lundi 15 février 2016 - par Patrice Gibertie

L’enfumage de l’orientation : classements, diplômes, impossible de s’y retrouver, les grandes écoles de commerce dans le brouillard

C'est le moment de l'orientation post bac, la presse multiplie les classements et valorise de nouvelles formations, les BBA.

Attention brouillard

Après avoir enseigné en CPGE commerciales pendant 35 ans j’ai pris ma retraite mais aussi le temps du recul. J’avoue quelques inquiétudes devant un certain nombre d’évolutions insidieuses de cette filière.

Ma première inquiétude porte sur l’enfumage des diplômes destiné à valoriser une formation lucrative inventée par certaines écoles : le « bachelor » ou BBA.

Ces formations coûteuses ne délivrent ni le grade de licence ni celui de master. Même titulaire du BBA Essec ou ESCP, l’étudiant aura pour seul grade… son baccalauréat de la fin de terminale .Les étudiants du programme Grande école de l’ESSEC, de l’ESCP, de l’EDhec et de bien d’autres écoles seront demain concurrencé par des EDHEC, ESSEC… recrutés à bac +zéro…..

Les écoles transformées en facs de luxe auraient-elles encore besoin des Cpge pour recruter ? Pourquoi ne recruteraient elles pas uniquement sur les premiers cycles universitaires quitte même à en mettre en place de payants, les très chers « bachelors ». Les prépas elles sont gratuites ou peu coûteuses.

Les bachelors ou BBa menacent de mort les CPGE.

Il est assez curieux de retrouver sous un même habillage « moderniste » la dénonciation des prépas jugés élitistes, le souhait de voir les universités devenir plus sélectives, la mise en place d’écoles à l’américaine.

On retrouvera des libéraux souhaitant moderniser, c’est à dire américaniser notre système éducatif : l’institut Montaigne, Benoist Apparu.

On y trouvera tous ceux qui considèrent le système français trop élitiste : des politiques comme Vincent Peillon, Benoit Hamon, des sociologues comme Monique Dagnaud, le Café pédagogique et à peu près tous les journalistes s’intéressant à l’éducation.

Ma deuxième inquiétude porte précisément sur l’enfumage des classements .

La presse multiplie les classements, invente des critères et se mélange les pinceaux entre doubles diplômes et doubles compétences. Nous apprenons qu’un ESC Montpellier obtient en débutant le salaire que peut espérer un Hec dans la réalité…

Challenges vient de publier son classement des écoles de commerce. Les efforts sont notables et bien des critères semblent sérieux. On peut cependant s’interroger sur les résultats.

Une fois de plus les auteurs du classement n’osent pas toucher aux parisiennes même si certains chiffres sont surprenants. C’est en dessous que l’on peut tout chambouler et faire le buzz…
Le miracle de Kedge, celui de l’EM Strasbourg, la déconvenue de l’Edhec(derrière Kedge), la déroute de Audencia , la tragédie de Neoma . Ces deux écoles passent derrière Strasbourg Montpellier et bien d’autres. Réalité ou mystification ?

Les institutions de province les plus solides et les plus fidèles aux prépas sont massacrées au profit d’écoles post bac ou recrutant majoritairement hors de la filière CPGE.

J’ai voulu comprendre et j’ai repris tous les classements, la méthodologie et les critères et mon inquiétude a été démultipliée.

 

 

Un certain nombre d’écoles ont fait le choix de sous-traiter une partie de la formation qui est même effectuée gratuitement par l’université, l’école se contentant de prélever des frais de scolarité pas toujours justifiés.

De telles pratiques appelées « doubles diplômes » sont valorisées systématiquement dans les classements des écoles de commerce publiés par la presse.

Le classement Challenges veut prendre en compte les doubles diplômes. Bonne initiative complètement détournée de l’objectif.

L’Etudiant commet la même erreur mais le critère du double diplôme est plus dilué dans son classement. Le critère permet cependant de découvrir que c’est l’EDC qui fabrique le plus de doubles diplômés… Notons que l’Etudiant oublie Hec dans son classement.

Qu’apporte sur le marché un diplôme de gestion complété d’un diplôme de gestion de même niveau ? Rien. Pourtant le classement fait de cet artifice un point positif.


Un diplôme de gestion complété d’un diplôme d’ingénieur ou de droit, c’est autre chose, cela correspond à une double compétence. La presse ne fait pas la différence.

Les classements sont donc contestables. Confondre doubles diplômes « jumeaux » et doubles diplômes avec doubles compétences est une faute.

Une école peut très bien bénéficier de ses faiblesses. Si elle soustraite à une université une formation pour laquelle elle n’est pas habilitée, ses étudiants seront titulaires d’un double diplôme. L’école sera bien classée…

Exemple Skéma et Strasbourg laissent à l’université la préparation au DSCG , Neoma les forme elle-même. SKema ou EM Strasbourg seront créditée de nombreux doubles diplômés . La chute de Neoma s’explique par … ses points forts . Le Dscg, le Cfa y sont préparés en interne dans d’excellentes conditions.La direction de Neoma a bêtement déclaré les seules doubles compétences. Un scrupule qui ne pardonne pas.

Le double diplôme CCa de SKEMA (formation à LILLE2) n’apporte rien de plus que le parcours expertise DSCG des autres écoles (EDHEC, AUDENCIA, GEM, NEOMA) où la formation se fait en interne
Idem pour l’autre Double Diplome pour préparer le cfa etc.

Montpellier organise systématiquement ses formations en partenariat avec l’Iae ce qui permet de délivrer des doubles diplômes qui ne sont pas de doubles compétences.
Le critère de double diplôme ne devrait prendre en compte que les vraies doubles compétences : droit, ingénieurs, culture, philosophie …. L’Edhec qui met en place une vraie double compétence en droit ne voit pas ses efforts reconnus , c’est la même chose pour Audencia ou l’ICN.
Les revues s’honoreraient à reprendre leurs classements. Malheureusement les classements se suivent, se ressemblent

 

Le classement du Figaro me laisse dubitatif. Le journal se veut prudent, il ne communique pas sa méthodologie, il accorde surtout une énorme place à la reconnaissance vérifiée par les accréditations internationales. Mais comment attribuer pour ce critère 100 points à Hec , à l’Essec, à Toulouse et seulement 93 à Lyon ? Elles ont toutes la triple accréditation.

Pourquoi l’IESEG qui n’a pas la triple accréditation obtient elle 94 points ?

Pourquoi 93 points à Skema et seulement 79 à Neoma qui a la triple accréditation ? Pour cette école ce critère sera fatal dans le classement du Figaro. Sans cette aberration Neoma serait 9eme.

Pourquoi donner le même nombre de points à une école avec trois accréditations (Neoma, Rennes) et avec une seule (Strasbourg, Montpellier).

Aberrant.

Challenges fait du nombre d’entreprises incubées un critère discriminant. Pourquoi pas mais les résultats de l’enquête interpellent …

Aujourd'hui, l'incubateur de l'EDHEC a accompagné la création de 12 nouvelles entreprises qui ont conduit à la création de 30 emplois. On compte actuellement 50 projets en cours de développement.

L’enquête de Challenges découvre …. 148 entreprises incubées, trois fois plus que la réalité.

Challenges trouve 104 entreprises incubées à l’EM , L’Etudiant fait mieux et en trouve.. 134. Sur son site l’école en avoue… 24

Que penser du chiffre donné pour Skema, 55 entreprises actuellement incubées ? Combien sont-elles par bureau ?

 L’incubateur Tonic dans le Nord est modeste avec seulement dix bureaux, les entreprises n’y demeurent que jusqu’à la création de leur identité juridique, ainsi 40 entreprises ont été aidées depuis la création en 1999. Celui de Sophia Antipolis a incubé depuis 2001 146 entreprises et le site donne les noms de 7 entreprises actuellement incubées.

Comment Challenges arrive-t-il à 55 ?

Le poids des salaires dans les classements est considérable. Pour le classement Challenges, les surprises s’expliquent entièrement par ces écarts.

Kedge est devant l’Edhec, Grenoble, Audencia, Neoma et TBS car les salaires retenus seraient supérieurs à ceux de tous les diplômés de ces écoles, ce que ne confirment pas nos informations.

Montpellier enfonce également toutes les écoles ci-dessus (sauf l’Edhec ) avec des salaires retenus à faire rêver des Hec…. La situation est la même pour Strasbourg.

Les classements nous ont beaucoup surpris et les écarts avec les études les plus sérieuses d’avantage encore. Le microcosme français s’intéresse à un des multiples classements du FINANCIAL TIMES, celui du master généraliste en management

http://rankings.ft.com/businessschoolrankings/masters-in-management-2015

Permet-il pour autant de comparer les masters Grande ECOLE français ? Pas vraiment car certains établissements apparaissent avec un master spécifique non le diplôme grande école. La stratégie payante consiste à faire prendre en compte une formation d’excellence, très internationalisée avec des rémunérations élevées pour les anciens. Il est ainsi possible de booster son classement.

Le bon rang de Grenoble doit sans doute au classement à partir non de son diplôme « grande école » mais du MASTER INTERNATIONAL BUSINESS, excellent mais qui n’a rien à faire là. Il s’agit d’un master spécialisé sélectif. Audencia l’a compris et elle n’est plus classée cette année sur le master qu’obtiennent un millier d’étudiants par an mais sur le double diplôme obtenue chaque année par 83 étudiants de l’école Centrale (104 en 2015)…

http://en.grenoble-em.com/master-international-business-mib
Pour Skema qui diplôme plus d’un millier d’étudiants chaque année dans son grade master le Financial times ne les prend pas tous en compte loin de là.

 
Faut-il reprocher aux écoles de définir une stratégie de communication à l’égard du Financial times ?
Les établissements étrangers l’ont compris depuis longtemps ils sont donc pris en compte pour un de leurs multiples masters, habilement choisi.

 Les effectifs y sont toujours réduits : 36 pour le premier de la classe, SAINT GALLEN contre plus de 1000 pour KEDGE et NEOMA.

 

 

Je vous invite à télécharger le pdf accessible sur dropbox.

https://www.dropbox.com/s/3qww3bbwzb55ynx/guide%20-%20PROM.pdf?dl=0

Si vous partagez les analyses n’hésitez pas à le diffuser.

Vous trouverez sur mon blog plusieurs analyses impertinentes

http://pgibertie.com/

Vous pouvez également trouver sur Amazon le guide critique destiné aux terminales, aux étudiants de Cpge ou d’école.

http://www.amazon.fr/s/ref=dp_byline_sr_book_1?ie=UTF8&text=Patrice+Gibertie&search-alias=books-fr&field-author=Patrice+Gibertie&sort=relevancerank

 

Je ne voulais pas assister sans réagir à la disparition programmée et silencieuse d’une filière à laquelle j’ai consacré une bonne partie de ma vie. Personne ne manifeste contre des classements ou contre la multiplication des BBA. Mais l’enfumage actuel n’est pas acceptable.

  P Gibertie



22 réactions


  • mac 15 février 2016 09:43

    D’abord pourquoi certaines écoles de commerce éprouvent-elles le besoin de changer de nom aussi régulièrement ?

    Neoma c’est bien anciennement Rouen Business School (certes fusionnée avec Amiens ?) plus anciennement Sup de Co Rouen et encore plus anciennement ESC Rouen ?
    Est-ce que Polytechnique, centrale... Harvard, Berkley, Oxford... s’amusent à changer de nom comme ça ?
    Franchement même certains anciens ne s’y retrouvent plus.
    Il me semble que quand on a un nom a peu près reconnu, on n’en change pas tous les quatre matins...


  • Le p’tit Charles 15 février 2016 10:41

    Quand on change de nom, c’est pour cacher les turpitudes sous le précédant je pense.. ?


  • Patrice Gibertie Patrice Gibertie 15 février 2016 10:56

    deux écoles qui fusionnent peuvent difficilement conserver le nom de l’une d’elle . Rouen n’a jamais fusionné avec Amiens mais avec Reims 

    Difficile de s’appeler Rouen Reims, ils ont choisi Neoma et à mon avis il n’y a pas de turpitude derrière
    Si vous avez lu l’article je parlais d’autres pratiques qui d’ailleurs ne concernent pas cette école exemplaire 



    • mac 15 février 2016 11:29

      @Patrice Gibertie
      Centrale et Supélec viennent de s’associer et il me semble qu’elles ont accolé leurs noms dont le prestige et la très grande célébrité de certains de leurs anciens élèves ne laisse aucune place au doute...Quand ont est une très grande école on en est fier non ?


  • lsga lsga 15 février 2016 11:17

    Dans le nouveau marché du travail (voir ce qui se passe aux USA) les écoles de commerce n’ont plus d’avenir. Ces formations pour sous-doués (dont HEC est certainement la plus représentative) fournissaient à la veille industrie des années 60 les cadres serviles et violents ou les commerciaux aux dents longues dont elle avait besoin. 


    Aujourd’hui, la nouvelle industrie a besoin d’ingénieurs (dont polytechnique & co...), ingénieurs qui refusent d’être encadrés par les sous doués décris plus haut (les difficultés d encadrer la génération Y...). Les clients ont accès à Internet, et les commerciaux et leurs accélérateurs de vente s’y cassent les dents.

    Bref : les cadres quadras et quinquas se font dégager des grandes entreprises et dépensent leurs économies pour devenir des consultants à la loose, et les grandes écoles de commerce US enseignent la programmation à leurs élèves.

    Les grandes écoles de commerce françaises ont 20 ans de retard.... pour changer....


    • mac 15 février 2016 11:51

      @lsga
      Pour une fois je ne suis pas complètement en désaccord avec vous, sans aller parler de « sous doués ».
      La France produit trop d’administratifs et nous vivons sur notre lancée technologiquement.
      Quand je vois toutes ces écoles de commerce qui ont laissé croire à certains gamins qu’ils formaient qu’ils feraient leur business dans la finance et qui se retrouvent parfois à pôle emploi, ça donne envie de pleurer.
      Si nous continuons ainsi nous n’aurons bientôt que du vent à exporter...


  • Trelawney 15 février 2016 11:46

    Quand je pense que je n’ai même pas réussit à décrocher le BEPC smiley


  • gjou 15 février 2016 17:42

    Cet article traduit le désarroi d’un professeur qui a consacré sa vie professionnelle aux prépas, et qui contemple l’irrésistible déclin de ces mêmes prépas face aux post-bacs, qui sont plébiscitées par les étudiants et appréciées par les entreprises.. Ok, mais la vraie question est : ces prépas, qui sont une exception française, forment elles de meilleurs cadres ? Pas sûr, et c’est le marché (les entreprises) qui le dira .. Rendez-vous donc au bac à sable ..


    • Patrice Gibertie Patrice Gibertie 22 février 2016 23:00

      @gjou
      une enquête de la ccip auprès des recruteurs dit le contraire de ce que vous affirmez

      Les prépas ne sont pas plus une exception française que les universités. Dans le monde anglo saxon les formations sélectives reconnues recrutent en post graduate pas au niveau bac 

  • Lonzine 15 février 2016 20:38

    Bonsoir, j’ai bénéficié d’une embauche par une très très grande société Allemande, qui embauchait en direct avec audition, pas de diplômes pas de problèmes, si vous aviez les bases, ils prenaient, avec une test de 6 mois puis circuits de formations internes très développés vous étiez embauché.


  • elpepe elpepe 16 février 2016 11:35

    l ecole au bout de 10 ans d experience n est pas significative, a part si c est une mafia comme Standford, Polytechnique, INSEAD, le reste peut etre classifiees parmis les milliers d Universites mondiales, eventuellement ...
    Pour reussir, un jeune doit cibler la bonne societe, experience et technologie qui fait mouche, en s aidant eventuellement de certifications de l industrie qui font mouche (CCIE, TOGAF, CISSP, Microsoft Certified Professional etc ...)
    Il doit traduire correctement son CV en anglais, parler l anglais nativement et eviter de travailler pour une boite francaise qui n offrira pas grand chose, a part pour les golden boy/girl polytech qui travaillent a BNPP, SG, AXA etc .. Les uatres auront un salaire a peine superieure a agent de police municipale, donc je vous recommande de rester dans votre village et embrasser la carriere de policier municipale.

    Ds IT, les Technologie qui font mouche - Data Center - Security - Cloud Computing and Automation - Analytics SFDC

    Bonne chance le marche du travail est entrain de devenir une arène, ou les gladiateurs doivent se massacrer sous l oeil avine de la finance et tutti quanti, il y a du sang et de l action, welcome dans un monde impitoyabe, les jeunes chinois mettant la barre a des niveaux olympiques,


  • obaba 16 février 2016 17:38

    Oui les classements sont de l’enfumage pour certains et certains média. Au lieu de critiquer sans apporter, rendons hommage à celui de l’Etudiant en plusieurs parties qui permet ne pas retenir qu’un seul critère.
    Je retrouve un peu trop dans cet article plus un prof de prépa qui ne comprend plus que les classes prépas ne fassent plus la loi dans les écoles de commerce et donc les classements.
    Les prépas ne font plus la loi pour plusieurs raisons :
    - Leur attractivité coté étudiant est faible, leurs effectifs ne grossissent pas. Les écoles de commerces qui ont besoins de nouveaux effectifs pour grossir face à la concurrence internationale ne peuvent pas se contenter de seulement celles-ci quand de très bons profils se trouvent ailleurs
    - Leur attractivité coté employeur a fortement chuté, même si certaines grandes entreprises aiment encore ce genre de profil, beaucoup d’autres préférent des profils un peu plus créatif qui peuvent sortir des sentiers battus.

    J’ai lu un extrait de votre livre, vous critiquer l’ESSEC et son BBA. Biensûr qu’un élève de cette formation peut dire qu’il fait l’ESSEC car c’est bien de cette école qu’il sortira. Les professeurs sont les mêmes ! La cohérence d’un BBA accompagné d’un Ms est même supérieur à celui d’un Bachelor classique suivi d’un PGE qui n’apportera pas de spécifité comme vous le dites dans l’article. Un BBA se fait en 4 ans et permet d’aller sur le marché du travail ou de se spécialiser 5e année. Les salaires de sorties semblent très bons.

    Bref, sortez de votre concon de prépa. Le monde change, et ce n’est pas qu’avec les élèves de classe prépa franco francaise qu’on va le faire changer !


    • Patrice Gibertie Patrice Gibertie 22 février 2016 23:05

      @obaba
       désolé de vous rappeler qu’avec un Bachelor suivi d’un MSC le seul diplôme reconnu par l’Etat sera... le baccalauréat de terminale


  • Geraldine 20 février 2016 14:08

    Bonjour Je suis sidérée de voir la façon dont vous analysez ces statistiques et surtout la façon dont vous en parlez , je suis parent et je comprend maintenant pourquoi les cpge attirent de moins en moins d élèves ... Avec des profs comme vous


  • Patrice Gibertie Patrice Gibertie 22 février 2016 22:27

    Dans les prochaines années le nombre de diplômés Essec, edhec, ESCP et surtout EM Lyon explosera. Les recruteurs auront à leur disposition des étudiants recrutés au niveau du bac avec une culture académique assez proche du bac mais avec trois ou quatre années d’école de commerce agrémentées de stages ou de séjours dans les campus à l’étranger de l’école.

    La lisibilité du diplôme grande école perd beaucoup dans cette affaire. Pourquoi faire une Cpge , passer des concours difficiles pour se retrouver sur le marché du travail en concurrence avec des diplômés d’un tout autre profil….

    Le guide critique des écoles de commerce n’a pas été conçu pour faire plaisir mais pour avertir ?

    Vous pouvez télécharger un résumé (10% du contenu ) sur drop box ou vous procurer le guide sur Amazon

    https://www.dropbox.com/s/3qww3bbwzb55ynx/guide%20-%20PROM.pdf?dl=0

    http://www.amazon.fr/guide-critique-ECOLES-COMMERCE-classements/dp/B01BNGEGUE/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1455813889&sr=1-1

    UN article du Monde permet de faire un constat du développement des bachelors

    http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/02/22/un-bachelor-en-trois-ou-quatre-ans_4869383_4401467.html?utm_source=dlvr.it&utm_medium=linkedincompanies

     

    Je suis sans doute un horrible réactionnaire qui n’a rien compris mais demain la majorité des diplômés de ces écoles ne sera pas passé par la filière cpge Grande école.

    La stratégie sera-t-elle gagnante pour les écoles ? Pas certain, il existe des formations concurrentes de bonne qualité et moins couteuses. Je pense aux DUT et à certains Bts complétés par une licence professionnelle ou non .Je pense aux DCG de très grande qualité. Autant de formations gratuites et financées par l’Etat.

    Il n’y a pas d’ambiguïté sur le diplôme, pas de risque de confusion avec le diplôme grande école puisque ces formations délivrent des diplômes d’ETAT.

    Les défenseurs des BBA et de la rupture du modèle français de grande école ne peuvent réussir qu’à trois conditions :

    • L’absence de travail d’information des médias : le BBA est à la mode, il menace les prépas mais également les DUT, les Bts, les Dcg, il coûte très cher et ne débouche sur aucun diplôme d’Etat.
    • L’absence de réaction des diplômés grandes écoles face à la confusion. Intégrer une école qui fabrique autant de BBA que de diplômés grande école conduira à la dépréciation du diplôme
    • La bienveillance de l’Etat. Mettra-t-il en place un système de délivrance du grade de licence comparable à ce qui se passe pour la délivrance du grade de master ?

    Si ces conditions sont réunies alors l’enseignement de la gestion sera bel et bien américanisé avec des couts de scolarité majorés de 20 000 euros.

    Obsédés par leur détestation des classes prépas les journalistes qui assurent la promotion des BBA n’ont toujours pas compris que ce type de formation s’en prend également aux DUT, aux Bts et aggrave les inégalités sociales. Le bba est il autre chose qu’un BTS relooké marketing et payant ? Il est vrai que les plaquettes des écoles sont séduisantes et le nom du diplôme plus sexy


  • Patrice Gibertie Patrice Gibertie 22 février 2016 23:03

    L’article contient des informations précieuses mais également des omissions. Affirmer que le bachelor permet d’obtenir un niveau master 1 pourrait laisser croire que ce diplôme délivrerait le grade de master reconnu par l’Etat. Ce n’est pas le cas, l’étudiant aura pour seul grade universitaire son baccalauréat de la fin de terminale. Nous nous inquièterons de la lisibilité du diplôme grande école de Toulouse et de Kedge. En multipliant les BBA comme des petits pains il sera bien difficile aux recruteurs de s’y retrouver et de faire la différence. A court terme les BBA apportent une manne financière à l’école, à plus long terme les directions devraient réfléchir à la fameuse loi de Gresham

    « la mauvaise monnaie chasse la bonne »

    Je suis sans doute un horrible réactionnaire qui n’a rien compris mais demain la majorité des diplômés de ces écoles ne sera pas passé par la filière cpge Grande école.

    La stratégie sera-t-elle gagnante pour les écoles  ? Pas certain, il existe des formations concurrentes de bonne qualité et moins couteuses. Je pense aux DUT et à certains Bts  complétés par une licence professionnelle ou non .Je pense aux DCG de très grande qualité. Autant de formations gratuites et financées par l’Etat.

    Il n’y a pas d’ambiguïté sur le diplôme, pas de risque de confusion avec le diplôme grande école puisque ces formations délivrent des diplômes d’ETAT.

    Les défenseurs des BBA et de la rupture du modèle français de grande école ne peuvent réussir qu’à trois conditions :

    -  L’absence de travail d’information des médias : le BBA est à la mode, il menace les prépas mais également les DUT, les Bts, les Dcg, il coûte très cher et ne débouche sur aucun diplôme d’Etat.

    -  L’absence de réaction des diplômés grandes écoles face à la confusion. Intégrer une école qui fabrique autant de BBA que de diplômés grande école conduira à la dépréciation du diplôme

    -  La bienveillance de l’Etat. Mettra-t-il en place un système de délivrance du grade de licence comparable à ce qui se passe pour la délivrance du grade de master ?

    Si ces conditions sont réunies alors l’enseignement de la gestion sera bel et bien américanisé avec des couts de scolarité majorés de 20 000 euros.

    Obsédés par leur détestation des classes prépas les journalistes qui assurent la promotion des BBA n’ont toujours pas compris que ce type de formation s’en prend également aux DUT, aux Bts et aggrave les inégalités sociales.

     


  • Ratzel 1er mars 2016 16:31

    L’ensemble du contenu de votre ouvrage manque singulièrement d’objectivité et traduit une incompréhension totale des changements progressifs qui s’opèrent dans cette filière. Je trouve dommageable que vous vous contentiez d’un bout à l’autre de prêcher pour votre paroisse sans faire l’effort d’abandonner votre mauvaise foi et d’adopter une véritable optique d’investigation pour honorer un sujet qui mérite d’être traité.


    Vous partez avec une idée préconçue, du reste aisément compréhensible au vue de votre carrière, et tentez maladroitement de faire coller la réalité à votre vision des choses en assemblant pêle-mêle un mélange hétéroclite de pseudos preuves et d’affirmations personnelles. Vous semblez par moment affreusement coupé des réalités du monde l’entreprise et la manière dont vous vous improvisez recruteur/DRH ne fait que mettre en exergue cette faiblesse.


    Ce petit livre tombe dans la facilité de l’antonymie, du blanc et du noir, du bon et du mauvais alors que la réalité prend évidemment la forme d’une palette de gris. Le cursus préparatoire a ses défauts mais aussi ses faiblesses que vous avez un peu trop tendance à passer sous silence et il en va de même pour le cursus BBA. Renseignez-vous, certains BBA possèdent une excellence formation et disposent de professeurs en géopolitique aussi compétent, sinon plus que vous.


    De même qu’il serait hasardeux de loger toutes les classes prépas à la même enseigne il n’est pas probant de fourrer l’ensemble des BBA dans le même sac. Les plus réputés d’entre eux voient le niveau de leurs entrant augmenter d’année en année combiné à l’internationalisation croissante des effectifs qui draine d’excellent élèves étrangers des quatre coins du monde.


    Rassurez-vous, le développement du « virus » des programmes BBA n’a pas pour vocation d’annihiler les classes préparatoires mais de proposer une alternative crédible à celles-ci. J’entrevois dans le future une saine compétition entre les deux qui poussera chaque cursus à se remettre en question pour offrir les meilleurs perspectives aux étudiants qu’ils convoitent. Les bons élèves ne peuvent pas être berné car ils ont un niveau suffisant pour faire le choix, ils sont courtisés autant par les classes prépas que les meilleurs BBA et choisissent en fonction de leurs objectifs futurs et leur sensibilité personnelle. Les élèves médiocres/mauvais ne sont pas dans la même optique car bien souvent ils ne sont ni en mesure d’accéder à une prépas bien classée, ni à un programme BBA de qualité. Ils se rabattent donc sur ceux à quoi ils peuvent prétendre : les post-bac moyennement/males classées qui sont moins regardants sur les modalités d’admission. Il existe évidemment d’autres formations de qualité différentes de celles évoquées plus haut.


    Selon moi, le développement que vous donnez à cette problématique est bien trop à charge pour constituer une aide probante aux futures bacheliers. D’où une question qui me vient à l’esprit : cherchez-vous vraiment à lever le « brouillard » pour aider les lycéens à se repérer dans leur orientation ou n’est-ce pas plutôt un énième discours propagandiste pro-prépas teinté d’une légère pointe d’hystérie ? 


  • neniu 7 novembre 2016 15:09

    Globalement assez d’accord avec votre analyse, les écoles ont dévalorisé la côte de leur propre diplôme historique (appelée aujourd’hui « Grande Ecole »)... mais elle l’ont fait de leur propre chef, en créant d’autres formations moins sélectives, ceci pour assurer leur survie financière. C’était inévitable à partir du moment où les écoles n’ont plus reçues d’aides financière (ou moins) de l’Etat.

     

    Toutefois, dire que « l’étudiant réalisant un Bachelor ou BBA termine avec un bac+0 avec pour seul grade universitaire son baccalauréat de la fin de terminale .. » est discours légèrement faussé. On ne peut pas dire que cet étudiant n’aurait officiellement qu’un bac+0... comme beaucoup d’écoles pipo qui ne délivrent qu’un « bout de papier ». La plupart des Bachelor dans les écoles que vous citez, ESCP, ESSEC, EDHEC etc. sont visées par l’éducation nationale à bac +3 ou 4. Ok, ils ne donnent ni le grade de Licence, ni celui de Master.. mais ça intéresse qui le « grade » ? Tout le monde ne parle que de ce fameux grade, mais son seul intérêt est la poursuite d’études en M2 ou Doctorat. Rappelons qu’un diplôme visé par l’Etat permet, si l’étudiant souhaite poursuivre en master et obtenir le fameux grade, de ré-intégrer un Master Grande Ecole dans le cadre des admissions parallèles. Le seul cas où il pourrait être bloqué, c’est dans le cas où il voudrait ré-intégrer un Master à l’Université, ce qui se fait malgré tout au cas par cas (j’ai une amie très proche qui a même intégré un M2 à l’Université d’Assas avec un M1 même pas visé mais simplement certifié niveau II… comme quoi).


  • marieh 16 mai 2017 20:17

    Monsieur Gibertie, votre article m’a beaucoup intéressée. Mais je pose une question : l’EM Normandie par le concours Sésame prend des élèves au sortir du bac mais ce n’est pas un BBA, c’est le programme grande école où rejoignent des élèves ensuite de CPGE en 3e année. Je voudrais savoir ce que vous pensez de cette école et de ce processus. Que pensez vous d’y rentrer post-bac ? Est elle une bonne école pour un étudiant que veut faire de la logistique ? Je vous remercie de votre réponse.


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