qui a montré et qui continue de montrer son inefficacité et surtout son instabilité sociale.
    Le côté négatif est que comme tout économiste il reste dans une pensée où tout est centré sur l’économie et le travail, alors que les vrais désirs de 95% de la population sont tout autre. L’économie et le travail n’étant que des moyens pour y parvenir.

    PS : pas de problème avec les droits d’auteur ?


  • Jac Chuinard (---.---.142.27) 6 août 2016 10:41

    « ESSAYER DE COMPRENDRE ET PARTAGER LES CONNAISSANCES ». C’est la devise de Hubert Reeves, qui nous fait tant rêver sur les étoiles...

    Votre demarche, M. Tirole, ressemble à celle-là. Et je voudrais vous dire MERCI !

    Je ne sais pas ce qu’en pense mes concitoyens, mais un peu de « Culture Économique » pour mieux appréhender la réalité et mieux comprendre le monde et mon pays, cela me semble indispensable, voire une urgence.

    Monsieur Tirole, faites-nous rêver d’économie !


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