mardi 3 janvier 2017 - par Emile Mourey

La carte de Peutinger, original ou mauvaise copie médiévale ?

 En 1508, Conrad Celtes découvrait à Worms une carte peinte, écrite sur un parchemin d'une hauteur de 34 centimètres et d'une longueur totale de 6 mètres 82. Il la donna à un antiquaire d'Augsbourg, Conrad Peutinger, pour qu’il la fasse connaître. Cette pièce unique en son genre, qui ne nous est parvenue que par miracle, est aujourd'hui conservée à la bibliothèque de Vienne en Autriche. Depuis sa découverte, certaines parties se sont altérées et il est parfois plus pratique d'avoir recours à d'anciennes copies plutôt qu'à l'original lui-même. L'incohérence apparente du tracé des cours d'eau, une représentation cartographique à première vue complètement farfelue, sans souci d'échelle ni d'orientation, ont choqué les esprits très cartésiens de notre siècle ; et c'est ainsi qu'on n'a pas voulu donner à ce document le nom de carte mais celui de “table”, certains historiens le considérant même comme une pièce médiocre dont on ne pouvait pas tirer grand chose. Et pourtant, ce document est une carte assez extraordinaire, presque aussi lisible qu'une carte moderne, une carte précise, exacte, mais établie suivant des règles qui sont celles de l'époque et non celles de notre époque. (Extrait de mon manuscrit écrit en 1983, suite à mes sept ouvrages publiés en auto-édition, ouvrages condamnés par la communauté scientifique... j'ai arrêté les frais).

(Suite) Tel un lion géant dont la tête de sphinx s'appuierait sur le “sinus aquitaine”, dont les pattes s'avanceraient en Espagne et dont la queue immense ramenée le long du corps constituerait l'Afrique, le monde personnifié trône, immobile et statufié dans sa grandeur, impressionnant de puissance intérieure et muette. Il regarde vers la gauche, vers le soleil levant que symbolise une Angleterre devenue, pour les besoins de la cause, curieusement ronde. Il vient de la droite ; il est né à droite. C'est en effet là-bas, en Inde, que sont nés les éléphants ainsi que les scorpions, animaux fabuleux tout droit sortis de la préhistoire. C'est à l'extrême pointe de l'Afrique que sont nés les hippopotames. C'est dans le désert du Sinaï que l'homme est devenu homme lorsque Moïse reçut de Dieu les tables de la loi (c'est l'interprétation de la carte)... Ce monde, c'est l'empire d'Alexandre dont l'empereur romain se considère l'héritier et le continuateur. Le sceau du grand conquérant a été frappé au fer rouge sur la croupe de l'univers : “Hic Alexander responsum accepit. Usque quo Alexander”. C'est là qu'Alexandre le Grand, après avoir consulté les Haruspices, recueillit la parole de Dieu... jusque-là... Tout cela pour dire que la carte de Peutinger est une carte d'un genre bien particulier où la géographie, telle que nous l'entendons, est étroitement imbriquée avec le mysticisme. La vision que les Anciens avaient du monde est bien différente de celle que nous en avons... L'ambition de l'empire gallo-romain fut de réaliser une unité politico-patriotique en essayant de concilier entre eux les dieux des cités tout en les rassemblant autour d'un Dieu d'essence supérieure, l'Auguste du ciel (cf Augustodunum, Mont-Saint-Vincent/Bibracte, l'oppidum consacré au Dieu auguste du ciel). Il apparaît que les grandes puissances de l'époque se sont mises à peu près d'accord pour que le représentant sur terre de cet Auguste du ciel soit le maître de Rome ; et on constate en effet que l'empereur Auguste, premier du nom, joua parfaitement bien ce rôle.

Au centre de ce monde, Rome, auréolée de ses douze routes rayonnantes, comme le centre du ciel l'est par les douze signes du zodiaque, veut, de toute évidence, apparaître comme la Ville autour de laquelle tout s'ordonne sur terre, de la même façon que tout s'ordonne autour de l'étoile polaire dans le royaume des cieux. Projection sur terre du trône de Dieu, Rome fait rayonner sur le monde son message politico-mystique international. Les autres très grandes cités, Antioche, métropole religieuse de l'empire d'Orient, et Constantinople, l'antique Byzance, sont représentées bien assises dans leur splendeur architecturale, pratiquement à la même hauteur mystique, diplomatie oblige. Les “Aquae calidae et segetae”, eaux minérales chaudes ou froides, ne sont pas autre chose que des sources miraculeuses qui guérissent les malades du monde entier. On y accourait comme à Lourdes aujourd'hui. Les vignettes telles que celles de Reims, Chalon-sur-Saône, Avenches, sont des temples religieux monumentaux avec façade de cathédrale, tympans sculptés, grandes baies de vitraux, nefs et chapiteaux ornés de feuillages et de sculptures parfois peintes. Les vignettes à deux tours sont les symboles des villes murées, capitales de cités, mais cela peut être aussi une référence à la façade de leur basilique récente...

Oeuvre de l'empereur Julien, inspirée peut-être, en partie, de celle d'Agrippa, j'en veux pour preuve une lettre dont j'ai malheureusement perdu la trace, dans laquelle il demande à un gouverneur des précisions géographiques sur le territoire dont il a la charge. Philosophe, écrivain, Julien n’était pas un sceptique. Acceptant les religions dans leur sens symbolique à condition qu'elles s'assujétissent à la seule naissance divine de l'empereur de Rome, Julien n’était pas hostile au judaïsme de l’Ancien Testament mais à la doctrine des Galliléens. Voilà pourquoi, dans notre carte, se trouve évoquée la pérégrination de Moïse dans le désert du Sinaï.

Julien est mort au combat en l’an 363 après J.C., à l’âge de 32 ans, alors que la carte n'était peut-être pas terminée. Cette mort inattendue et subite a eu deux conséquences : d’une part, la carte n’a pas été diffusée, d’autre part les inévitables fautes de copiste et les erreurs de transcription n’ont pas été ou mal corrigées.

Exemple d'une mauvaise correction apparemment d'époque.

Voici, en haut, la copie restituée d'un extrait de la carte et, à gauche, la reproduction photographique de l'original. Bien qu'il soit très étonnant que la Saône se jette dans le Rhône aussi en amont de Lyon, bien qu'il soit étonnant qu'elle ne suive pas la voie terrestre, on pouvait comprendre que c'était par manque de place et par souci de clarté. En revanche, le fait de mettre la vignette de Chalon-sur-Saône sur la rive gauche de la Saône, pose question. En effet, la vignette représente bien la cathédrale de Chalon telle qu'elle était à l'origine. L'importance du monument, la façade, l'oculus, sa grande entrée voûtée, les deux portes qui s'ouvrent côté cloître, tout cela concorde. En outre, comme nous l'avons étudié dans mon dernier article, le monument ayant été fondé vers l'an 260, il serait impensable qu'il ne figure pas sur la carte, mais sur la rive droite de la Saône. L'interprétatuion est donc fautive. Déjà que le coup de ciseau pour séparer le segment 2 du segment 3 n'a rien arrangé, constatons que le tracé de la Saône, notamment entre sa confluence et l'endroit où elle coupe la voie de Vesontio, est d'une couleur plus verte qu'ailleurs. Constatons par ailleurs, un flou inexpliqué qui longe la voie Agrippa, ce qui fait penser à un effacement. J'ai donc replacé le tracé de la Saône entre Chalon et Lyon, là où il semble avoir été effacé et supprimé là où il semblait se jeter dans le Rhône. En prolongeant le tracé restant du haut vers Besançon, j'en fais le Doubs qui se jette dans la Saône à Verdun-sur-le Doubs, ce qui explique la courbure du tracé vers le nord. Dès lors, l'Arar, ainsi nommée sur la carte, devient la Thalie et notre cathédrale se repositionne sur sa rive gauche et sur la rive droite de la Saône comme il se doit. Cqfd.

J'ai expliqué dans mes ouvrages pourquoi l'Arar, fleuve sacré pour les Eduens, ne pouvait prendre sa source que sur leur territoire. On comprend également que pour les Anciens, ce n'était pas la longueur qui donnait son nom au fleuve mais sa fréquentation et son intérêt. Cela change toute l'interprétation qu'il faut se faire de la carte. S'ajoute le fait que le tracé cherche parfois à indiquer beaucoup plus une voie qu'un cours d'eau.

Pour moi, il est clair que cette hésitation sur la confluence du cours de la Saône et du Doubs date de l'époque de la carte. Cette hésitation, ainsi que d'autres, les effacements que j'ai évoqués plaident en faveur d'un document original de l'époque de Julien. Document égaré après sa mort, retrouvé à Worms, peut-être en suivant un noble fuyant la terreur de la Révolution, puis vendu à un collectionneur.

"En 1869, Ernest Desjardins éditait une version officielle commandée par le Ministre de l'éducation qui se voulait définitive" (Wikipedia). Autres temps, autres moeurs.

Je reprends mon article du 17 décembre 2010.

On a vu jusqu'à maintenant Autun dans la vignette à deux tours désignée par le nom Augustodunum. Et en effet, la distance indiquée de XVIII lieues pour aller à la première station de Sidotoco (Sidicoto) correspond bien aux 40 kilomètres qui séparent Autun de Saulieu, et ainsi de suite jusqu'à Autessio-dunum (Auxerre). Et on s'est arrêté là. 
 La vérité est beaucoup plus complexe. Qu'on examine très attentivement la carte et on s'apercevra qu'entre la vignette à deux tours et la station de Sidicoto, la voie fait un coude supplémentaire inexpliqué. Supposons que la vignette corresponde non pas à Autun mais à Mont-St-Vincent et imaginons Autun justement sur ce premier coude inexpliqué avant Saulieu. Si on lit la carte de cette manière, on constate que le dessinateur a placé de toute évidence le mot Augustodunum de façon qu'il recouvre à la fois la vignette à deux tours et le premier coude de la voie de Saulieu, comme s'il voulait désigner sous ce nom (Augustodunum) deux lieux distincts : la vignette à deux tours (Mt-St-Vincent), et le premier coude de la voie de Saulieu (Autun). D'où mon hypothèse de "cité-double" (oppidum + ville). Cet indice est capital. Il nous confirme qu'Augustodunum n'était pas seulement Autun, mais aussi et surtout le Mont-St-Vincent.
 Dans ce cas, il faut admettre que la carte indique des distances de cité à cité, mais qu'elle ne mentionne pas celle qui sépare le Mont-St-Vincent d'Autun, probablement parce que c'était une distance à l'intérieur de la cité-double. Cet oubli, volontaire peut-être, minime en apparence, est à l'origine pourtant d'une des plus graves erreurs d'interprétation de notre histoire.

Certes, l'affaire est compliquée mais c'est pourtant le visage de tout un monde antique qu'il s'agit de faire réapparaître, avec des lieux duement localisés et des fouilles archéologiques qui ne seraient plus faites au hasard des découvertes. Dommage que la ministre et ses services ne l'aient pas compris !

Ma présente interprétation prouve, une fois de plus, que Bibracte se trouvait à Mont-Saint-Vincent et non au mont Beuvray. (1)

Emile Mourey, 2 janvier 2017, www.bibracte.com, extraits en partie de mes ouvrages. Les représentations de la carte de Peutinger proviennent du site de la bibliothèque de Vienne, en Autriche.

(1) Je ne prétends pas à la vérité. Si je publie sur Agoravox, c'est justement pour la faire avancer. D'où la nécessité du débat et de la contribution de tous. Merci à Antenor, bien sûr, merci à d'autres, merci à M. Christian Defachelle qui m'a envoyé des photos de chapiteaux très anciens de l'église de Charmoy suite aux doutes et aux interrogations que pose, par exemple, la localisation de Boxum. Charmoy était-elle une fondation de cité, soeur de Gourdon mais voisine, peut-être concurrente au départ ? Quid de la tour de Bost ?

Quid de Mesvres, alias Magetobriga. Quid de la voie antique qui y menait depuis Mont-Saint-Vincent, ancien chemin des druides ? L'histoire est toujours à redécouvrir et on n'est jamais sûr de l'avoir vraiment comprise.

 



21 réactions


  • Antenor Antenor 3 janvier 2017 14:32

    Si on identifie Telonno non pas avec Toulon mais avec Thil-sur-Arroux, il n’y a plus de problème de distance entre Perrecy/Pocrinio et Autun/Augustodunum.

    Idem pour Boxum, si on le place à Buis (Chissey-en-Morvan). Cela colle aussi.

    Le coude représenté sur la carte de Peutinger à la sortie d’Augustodunum désigne la Porte de l’Arroux à partir de laquelle sont calculées les distances vers le nord.

    C’est plutôt ce genre d’indices qui me convainc de l’identification de Mont-Saint-Vincent à Bibracte.


    • Emile Mourey Emile Mourey 3 janvier 2017 17:33

      @Antenor


      Dans mon manuscrit, j’ai écrit ceci « La relative complexité des itinéraires de cette région explique les erreurs.... » 

      Pour moi, il est clair que Telonno ne devrait pas figurer sur la voie qui va à Pocrinio où je situe Perrecy-les-Forges. Dès lors, il faut imaginer une voie non indiquée qui allait d’Augustodunumm/Mt-St-Vincent à Telonno/Toulon-sur-Arroux. Dans cette hypothèse, la question de Thil-sur-Arroux ne se pose pas. Il n’empêche que l’histoire de ce site, les vieux chapiteaux de son ancien temple ou église demandent à être étudiés pour savoir vraiment ce qu’il en est.

      Concernant Boxum, Chissey-en-Morvan est trop loin. S’il est un point sur lequel on doit faire confiance à la carte, ce sont les distances, car c’est en fonction des distances que se payait le péage. Boxum est à VIII lieues d’Augustodunum, soit 17km8, mais j’avoue que les distances ne correspondent pas tout à fait en mettant Boxum sur cette voie, même si on la fait partir de Gourdon.

      Concernant le coude, porte de l’Arroux à partir de laquelle se calcureraient les distances, oui, c’est une bonne idée.


    • Emile Mourey Emile Mourey 4 janvier 2017 17:22

      @Antenor
       

      Oui, il y a un problème. Pour Thil-sur-Arroux, vous avez peut-être raison, mais alors, il faut faire partir toutes les voies d’Autun. La vignette représenterait la façade de sa basilique.

      Dans cette hypothèse, pour l’autre voie, on pourrait placer Boxum à Mesvres et, ensuite, pousser jusqu’aux eaux de Saint Honoré en passant par Luzy, antique localité, apparemment capitale régionale.

    • Antenor Antenor 4 janvier 2017 20:39

      @ Emile

      Il y a dans le secteur de Decize un double problème. D’un côté la distance de XXX lieues entre Decetia et Aquis Bormonis ne correspond à rien de connu. Ca ne fonctionne ni avec Bourbon l’Archambault, ni avec Bourbon Lancy. De l’autre, pourquoi cette double route entre Decetia et Aquis Alisinci ?

      Je me demande s’il ne faut pas placer Aquis Bormonis sur une de ces deux routes qui relierait ainsi Decize à Autun via Bourbon-Lancy. On aurait Decetia/Decize à 14 lieues d’Aquis Bormonis/ Bourbon Lancy, 22 lieues plus loin Boxum correspondrait à Beau (La Comelle) où il y a des traces de voie « romaine ».

      Une fois Aquis Bormonis replacé sur la bonne route, les XXX lieues restant désignent bien la distance séparant Decize de Sitillia/Digoin (ou plutôt Saint-Yan). Et il y a bien 16 lieues entre Bourbon-Lancy et Saint-Yan.


    • Emile Mourey Emile Mourey 4 janvier 2017 21:31

      @Antenor


      Je reviens sur la voie de Buxum, en la faisant partir d’Autun jusqu’à Saint-Honoré-les-Bains. En effet, on ne comprendrait pas que les localités importantes et antiques de Luzy et de Magetobriga ne figurent pas sur un itinéraire de l’époque. Cet itinéraire devait exister et il est logique qu’il figure sur la carte. Quant à la station de Telonno, j’ai du mal à croire qu’il ne désigne pas Toulon-sur-Arroux, tellement le site a d’arguments qui plaident pour son ancienneté et comme lieu de franchissement de l’Arroux. Donc, jusqu’à nouvel ordre, je ferai l’hypothèse d’une voie oubliée directe entre Mont-Saint-Vincent et Toulon-sur-Arroux, en rajoutant un jambage qui semble avoir été effacé au XIII lieues. Et je sors Telonno de l’itinéraire de dessous. Certes, on risque de me reprocher de vouloir à tout prix maintenir la vignette à Mont-Saint-Vincent, mais ce qui plaide dans ce sens, c’est la vision géographique « locale » que l’auteur a voulu donner.

      Quant à votre question, je vais l’étudier.

    • Emile Mourey Emile Mourey 5 janvier 2017 14:44

      @Antenor

      Primo : Dans mon manuscrit, j’ai corrigé la voie du bas en conservant Augustodunum/Mt-St-Vincent comme point de départ, puis Pocrinio/Perrecy à 12 lieues/26km6, puis Aquis Bormonis/Bourbon-Lancy à 16 lieues/35km5, terminus.

      Secundo : Ensuite, je vois un embranchement Pocrinio/Perrecy à Sitilla/Digoin, 14 lieues/31,1 km, puis directement en passant sous la vignette, Degena/Decize à XXX lieues/66km66.

      Mon argumentation était :

      Primo : que Bourbon-Lancy était bien les bains de Bibracte à Mont-St-Vincent (cf discours d’Eumène), qu’une voie directe s’impose même si elle passe par Perrecy-les-Forges (qui existait avant) et qu’il ne serait pas normal qu’elle ne figure pas sur la carte vu son but touristico-mystique.

      Secundo : qu’une voie longeant la Loire s’impose de même sans aller faire un détours incompréhensible à Bourbon-Lancy.

      Concernant Aquis Nisincii, alias Aquis Alisincii, les eaux d’Alisincum, autre nom probable du mont Beuvray, et ses deux voies, je ne vois que la solution de demander aux archéologues d’en retrouver la trace.

      D’une façon générale, je pense que si les Anciens ne pouvaient pas se représenter le territoire dans une vue globale, en revanche, une vue locale ne pouvait leur échapper. Nous l’avons vu pour la courbe de la Saône vers le nord qui suggère la position de Verdun-sur-le-Doubs. C’est pourquoi, je persiste à penser que la position de la vignette veut bien indiquer le Mont-Saint-Vincent, dominant à l’ouest la voie Agrippa, lançant, une voie vers le nord, Chalon, une autre vers le nord-ouest, Saulieu, et deux voies vers l’est, comme on pouvait se l’imaginer depuis la position sur le terrain. 

      En revanche, le fait de faire partir d’Autun la voie qui mène à Aquis Nisincii/St Honoré par Boxum, pourrait s’expliquer, d’une part car c’est l’accès le plus logique, d’autre part par des raisons purement politiciennes, type électoralistes, pour contenter, et les uns et le autres. Ainsi s’expliquerait, de même, que la vignette représente la façade de la cathédrale d’Autun alors qu’elle indique plutôt la position de Mont-Saint-Vincent


    • Emile Mourey Emile Mourey 5 janvier 2017 16:48

      @Antenor

      Je reviens sur la voie de Boxum, en la faisant partir d’Autun jusqu’à Saint-Honoré-les-Bains... j’ai oublié de préciser « en passant par »Boxum" qu’il faudrait identifier à Mesvres, alias Magetobriga et par Luzy, ancienne capitale boïenne. Cette voie devait forcément exister, de même que Luziy et Mesvres que Cicéron a cité sous le nom de Magetobriga. 

    • Antenor Antenor 5 janvier 2017 21:44

      @ Emile

      J’ai de gros doutes quant à l’identification d’Augustodunum avec le Mont-Saint-Vincent car cela en ferait un cas unique sur la carte de Peutinger. Quand on regarde Lutèce, Avaricum ou Cenabum, il n’y a pas de doute, il s’agit bien des villes à leur emplacement actuel.

      Pour les trente lieues qui partent de Décize, il y a aussi la possibilité qu’elles aient désigné à l’origine la route menant à Vorogio/Varennes sur Allier. L’erreur du copiste aura été de supprimer ce tronçon et de placer ces trente lieues sur la route de Bourbon Lancy. C’est pour cela qu’on se retrouve avec un double tronçon menant à Aquis Nisincii ; l’un des deux menait en fait à Aquis Bormonis. Tout est décalé.

      Une fois le tronçon de XXX lieues réorienté en direction de Varennes, il suffit de remettre Aquis Bormonis sur la plus au sud des deux routes de XIIII lieues partant de Décize et on obtient l’itinéraire suivant : Decize-XIIII-Aquis Bormonis-XVI-Sitilla-XIV-Pocrinio-XII-Telonno-XII. On longe la Loire de Decize à Digoin puis on remonte l’Arroux jusqu’à Autun. Cela me semble bien dans l’esprit de la carte.


    • Antenor Antenor 5 janvier 2017 22:15

      La route Decize-XIIII-Aquis Nisincii-XXII-Boxum-VIII désigne un itinéraire plus direct. Il passe sans doute par Luzy même si elle n’est pas indiquée. Boxum se situerait sur la route entre Luzy et Autun aux alentours de Saint-Didier sur Arroux.


    • Emile Mourey Emile Mourey 6 janvier 2017 00:21

      @Antenor


      Quand on regarde Lutèce, Avaricum ou Cenabum, il n’y a pas de doute, il s’agit bien des villes à leur emplacement actuel.
      Oui, mais elles s’appelaient ainsi à l’origine. Si vous acceptez ma traduction d’Ammien Marcellin au sujet de l’affaire ou Julien est intervenu pour porter secours à Augustodunum, la logique voudrait que l’Augustodunum de la carte soit le même, c’est-à-dire le Mont-Saint-Vincent. Même au temps de Constance-Chlore, Autun n’était considérée que comme une colonie et s’appelait Flavie. C’est le Mont-Saint-Vincent qui avait encore le prestige au temps de Julien. Carte touristique, la carte de Peutinger pouvait-elle ne pas citer l’ancienne capitale ? Je ne crois pas ! 

      Au sujet des deux voies allant de Decize à Aquis Nisincii, ce n’est pas illogique et on ne voit pas ce qui aurait incité à une méprise.

      Comme je vous l’ai dit, c’est plutôt en faisant passer la voie de Décize à Sitillia en dessous de la vignette qu’on longe la Loire. Aquis Bormonis n’est pas le long de la Loire et ne peut donc être que plus à l’intérieur des terres ; une liaison directe avec Pocrinio devait exister bien avant l’époque de Julien. Vu qu’à cette époque, les routes étaient loin d’être aussi nombreuses qu’aujourd’hui, il faudrait chaque fois qu’on envisage un itinéraire se poser la question du pourquoi et depuis quand existe-t-il ? Dans mon raisonnement, je peux faire état de routes préexistantes probables.

    • Emile Mourey Emile Mourey 6 janvier 2017 00:24

      @Antenor


      Je reviens sur la voie de Boxum, en la faisant partir d’Autun jusqu’à Saint-Honoré-les-Bains... j’ai oublié de préciser « en passant par »Boxum" qu’il faudrait identifier à Mesvres, alias Magetobriga et par Luzy, ancienne capitale boïenne. Cette voie devait forcément exister, de même que Luziy et Mesvres que Cicéron a cité sous le nom de Magetobriga. 

    • Emile Mourey Emile Mourey 6 janvier 2017 13:22

      @Antenor


      Oui, en définitive, il semble bien que tout parte d’Autun et que le site de Bibracte à Mont-Saint-Vincent soit oublié. Mais alors, il faut dater les itinéraires d’Antonin pas avant le IVème siècle ? car Autun n’a vraiment été refondé qu’au temps de Constance-Chlore.

    • Antenor Antenor 6 janvier 2017 18:54

      @ Emile

      Même s’il n’était pas Bibracte, l’abandon du Mont-Beuvray quelques décennies après la conquête romaine a bien du être compensé. Je ne serais pas étonné que le Mont-Saint-Vincent ait aussi connu un dépeuplement assez important justement en faveur d’Autun. Pour moi, la fondation monumentale d’Autun à l’époque d’Auguste ne pose pas problème. Les cités boïenne et éduenne ont pu être fusionnées en une seule avec la capitale à Autun. Placer leur chef-lieu administratif à Autun permettait aux Eduens de donner une image moins agressive que celle du Mont-Saint-Vincent tout en rééquilibrant leur centre de gravité vers la Loire par rapport à Chalon.

      L’itinéraire d’Antonin donne XXII mille entre Augustodunum et Alisincum puis encore XXIIII jusqu’à Decdidae. Même en coupant tout droit, la route Autun-Luzy-Decize est plus longue. Il faut placer Alisincum légèrement au nord-ouest de Luzy pour que les distances concordent. Semelay a toutes les caractéristiques d’un très bon candidat.


    • Emile Mourey Emile Mourey 6 janvier 2017 20:39

      @Antenor
      Je ne serais pas étonné que le Mont-Saint-Vincent ait aussi connu un dépeuplement assez important justement en faveur d’Autun


      Oui, c’est probable.

      en rééquilibrant leur centre de gravité vers la Loire par rapport à Chalon.

      Oui, mais qu’il y ait eu fusion, je ne pense pas. Les Morvandiaux, descendants des Boïens, sont restés des gens à part.

      Quant à Luzy, elle a trop d’arguments pour être la capitale boïenne.

  • alain_àààé 3 janvier 2017 14:32

    Colonel je vous présente a vous et a tous mes voeux qui faites des articles et d autan plus interréssant les uns plus que les autres.moi qui ne suis qu un simple amateur archéologue je me pose la question suivante comment colonel pouvez vous écrire autant d articles sur agora et des livres en plus de l entretien de votre chateau


    • Emile Mourey Emile Mourey 3 janvier 2017 15:02

      @alain_àààé


      Merci, votre commentaire me fait bien plaisir. Eh bien, je vous dirais qu’après une carrière militaire active, je ne me voyais pas continuer dans un bureau, d’où cette idée complètement saugrenue d’acheter un château en ruines, histoire de penser à autre chose et d’oublier ce monde qui marche sur la tête. Le hasard, mauvais ou bon, a fait que j’ai commencé à écrire l’historique de la propriété, puis du site etc... mais qu’à mon âge, j’aimerais bien m’arrêter.

      Cordialement

  • robert 3 janvier 2017 18:12

    Travaille impressionnant , je vous souhaite une excellente année.


  • Montdragon Montdragon 3 janvier 2017 18:56

    Des erreurs surtout dues à l’interprétation médiévale : on a affaire ici à une ligne de partage des eaux, « source » de mauvaises lectures des cartes.
    Ce qui va à l’Atlantique ne va pas en Méditerranée.


  • Emile Mourey Emile Mourey 4 janvier 2017 09:30

    Correction :


    Rayer : peut-être en suivant un noble fuyant la terreur de la Révolution, puis vendu à un collectionneur.

  • Olivier 4 janvier 2017 11:10

    Très intéressant. Le problème de cette carte est qu’il s’agit d’une copie datant du moyen-âge. Mais en fait c’est le cas de toute la littérature antique, dont beaucoup d’oeuvres n’ont même été « redécouvertes » qu’à la renaissance. L’authenticité d’un certain nombre d’entre elles est sujette à caution. 


    Note annexe sur l’édition : de nos jours il vaut mieux créer un site web pour diffuser un message. Il est très difficile de se faire éditer car les éditeurs utilisent des auteurs « maison » , avec une personne connue qui sert de prête-nom et donnera de la célébrité au livre. 
    Mais même si vous y arrivez sachez que la grande majorité des livres ne sont imprimés qu’à quelques milliers exemplaires et disparaissent rapidement de la circulation, alors qu’un site reste permanent.

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