vendredi 14 avril 2017 - par Clark Kent

La « mère de toutes les bombes » donne la mort, pas la vie

Lors de sa campagne pour les élections présidentielles, le candidat Trump avait déclaré dans l’Iowa : « Je suis vraiment très bon pour faire la guerre. J'aime la guerre, d'une certaine manière ". C'était le même Donald Trump qui avait évité de partir au Vietnam en invoquant une « épine calcanéenne » dans son talon, un problème médical qui ne l'a jamais empêché de s’investir sur les courts de tennis ou les terrains de golf, et qui a manifestement guéri sans avoir recours à la faculté.

 

Aujourd’hui, l'escalade américaine en Syrie, le nombre record d'attaques de drones au Yémen, les renforts envoyés au Moyen-Orient et maintenant, le largage de la plus grosse bombe dont dispose son armée sur Afghanistan, montrent qu’en effet Donald Trump aime la guerre, ou du moins qu’il aime « jouer à la guerre ».

En Syrie, Trump a envoyé 59 missiles Tomahawk. Maintenant, en Afghanistan, il a opté pour une "super arme", la plus grosse des bombes non nucléaires de l'armée américaine. Cet engin de 10 tonnes qui n’avait jamais encore été utilisé au combat. Officiellement appelé MOAB (massive ordnance air blast bomb) nom d’inspiration biblique (le fils de Loth), son sobriquet affectueux est "la Mère de toutes les bombes". Elle avait pour objectif la destruction de tunnels et de grottes dans une province afghane près de la frontière du Pakistan.

L'armée est en train d’évaluer les résultats de l'explosion de MOAB et affirme qu'elle « a pris toutes les précautions pour éviter les pertes civiles ». Mais compte tenu de la taille et du pouvoir colossal de cette arme dans un rayon d’1.5 km, les dommages dans la zone environnante sont probablement énormes.

L'idée qu’une énorme puissance de feu aérienne puisse être efficace n’est pas nouvelle chez les Américains. Pourtant leur armée a perdu la guerre du Vietnam malgré un pilonnage qui a utilisé plus de sept millions de tonnes d'explosifs.

Au début de la guerre afghane, l'armée américaine avait envoyé des bombes de 2.5 tonnes pour faire sauter les grottes où Oussama ben Laden aurait pu se cacher dans les montagnes de Tora Bora. L'administration Bush assurait que cette force aérienne impressionnante assurerait la disparition des Taliban. C'était il y a 16 ans, et les choses n’ont fait qu’empirer, si l’on s’en tient à la version officielle elle-même..

Une intensification de l’action américaine amènera-t-elle à une victoire en Afghanistan ? Sans doute pas, mais elle permettra peut-être à Trump de conquérir une popularité qui pour l’instant reste problématique à l’intérieur du pays dont il est le Président, comme on a pu le constater après l’attaque en Syrie.

Le largage de MOAB s’inscrit-il dans un plan à long terme ? Pas forcément ! Trump a déclaré aux journalistes que ce bombardement était « encore une mission très réussie », mais lorsqu'on lui a posé des questions sur la stratégie à long terme, il s’est dérobé en posant une autre question, celle de savoir si c’était lui qui avait donné l’ordre du bombardement et en couvrant d’éloges « la plus grande armée du monde ».

Dans un communiqué qui a suivi l'explosion de MOAB, Mme Barbara Lee, une élue démocrate de Californie à la Chambre des Représentants, a déclaré : "Le président Trump doit au peuple américain une explication sur son escalade en Afghanistan et sa stratégie à long terme pour vaincre Isis. Aucun président ne devrait avoir un blanc-seing pour une guerre sans fin, surtout pas ce président-là, qui agit sans contrôle, pas même le contrôle du congrès qui a pourtant une majorité républicaine ".

Si cette déclaration est fondée, il faut espérer que les sénateurs américains réagissent avant que Trump ait des idées sur l’arme adéquate pour attaquer des puissances nucléaires comme la Corée du Nord ou la Russie.




Réagir