lundi 12 décembre 2016 - par Clark Kent

La grand-mère de « ma tante » est malade

L'état italien veut nationaliser la plus ancienne banque du monde, la Banca Monte dei Pachci di Siena.

 

Cette institution a été fondée en 1472 et elle a fourni le modèle des « monts-de-piété » , organismes de prêt sur gage, qui ont pour mission de faciliter les prêts d'argent, notamment en faveur des plus démunis. Le terme français vient de la mauvaise traduction en français de l'italien monte di pietà, « crédit de charité » », de monte, « valeur, montant », et pietà, « pitié, charité ». En France, un décret du 24 octobre 1918 a transformé les monts-de-piété en caisses de crédit municipal, surnommées communément « Chez ma tante » par souci de discrétion.

Or, l'Italie devrait nationaliser la Banca Monte dei Pachci di Siena, la plus ancienne banque du monde qui compte actuellement cinq millions de clients, mais dont le passif présente un montant de 360 ​​milliards d'euros de créances irrécouvrables. Le troisième plus grand organisme de prêts d'Italie est devenu le plus mauvais élève parmi les 51 grands « prêteurs » que l’Union Européenne a fait expertiser récemment.

Après que la Banque centrale européenne (BCE) ait refusé d’accorder un nouveau délai à l'organisme pour trouver un financement privé, le gouvernement italien a estimé qu'il n'y avait plus d'autre solution que d'intervenir. La valeur des actions de la banque a chuté de 16 pour cent avant la suspension des négociations, et les obligations » junior » ont chuté de moitié en quelques minutes.

"La BCE commet une grave erreur. C'est inacceptable », a déclaré M. Antonio Damiani, responsable du syndicat bancaire."Un sauvetage public immédiat est maintenant la seule solution pour sécuriser Monte Paschi et éviter tout risque systémique pour les banques en difficulté. C'est une question d'intérêt national urgent ».

La décision de la BCE de ne pas prévoir de solution temporaire pour la banque a été perçue comme une sanction, compte tenu notamment de la crise politique que connaît actuellement le pays à la suite de la démission du Premier ministre Matteo Renzi.

"Cette décision est très étrange. Cela donne l'impression qu'ils veulent du sang sur le sol, peut-être en forçant une résolution de la banque pour créer un précédent ", a déclaré Lorenzo Codogno, ex-économiste en chef du trésor italien."Il ya un risque de panique et de réaction en chaîne si les investisseurs commencent à se demander qui va être la prochaine victime."

D’autres banques européennes sont sur la sellette. Les banques espagnoles Banco Popular, Bank of Ireland et Raiffeisen figurent parmi les plus fragiles. Le résultat de la Deutsche Bank (considérée par le FMI comme la banque la plus risquée du point de vue systémique) a également fait l’objet d’un examen approfondi.

Aucune des banque de Chypre, de Grèce ou du Portugal ne sont suffisamment importantes pour entrer dans le champ d'application de ces expertises transnationales, qui portaient sur quatre principaux risques :

  • une hausse des rendements obligataires
  • la dette croissante des secteurs public et privé
  • la pérennité des profits des banques
  • les tensions extérieures au secteur bancaire.


6 réactions


  • moderatus moderatus 12 décembre 2016 15:46

    Bonjour,

    une histoire de banque bancale aujourd’hui que j’ignorais.

    Je ne savais pas que le Mont de Piété était d’origine Italienne.

    dommage que la BCE se refuse à intervenir.
    Est ce une sanction en rapport avec la démission de Matteo Renzi ?
    C’est possible, mais la somme de 360 milliard de créances non recouvrables fait peur

    Salutations
     


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 12 décembre 2016 15:55

      @moderatus

      bonjour Moderatus,

      La distinction entre spéculation et investissements, usure et financement d’activités économiques s’est effacée avec le mélange des genres et l’autorisation donnée aux banques de dépôt de prendre les mêmes risques que les banques d’affaires.
      A des degrés plus ou moins importants, toutes les banques oncru faire de bonnes affaires en intégrant des produits toxiques made in USA à l’époque des subprimes.
      Les Islandais ont pris le taureau par les cornes en laissant leurs banques faire faillite et en mettant leurs banquiers en prison.
      Après quelques années de vaches maigres, la population retrouve une économie assainie.
      En Europe, ce sont toujours les contribuables qui renflouent les pertes, puisque ce sont les états qui interviennent pour les éponger.

      Le Crédit Agricole n’est pas dans le colimateur de l’UE pour l’instant, mais il a du souci à se faire.

      L’UE joue un jeu hypocrite, puisque ce sont les réglementations qu’elle a imposées qui sont à l’origine de ces mésaventures bancaires.

    • baldis30 13 décembre 2016 09:53

      @moderatus
      bonjour,

      sanction ? .... indiscutablement ... le bon peuple italien a dit NON ! alors sanction ?

      Pire ... vengeance !

      Ne jamais oublier que l’Italie a été, en larges parties, colonisée jusqu’au milieu du XIXème siècle et que cela joue aussi pour l’appréciation actuelle .... !


  • rogal 12 décembre 2016 16:54

    « Cela donne l’impression qu’ils veulent du sang sur le sol ».
    Ne sont-ils pas servis ?


  • baldis30 13 décembre 2016 20:49

    En Italie le scandale MPS est en train d’en mettre un autre en évidence : celui de la DEUTSCHE BANK : une comparaison faite à partir de données bancaires figure dans L’Espresso de cette semaine, sur plusieurs pages !

    En résumé c’est « vous avez aimé Monte dei Paschi vous aimerez Deutsche bank » .

    C’est presque le retour de la vengeance dont je parlais plus haut .....


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