La défaite annoncée de la gauche si ?
C'est la première fois que le parti Socialiste, tout en disant qu'il veut assurer la victoire de la gauche, la conduira à l'échec.
Un contexte mouvant.
Lors des primaires de 2011en l'absence du candidat favori des sondages éliminé par une affaire de mœurs, c'est Hollande qui l'a relayé pour représenter la social démocratie qui caractérise aujourd'hui le PS. Il est important de connaitre cette orientation politique qu'a confirmé Hollande durant son mandat de président pour justifier de sa politique, car cela permet de situer l'opinion des forces politiques en présence quand il faut les classer dans un débat gauche/droite qui s'en trouve alors biaisé. Egalement les glissements du langage politique visent à dénaturer le sens premier de certains mots, révolutionnaire, réformisme, qui s'attachait à la lutte anti capitaliste, le premier par la force, le second par réformes successives. Souligner cela n'est pas anodin quand, Macron utilise le mot révolution pour signifier un changement profond dans le renforcement des droits des possesseurs des moyens économiques et financiers en les libérant des règlementations et prélèvements. Cela, afin de leur offrir une réduction des coûts de mains d'œuvre et une ample flexibilité pour libérer les énergies. Ces mots sont ceux de communicants contemporains pour ne pas dire de meilleurs moyens d'exploitation du travail des autres. Un autre homme politique utilise le terme révolution, c'est Mélenchon, pour faire comme il le dit, une révolution pacifiste par les urnes. C'est ce qui s'appelait le réformisme, tandis que ce mot a été repris par la droite pour signifier l'abandon du keynésianisme et faire avancer comme réformes profitables, bénéfiques, « l'égologisme », la loi du marché, la mondialisation et la marchandisation de l'existence. S'il s'est avéré inévitable de s'inscrire dans les modifications économiques, sociales et morales apportées par le développement des Savoirs et de la technologie qui les a accompagnées et permises, celles-ci ont permis une mise en compétitivité inégale, particulièrement en économie et le libéralisme c'est accommodé de la concurrence déloyale liée aux conditions d'existences des pays en compétitions sans aucune régulation sociale, convenant parfaitement au capitalisme. Ce ne sont pas les accords de OMC, ceux de l'Europe, du CITA ou du Tafta qui réglementent ces inégalités, puisqu'ils ne prévoient aucun coefficient d'ajustement de concurrence loyale ou pour être plus simple de lois sociales minimales ou de conventions collectives internationales. De cet ensemble de situations il en découle une remise en cause des protections sociales des pays de l'OCDE, de la souveraineté des peuples et c'est cela qui est qualifié de réforme par la droite.
Défiance.
Il n'est donc pas facile dans un tel contexte, que j'ai simplifié au maximum, de s'y retrouver pour voter, d'autant plus qu'il échappe à une majorité de citoyens, qui par une perception mal définie, faite autant de constatations individuelles que de ressenti à l'écoute des médias, ont à partir de 2005 engagé un processus de défiance qui s'est confirmé depuis 2009, mesuré par le baromètre de la confiance en politique des Français (CEVIPOF). Celui-ci fait apparaître une perception de défiance constante envers les institutions nationales et internationales, un sentiment négatif de la politique et ils n'ont confiance ni en la gauche ni en la droite (Macron a dû s'en inspirer, lui qui se réclame d'être ni de gauche ni de droite). S'ils demeurent intéressés par la politique ils n'ont pas le sentiment d'être écoutés d'où cette la transcription politique d'opposition confuse dites antisystème qui fait école et qui n'a pas plus de valeur que la loi du marché, si l'on ne définit pas de quel système il s'agit. Dans un monde qui n'est dirigé que par ce que j'appelle les « dominants systémiques » faits de mythes, d'idéologies, de concepts et que, quels que soient les hommes dont nous retenons les noms, comme ayant marqué leur temps. Ils n'ont été que des individus qui se sont inscrits dans les systèmes ou ont été cooptés par eux, sinon ils auraient été rejetés par les structures sociétales élaborées sur leurs bases. Dans ces conditions être antisystème et vouloir en changer suppose d'en avoir une idée claire, ce qui n'est pas le cas pour la majorité des citoyens et des peuples en général.
L'illusion d'un changement.
C'est dans ces conditions que nous voyons des citoyens choisir des hommes politiques qui promettent des changements et qu'ils se retrouvent encore plus soumis au système. Ceci est la constante d'une stabilité sociétale pour ne pas sombrer dans l'anomie. Or aujourd'hui devant la défiance et le rejet du corps politique comme des institutions, éviter l'anomie nous conduit vers la dictature d'une minorité cooptée par le système et qui détient les pouvoirs. D'aucun parlent d'une élite aristocratique solidaire, œuvrant dans les pouvoirs politiques, économiques et médiatiques regroupant les facettes des « dominants systémiques » qui leur sont profitables et qui ont généré une « pensée unique », rejetant à la marge tout autre positionnement politique. Ceci conduit à dénoncer des boucs émissaires, nationalisme, immigration, identité, probité comme autant d'axes antisystème, mais il n'en est évidemment rien. Ils conduisent à des illusions comme celle de vouloir disposer d'une indépendance économique alors que nous dépendons en France à 70% de l'industrie pétrolière et presque à 80% de l'énergie nucléaire, l'un et l'autre dépendent d'un approvisionnement extérieur, un pour le pétrole l'autre pour l'uranium, sans parler du gaz dont les perspectives sont une dépendance proche de 70% de la Russie. Donc faire des promesses électorales franco-françaises sans tenir compte de la réalité des rapports de forces économiques dans lesquels nous engage cette dépendance, rend les promesses aléatoires si elles ne viennent pas en rupture avec le système dominant qui est le capitalisme qui utilise plusieurs artifices pour se maintenir dont la loi du marché et le libéralisme.
Pas d'opposition de fond de l'extrême droite au centre gauche.
Politiquement si les tenants du libéralisme "capitalistique" ont des approches divergentes ils n'ont pas d'oppositions de fond. Nous retrouvons donc tous les partis que nous classons à droite qu'ils soient souverainiste ou pas cela ne changera rien sur la mainmise du système. Nous y trouvons donc les partis d'extrême droite au nombre de 6 dont le FN, ceux dit de droite au nombre de 11 dont les LR, ceux du centre droit au nombre de 7 dont le Modem et l'UDI, ensuite ceux qualifiés improprement centre gauche au nombre de 10, dont le PS, Macron, PRG, les partis écologistes sauf EELV, FD de Bénnahmias. La rupture avec le fond vient avec ceux dit de gauche antilibérale, au nombre de 10 dont le Parti de gauche, le PC, Ensemble, EELV et les partis dits d'extrême gauche au nombre de 9, dont LO, NPA, Gauche révolutionnaire et Fédérations anarchistes. Un bon échantillon dont il est difficile de cerner l'électorat stable que l'on peut estimer au travers des primaires pour ceux qui s'y sont adonnés.
Une investiture incongrue.
Globalement dans une France devenue de droite plus ou moins social démocrate, l'élection de Hamon est incongrue, car elle ne reflète pas la sensibilité du PS devenu social démocrate et dont les députés historiques socialistes de « gauche » sont minoritaires, environ 12 %. Il n'y a là pas de quoi être assuré d'avoir des troupes qui se serreront derrière le programme défendu par Hamon qui ne leur convient pas, se sentant plus proche à 74 % du programme social libéral défendu par Valls.
Un piège.
Dans ces conditions le maintien de Hamon se transforme en piège pour la gauche, car son échec assuré renforcera l'élection des députés dit social libéraux du PS et marginalisera les chances de succès aussi minime soit-elle de la gauche dite anti libérale que représente Mélenchon. Chacun peut comprendre que la victoire de Hamon si elle doit emporter l'élection d'une majorité de députés PS de gauche libérale opposée à son programme, la fronde changerait de camp et serait plus efficace que celle que menait Hamon et Montebourg contre Hollande. Hamon n'a donc aucune chance de porter à exécution son programme, son maintien ruine les quelques espoirs d'une gauche en rupture avec le système représenté par les propositions des insoumis et son succès signerait son impuissance à disposer d'un groupe cohérent en sa faveur à l'assemblée nationale. Les socialistes historiques du PS sont devant cette équation. Cambadélis a beau appeler du pied Mélenchon et essayer de renverser la responsabilité d'un échec du PS annoncé sur les insoumis, Mélenchon n'appellera pas en faveur d'un vote de Hamon dont il connait la faiblesse politique et les chances d'être arnaqué si celui-ci été élu.
Macron l'homme du système.
58% des citoyens réclament une honnêteté de leurs hommes politiques et 40% qu'ils tiennent leurs promesses. Face à la complexité que j'ai développée ce positionnement suffira-t-il à sortir de la gouvernance alternative des gens du système LR ou PS rien n'est moins sûr. Si malgré sa bonne position actuelle et la bonne grâce dont bénéficie le FN il arrive au premier tour c'est le candidat qui lui sera opposé qui sera élu, dans ce cadre les insoumis ont une chance, si les citoyens dans leur grande confusion en voulant voter contre le système n'élisent pas Macron qui en est l'homme par excellence.