mercredi 16 septembre 2015 - par Gilles Mérivac

L’impossible révolution

Dans lequel on expose les raisons pour lesquelles un soulèvement populaire en France est ne pourra probablement pas avoir lieu.

 

Le tropisme égalitaire

Durant ce dernier siècle, le principal moteur des revendications du peuple et de leur traduction dans le fonctionnement des institutions a été et demeure la demande d'égalité sous toutes ses formes.

Les premières féministes appelées "suffragettes" se sont d'abord battues pour obtenir le droit de vote, puis ont revendiqué une place de plus en plus importante dans le monde du travail, le changement polémique de genre de certains postes, comme la "ministre", n'étant qu'une des conséquences de cette bataille qui a commencé il y a bien longtemps déjà. Je ne peux m'empêcher de remarquer que les métiers moins prestigieux sont beaucoup moins revendiqués, et qu'il y a peu de demande pour d'éventuelles sapeur-pompières. Parallèlement, les exigences se sont étendues au domaine familial, changeant les relations entre les sexes parfois pour le meilleur mais le plus souvent pour le pire, un mariage sur trois se terminant aujourd'hui par un divorce.

L'école était et reste un terrain de jeu idéal pour les assoiffés d'égalité, les conséquences des réformes n'apparaissant qu'une génération plus tard, cela laisse toute latitude aux apprentis sorciers de faire leurs expériences. Bien entendu, pour ces réformes, chacun se réclame de principes généreux comme il se doit, et donc de celui qui va dans le "sens inéluctable du progrès", j'ai nommé l'égalité.

Tous nos ministres d'un jour, qu'ils soient étiquetés de gauche, du centre ou de la droite, vont donc s'employer pendant près d'un siècle à dévaloriser des examens qui de près ou de loin, avaient la prétention de sélectionner les candidats sur leurs mérites. C'est ainsi que disparut le certificat d'études primaires, que le brevet des collèges fut réduit à une formalité ridicule dont plus personne ne se soucie, et que ce qui fut le prestigieux baccalauréat ne provoque que des moues de commisération.

Dans la même logique, il fut décidé que tout le monde aurait la même soupe que l'on nomma "collège unique". Malheureusement, beaucoup de parents au fait du système, résistaient au nivellement par le biais d'obscures options comme le latin ou le grec. Alors les "pédagogistes" essayèrent de ruser en changeant régulièrement les noms des classes, avec plus ou moins de succès car la ficelle était un peu grosse. La dernière réforme plus radicale, de la fin programmée de l'enseignement des langues mortes devrait faire l'affaire.

Il restait cependant un bastion de l'élitisme, celui des grandes écoles. La toute dernière méthode des quotas va venir à bout de Polytechnique, nul doute que les autres seront réduites de la même manière.

 

La montée irrésistible de l'assistanat

Pour des raisons évidentes d'économie d'échelle sur les équipements collectifs, homogénéité sociale et de stabilité, les services dits "régaliens" sont assurés par l'état qui ponctionne donc des impôts et perçoit des taxes à cet effet.

Dans un système où les dirigeants sont élus, la demande d'égalité a tendance à aller beaucoup plus loin et exiger de l'état une redistribution des fonds publics. La logique n'est plus du tout la même, les finances publiques aspirant une partie de plus en plus importante de la richesse nationale pour la répartir selon son bon vouloir.

Le temps passant, ce phénomène s'accentue en créant un cercle vicieux. La part du gâteau ainsi prélevée augmente au détriment des investissements créatifs, asséchant peu à peu la richesse nationale et augmentant le nombre des personnes ne pouvant s'en sortir sans assistance de façon inexorable.

Petit à petit, le piège se referme, plus du tiers des habitants sont aussi dépendants des aides de l'état qu'un drogué l'est par rapport à son dealer. Plus grave encore, cette dépendance interdit tout esprit critique envers les politiques qui la confortent, ce qui devient la négation même de la démocratie. Le soit-disant citoyen qui devrait décider en homme libre est rabaissé au rang de l'animal domestique recevant sa pâtée.

 

Le pouvoir des groupes médiatiques

Si vous avez la chance de pouvoir voyager à l'étranger et si vous regardez la télévision locale, vous constaterez un curieux phénomène, les dirigeants locaux sont toujours plus ou moins encensés et ceux des autres pays critiqués ou jugés déraisonnables. Mais évidemment on vous assurera partout la main sur le coeur que les médias sont indépendants et qu'il n'y a pas de censure.

A strictement parler, c'est vrai la plupart du temps, car il ne s'agit pas de censure mais d'auto-censure. Un journal ou une chaîne de télévision doit se procurer de l'argent d'une manière ou d'une autre pour continuer à diffuser. Si les publications sont par trop rebelles ou trop incisives, elles constatent rapidement que les accréditations s'arrêtent, que les investisseurs ne donnent plus de fonds, que les publicitaires les évitent. Alors, le choix est vite fait, et il n'y a pas lieu de s'étonner du conformisme de la télé et même de la presse dans une moindre mesure.

Pratiquement tous les pouvoirs importants utilsent les médias pour influencer l'opinion, que ce soient les grands groupes industriels ou financiers qui possèdent de nombreux titres de presse, ou les gouvernements eux-même qui utilisent abondamment les chaînes publiques.

Que reste-t-il alors à l'individu pour s'exprimer ? Et bien, internet, comme je suis en train de le faire. Voilà une liberté bien gênante pour un pouvoir qui veut régner sans partage, comment faire pour limiter les dégâts ?

Le plus évident est de brouiller les messages en les noyant par la publicité, le sport ou d'autres messages totalement contradictoires. Dans les cas critiques, on fait allusion à de vagues menaces qu'il faudrait contrer en limitant la liberté d'expression.

 

Conclusion

La recherche de l'égalité dans tous les domaines a conduit à une situation de totalitarisme soft sur un peuple dépendant de l'état, et confortée par des médias qui sont aussi dépendants des subventions de l'état pour la plupart. Dans ces conditions, les chances de rebellion ou de changement réel sont infimes. A l'exception d'une catastrophe économique de grande ampleur, rien ne bougera vraiment.



13 réactions


  • Laconique Laconique 16 septembre 2015 19:13

    Et pourtant...


    • beo111 beo111 17 septembre 2015 11:08

      Et pourtant les citoyens qui veulent prendre la parole peuvent la prendre. Il suffit juste qu’ils soient suffisamment courageux pour se présenter aux élections puisque la démocratie réelle leur laisse cette possibilité.




  • colere48 colere48 16 septembre 2015 22:16

    A l’exception d’une catastrophe économique de grande ampleur....

    Historiquement, les plus grands krachs boursiers ont eu tendance à se produire à l’automne. Sommes-nous à la veille de « l’Octobre noir » ?  smiley


  • soi même 17 septembre 2015 03:19

    Et pourtant si les citoyens voulaient bien se pencher sérieusement sur notre triple devise Républicain, il verrait que la solution est contenue dans ses trois mots qui est la devise Républicaine. 

    Il faut le reconnaître le peuple c’est fait acheter par la dépendance financière, et les instances gouvernementales non pas eux à recourir à des stratagèmes sophistiqués pour nattés le peuple , ils ont d’un coté officialisé l’état providence par la rétribution et de l’autre il ont utilisé le vieux principe romain , le pain et le jeux pour avoir la paix sociale à bon compte.

    Avec cela, pendant 40 ans ils ont acheter l’opilion publique, sauf que cela à un prix cela s’ appel la dette publique, et c’est le ferment le plus réactionnaire qui puisse avoir quand l’on serra mit en demeure devant cette réalité .

    Et là se présentera inévitablement le choix, soit la soumission à un néo esclavage, soit la volonté de prendre le contre poil de toute cette logique issue de la tradition et d’innover de nouveaux paradigmes. 


  • Daniel Roux Daniel Roux 17 septembre 2015 10:31

    L’auteur pratique l’amalgame habituel des réactionnaires à tout progrès social entre l’égalité des droits et l’égalitarisme, outil courant des démagogues et des dictateurs.

    Le féminisme, par exemple, n’est pas l’exigence des femmes à être comme les hommes mais l’égalité des droits entre citoyens quelque soit leur sexe, religion ou origine sociale.

    Le reste de l’article est du même acabit, ignorance, amalgame et mauvaise foi.


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 17 septembre 2015 13:07

      @Daniel Roux
      Le commentateur pratique l’amalgame habituel qui consiste à coller l’étiquette de réactionnaire à tout ce qui ne cadre pas avec ses idées.
      Il y a belle lurette que le féminisme a dépassé ses buts initiaux et débouche aujourd’hui sur une guerre entre les sexes pour le pouvoir qui ne veut pas dire son nom. Sinon, à quoi rime l’exigence de parité dans les instantes dirigeantes (puisqu’il ne s’agit pas « d’égalité de droits », mais d’un nouveau droit) ?


    • Daniel Roux Daniel Roux 17 septembre 2015 16:20

      @Gilles Mérivac

      C’est bien que vous posiez cette question.

      « à quoi rime l’exigence de parité dans les instantes dirigeantes ? »

      L’égalité des droits riment avec égalité des chances, des responsabilités, des salaires, de la représentation politique..

      Statistiquement, il apparaît que les femmes sont sous représentées dans les instantes dirigeantes et sur représentée dans certains métiers.

      La loi républicaine répond au refus d’appliquer l’égalité des droits. Ne doutons pas que les lois instituant des quotas tomberont en désuétude quand la société aura suffisamment évoluée, comme est tombée en désuétude cette loi qui interdisait le port du pantalon par les femmes.

      A ce sujet, avez-vous remarqué que les femmes, par leurs combats politiques et sociétaux, ont obtenu de s’habiller de la façon qu’elles veulent, dans les limites de la décence, contrairement aux hommes ?

      Dans ce domaine, les hommes ont moins de droits que les femmes. Il est vrai qu’il y a peu de revendication de la part des hommes mais est-ce une raison pour discriminer celui qui choisirait de mettre une jupe pour le Conseil des Ministre ou tout autre activité sociale ?

      Peut-être un jour, une loi sera votée au parlement pour interdire toute discrimination vestimentaire contre les hommes ?

       


  • Yurf_coco Yurf_coco 17 septembre 2015 13:40

    Zemmour, on t’as reconnus !!!!


    L’article est dans son genre, et une fois encore, ne repose sur rien... se base sur des a priori débiles.... Il suffit de reprendre la première phrase :

    « la demande d’égalité sous toutes ses formes »

    Personne n’a souhaité pour la France un monde communiste totalitaire... PERSONNE !!! Donc tout ce qui découle de l’article est forcement hors sujet. Si vous étiez au lycée (et si vous aviez le niveau), la note n’irait plus loin que 4.

    Vous confondez votre fantasme et les droits de l’homme, qui proclame que tous les Hommes (femmes comprises, désolé) naissent libres et égaux...

    Sans quoi, vous feriez surement encore partie des sujets d’un roi totalitaire, sans libre arbitre, sans le droit d’exprimer ce qu’il vous semble un opinion réfléchis.

    Là encore, la pauvreté intellectuelle vous empêche de réaliser que ce que vous conspué, est en réalité votre liberté. L’égoïsme ambiant et décomplexé vous pousse à enlever AUX AUTRES des droits, car c’est sur, vous, vous méritez mieux.

    C’est d’un triste. Mais c’est également le prix de la liberté, donc pour ma part je ne renie pas votre droit d’être égoïste et idiot.

    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 18 septembre 2015 09:21

      @Yurf_coco
      Je me sens honoré d’être comparé à Zemmour qui est un homme cultivé et courageux, donc je vous en remercie.


  • ddacoudre ddacoudre 17 septembre 2015 14:13

    bonjour gilles

    l’apologie de l’individualisme ne doit pas se confondre avec la singularité des sujets qui sont unique, non parce qu’ils voient le monde suivant leurs seul intérêt égoïste, mais parce que quelque autre sujet qui viendrait se mettre à sa place ne pourrait, dans le déroulement du temps zéro que nous ne pouvons percevoir et que nous vivons, ainsi son existence est unique. cela ne les empêchent nullement de mettre leur énergie en commun pour poursuivre un but égoïste bénéficiaire à tous, c’est le sens du contrat social de JJ Rousseau et c’est dans ce sens que ce conçoit l’égalité que tu présentes comme un frein quand elle se charge de réaliser par une entité étatique ce que les individus n’arrivent pas à faire d’eux même, pour ne pas se soumettre a la puissance et la force de quelques uns, que l’histoire humaine a nanti dans l’application naturelle d’un rapport dominant dominé que remet en cause l’égalité, et qui ne nuit nullement au mérite de chacun de se positionner dans la hiérarchisation sociale pour accomplir des taches nécessaires à la collectivité humaine.
    l’augmentation des savoirs imposent une sélection dont l’on peut contester comme tu le fais la justification ou le non à propos. Cela tient essentiellement au volume de connaissances qui ne cesse de croitre et qui ne peuvent pas être enseigné dans le temps de scolarité imparti à cela. nous n’avons toujours pas fait le saut nécessaire de comprendre la nécessité pour y accéder de devoir apprendre tout au long de l’existence. la formation professionnelle c’est inscrite dans ce schéma que difficilement et tardivement du fait de l’insécurité de l’emploi et de la nécessaire adaptation aux innovations technologiques. mais cela n’est pas suffisant pour faire des hommes des citoyen éclairés qui ne comprennent pas que l’individualisme est la solidarité égoïste ne sont pas la même chose et dans ce cadre la mutualisation des risque inhérent à toutes existences ne passe pas forcément par une marchandisation de celle-ci.
    ddacoudre.over-blog.com .
    cordialement


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 17 septembre 2015 16:10

      @ddacoudre
      Merci pour cette réponse élaborée et réfléchie, chacun a bien sûr un itinéraire et une expérience qui lui sont personnels, voire uniques, et il faut un peu de temps pour se comprendre.
      En fait, je n’attaquais pas l’égalité par principe, mais la perversion qui en a été faite en son nom. L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit l’adage, et les meilleures idées du monde sont susceptibles d’être dévoyées.
      Ainsi l’égalité des chances est un très bon principe, mais exiger que tout le monde puisse avoir le bac ou aller à l’université est démagogique. Et de toutes façons, cela ne sert pas à grand chose, j’ai appris par moi-même la plus grande partie de ce que je connais.
      Je ne prône pas l’individualisme, même si je n’ai jamais été soutenu par une famille ou une tribu quelconque. J’ai donc commis beaucoup d’erreurs qui m’ont permis d’acquérir de l’expérience et une grande indépendance d’esprit. Je l’ai chèrement payé, et j’y tiens d’autant plus.
      Cordialement vôtre.


  • Robert GIL Robert GIL 17 septembre 2015 15:28

    Le fascisme prospère dans la confusion et la démagogie...
    .
    voir :
    LE FASCISME AVANCE TOUJOURS MASQUÉ


    • soi même 17 septembre 2015 19:45

      @Robert GIL n’oublie pas le fasciste a eu le lit bordé par les cocos, sans cocos, il n’aurait pas eu de fasciste, juste des cons ordinaires. !


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